Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 07/04/2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Aurore Berger, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:07Vous êtes la ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes.
00:10Vous êtes aussi en charge de la lutte contre les discriminations, nous allons en parler.
00:13Mais tout d'abord, le monde s'inquiète des droits de douane imposés par Donald Trump.
00:17Les Français s'inquiètent plus singulièrement pour leurs pouvoirs d'achat, les factures d'électricité,
00:22la non-maîtrise de l'immigration, la menace islamiste avec un attentat déjoué, pourtant,
00:26hier, sous un beau soleil printanier, les politiques étaient rassemblées, trois meetings différents.
00:32En quoi cela aide à résoudre les problèmes de Français, Madame la Ministre ?
00:36Alors, il y avait trois meetings, trois salles et trois ambiances qui étaient quand même radicalement différentes.
00:40Un meeting, nous, qu'on avait prévu de très longue date.
00:43Je crois que c'est important aussi que les partis politiques rythment, ou en tout cas essayent de rythmer la vie politique française.
00:48Un meeting en réaction à une décision de justice, et d'ailleurs, et un meeting en réaction au meeting en réaction.
00:54Pour être claire.
00:56Un dimanche de campagne.
00:57Oui, c'était un dimanche de campagne, mais je pense qu'il ne faut pas enjamber, justement.
01:00Moi, je pense qu'il ne faut pas enjamber parce qu'aujourd'hui, déjà, on a un président de la République qui préside,
01:04on est nous-mêmes au travail, moi, je suis membre du gouvernement, et donc notre enjeu, il est là.
01:08Parce que si on dit aux Français, écoutez, il ne va rien se passer pendant les deux prochaines années,
01:12et attendez de voir la présidentielle, le risque, c'est le risque que les Français se détournent définitivement de la vie politique
01:18et se disent qu'en effet, on est un peu loin de la balle et un peu loin de leurs préoccupations.
01:22C'est déjà le cas en grande partie.
01:24Ce qui risque d'être le cas.
01:25Et notre enjeu, c'est comment, justement, on les ramène à la vie politique en leur disant que la vie politique,
01:29elle est utile pour eux.
01:30Ça veut dire des partis qui doivent travailler, qui doivent travailler sur les idées,
01:34qui doivent nourrir aussi, en termes d'idées et de projets.
01:36On va en parler, vous nous direz quelle idée nouvelle est sortie hier.
01:38Et puis surtout, encore une fois, se dire qu'on n'enjambe pas.
01:41Avant l'élection présidentielle, avant que chacun ou chacune pense à l'élection présidentielle,
01:45il faut d'abord avoir des résultats aujourd'hui.
01:47Place Vauban, c'était le RN, la France Insoumise et l'extrême gauche, Place de la République,
01:51la Cité du Cinéma avec Gabriel Attal et plus largement le Bloc Central.
01:54Vous y étiez.
01:55Côté Place Vauban, il n'y a pas eu de dérapage, pas de violence, fort heureusement, d'ailleurs pour notre pays.
02:00Il n'y a pas eu le remake de la prise du capital, pas de volonté séditieuse affichée, je pense, du côté du RN.
02:06Est-ce que certains ont voulu, Rob Hergé, faire peur, tout simplement ?
02:10Non, je pense pas. Moi, je n'ai jamais cherché à faire peur.
02:12Moi, je suis quand même interpellée par le fait d'avoir un meeting,
02:15qui est un meeting uniquement en réaction à une décision judiciaire.
02:19Et un meeting dont le seul propos est de dire, surtout, touche pas à ma candidature, en fait.
02:23Le seul propos, il n'est pas pour les Français, là.
02:25Le seul propos, il est Marine Le Pen qui dit, quoi qu'il arrive,
02:28c'est moi qui dois être votre candidate et c'est moi qui dois être la présidente de la République.
02:32Encore une fois...
02:33Les millions de Français le souhaitent aussi, derrière elle.
02:35Mais de toute façon, il y aura une candidature du RN.
02:37Moi, je dis deux choses.
02:38Un, Marine Le Pen, elle est présumée innocente jusqu'à ce qu'une décision définitive la condamne,
02:43puisque nous savons qu'elle s'est pourvue en appel, donc il y aura un appel.
