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  • 02/04/2025
Julie Belembert, medecin psychiatre coordinatrice régionale du Centre Ressource Autisme des Pays de la Loire

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Transcription
00:00Votre invité, Nicolas Crosel, c'est Julie Bélambert, médecin psychiatre coordinatrice régionale du Centre Ressources Autisme des Pays de la Loi.
00:08Parce que nous sommes aujourd'hui, 2 avril, la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.
00:14Bonjour à vous, merci d'être avec nous Julie Bélambert.
00:17Merci beaucoup de nous avoir invité.
00:19On va déjà poser les bases du sujet, l'autisme c'est quoi ?
00:23C'est pas une maladie déjà, disons-le, c'est un handicap.
00:26Tout à fait.
00:27Combien de personnes, il y a différents degrés ? Est-ce que vous pouvez nous dresser un petit état des liens ?
00:31Actuellement, on parle de troubles du spectre de l'autisme puisqu'il existe différentes présentations cliniques.
00:36Ça touche environ 1 à 2% de la population mondiale.
00:39Donc du coup, le ratio est à faire sur la population régionale.
00:43En France, on voit 600 000 adultes à peu près.
00:46Tout à fait.
00:47C'est ce que disent les réseaux, c'est pas rien.
00:49Sachant qu'on n'a pas les chiffres chez l'adulte, mais on peut prédire, en tout cas au niveau des naissances, que c'est actuellement le ratio.
00:54C'est environ 3 garçons pour une fille.
00:56Et ça rentre dans ce qu'on appelle les troubles du neurodéveloppement, qui est encore une plus grosse casquette, qui touche 1 personne sur 6.
01:03Donc vraiment quelque chose de fréquent, avec un retentissement quotidien de l'ordre du handicap, puisqu'on ne peut pas guérir.
01:10Mais par contre, on peut accompagner.
01:12Et plus on repère précocement les signes et les manifestations chez l'enfant, plus on peut avoir un impact sur la trajectoire de vie des enfants, des adolescents et des adultes, mais également de leur entourage.
01:23Alors justement, comment on peut, quand on est parent d'enfant, avoir une petite lumière qui s'allume dans la tête, en se disant, oh là, il y a peut-être quelque chose de pas normal ?
01:31J'allais dire, les signes annonciateurs ou les manifestations, surtout ne pas dire symptômes, puisque encore une fois, ce n'est pas une maladie.
01:38Alors, dans l'absolu, il n'y a pas un seul signe qui doit alerter, c'est plutôt un ensemble de décalages par rapport à ce qu'on attendrait des variations d'un enfant à l'autre.
01:49Ça va être notamment autour de ce qu'on appelle la réciprocité sociale, donc ça va être autour du regard adressé à ses parents, du babillage, de l'apparition des mots.
02:00On va aussi s'alerter d'une façon générale, quand on a un retard de mise en place de la motricité, par exemple, se tenir assis, faire du quatre pattes.
02:10Après, ça ne veut pas dire que tous les enfants qui sont en ces retards-là...
02:13Non, exactement. C'est important de se dire que chaque enfant évolue à son rythme.
02:17Mais quand les différences sont au-delà de ce qu'on attend, d'une façon générale, il faut pouvoir poser des questions à son médecin.
02:23Et ça se dépiste, c'est pas comment on dit ?
02:25Ça se dépiste, tout à fait. On parle de dépistage ou de repérage.
02:29On a d'ailleurs un nouveau carnet de santé qui a été mis en place pour faciliter ce repérage des écarts de développement.
02:37Et de nombreux outils ont été faits de façon ludique pour que les parents inquiets puissent avoir des renseignements justes.
02:44Vous disiez tout à l'heure qu'on ne peut pas quantifier le nombre d'adultes. Pourquoi ?
02:49En France, on est quand même assez en retard sur le diagnostic chez l'adulte.
02:54Pendant longtemps, dans les générations précédentes, on n'a pas cherché à savoir ?
02:57Alors, c'est pas forcément qu'on n'a pas cherché à savoir, mais c'est qu'on a surtout repéré les formes sévères d'autisme, notamment chez les enfants.
03:05On a pu donner des noms variés, puisqu'il y a eu plusieurs classifications possibles.
03:09Et finalement, les formes les plus légères ont pu être moins repérées.
03:13On a vraiment évolué cette dernière décennie, on va dire.
