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  • 31/03/2025

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00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:59Vers 4 heures, Howard Jordan téléphone à sa femme.
01:04Tu sais chéri, il va falloir que je retravaille le texte de Prentice, je vais y passer une bonne partie de la nuit.
01:11Je prendrai sans doute le dernier train, ne m'attends pas pour dîner.
01:15Bien mon chéri, alors à tout à l'heure.
01:19À 11h du soir, il a enfin fini.
01:21Il range son bureau et boucle sa mallette.
01:25À 11h05, il passe devant le concierge de l'immeuble.
01:29Le plaza bar est encore ouvert à 5 minutes de son bureau.
01:33Il y entre et commande un double hamburger avec du café.
01:38La servuse, Linda, vient s'asseoir près de lui.
01:41Alors Howard, encore des heures supplémentaires ?
01:44Ben, que veux-tu Linda, c'est la rançon du succès.
01:47Ta femme doit s'ennuyer en t'attendant.
01:50Tu sais ma grande, c'est surtout pour elle que je travaille.
01:54Tiens Howard, voilà ton hamburger et ton café.
01:58Il est déjà minuit moins le quart.
02:01Howard n'a plus beaucoup de temps s'il veut attraper le dernier train pour County Bucks.
02:06À 1h10, il est à la gare.
02:09Si tout se passe bien, se dit-il, je serai à la maison pour deux heures.
02:13Pff, encore une nuit infernale.
02:16Howard pose sa tête contre la vitre du train et ferme les yeux,
02:19mais vraiment, il ne peut pas dormir, il y a trop de secousses.
02:24Encore cinq minutes de marche et il est chez lui.
02:28Dans l'ascenseur qu'il mène au quatrième étage de son immeuble,
02:31Howard a bien du mal à garder les yeux ouverts.
02:35Il entre la clé dans la serrure et pénètre dans l'appartement qui baigne dans l'obscurité.
02:42Il se dirige vers la chambre où tout est silencieux,
02:45à part le souffle régulier de Caroline, son épouse.
02:50Pour ne pas la réveiller, il se déshabille dans la salle de bain.
02:55Le lendemain matin, à 7h, il est debout.
02:58Il fait sa toilette, passe une chemise blanche, une cravate à rayures bleues,
03:03un complet gris et des mocassins de cuir noir.
03:08Caroline l'attend dans la cuisine.
03:10— Tiens, mon chéri, ton café est prêt.
03:13Il lui dit tel en lui tendant une tasse.
03:16— Merci, mon ange.
03:17Qu'est-ce que tu as fait hier soir ?
03:18J'ai téléphoné à dix heures et tu n'étais pas là.
03:20— J'étais chez Marie-Lou.
03:22On a bu un verre et discuté un peu.
03:24— Tu as bien fait, mon ange.
03:26— Bon, eh bien, j'y vais.
03:28— À ce soir, chéri.
03:30À huit heures moins le quart, il est à la gare.
03:33À neuf heures, il est dans son bureau.
03:36Depuis qu'il est passé rédacteur en chef chez Lowell Kendall,
03:41sa vie est rythmée ainsi.
03:43Douze à treize heures de travail par jour,
03:45sans compter le temps passé dans le train.
03:48Ce soir encore, il téléphone à sa femme.
03:50— Je suis vraiment désolé, Caroline.
03:52Le patron veut nous voir après le travail au sujet d'un contrat
03:55qu'on va sans doute passer avec les Espagnols.
03:57Je ferai comme hier, je prendrai le train de nuit.
04:00— J'ai pensé à quelque chose, Howard.
04:03Pourquoi ne cherches-tu pas un hôtel
04:05pour les jours où tu finis à des heures impossibles ?
04:07Ça t'éviterait au moins le temps du transport.
04:11— Tu crois vraiment que c'est raisonnable, Caroline ?
04:13— Mais oui, ce serait mieux.
04:15Je suis inquiète, tu sais.
04:17Je trouve que tu te fatigues beaucoup trop.
04:19— Bien, chéri, tu as sans doute raison.
04:22À demain, alors.
04:24— À demain, mon chéri.
