Ils se demandaient s'ils étaient les seuls à avoir vécu ça, alors ils ont fait une étude auprès de 10 000 étudiants.
Voilà la réalité des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur.
Voilà la réalité des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur.
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00:00Musique d'ambiance
00:13Dans notre association, évidemment, il y a des membres qui ont été victimes de violences sexuelles, témoins de violences sexuelles,
00:19et notre idée c'était vraiment de se dire, est-ce que c'est représentatif en fait ?
00:22Est-ce qu'on est les seuls à avoir vécu ça, ou est-ce qu'en fait c'est un problème global qu'il faut analyser ?
00:27Musique d'ambiance
00:39Une étudiante sur dix déclare avoir été victime d'agressions sexuelles.
00:43Une étudiante sur vingt déclare avoir été victime de viols.
00:47En fait c'est des chiffres qui témoignent d'une ampleur de violences qu'on ne pouvait pas imaginer.
00:52Et en plus de cela, on a remarqué également qu'il y a un grand nombre d'étudiants
00:56qui ne sont même pas à même de dire s'ils ont été victimes de violences sexuelles ou non.
00:59C'est-à-dire que la réponse « je ne sais pas si j'ai été victime » a été énormément citée dans notre rapport.
01:04Quand on s'intéresse particulièrement aux étudiants qui disent avoir été victimes ou témoins de violences sexuelles,
01:10on se rend compte que seulement 10% en ont informé leur établissement.
01:13Les raisons citées sont « ça ne sert à rien », « ce n'est pas pris en compte »,
01:17et évidemment, on le voit aussi par la suite du questionnaire, « il y a une méconnaissance d'un dispositif existant ».
01:22C'est-à-dire qu'on ne sait pas si l'établissement, dans le règlement intérieur,
01:26a une procédure pour exclure les étudiants agresseurs.
01:29Ça, on ne sait même pas si ça existe en fait.
01:31Et ce qui remonte aussi, c'est la peur du stigma, de la réputation, et aussi de détruire la carrière de l'agresseur.
01:41Il existait des études sur le sujet, aucune étude avec dix mille réponses,
01:46aucune étude qui était faite par des étudiants à destination des étudiants.
01:50On a rassemblé des professionnels de la question.
01:53On a demandé par exemple à Emmanuelle Piette, qui est présidente du collectif féministe contre le viol,
01:57on a demandé à des psychiatres, on a demandé à des psychologues, des infirmiers universitaires,
02:02on a demandé à plusieurs doyens et doyennes d'université et d'école,
02:06et bien sûr, on a demandé à des sociologues, pour la partie purement objectivité des données.
02:10On a ciblé des étudiants d'école, des étudiants d'université et des étudiants d'IUT, de DUT.
02:16Vraiment, notre cible était très large.
02:18En plus, on demandait aux étudiants leur formation,
02:20puisqu'ensuite, nous, ce qui nous intéressait, c'est de faire un split par formation,
02:23pour voir s'il y avait un type de violence caractéristique d'un type de formation,
02:27et si les réponses des répondants variaient en fonction de cela.
02:29Lors de nos premières réunions, que ce soit avec des établissements ou des groupements d'établissements,
02:32on avait vraiment le sentiment qu'ils nous prenaient pour des gamines, et le mot a été cité.
02:36Vous ne savez pas faire, vous n'êtes pas des statisticiens,
02:39vous êtes dans la capacité de rendre un travail sérieux qu'on va pouvoir prendre en compte.
02:43C'était un peu frustrant, c'est-à-dire qu'on se dit,
02:45OK, là, on est en train de lutter contre quelque chose qui est vraiment légitime pour nous,
02:48et personne ne peut nous aider.
02:50On était confrontés vraiment à des établissements qui étaient peu enclins
02:54à ce qu'on analyse la base, les racines du problème,
02:58et au fur et à mesure, je pense qu'il y a eu beaucoup de choses qui sont sorties.
03:02Il y a eu évidemment l'article de Mediapart,
03:04beaucoup d'initiatives étudiantes sur le sujet qui ont un peu émergé partout,
03:08et les établissements se sont un peu dit, OK, maintenant, si on ne le prend pas en charge,
03:12et si on n'en parle pas, c'est là que ma réputation va être entachée.
03:23On a demandé aux étudiants ce qu'ils pensaient être de bonnes solutions.
03:27Alors, les trois meilleures solutions qui sont sorties,
03:29la première est la mise en place d'une campagne de communication sur le sujet,
03:33la deuxième est la mise en place d'un accompagnement juridique pour les victimes,
03:36et la troisième solution possible est des campagnes de prévention
03:41en amont des soirées, en amont des week-ends d'intégration et au sein des associations.
03:46Ce que nous, on propose aux établissements,
03:47c'est de mettre en place des questionnaires personnalisés au sein de leur école,
03:50pour qu'ils aient vraiment une idée de l'évaluation des violences sexuelles dans leur établissement,
03:55quelles sont les violences subies par leurs étudiants,
03:57quel type de violences et quelles sont les solutions que leurs étudiants veulent voir mises en place.
04:00Maintenant qu'on a montré qu'il y avait un problème,
04:02clairement, l'inaction n'est plus une option.
04:05Il faut agir.