Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, ancien ministre de l'Economie et des Finances était l'invité du Face à Face de Neila Latrous sur RMC et BFMTV ce jeudi 10 avril. Il est revenu sur le rétropédalage de Donald Trump sur les droits de douane.
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00:00Qu'est-ce qu'il nous apprend ? C'est qu'à la fin, c'est ceux qui prêtent aux Etats-Unis qui sont finalement dans une position de rapport de force.
00:08Je rappelle que l'Europe prête aussi beaucoup, beaucoup aux Etats-Unis, les Britanniques avec nous, les Allemands.
00:15Et c'est un levier de négociation.
00:16Et évidemment, on vient de voir que c'est un levier de négociation absolument majeur.
00:19Donc nous avons des arguments.
00:20Qui pour négocier dans le bureau de Donald Trump ?
00:22Vous parlez d'unité européenne, je constate que Donald Trump ne veut pas discuter avec l'Europe représentée par la Commission.
00:28Il dit « chacun des présidents peut venir me voir », mais pas la Commission européenne.
00:32Vous soulevez un point majeur, il est absolument indispensable.
00:35La Commission européenne a la délégation exclusive des négociations, précisément de ces questions du commerce extérieur.
00:43Eh bien, il faut lui imposer.
00:44C'est la présidente de la Commission elle-même qui doit évidemment, c'est un sujet absolument majeur,
00:49qui doit prendre en charge directement ces négociations.
00:52Ça nous concerne tous, nous, Européens.
00:54Or, la Commission a la délégation exclusive, ce ne sont pas les États qui ont le pouvoir de le faire.
00:59Et pourtant, l'italienne Georgia Melody dit « j'irai négocier en mon nom et en nom de l'Europe ».
01:03Elle ne peut pas négocier au nom de l'Europe, c'est absolument impossible.
01:06C'est complètement contraire au traité, c'est la Commission elle-même.
01:09Ben voilà, il faut imposer maintenant que c'est Mme von der Leyen qui doit être en face des négociateurs américains
01:15pour nous représenter, puisqu'elle a reçu la délégation.
01:18Donc, au nom, encore une fois, des traités, c'est absolument essentiel.
01:21Il faut le faire maintenant.
01:22Donc, je dirais, le plus rapidement possible, pour maintenir à la fois notre unité,
01:27mais aussi exercer, je dirais, les discussions, les rapports de force aussi,
01:30si jamais ceux-ci sont nécessaires, afin de trouver, je dirais, un accord.
01:36Vous avez bien vu qu'il y a trois dimensions.
01:38Il y a les 10%, ceux-là, ils seront acquis, à mon avis, il ne reviendra pas dessus.
01:41Il y a les négociations sectorielles et industrielles.
01:43Il faut revenir derrière, évidemment.
01:45Et puis, il y a le fait qu'on s'entende sur un rééquilibrage éventuel
01:49des déficits de la balance commerciale.