"L'agro-écologie n'est pas une solution, c'est la seule."
Maxime de Rostolan est à l'origine du projet "Fermes d'Avenir". Son objectif : promouvoir l'agro-écologie et en finir avec l'agriculture dite "conventionnelle". Rencontre.
Retrouvez le projet de Maxime de Rostolan dans le documentaire "On a 20 ans pour changer le monde" de Hélène Médigue.
Maxime de Rostolan est à l'origine du projet "Fermes d'Avenir". Son objectif : promouvoir l'agro-écologie et en finir avec l'agriculture dite "conventionnelle". Rencontre.
Retrouvez le projet de Maxime de Rostolan dans le documentaire "On a 20 ans pour changer le monde" de Hélène Médigue.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Clairement, on a perdu entre 30 et 50% de la matière organique de nos sols en 50 ans.
00:04C'est quand même un petit peu inquiétant.
00:19On dit souvent que c'est à la fin de la guerre qu'il a fallu nourrir la population avec peu de bras
00:23et donc qu'il a fallu mettre des gros tracteurs, etc.
00:25En fait, ce n'est pas vrai, parce que le dernier ticket de rationnement date de 1948
00:29et le boom de l'industrialisation de l'agriculture, c'est plutôt les années 60.
00:33Et il y a un ministre de l'agriculture de l'époque, Pisani, qui témoigne et qui confesse
00:38qu'il a été vraiment passionné par et même captivé par la puissance des tracteurs, etc.
00:44Et ils ont décidé de relancer une dynamique économique en demandant d'investir massivement dans des machines.
00:51Et donc pour faire passer des machines dans des champs, il faut enlever les haies.
00:54Puis comme on enlève les haies, les insectes qui allaient sur les haies se retrouvent sur les cultures,
00:57donc il faut mettre des insecticides.
00:58Puis après, il n'y a plus de vie, donc il faut fertiliser artificiellement.
01:02Et en gros, ça a été un peu une fuite en avant depuis 50 ans,
01:06qui fait qu'aujourd'hui on est dans un état assez dramatique des sols, de notre santé,
01:11et qu'il faut changer.
01:12Et ça tombe bien, parce que l'agroécologie n'est pas une solution, c'est la seule.
01:15Aujourd'hui, clairement, ce qui guide les politiques, mis à part leur carrière,
01:30c'est les gens qui ont du poids.
01:32Et les gens qui ont du poids, c'est les gens qui ont de l'argent, c'est les grosses industries.
01:35Et quand le ministre de l'Agriculture parle, il pèse 60 milliards d'euros.
01:38Quand le ministre de la Transition parle, il pèse quelques dizaines de millions de citoyens.
01:43Ce n'est pas du tout un rapport de force équilibré.
01:46Et aujourd'hui, le principal moteur des décisions politiques, on aimerait que ça change,
01:53mais force est de constater que ça reste le temps court, l'argent, l'intérêt et le profit
01:58que peuvent sortir ces entreprises et ces acteurs des filières et des différents secteurs.
02:04On pense qu'il faut inscrire maintenant nos décisions politiques
02:07dans une considération plus large qui n'intègre plus que le simple capital financier,
02:11mais parler également du capital humain et du capital naturel.
02:25On est passé de 10% d'agriculteurs à 2% d'agriculteurs dans le temps de ma vie à moi.
02:30Je ne suis pas vieux, c'est quand même divisé par 5 le nombre d'agriculteurs.
02:34Cette agriculture chimique, elle continue à détruire de l'emploi.
02:37Dans un moment où il y a beaucoup de chômage, je ne suis pas sûr que ce soit la voie à suivre.
02:41Aujourd'hui, il y a une autoroute devant nous pour faire cette transition,
02:47et on a besoin de bras pour le faire.
02:49Nous, on prend le parti dans le programme Compagnie en Ages d'associer des réfugiés,
02:52parce que beaucoup d'entre eux se déclarent de mêmes paysans.
02:56Aujourd'hui, on les parque dans le 19ème, je ne sais pas où, à Paris,
02:59et ils ne sont pas du tout dans leur monde.
03:01Ils ne se sentent pas utiles, ils se sentent même rejetés,
03:03alors qu'ils pourraient apporter tellement de connaissances,
03:06tellement de bonnes pratiques dans les campagnes.
03:08Et je pense qu'ils seraient, eux aussi, plus heureux là-bas.
03:10Du coup, on travaille sur cette dimension sociale,
03:13parce que le problème est évidemment systémique,
03:15et pour résoudre les problèmes écologiques,
03:17il faut aussi avoir une dimension sociale.
03:19C'est ce qu'on essaie de faire autant que faire se peut.