02:46Mais dans le même temps, il y a 154 pages de jugement.
02:49J'invite chacun à regarder, parce qu'à la fin,
02:52le RN a été condamné pour quoi, en première instance ?
02:55Pour du détournement d'argent public.
02:57Pas d'enrichissement personnel.
02:59Mais ça, c'est toujours la formule que d'autres parties, d'ailleurs, ont rappelée
03:02avant que Marine Le Pen soit condamnée.
03:03C'est un fait, non ?
03:04Pas d'enrichissement personnel.
03:05Ça se discute à partir du moment où les personnes qui étaient engagées
03:08étaient des personnes qui travaillaient directement, non pas même pour le parti,
03:11encore moins pour le Parlement européen, mais pour la famille Le Pen.
03:15Le majordome de Jean-Marie Le Pen.
03:18Vous l'êtes présumée innocente.
03:19Je dis qu'elle ne sera définitivement condamnée ou innocentée qu'au moment de l'appel.
03:24Et pourtant, Gabriel Attal, hier...
03:26Je dis juste quand même, attendez, 4,4 millions d'euros d'argent public,
03:29c'est 250 années de SMIC, si vous la ramenez à ça.
03:32Les artisans qui nous écoutent, par exemple, les élus locaux qui nous écoutent,
03:35eux, si jamais ils étaient pris la main dans le sac en train de détourner de l'argent,
03:39vous pensez qu'il se passerait quoi ?
03:41Vous diriez la même chose quand il va y avoir un appel,
03:43puisque le parquet a fait appel pour le Modem,
03:45qui est pris dans la même affaire avec François Bayrou ?
03:47Je dis la même chose pour tout le monde.
03:49Je dis qu'on respecte l'autorité de la chose jugée,
03:52on respecte les décisions de justice,
03:54et on ne peut pas accepter que dans notre pays,
03:56nous ayons aujourd'hui des magistrats et des juges qui soient sous protection policière.
04:00Ça, ça devrait, quel que soit notre parti, quel que soit notre vote,
04:03nous interpeller, nous dire que celles et ceux qui rendent la justice
04:06peuvent être placés sous protection policière.
04:08Vous avez dit qu'elle est présumée innocente.
04:10C'est le cas avant l'appel.
04:12Pourtant, Gabriel Attal a lancé hier, au sujet de Marine Le Pen,
04:15qu'ils veulent payer.
04:17Là, on fout le pied à la présomption d'innocence.
04:19Ça veut dire que si une décision de justice définitive est rendue, c'est ça.
04:22Il n'y a pas de si dans la phrase.
04:24Moi, je tiens toujours cette même ligne-là.
04:26À partir du moment où elle s'est pourvue en appel,
04:28elle est présumée innocente.
04:29Mais pour l'instant, la condamnation, en première instance,
04:32dit quoi ?
04:33Dit 4,4 millions d'euros d'argent public détourné.
04:36Et encore une fois, il n'y a aucune raison
04:38qu'une forme de totem d'immunité au regard des sondages.
04:41Parce que c'est un peu ça que nous dit le RN.
04:43Mais écoutez, comme on est haut dans les sondages,
04:45on ne mérite pas d'avoir telle ou telle condamnation.
04:47En fait, ce n'est pas une loterie et il n'y a pas un totem d'immunité
04:50parce qu'on serait haut dans les sondages.
04:52Ou alors, ça veut dire quoi ?
04:53Ça veut dire que quel que soit le type de fait sur lesquels on serait jugé,
04:57eh bien, on serait exonéré, finalement, de ses responsabilités.
05:00Non, on assume ses responsabilités jusqu'au bout
05:03et on laisse faire le travail de la justice,
05:06puisqu'il y aura un appel.
05:07Est-ce qu'il y a un totem d'immunité, pour reprendre votre formule,
05:09pour la gauche, qui aurait le monopole de la manifestation ?
05:12Vraisemblablement, non, puisque, pour le coup,
05:15la participation était résiduelle.
05:16Ça provoque des cris d'orfraie quand le RN manifeste, reconnaissez-le.
05:19Non, mais pour reprendre une expression de Jean-Luc Mélenchon,
05:21là, c'était très résiduel sur la mobilisation
05:24qui était celle d'une partie de la gauche.