04:26Et n'oublie pas de réserver une chambre.
04:28C'est plus sûr.
04:30Depuis cette conversation,
04:33Howard dort à l'hôtel toutes les nuits
04:35où il doit faire des heures supplémentaires,
04:37c'est-à-dire trois ou quatre fois par semaine.
04:40Ça ne l'enchante pas, mais c'est tout de même plus pratique.
04:44Cette solution, d'ailleurs, ne présente pas que des avantages.
04:47Il ne trouve pas de chambre à moins de trente dollars
04:50et malgré ce prix élevé,
04:52il n'y a jamais ni brossadon ni rasoir.
04:55Un appartement, finit-il par se dire.
04:59Un appartement supprimerait ses inconvénients.
05:02En plus, j'économiserais de l'argent,
05:05si j'en trouvais un pour deux cents dollars par mois.
05:08Et puis, je pourrais y mettre quelques affaires
05:10et du linge de rechange.
05:13À partir de cette date,
05:15Howard commence à regarder les locations
05:18dans les journaux d'immobilier.
05:20Bientôt, il découvre une annonce.
05:23Christopher Street, studio tout confort,
05:26cuisine équipée, salle de bain.
05:28Cent soixante-dix dollars par mois.
05:31Mais voilà exactement ce que je cherche, se dit-il.
05:34Et en plus, c'est dans un quartier très agréable.
05:37Il téléphone au propriétaire
05:39et demande à visiter l'appartement.
05:42Venez après le dîner, lui répond ce dernier.
05:45En fait, quel est votre nom ?
05:47Baker, dit Jordan.
05:50Dan Baker.
05:52Oui, mieux vous donner un faux nom, se dit-il.
05:55Comme ça, si je ne veux pas de son appartement,
05:57il ne cherchera pas à me relancer.
05:59Le propriétaire, petit homme à lunettes,
06:02lui fait penser à un oiseau.
06:05Monsieur Baker, je vous attendais.
06:07C'est par ici, au rez-de-chaussée.
06:09Ça donne sur la cour, mais vous verrez,
06:11c'est très clair et très calme.
06:13Jordan juge en effet l'appartement petit,
06:16mais fort convenable.
06:18Bon, mais c'est d'accord, je le prends.
06:21Aussitôt, le propriétaire sort un bail de sa poche.
06:24Zut, se dit Jordan.
06:26Si je paye par chèque,
06:28je vais être obligé de lui avouer mon vrai nom.
06:31Il ne comprendra pas pourquoi je lui ai menti.
06:33Il risque de trouver sa louche.
06:36Bon, tant pis, je vais payer en liquide.
06:40Howard jette un bref coup d'œil au papier
06:42et, froidement, il signe Dan Baker.
06:47Ensuite, il donne au propriétaire 340 dollars,
06:50c'est-à-dire un mois d'avance plus un mois de caution.
06:53Vous verrez, M. Baker,
06:55dit le propriétaire en empochant l'argent.
06:57Vous ne l'engraiterez pas.
06:58En plus, vous avez des voisins charmants.
07:00Au premier, il y a Mlle Ginny.
07:03Au second, un couple de peintres.
07:06Le lendemain, Howard dit à sa femme
07:09qu'il a une réunion tardive
07:11et qu'il dormira sans doute à l'hôtel.
07:14Oui, mieux vaut que je ne lui parle pas tout de suite
07:17de l'appartement, pense-t-il.
07:19Elle risque de dire que je jette l'argent par les fenêtres.
07:23À 5h05, il quitte le bureau.
07:26Il entre dans un supermarché, à quelques pas de là.
07:29Il achète des assiettes, des verres,
07:32de quoi dîner et des affaires de toilette.
07:34Ensuite, il fait signe à un taxi qui passe par là.
07:38Au 67 Christopher Street.
07:41Sa clé ouvre la porte.
07:44Il entre.
07:46Dans le vestibule,
07:48une mince fille aux longs cheveux blonds lui sourit.
07:52« Bonsoir, t'es le nouveau ? Je m'appelle Ginny.
07:56Euh... enchanté.
