Né au Togo, Simon Worou est aujourd'hui le maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur. Réélu avec 87% des voix, il raconte comment il a réussi à obtenir la confiance de l'essentiel des 600 habitants de cette commune de l'Aveyron...
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00:00Bonjour Bruit, je m'appelle Auro Simon, bienvenue à Sainte-Juliette-sur-Viord dont je suis le maire depuis 2014.
00:09Moi j'ai eu des amis, j'ai eu des voisins, quand j'étais conseiller ça allait,
00:14mes maires ils n'ont pas supporté encore aujourd'hui, ils ne pouvaient pas supporter que ce soit un noir qui soit maire.
00:30Je suis allé chercher des gens qui avaient des a priori et moi j'ai pas honte de le dire,
00:39il y en a qui me l'ont dit. On n'aurait pas imaginé au premier mandat que tu sois MDC comme tu l'avais fait.
00:50On sentait quand même que l'Aveyron était à l'époque un peu déjà habitué à d'autres populations
01:05autres que celle d'ici, mais ça restait comme à l'armée, certains qui dans le regard approuvaient,
01:14d'autres qui détestaient, surtout quand on était deux ou trois quelque part, il y avait un effet de peur en fait, j'avais une peur.
01:29Vous arrivez, la première phrase qui sort c'est que « Ah tiens, on ne te voit pas arriver parce qu'il n'y a pas de lumière »
01:37ou quand il y a une photo à prendre, souris parce qu'on ne te verra pas.
01:43Ah tiens, tu es habillé en noir, comme si on n'était pas en noir, on ne peut pas s'habiller en noir.
01:48Pour nous c'est une qu'on a cette envie d'intégration, on dirait, on se tait, on dit sérieux, on ne relève pas, c'est une souffrance en fait.
01:59L'anecdote, vous ne connaissez rien, mon premier rendez-vous d'entraînement, j'étais allé avec une short de foot, les autres se sont foutus de moi.
02:11Les gens venaient me voir à la fin du match, me féliciter ou me disaient « Ah, tu n'y aurais plus ».
02:20Ça amène le public vers soi, une sympathie, une valeur reconnue.
02:29Les gens viennent te voir, les gens te connaissent, les gens te tolèrent, les gens acceptent, les gens évoluent,
02:37parce que tu es dans un jeu collectif et que tu joues pour un territoire.
02:42J'aurais pu ne pas faire du rugby en restant chez moi, je n'aurais pas conquis ces personnes, vous voyez ce que je veux dire ?
02:53Quelqu'un qui vient d'un village et qui reste chez soi, qui ne va pas au-devant des autres, n'aurait pas eu cette chance que j'ai eue aujourd'hui.
03:12J'ai reçu un joli courrier d'une de mes tantes, qui a résumé un peu en me disant « On n'aurait pas pensé un jour que tu fasses de notre fille ce qu'elle est devenue.
03:34Vu d'heures que tu étais, on avait peur. Aujourd'hui, cadre fonctionnaire, t'es mère, t'es la fierté de la famille ».
03:43Mais cette lettre m'a fait vraiment plaisir.
03:46Ça prouve qu'au début, c'est un choix de leur fille, mais il y avait quand même une appréhension de la famille, vous voyez ce que je veux dire ?
04:00Je me rappelle aussi des histoires à la con, des gens qui n'étaient même pas de la famille qui venaient dire au début « Tiens, vous lui faites confiance, chez eux, ils ont plusieurs femmes, peut-être qu'il a des femmes et des gosses ».
04:15Bon, c'est la méchanceté au fait, mais ces personnes, aujourd'hui, en reviennent.