05:25D'ailleurs, toute la gauche n'a pas appelé à manifester.
05:27Le Parti socialiste semble enfin et définitivement
05:31se détacher de la France insoumise.
05:32Et tant mieux, parce que moi, je préfère qu'on ait une gauche républicaine.
05:35C'est peut-être plus difficile dans les urnes pour nous,
05:37mais c'est mieux pour le pays d'avoir une gauche qui croit en la République,
05:40qui croit en la laïcité et qui refuse de se mélanger
05:42avec d'ailleurs assez peu de drapeaux français dans cette manifestation.
05:45D'ailleurs, je le dis à nos auditeurs européens qui ne voient pas l'image,
05:49effectivement, beaucoup de drapeaux, notamment palestiniens et d'autres,
05:52de syndiqués.
05:54Quel est le plus grand danger pour la République, à vos yeux ?
05:57Le RN ou Alafi ? Je vous pose la question,
05:58parce que sur Alafi, vous avez été assez claire.
06:00Vous avez dit que cet acronyme, la France insoumise,
06:03représentait le nouvel antisémitisme.
06:05Est-ce que vous y voyez un même danger avec le RN ?
06:07Parce que moi, j'ai la responsabilité, notamment au gouvernement,
06:09de la lutte contre l'antisémitisme.
06:11Donc, je suis bien obligée de voir ce qui existe dans notre pays.
06:14Et ce qui existe dans notre pays, c'est une explosion de l'antisémitisme.
06:17Et cette explosion, elle est attisée par ceux qui, finalement,
06:20autorisent, libèrent, voire encouragent cette parole antisémite,
06:24Jean-Luc Mélenchon, en étant, malheureusement, le porte-drapeau.
06:28Et il faut le reconnaître.
06:29Il faut avoir la lucidité de le reconnaître pour le combattre.
06:32Mais je dis dans le même mouvement qu'il ne faut pas oublier
06:34qu'il y a quelques semaines, quelques mois,
06:36lors des élections législatives de 2024,
06:38Jordan Bardella a passé sa campagne à s'excuser
06:41des candidats qu'il avait lui-même choisis et investis.
06:43S'excuser parce qu'ici, il y avait eu un propos raciste.
06:46Ici, il y avait eu un propos négationniste.
06:48C'est déjà reconnaître les faits ou les propos.
06:50Oui, mais c'est quand même un peu étonnant de les avoir investis.
06:53Donc, est-ce qu'il s'est excusé uniquement parce que les médias
06:56ont vu qui étaient les candidats
06:58ou est-ce qu'il espérait que ça passe entre les gouttes ?
07:00Or, je mets en garde aussi nos compatriotes de confession juive
07:03dont je sais qu'aujourd'hui, ils subissent des phénomènes
07:06qui sont absolument insupportables,
07:08d'insultes, d'intimidations et d'agressions.
07:10Pour leur rappeler que la République, elle sera toujours avec eux
07:13et toujours de leur côté et qu'elle ne cèdera rien.
07:16Mais que ça n'est pas parce qu'il y a un danger immédiat,
07:19imminent qu'est celui de la France insoumise
07:21qu'il faut oublier, encore une fois, non pas juste le passé,
07:24mais le présent VRL.
07:25Et vous, est-ce que vous allez vous excuser ?
07:27M'excuser de quoi ?
07:28Pas vous-même, le Bloc central.
07:29Sûr.
07:30Gabriel Attal, vous venez parler de la campagne des législatives
07:32pour Jordane Bardella.
07:33Je vous rappelle que pour une autre campagne des législatives,
07:36second tour, Gabriel Attal avait appelé à faire barrage au Rennes,
07:39même avec un bulletin LFI.
07:40Vous savez que ce n'était pas ma position.
07:42Enfin, vous faites partie d'un Bloc central.
07:43Oui, mais moi, j'ai assumé d'avoir une position différente.
07:45Et l'enchaînement du Premier ministre, qui l'a assumé ?
07:47J'ai assumé, alors que j'étais au gouvernement
07:49et qu'il était Premier ministre,
07:50j'ai assumé dès le soir du premier tour des élections législatives
07:53qu'on ne combat pas le Rassemblement national
07:55avec un bulletin de vote LFI.