07:58Je m'appelle Howard...
08:00Dan Baker.
08:02Tu veux que je t'aide à porter tes courses ?
08:04Mais oui, c'est gentil, Ginny.
08:07Ils entrent dans l'appartement de Howard.
08:10Tu veux boire quelque chose ?
08:13Ben oui, je veux bien, ouais.
08:15Je vois que t'as acheté de quoi manger.
08:17Ça t'ennuie pas si je dîne avec toi ?
08:19J'ai fait aucune course. »
08:21La soirée se passe tranquillement.
08:24Howard est gay.
08:26Il dit à Ginny qu'il est écrivain
08:28et que sa femme est morte.
08:31Ils boivent et rient.
08:33Jamais Howard ne s'est senti aussi bien avec Caroline,
08:37tandis que Dan Baker, lui,
08:40est là avec une jolie fille
08:43et se sent très heureux.
08:46De plus en plus souvent,
08:48Howard trouve des prétextes pour dormir
08:50dans son appartement de Christopher Street.
08:53Peu à peu,
08:55il revêt la personnalité de Dan Baker.
08:59Il ouvre un compte à ce nom.
09:01Il s'habille en jean et tennis
09:03et il voit de nouveaux amis,
09:05des peintres et des artistes.
09:07En fait, Dan Baker est l'homme
09:09que Howard a rêvé d'être
09:11avant d'épouser Caroline.
09:14Sa vie est si différente
09:16parmi ses amis de Christopher Street.
09:19Il joue aux échecs,
09:21il parle d'art
09:23et écoute de la musique,
09:24tandis qu'avec Caroline,
09:25ses seuls sujets de conversation
09:27sont les vacances,
09:28l'argent, la famille.
09:31Parfois, pourtant,
09:33Howard est inquiet.
09:35« Si l'on découvre que j'ai une double vie, »
09:38se dit-il,
09:39« tout s'écroulera,
09:41alors je redeviendrai
09:42un employé de bureau modèle.
09:45Oh non, non, ça,
09:46je ne pourrai jamais le supporter. »
09:49Un jour qu'il se promène
09:50dans Christopher Street,
09:51il entend quelqu'un crier dans son dos
09:53« Monsieur, monsieur ! »
09:55Il n'ose pas se retourner.
09:56Peut-être est-ce un collègue du travail
09:59ou un ami de sa femme.
10:01« Si c'est ça, » se dit Howard,
10:03« je suis fichu.
10:04Je n'ai aucune raison de traîner ici.
10:07Caroline me croit à Atlanta,
10:09au festival du film publicitaire. »
10:12Enfin pourtant, Howard se retourne.
10:16L'homme qui l'appelle est un policier.
10:18« Monsieur, arrêtez-vous ! »
10:21Howard voudrait s'enfuir,
10:22mais il ne le peut pas.
10:24Il laisse donc le policier s'approcher.
10:28« Que se passe-t-il, monsieur ? »
10:30demande-t-il en tremblant.
10:31« Je voulais simplement vous rendre ceci,
10:33vous l'avez laissé tomber. »
10:35Howard arrache littéralement
10:37son portefeuille des mains du policier.
10:39« Hé ! hé ! » lui dit celui-ci en riant.
10:41« Vous êtes bien nerveux.
10:42Qu'est-ce que vous cachez, là ? »
10:44« Rien du tout.
10:45D'ailleurs, vous n'avez pas le droit de me fouiller. »
10:48Le policier cesse de sourire.
10:51« Ah ! je vois que vous connaissez
10:53parfaitement vos droits, monsieur.
10:55En revanche, je dois vous avertir
10:57que je connais votre nom et votre adresse,
10:59monsieur Baker.
11:00Eh oui, c'est moi qui règle
11:02la circulation dans le quartier.
11:04Christopher Street n'a pas de secret pour moi.
11:07Autant vous dire que désormais,
11:09j'aurai l'œil sur vous.
11:10Si vous avez quelque chose à vous reprocher,
11:12je finirai bien par le découvrir. »
11:15Howard se retourne et continue son chemin.
11:18Il est blanc comme un linge.