03:19Et donc, on est davantage outillés pour repérer les adultes avec autisme sans trouble du développement intellectuel.
03:25Et parce qu'il y a, vous le disiez tout à l'heure, différents degrés. On parle désormais de spectre autistique, parce qu'il y a différents degrés dans la manière dont on peut être atteint d'autisme.
03:37Est-ce qu'en France, selon vous, la prise en charge est au rendez-vous quand même ?
03:40Ou est-ce qu'il manque de personnes ? Je pense par exemple, je reviens aux enfants, mais aller à l'école quand on est autiste ?
03:45On a de nombreuses dispositifs maintenant qui existent pour une inclusion à tous les âges de la vie, que ce soit en maternelle avec des unités d'enseignement,
03:54mais également en élémentaire, en collège, au lycée.
03:57On est également de plus en plus outillés sur l'insertion professionnelle, avec des professionnels de type job coaching pour les personnes qui ont du mal à maintenir un emploi ou à trouver un emploi.
04:09Parce que la difficulté principale, c'est quoi ? C'est de la concentration ? C'est supporter la lumière, supporter le bruit, supporter les autres ?
04:14Eh bien, ça va être à la fois gérer plusieurs informations en même temps, les hiérarchiser, comprendre les messages qui ne sont pas explicites.
04:23Donc, la structuration de l'environnement est vraiment un facteur prédictif de confort pour les personnes et aussi de positivité de l'inclusion, d'une façon générale.
04:34Et même quand on a un trouble du développement intellectuel, qu'on est adulte avec un autisme, on peut avoir un projet professionnel en vie ordinaire.
04:42On était dans le journal de 7h tout à l'heure, dans cette boulangerie à Saint-Nazaire, qui va former effectivement des apprentis qui sont autistes et qui vont travailler dans cette boulangerie.
04:53Donc, c'est aussi des perspectives d'espoir, des messages d'espoir qu'il faut donner aux personnes autistes et à leurs parents quand on parle d'enfants.
05:01Vous pouvez avoir une vie normale ?
05:03Alors, on peut avoir une vie en tout cas si les aménagements extérieurs sont adaptés au fonctionnement.
05:08Et vous disiez que ça existe, les aménagements extérieurs, de l'école jusqu'à l'adulte, mais est-ce qu'il y a assez de personnel humain aussi dans les écoles pour accompagner ou est-ce que vous avez un cri à lancer sur « il en faudrait plus » ?
05:19En effet, il en faudrait plus, mais ceux qui sont en place déjà doivent continuer à être formés parce que c'est toujours en accompagnant mieux que les personnes ont une qualité de vie et une autodétermination possible.
05:31Je repensais, c'est peut-être un détail, mais je ne sais pas si ça l'est pour les personnes concernées, ces créneaux dans les supermarchés aussi où il y a moins de lumière, moins de bruit, moins de musique, est-ce que c'est utile ?
05:40Je pense que c'est très utile et pas que pour les personnes avec un trouble du spectre de l'autisme.
05:44Donc, tous les aménagements qui peuvent être pensés dans le cadre de l'autisme servent aussi à d'autres.
05:50Donc, c'est un coût certain, mais un bénéfice pour de nombreuses personnes.
05:55Au fil des années, la situation s'améliore, vous le diriez comme ça, dans le regard des autres, la perception des choses ?
06:01Moi, ça va faire dix ans que je suis dans le champ du handicap et de l'autisme, je vois en effet que les choses évoluent, même les représentations de l'autisme sont davantage positives.
06:09Donc, je pense que c'est vraiment important de continuer à favoriser l'inclusion.
06:14Et puis, quand on inclut dès le plus jeune âge, ça paraît tout à fait logique pour les plus grands d'être entouré de personnes avec ce handicap.
06:24En plus, les enfants sont inclus dès le début, d'où la loi de 2005 qui, vingt ans après, a des répercussions.
06:31Je vous remercie beaucoup d'être venue ce matin, Julie Bellambert, médecin psychiatre, coordinatrice régionale du centre ressources autisme des Pays de la Loire.
06:37On peut s'adresser au centre ressources, puisque les ressources, le centre ressources, c'est bien pour ça.
06:41On a une mission d'information.
06:42Voilà, on vient vous voir si on a besoin évidemment de renseignements. Déjà, c'était un premier pas.
06:46Merci d'être venue nous éclairer ce matin, bonne journée à vous.
06:48Avec plaisir, au revoir.

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