07:57Mais vous étiez hier à son meeting.
07:58Oui, parce que j'appartiens au Bloc central.
08:00Edouard Philippe aussi était présent.
08:02François Bayrou était présent.
08:03Et je pense que c'est important de montrer qu'on doit travailler ensemble
08:06parce qu'aujourd'hui, on gouverne ensemble
08:08et que j'espère que demain, on aura une candidature commune
08:11pour l'élection présidentielle.
08:12Et pour ça, faut-il que Gabriel Attal soit au clair sur ce sujet ?
08:15J'entends qu'une ministre est claire sur ce qu'incarne la France insoumise.
08:18Mais je pense que ce sera un point central
08:19de la campagne présidentielle de 2027
08:21et que quiconque envisagerait de se présenter en 2027
08:24doit clarifier sa position.
08:25Pour moi, elle est très claire.
08:26On ne combat pas l'ERN en appelant à voter pour la France insoumise.
08:29Je l'ai toujours dit.
08:30Et je l'ai dit dès le soir du premier tour des législatives.
08:32Je n'ai pas attendu les débordements actuels pour le dire.
08:35Encore un mot sur ce sujet.
08:36Au sujet de l'exécution provisoire,
08:38le président du groupe UDR, Eric Ciotti, allié du RN,
08:42va donc déposer une proposition de loi
08:44pour supprimer cette exécution provisoire des peines d'inéligibilité.
08:48C'est l'un des leviers à travers lequel Marine Le Pen
08:51pourrait se présenter en 2027.
08:52Vous y êtes favorable ?
08:54Il y aura un débat au Parlement
08:55si vraiment la proposition de loi est inscrite.
08:58J'entends qu'au Sénat aussi,
08:59peut-être que cette proposition de loi serait proposée.
09:02Moi, je pense qu'il faut vraiment, là,
09:03laisser totale liberté de vote aux députés.
09:06Je suis aujourd'hui membre du gouvernement.
09:08Et je pense que nous, quand vous êtes membre du gouvernement,
09:10en s'exprimant sur ce sujet,
09:11donne le sentiment qu'on voudrait d'une quelconque manière
09:13influer sur une décision de justice.
09:15Vous, député, vous diriez oui ou non ?
09:16Mais moi, je suis membre du gouvernement.
09:18Ça s'appelle la langue de bois.
09:19Ne plus vouloir répondre.
09:20On ne vous connaît pas pour ça.
09:21Un peu, mais parce que je pense aussi
09:22que toute parole que je dirais
09:23sur la question de l'exécution provisoire
09:25sera vue comme une manière
09:26d'interpréter une décision de justice.
09:27Et moi, une décision de justice...
09:28Mais Mimi s'est dit troublée.
09:30Vous avez été troublée par le trouble du Premier ministre.
09:32Je n'ai pas entendu le Premier ministre dire ça.
09:33J'ai lu des entourages disant ça.
09:35Donc moi, je me méfie aussi de ça.
09:36Et vous savez très bien
09:37comment ces choses-là existent aussi dans la presse.
09:39Je sais juste que quand une décision de justice est rendue,
09:41on n'a ni à s'en réjouir,
09:43ni à manifester une opposition.
09:45On a à acter cette décision de justice.
09:47On a à rappeler, encore une fois,
09:48la présomption d'innocence,
09:50tant que l'appel n'est pas prononcé,
09:51mais ne jamais oublier ce pour quoi,
09:53en première instance,
09:54ils ont été condamnés.
09:554,4 millions d'euros d'argent public,
09:57donc de l'argent des Français,
09:58qui auraient été détournés.
09:59Je voudrais qu'on évoque à présent,
10:01Aurore Barges,
10:02ce qui s'est passé à l'université Lyon 2.
10:03Les ministres affirment que la République ne cèdera rien,
10:05mais n'a-t-elle pas déjà cédé ?
10:07Lorsque des étudiants,
10:08si ce sont des étudiants,
10:09parce qu'ils étaient encagoulés,
10:10d'extrême gauche,
10:11s'en prennent un professeur en scandant,
10:13sioniste, raciste,
10:14et qu'il soit mis, d'ailleurs,
10:15sous protection fonctionnelle.