11:21« C'est fini, » se dit-il.
11:23« C'est fini.
11:24Il est temps que j'arrête cette comédie.
11:26De toute manière, si je reviens ici,
11:27ce flic arrivera bien à démasquer
11:29ma véritable identité.
11:30Non, non.
11:31Mieux vaut en finir.
11:32Et puis j'en ai assez de ces mensonges.
11:34Je vais tout avouer à Caroline
11:36et reprendre tranquillement ma vie à County Bucks.
11:38Je suis sûr qu'elle me comprendra.
11:40Désormais, elle et moi,
11:42nous allons mener une nouvelle vie.
11:44Nous nous parlerons à nouveau
11:46et nous serons un enfant. »
11:49Howard attrape un taxi
11:51et commence à rouler vers County Bucks.
11:53Il éprouve la même joie
11:55que l'enfant prodigue
11:57lorsqu'il rentre enfin au bercail.
11:59Ça fait déjà plus de deux mois
12:01qu'il ment à Caroline,
12:03deux mois qu'il invente des réunions,
12:05des séminaires, des dîners et tout ça
12:07pour rejoindre son cher appartement
12:09de Christopher Street.
12:12Le taxi le dépose enfin devant son immeuble.
12:15Alors qu'il s'apprête à descendre,
12:17il voit quelque chose
12:19qui lui glace le sang.
12:21Là, devant lui,
12:24c'est Caroline,
12:26et elle n'est pas seule.
12:28Un homme, vêtu d'un élégant costume bleu,
12:30la tient par l'épaule.
12:32Howard referme précipitamment
12:34la portière du taxi
12:35et demande au chauffeur de continuer.
12:37« La garce ! »
12:39se dit-il en serrant les points de rage.
12:41« La garce ! »
12:42Quand je pense que j'avais des remords,
12:44je me reprochais de dormir tout le temps en ville.
12:47Ça l'arrangeait bien, cette traînée.
12:50Elle me disait que c'était pour mon bien,
12:51pour m'épargner la fatigue du voyage,
12:53tu parles.
12:54C'était pour roucouler avec son amant, oui.
12:56Elle doit d'ailleurs me tromper depuis des années.
12:58Des mois qui trimaient comme un damné
13:00pour payer les hypothèques,
13:02des heures supplémentaires pour habiller madame.
13:04Tu vas me payer ça, Caroline.
13:06Tu vas me payer ça très cher. »
13:08Tout à sa colère,
13:10Howard n'entend pas le chauffeur
13:12qui lui parle depuis un bon moment déjà.
13:14Finalement, celui-ci lui secoue l'épaule
13:16à un feu rouge.
13:17« Eh, monsieur, monsieur,
13:18dites-moi où vous voulez aller.
13:19Moi, je ne vais pas tourner comme ça toute la nuit. »
13:21Christopher Street.
13:2367, Christopher Street.
13:28On dit toujours que l'assassin
13:30habite au 21.
13:32Moi, je commence à me demander
13:34s'il ne crèche pas plutôt au 67.
13:37Dans un instant,
13:39vous en aurez le cœur net.
13:50À l'insu de sa femme,
13:52Jordan Howard loue un appel
13:54à la police.
13:56Jordan Howard loue
13:58un appartement en ville
14:00sous le nom de Dan Baker.
14:02Là, il mène une autre vie.
14:05Prétextant des travaux, des conférences,
14:07il joue aux cartes,
14:09il écoute de la musique avec des amis.
14:11Un jour, il décide
14:13d'avouer son secret à sa femme.
14:15Mais alors,
14:17il s'aperçoit
14:19qu'elle a un amant.
14:21Il jure de se venger.
14:26Howard entre dans son appartement.
14:29Il tourne dans l'unique pièce
14:31comme un lion dans sa cage.
14:34« Il faut qu'elle paye
14:36pour l'humiliation que j'éprouve.
14:38Je vais demander le divorce. »
14:40« Le divorce, Howard ? »
14:42« Quelle gentillesse, quelle sottise.
