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  • il y a 4 jours
Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, ancien ministre de l'Economie et des Finances était l'invité du Face à Face de Neila Latrous sur RMC et BFMTV ce jeudi 10 avril. Il est revenu sur le rétropédalage de Donald Trump sur les droits de douane. 

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00:00Il est 8h32 sur BFM TV et RMC et au lendemain de ce revirement, certains diraient, de cette reculade de Donald Trump.
00:07Mon invité est l'un des Français et l'un des Européens qui le connaît le mieux.
00:10Bonjour Thierry Breton.
00:11Bonjour.
00:11Vous connaissez parfaitement le président américain parce que vous avez eu à le pratiquer lorsque vous étiez commissaire européen au marché intérieur.
00:18Dans un contexte d'ailleurs très similaire à celui d'aujourd'hui, il menait une autre guerre commerciale avec la Chine.
00:24Et vous nous direz ce que vous pensez de cette décision cette nuit de lever pour 90 jours la politique massive de taxes qu'avait décidée le président américain.
00:32Est-ce que vous êtes soulagé ? Est-ce que vous êtes toujours inquiet ?
00:35Mais avant cela, je voulais vous entendre sur ce qui fait scandale ce matin, ce qui est possiblement l'un des délits d'initié publics auxquels on a pu assister.
00:44J'explique rapidement pour ceux qui nous écoutent.
00:46Hier à 19h18, Donald Trump annonce donc sa décision de suspendre les droits de douane XXL qu'il avait décrétés pour tous les pays.
00:56Quatre heures avant, il écrivait sur son réseau social, c'est le moment idéal pour acheter, ce qui forcément a propulsé les bourses au plus haut.
01:05Est-ce que pour vous, hier, il y a eu manipulation de cours boursiers par Donald Trump ?
01:10On ne peut pas dire ça. On verra bien. Ce qui peut, en revanche, sembler surprenant pour les observateurs, c'est que cette décision, qui a eu un impact absolument massif sur les marchés,
01:23songez qu'en l'espace de quelques heures, le Nasdaq, l'indice phare de la bourse de New York, notamment pour les valeurs technologies, est passé de pratiquement zéro à plus de 12%.
01:35C'est du jamais vu en cours de séance. Donc ce qui interroge, évidemment, c'est le fait d'avoir cette annonce alors que les marchés américains sont ouverts.
01:46Généralement, lorsque l'on fait une annonce dont on sait qu'elle va avoir un impact sur les marchés, on attend que ceci soit fermé.
01:53Pourquoi ne pas avoir attendu trois heures de plus, que les marchés soient fermés ? C'est évidemment ça qu'il peut interroger, parce qu'en pleine séance, ça c'est du jamais vu.
02:03Parce que pour être clair, il a incité à acheter lorsque les cours étaient bas, lorsque les valeurs boursières étaient basses,
02:09et il a ensuite annoncé une mesure qui les a propulsées au plus haut. Donc ceux qui ont acheté bas se sont fait beaucoup d'argent en l'espace de quelques heures.
02:16Encore une fois, si jamais il y a délit d'initié, on le saura, et il y aura sans doute peut-être des enquêtes pour voir...
02:27Les démocrates annoncent des enquêtes, Thierry Bouton, sur un certain nombre de personnes qui ont pu s'enrichir massivement en quelques temps.
02:32Voilà, alors il dira, mais écoutez, c'est pas un délit d'initié, puisque j'ai annoncé au monde entier que c'était la bonne période d'acheter.
02:38Donc on verra. En tout cas, ce qui surprend, pour moi, qui connaît bien les marchés, c'est d'avoir pris une telle décision.
02:44On va y revenir, si vous le voulez bien, bien sûr.
02:46La raison même de cette décision, pendant que les marchés sont ouverts.
02:51La raison de cette décision, alors, j'entends qu'on dit, Donald Trump a plié devant les marchés financiers.
02:55Il faut être précis, il a plié devant un des marchés financiers.