10:17Ce même professeur,
10:18maître de conférence,
10:19qui s'est exprimé dans Le Parisien,
10:21et qui affirme qu'il lui-même,
10:22évidemment, ne reculera pas.
10:23Mais est-ce que la République,
10:24elle-même, n'a pas reculé ?
10:26On est dans un pays
10:27où plusieurs enseignants
10:28ont payé de leur vie le fait d'enseigner.
10:30On a eu aux Oratorats,
10:31Toulouse,
10:32où un enseignant et des enfants
10:33ont été pris pour cible
10:34et ont été assassinés à bout,
10:35portant dans une école.
10:36On a connu Samuel Paty.
10:38On a connu Dominique Bernard.
10:40Donc, prendre pour cible des enseignants,
10:41qu'ils soient à l'université,
10:42qu'ils soient au collège,
10:43qu'ils soient au lycée,
10:44est absolument insupportable,
10:46intolérable.
10:47Il faut qu'il y ait
10:48une réponse implacable,
10:49systématique.
10:50Moi, ce qui m'a le plus choqué
10:51dans ces images,
10:52au-delà, en effet,
10:53je ne sais pas s'ils sont des étudiants
10:54parce qu'ils n'ont pas le courage
10:55de se montrer à visage découvert,
10:56c'est le silence dans cette salle.
10:59Il n'y a pas un étudiant,
11:00deux étudiants,
11:01trois étudiants
11:02qui sont venus prendre la défense
11:03de leur enseignant.
11:04De quoi est-il révélateur,
11:05ce silence ?
11:06D'une forme d'indifférence.
11:07D'une forme d'indifférence,
11:08encore une fois.
11:09Mais l'indifférence,
11:10elle est complice.
11:11À partir du moment
11:12où vous laissez faire
11:13dans un pays qui a connu
11:14des attentats islamistes,
11:16qui ont ciblé délibérément
11:17des enseignants qui enseignaient,
11:19qui l'ont payé de leur vie,
11:21oui, je pense que l'indifférence,
11:22le silence devient complice.
11:24Et il ne faut en aucun cas
11:25qu'il y ait un silence de l'État.
11:26Il n'y a pas de silence de l'État.
11:27Il y a évidemment
11:28une protection fonctionnelle.
11:29Le fait que nous-mêmes, État,
11:30on se porte partie civile
11:32et on est aux côtés
11:33de nos enseignants,
11:34de manière à ce que ce ne soit pas eux
11:35qui, ensuite, soient en première ligne
11:37d'un point de vue judiciaire.
11:38Mais ça veut dire
11:39qu'il faut être très lucide
11:40sur les menaces,
11:41très lucide sur l'antrisme islamiste
11:44qui, malheureusement,
11:45existe dans notre pays.
11:46Et ce n'est pas un hasard
11:47si l'université, si l'école
11:49sont des lieux pris pour cibles
11:50puisque ce sont des lieux
11:51de transmission de savoir
11:52et la manière avec laquelle
11:53certains chercheraient à détourner
11:55justement ces lieux.
11:56Non, par exemple,
11:57après avoir demandé à une élève
11:59de retirer son voile,
12:00une enseignante a été prise à partie
12:01et filmée à son insu,
12:02là encore, les mêmes mots,
12:03mots que vous avez utilisés
12:04assez clairement.
12:05Vous dites, nous ne cèderons rien,
12:06la laïcité ne se négocie pas.
12:08Êtes-vous sûre que la laïcité
12:09n'a pas été négociée
12:10pendant des années
12:11via des accommodements raisonnables
12:13qui sont très déraisonnables
12:14dans notre pays ?
12:15En fait, il n'y a aucun
12:16accommodement qui peut être raisonnable
12:17sur la question de la laïcité.
12:18Il n'y en a pas eu ?
12:19Il ne faut pas qu'il y en ait,
12:20jamais.
12:21Mais ça veut dire qu'il faut
12:22des enseignants courageux
12:23comme cette enseignante
12:24qui dit à partir du moment,
12:25mademoiselle, où vous êtes
12:26dans l'enceinte de l'établissement scolaire
12:27et l'enceinte de la République,
12:29vous n'avez pas à porter un voile,
12:30vous n'avez pas à porter
12:31un signe religieux ostensible
12:32parce que c'est de la loi.
