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Hémiplégique et mère, Mathilde Cabanis défie les préjugés.
Ne possédant plus l’usage de sa main gauche et confrontée à des difficultés de mobilité, elle a dû affronter les discriminations liées à la maternité et au handicap.

Malgré les craintes et les doutes, elle prouve que handicap et parentalité ne sont pas incompatibles.
Bien au contraire, avec détermination et accompagnement, elle a su construire une maternité épanouie .

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Je suis hémiplégique, donc je n'ai pas l'usage de ma main gauche.
00:02Ma plus grande crainte, c'était de faire tomber mon bébé.
00:05Et assez rapidement, j'ai trouvé une technique pour les choper d'une seule main
00:08et les coincer entre ma main et mon épaule.
00:12Alors à 21 ans, j'ai fait un AVC.
00:14On m'a découvert une malformation au cerveau.
00:15Pour pouvoir me retirer de cette malformation,
00:17j'ai eu trois opérations du cerveau qui m'ont laissée en situation de handicap.
00:20Je suis hémiplégique, donc je n'ai pas l'usage de ma main gauche.
00:23J'ai des difficultés à la marche avec un releveur en carbone
00:26qui me fait boiter et qui ne me permet pas de marcher normalement.
00:28J'ai toujours eu l'envie de fonder une famille depuis toute petite.
00:31Et donc pour moi, c'était naturel de me dire que j'allais aussi avoir des enfants,
00:35malgré le handicap.
00:36Un des seuls moments où je me suis sentie victime de discrimination dans ma vie,
00:39ça a été vraiment lié à mon état de grossesse.
00:41Parce que quand je suis tombée enceinte de mon premier enfant,
00:43assez naïvement, je me suis inscrite à la maternité de mon quartier.
00:46Et en fait, j'ai été refusée une première fois.
00:48Et après trois demandes, j'ai été aussi refusée.
00:50La raison qui était invoquée, c'est que si je faisais un AVC pendant l'accouchement,
00:54ils n'étaient pas en mesure de me prendre en charge.
00:56Ce que je trouve quand même assez dingue dans des hôpitaux de niveau 3,
00:59avec des mères qui peuvent avoir plein de conséquences différentes liées à un accouchement.
01:03Et au final, ça a été un mal pour un bien.
01:05Parce que je suis tombée sur l'Institut Mutualisme-Souris dans le 14e à Paris,
01:08qui a une section qui accompagne les femmes handicapées.
01:11Et pour ce troisième enfant, je retourne exactement au même endroit.
01:13Ma plus grande crainte, c'était de faire tomber mon bébé.
01:16Parce que vu que j'ai qu'une seule main, je me suis un petit peu inquiétée au début,
01:18en me disant comment je vais faire pour éviter de le faire tomber.
01:21Et il y a eu un autre moment aussi qui était assez inquiétant pour moi,
01:24c'était vraiment cette notion de bain.
01:25J'avais une très très grosse peur de la noyade,
01:26et de me dire si je n'arrive pas à sortir mon enfant de l'eau,
01:29parce qu'il s'est retourné et qu'il a la tête dans l'eau.
01:31C'est des choses qui m'ont assez angoissée, mais on a trouvé des solutions.
01:34J'ai eu la chance d'être accompagnée par une sage-femme,
01:36qui était vraiment spécialiste de l'accompagnement des mères handicapées.
01:39Elle a pu me donner des tips, et notamment du matériel spécifique à acheter.
01:43Par exemple pour le bain, j'avais un petit transat de bain en mousse,
01:46et donc je pouvais poser mon enfant dessus,
01:49et comme ça, ça me permettait d'avoir une meilleure prise pour le retirer.
01:51Sur cette notion de portage, j'avais trouvé une écharpe de portage
01:54qui était assez spécifique, il n'y avait pas de noeud à faire,
01:56il y avait juste à l'enfiler et après à glisser le nouveau nez dedans.
01:59Et assez rapidement, j'ai trouvé une technique pour les choper d'une seule main
02:02et les coincer avec mon épaule, entre ma main et mon épaule.
02:05Assez rapidement, j'ai réussi à trouver des marques,
02:07changer une couche d'une seule main, habiller le bébé,
02:10pouvoir lui donner à manger.
02:12C'est des choses que je fais différemment des autres mères, ça c'est certain.
02:14Mais j'ai trouvé mes méthodes, et même à l'été, à une seule main,
02:18j'arrive à pluguer l'enfant au sein, en autonomie.
02:21Moi c'est vrai que j'ai toujours eu un peu peur que mes enfants aient honte de mon handicap,
02:24notamment de ma main, parce que tout petit, ils ne voulaient pas me tenir la main gauche.
02:28Et puis comme maintenant j'en ai deux,
02:29ils se battaient pour ne pas être celui qui va me tenir la main gauche.
02:32Maintenant, ils me tiennent le poignet et c'est eux qui m'accrochent.
02:35Assez rapidement, moi je leur ai parlé de cette notion de handicap,
02:37de l'imitation, de ce qu'on pouvait faire, de ce qu'on ne pouvait pas faire.
02:40Et je pense que ça va être une chance pour eux, au final, dans la vie,
02:42d'être peut-être plus tolérant, plus bienveillant, d'avoir conscience qu'on est tous différents.
02:46Après, je pense que j'aurais toujours eu une crainte, c'est de devenir un poids pour eux
02:49si je perds de l'autonomie et qu'ensuite ils doivent s'occuper de moi.
02:52Mais j'essaye vraiment de me maintenir en forme
02:54pour pouvoir durer le plus longtemps possible en bonne santé.
02:57J'entends beaucoup de femmes en situation de handicap
02:59qui s'empêchent de rêver de maternité ou de vivre leurs envies à cause de leur handicap.
03:04Alors même si on est en situation de handicap,
03:06on a le droit à une vie amoureuse, on a le droit à une vie affective,
03:09on a le droit de créer une vie de famille.
03:10J'ai plutôt reçu beaucoup de messages d'encouragement
03:13plutôt que de m'accabler et de me dire que je pense qu'à moi en faisant des enfants
03:16et que je pense pas à mes enfants.
03:18Et par contre, je sais bien qu'il y a beaucoup de créateurs de contenu handicapés
03:21qui sont parents, qui se prennent beaucoup de réflexions effectivement à ce sujet.
03:25La réalité, c'est que des enfants, ils peuvent compter sur plein de gens autour d'eux
03:27pour se construire.
03:28Ils ont leurs parents, mais ils peuvent aussi avoir les grands-parents,
03:30les oncles, les tantes, des parrains marraines.
03:32Et donc, même si les parents peuvent être de temps en temps en difficulté,
03:37finalement, qui ne l'est pas ?
03:38On passe tous des moments dans notre vie plus ou moins complexes
03:40et il y a des parents qui sont défaillants à tous niveaux,
03:43qui sont handicapés ou qui ne le sont pas.
03:45Et je pense que c'est comme tout,
03:47il vaut mieux être entouré d'amour que de vivre dans un foyer défaillant.
03:50Et c'est pas parce qu'il y a du handicap que la défaillance va forcément apparaître.

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