03:00Il a plié devant le marché financier de la dette.
03:03C'est très important. Dans la nuit précédente, celle d'aujourd'hui, il y a eu un événement majeur sur les marchés de la dette.
03:11On sait que les États-Unis ont 33 trillions de dollars de dette, c'est-à-dire 10 fois plus que la dette de la France.
03:18Ils sont très endettés.
03:20Et ils ont affaire à un refinancement, plus 7000 milliards de dollars, cette année.
03:25Pour être très clair, le marché de la dette, c'est le marché sur lequel les États-Unis vont aller demander à des investisseurs de leur reprêter de l'argent pour repayer leur dette.
03:31Dans un mouvement perpétuel.
03:32Et donc, évidemment, ils effacent un mur de refinancement.
03:37Ce mur de refinancement, en 2025, ils ont intérêt à ce que les taux d'intérêt soient les plus bas possibles.
03:43Or, dans cette nuit, il y a deux jours, d'un seul coup, les cours se sont affaissés pour la dette et les taux d'intérêt ont explosé dans quelques heures.
03:55La raison principale, vraisemblablement, c'est que l'Asie, qui détient le plus grand volume de dette américaine, le Japon d'abord, la Chine ensuite,
04:04ont commencé à vendre vraisemblablement, assez significativement, la dette américaine, ce qui a fait exploser à ce moment-là les taux d'intérêt.
04:10Et on a frôlé sans doute, on a frôlé un risque, vraisemblablement, un risque de marché obligataire à ce moment-là, ce qui a fait très peur.
04:17C'est-à-dire un risque de faillite, pour dire les choses différemment ?
04:21C'est-à-dire, effectivement, les entreprises et les États trop endettés ont du mal à ce moment-là à se refinancer.
04:25On a frôlé sans doute cet incident-là.
04:27Et c'est certainement ce que les experts, heureusement, il y en a quand même autour de lui qui ne sont pas comme M. Navarro ou d'autres,
04:35qui sont des idéologues, des idéologues, on le sait, des droits de douane.
04:39Mais heureusement, il y a certainement, comme on dit, des adultes dans la salle qui l'ont dit, là, ça devient dangereux.
04:45Et à mon avis, c'est ce qui a fait qu'il a dû caler devant, devant quoi ?
04:50Devant le fait que les États-Unis, c'est le pays qui est le plus endetté au monde,
04:54et c'est le pays qui a besoin des autres pour se financer.
04:57Alors, pendant plusieurs semaines, les 195 pays, alors bien sûr, tous ne sont pas détenteurs de la dette américaine.
05:05Enfin, les pays sur lesquels des taxes ont été émises.
05:08Ceux contre lesquels il a été le plus violent.
05:13Et au fond, il dépend aussi d'eux pour faire fonctionner l'administration américaine.
05:19Quelque part, il y a eu un retournement de situation qui fait qu'aujourd'hui, on en est là où nous sommes, avec cette décision d'hier.
05:25Très didactique, Thierry Breton, la décision de Donald Trump, c'est pour l'expliquer à tous,
05:31c'est 24 heures après l'entrée en vigueur de taxes XXL sur 195 pays,
05:37l'annonce par le président américain que finalement, 194 d'entre eux échapperont à ces taxes pendant 90 jours.
05:45Tous, en fait, sauf la Chine, ce qu'on appelle une trêve.
05:50Pour vous, ce que j'entends ce matin, c'est que c'est le principe de réalité qui s'est rappelé à Donald Trump.
05:55Et non pas, contrairement à ce que disent ses proches, un plan qu'il avait prévu et qu'il avait parfaitement anticipé.
06:04Alors Scott Besson, qui est son ministre des Finances, a essayé de remettre de la rationalité dans tout ça,
06:08mais il a été démenti directement par le président des Etats-Unis lui-même, qui a dit non, j'ai encore rendu ce qui s'était passé.
06:13Non, c'est le principe de réalité. Pour moi, ça ne fait l'ombre d'aucun doute.