12:33Et la loi, elle s'impose à tous.
12:35Et la loi, elle s'applique pour tous
12:36et partout sur le territoire
12:38de la République.
12:39Donc cette enseignante,
12:40elle a été courageuse
12:41et elle a fait son travail.
12:42Et ce qui est insupportable,
12:43c'est qu'ensuite, c'est à elle
12:44qu'on met une cible dans le dos
12:45parce qu'immédiatement,
12:46sur les réseaux sociaux,
12:47des images circulent.
12:48C'est comme ça que Samuel Paty
12:50a été pris pour cible.
12:51C'est parce que,
12:52sur les réseaux sociaux,
12:53il y a eu un emballement
12:55et qu'ensuite, malheureusement,
12:56il y a eu ce drame absolu.
12:57Donc, il faut, là encore,
12:59qu'il y ait une réponse très claire.
13:00Faire noter l'ucidité.
13:01Mais alors, quelle est votre position,
13:02Madame la Ministre,
13:03dans le gouvernement au sujet du voile ?
13:04On a du mal à comprendre,
13:05malgré les demandes répétées de la droite.
13:07Le Premier ministre tarde
13:08à inscrire le texte interdisant
13:09le port du voile
13:10dans les compétitions sportives.
13:11Il paraît que ce sera avant l'été.
13:13François Bayrou qui a affirmé
13:14qu'il ne fallait pas stigmatiser
13:16nos 9 millions de compatriotes musulmans.
13:19En quoi faire appliquer une loi,
13:21c'est stigmatiser des millions de musulmans ?
13:23Je pense qu'il n'y a aucune stigmatisation.
13:25Parce que d'abord, en effet,
13:26on est français avant d'être musulmans,
13:28juifs ou que sais-je.
13:29Et je pense qu'il faut assumer de dire
13:31que la religion, c'est une opinion.
13:33Et que la religion, dans notre pays,
13:35évidemment, elle ne doit pas être...
13:36Vous la suivez ?
13:37Oui, mais parce que c'est la loi...
13:38C'est la ligne du gouvernement.
13:39C'est la loi de la République.
13:40Il n'y a pas de secret que ce n'est pas la même ligne
13:43que la ministre des Sports,
13:45que la ministre de l'Éducation.
13:46Oui, mais la ligne,
13:47elle a été tranchée et arbitrée.
13:48Il y a une proposition de loi
13:49qui a été adoptée au Sénat.
13:51Il y a une proposition de loi
13:52et le Premier ministre l'a lui-même dit
13:54dans une interview,
13:55qui sera adoptée avant l'été.
13:56Donc, c'est très clair.
13:58Encore une fois,
13:59quand on est sur un terrain de sport,
14:01on laisse ses idées,
14:03qu'elles soient religieuses ou politiques,
14:04aux vestiaires.
14:05Et je pense, d'ailleurs,
14:06que dans notre société,
14:07il devrait y avoir un peu plus de discrétion
14:09sur le fait religieux.
14:10Je pense que les Français sont lassés
14:12d'avoir en permanence du commentaire
14:14sur des faits qui sont des faits religieux
14:16et qui sont des faits d'antrisme
14:18et parfois même d'idéologie,
14:19là, qui ne sont même plus religieuses,
14:20mais d'idéologie politique.
14:21Il faudrait aller plus loin.
14:22Il y a quelques années,
14:23vous étiez même pour l'interdiction du voile
14:24pour les accompagnatrices scolaires.
14:25Vous aviez d'ailleurs ému votre camp.
14:27Je ne sais pas si vous êtes
14:28sur la même ligne.
14:29Moi, je continue à assumer
14:30les convictions qui sont les miennes
14:31et je n'en ai pas changé
14:32parce que je suis devenue ministre.
14:33Je pense notamment au voilement
14:34des petites filles.
14:35Je pense que c'est intolérable
14:36de se dire qu'aujourd'hui,
14:37dans la République française,
14:38on a des enfants de 7 ans, 8 ans, 10 ans
14:40qui sont couvertes comme si quoi
14:42leurs cheveux étaient indécents ou impudiques.