14:44Elle sera trop contente
14:46de se débarrasser de toi. »
14:48« La pension alimentaire, la voiture, l'appartement. »
14:51« Non. »
14:53« La mort, Howard. »
14:55« La mort est tout ce qu'elle mérite. »
14:59Ces derniers mots
15:01cognent dans sa tête.
15:03« Elle doit mourir, »
15:05pense-t-il.
15:07« Ainsi, je pourrais
15:09être enfin moi-même. »
15:11« Dan Baker pour la vie. »
15:16Il passe une bonne partie de la nuit
15:18à réfléchir.
15:20Il se dit que, demain,
15:22peut-être sa fureur se sera apaisée.
15:25Mais, à l'aube,
15:27la fureur a fait place
15:29à la haine.
15:31Il essaie de se calmer
15:33en vain.
15:35À onze heures,
15:37complètement tébété
15:39par une nuit sans sommeil,
15:41il sort et prend un taxi.
15:43« County Bucks, vite ! »
15:45ordonne-t-il au chauffeur.
15:48À onze heures et demie,
15:50il se fait déposer devant le bar,
15:52juste à côté de son immeuble.
15:54Il entre et reste debout
15:56au comptoir.
15:58Il attend quelques instants
16:00quand, soudain,
16:02il voit Caroline et l'homme
16:04qui sortent de l'immeuble.
16:06« Je vais les suivre, »
16:08se dit-il.
16:10Mais, au moment où il s'apprête à sortir du bar,
16:12il voit sa femme
16:14qui embrasse son amant.
16:16Elle traverse la rue et se dirige vers sa voiture.
16:18L'homme, quant à lui,
16:20reste un moment
16:22sur le trottoir.
16:24Il lui fait un petit signe de la main
16:26et s'éloigne.
16:28« Eh bien,
16:30c'est le grand amour ! »
16:32pense Howard, un sourire
16:34amer aux lèvres.
16:36Un instant, il suit l'inconnu
16:38des yeux.
16:40Ce dernier se dirige vers le bar,
16:42s'arrête devant la porte
16:44et entre.
16:46Il a l'air
16:48d'être un habitué du quartier, car
16:50il appelle la serveuse par son nom.
16:52« Salut,
16:54Millie ! Donne-moi un café ! »
16:56« Salut, Stud ! Bien dormi ? »
16:58Howard
17:00sort précipitamment du bar,
17:02prend un taxi et se rend
17:04chez Lowell Kendall.
17:06« Excusez-moi, » dit-il à sa secrétaire,
17:08« j'ai eu une migraine du diable
17:10cette nuit. Je n'ai vraiment pas
17:12pu me lever. »
17:14Une fois la porte de son bureau
17:16fermée,
17:18il prend son téléphone et
17:20calmement
17:22compose le numéro de sa femme.
17:24« Bon,
17:26vu qu'elle soit rentrée. »
17:28Elle décroche.
17:30« Allô, Caroline ?
17:32C'est toi, Howard ? Oui, chérie.
17:34Veux-tu me rejoindre dans un
17:36petit bar à cinq heures et demie ?
17:38Mais où donc, Howard ?
17:40C'est dans Christopher Street, en face
17:42du numéro 67. Viens,
17:44j'ai quelque chose d'important à te dire.
17:46Un problème, Howard ?
17:48Non, non, non, ne t'inquiète pas. »
17:52À cinq heures moins le quart,
17:54il donne l'autorisation à sa secrétaire
17:56de partir. Un quart d'heure
17:58plus tard, il quitte son
18:00bureau pour se rendre au rendez-vous
18:02qu'il a fixé à sa femme.
18:04À cinq heures, il pénètre
18:06dans le bar. Tous ses amis
18:08sont là, Ginny, Ted et Betty
18:10sont en train de jouer aux échecs au fond de la salle.
18:12« Salut, Dan ! » lance
18:14Ginny. « Tu viens boire un verre ?
18:16Non, non, non, je peux pas,
18:18j'ai un rendez-vous.
18:20Une dame ? » demande Ted.
18:22« Tout juste. C'est ton âge ? »
18:24lui lance Ginny.