14:49Dès toutes jeunes,
14:50on leur explique qu'en fait,
14:51elles doivent se limiter.
14:52Et les accompagnatrices ?
14:54Ça, c'est un débat
14:55qu'on a déjà eu malheureusement.
14:57Il n'y a pas eu une majorité.
14:59Mais vous avez changé d'avis ou pas ?
15:00Non, je n'ai pas changé d'avis
15:01parce que je persiste à penser
15:03que l'école doit être un sanctuaire absolu
15:05et que sur le temps scolaire,
15:06sur des moments qui sont
15:07des moments obligatoires,
15:08eh bien, il faut que la laïcité
15:10puisse s'appliquer
15:11parce qu'il ne faut aucune influence autre
15:13que l'influence qui est celle
15:14de l'école et des valeurs éducatives.
15:16Je voudrais conclure,
15:17mais c'est important,
15:18sur un autre sujet
15:19qui fait partie de vos priorités
15:20et qui est ô combien important.
15:22Vous avez vu la série sur Netflix
15:23autour de Bertrand Cantat
15:25intitulée
15:26« De rockstar à tueur,
15:27le cas Cantat ».
15:28Plus de 20 ans, c'est ça ?
15:29Après le meurtre de Marie Trintenier.
15:30Vous l'avez vue, cette série ?
15:31Oui, je l'ai vue ce week-end.
15:33J'allais dire,
15:34qu'en avez-vous pensé ?
15:35J'ai noté que les médias,
15:36à l'époque,
15:37évoquaient un accident,
15:38une dispute de couple
15:39qui a mal tourné.
15:40Bref, un crime passionnel.
15:41On retiendra peut-être,
15:43certainement d'ailleurs,
15:44le courage de Léo
15:45qui en a parlé
15:46sous les ricanements de certains.
15:48Déjà, je remercie la journaliste
15:50qui a d'abord écrit un livre
15:52et qui a ensuite réalisé ce documentaire
15:54qui nous réinterroge nous-mêmes
15:55sur nos propres comportements
15:56à l'époque
15:57parce qu'à force d'avoir entendu
15:58les médias dire que tout ça
15:59n'était qu'un accident,
16:00on a oublié qu'il l'avait
16:02brutalement frappé
16:03à plusieurs reprises
16:04et qu'il l'a laissé mourir
16:05toute une nuit
16:06puisqu'il a refusé
16:07de lui porter secours.
16:09Et Marie Trintenier,
16:10elle n'est pas morte d'amour.
16:11Marie Trintenier,
16:12elle est morte
16:13sous les coups d'un homme.
16:14Les coups répétés d'un homme
16:15qu'il a assassiné.
16:16Et puis, il y a une autre femme
16:18ensuite qui est morte
16:19et on l'a reconnue dans la loi
16:20qui est la question du suicide forcé
16:22suite justement à ce drame
16:23de cette épouse de Bertrand Cantat
16:25qui ensuite s'est donnée la mort
16:27parce que vraisemblablement
16:28elle avait subi
16:29des violences répétées
16:30physiques et psychologiques.
16:32Donc encore une fois,
16:33on ne meurt jamais d'amour.
16:34Il n'y a pas de crime de passion.
16:35Il n'y a pas de crime passionnel.
16:37Il y a malheureusement des femmes
16:38qui sont mortes
16:39et qui sont mortes sous les coups
16:40de leur conjoint
16:41ou de leur ex-conjoint.
16:4220 femmes sont mortes
16:43depuis le début de l'année
16:44dans le cadre féminicide.
16:45Aujourd'hui, on ne dit plus
16:46crime passionnel,
16:47on dit féminicide.
16:48Donc, il y a des choses
16:49qui ont évolué dans la société.
16:50Il y a des lois qui ont progressé.
16:51Mais il y a aussi toute une culture
16:53qu'il faut qu'on continue à modifier.
16:54Merci, Aurore Berger.
16:55C'est l'occasion de penser
16:56évidemment à la mémoire
16:57de ces femmes
16:58et à la mémoire de Marie Trintignant.
16:59Merci à vous.
17:00Bonne journée.
17:01A bientôt.
17:02Merci, Aurore Berger.

Recommandations