18:28À cinq heures trente-sept, Caroline
18:30arrive. Elle voit Howard,
18:32lui sourit et s'approche
18:34de lui. Quelques minutes
18:36plus tard, ses trois amis passent
18:38devant lui. Ted se penche
18:40à son oreille et lui souffle. « Très
18:42joli ! » « Salut, Dan !
18:44Passez à la maison tous les deux, si vous
18:46voulez ! » dit Ginny.
18:48Caroline est très
18:50étonnée de voir que son mari est si connu
18:52dans ce quartier. « Mais
18:54Howard, pourquoi diable
18:56t'appellent-ils tous Dan ? »
18:58« Je vais t'expliquer, Caroline.
19:00Je vais t'expliquer.
19:02Viens avec moi. »
19:04Il la prend par le bras
19:06et la conduit à son appartement
19:08au soixante-sept de la même rue.
19:10Tout le monde salue
19:12Dan et Caroline
19:14regarde son mari avec des yeux étonnés.
19:16Il ouvre
19:18la porte et fait entrer sa
19:20femme.
19:22Il referme la porte à clé.
19:24« Je sais
19:26tout, Caroline. Je sais
19:28que tu me trompes depuis
19:30un bon petit bout de temps.
19:32» « Laisse-moi t'expliquer, Howard,
19:34chérie. » « Non, non, non, pas Howard.
19:36Dan. C'est Dan Baker
19:38qui va te tuer, Caroline.
19:40Pas Howard Jordan. »
19:42« Mais tu es devenu fou, Howard. » « Non,
19:44Caroline, non, non, au contraire. On dira
19:46que c'est l'un de tes nombreux amants qui t'a
19:48assassiné pour je ne sais quelle raison
19:50sordide. » « Non, Howard, arrête.
19:52Tu es fou. » Mais Howard ne semble
19:54pas entendre ces cris. Il serre de plus
19:56en plus ses mains sur sa gorge.
19:58Il voit son visage devenir
20:00bleu, bleu.
20:02Et
20:04Caroline s'écroule inerte
20:06sur le sol.
20:08Il est une heure du matin.
20:10Howard téléphone
20:12à la police.
20:14« Commissariat, bonsoir.
20:16Howard Jordan à l'appareil. Je vous appelle parce
20:18que ma femme n'est toujours pas rentrée.
20:20« Ben, il n'est qu'une heure du matin, monsieur. »
20:22« Je sais bien, mais ça n'est pas dans ses
20:24habitudes. « Donnez-nous son nom
20:26et faites-nous une description. Nous allons
20:28voir ce que nous pouvons faire. »
20:30Le lendemain matin,
20:32à neuf heures, la police fait irruption
20:34dans son bureau.
20:36« Monsieur Howard, lieutenant
20:38Davis, j'ai une très, très mauvaise nouvelle
20:40pour vous. Nous avons retrouvé votre femme
20:42dans un appartement au 67
20:44Christopher Street, chez
20:46un certain Dan Baker.
20:48Nous avons l'impression que c'était son
20:50amant, mais personne ne le connaît
20:52vraiment. On va avoir beaucoup
20:54de mal à le retrouver. Ah,
20:56Mackenzie, vous voilà. Alors, que dit le médecin? »
20:58Un autre policier
21:00commence effectivement de surgir dans le bureau.
21:02« Mort par strangulation,
21:04mais j'ai l'intuition
21:06que notre tueur n'est pas loin.
21:08N'est-ce pas, monsieur
21:10Baker? »
21:12Howard Jordan est
21:14vide. Il vient de
21:16reconnaître le policier qui
21:18lui avait rendu son portefeuille
21:20dans Christopher Street.
21:22Vous venez d'écouter
21:24Au coeur du crime,
21:26un podcast issu des archives d'Europe 1.
21:28Réalisation,
21:30Julien Tharaud. Production,
21:32Romy Azoulay. Patrimoine
21:34sonore, Sylvaine Denis,
21:36Laetitia Casanova et Antoine
21:38Reclus. Promotion,
21:40Marie Corpet. Au coeur du crime
21:42est disponible sur le site
21:44et l'appli Europe 1.
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