06:16C'est vraiment ce principe de réalité. Maintenant, il y a aussi le fait que, d'abord, il maintient 10% de droits de douane pour le monde entier.
06:24Ça reste une hausse des droits de douane.
06:27Et il faut bien comprendre pourquoi il le fait, parce qu'il avait annoncé pendant sa campagne électorale qu'il voulait précisément augmenter les droits de douane
06:34pour baisser l'impôt des Américains, en particulier l'impôt sur les sociétés.
06:38Donc celui-là, il ne faut pas se tromper, il restera.
06:41Et puis maintenant, on sait qu'il a d'autres objectifs, notamment de réindustrialiser les Etats-Unis en menaçant précisément par des droits de douane sectoriels.
06:51On l'a vu dans l'automobile à 25%, dans la pharmacie à 25%.
06:55Et puis le dernier point, c'est évidemment de rééquilibrer les déficits de balance commerciale.
06:59Il a donc trois objectifs. Aujourd'hui, il y en a un, celui des 10%.
07:02Mais pour bien comprendre Thierry Breton, cette trêve de 90 jours, est-ce qu'elle permet à 8h39, alors je sais qu'il a un poteau pour boire, mais de déboucher le champagne ou pas ?
07:09Certainement pas. On doit vraiment utiliser maintenant ce temps, on verra bien.
07:15Il n'y a pas de quoi se réjouir de cette trêve de 80 jours ?
07:17Tout est tellement artificiel. C'est quand même, pardon de le dire, mais c'est un homme, le président des Etats-Unis d'Amérique, certes.
07:24Évidemment, il faut le respecter parce que c'est le président des Etats-Unis d'Amérique.
07:26Mais enfin, c'est un homme qui a pris une décision et qui a créé cette espèce de tsunami sur les marchés, tsunami économique.
07:34D'habitude, quand on a une crise économique, il y a des sous-jacents.
07:37Là, il n'y a pas de sous-jacents, c'est la décision d'un homme.
07:40Et ça inquiète presque de se dire qu'un homme a autant de pouvoir et peut, à ce point-là, présider à la destinée de milliards de personnes.
07:46Eh bien, nous voyons une fois de plus qu'il y a des réalités, il y a des réalités économiques, des réalités de marché,
07:53et que celles-ci ont rappelé à l'ordre même les dérives économiques les plus irrationnelles.
07:59Et vous dites, pour autant, on ne débouche pas le champagne ?
08:01Mais bien sûr que non.
08:02Mais d'abord, encore une fois, il y a déjà 10% de droits de douane, c'est beaucoup, ça va créer de la récession, peut-être, on verra.
08:10En tout cas, de l'inflation, c'est certain, aux Etats-Unis, c'est sûr.
08:13Donc non, on ne va certainement pas déboucher le champagne, comme vous dites.
08:17En revanche, pour nous, Européens, il est temps vraiment maintenant de voir quelle va être notre réponse.
08:23Parce qu'on a uniquement commencé à argumenter une réponse, non pas du reste aux droits de douane qu'il avait annoncé là,
08:28mais c'est les droits de douane de 2018, ceux sur l'acier et l'aluminium.
08:32Donc maintenant, il s'agit de se mettre ensemble, parce qu'il reste encore deux chemins.
08:36Il y a le fait qu'ils continuent à vouloir imposer les droits de douane, ils sont suspendus uniquement sur des secteurs clés.
08:43Pour nous, Européens, je pense en particulier au secteur automobile, on va voir ce qui se passe aussi pour le secteur de la santé.
08:52Ce sont des secteurs très importants pour nous.
08:54Il veut, à travers ces négociations-là, je mets des droits de douane très élevés,
08:59revenez me voir d'un point de vue sectoriel pour investir chez moi.
09:03Donc là, il faut qu'on s'organise.
09:04Et puis, il y a le troisième volet qui, lui, n'est pas encore...
09:06Il faut qu'on s'organise, pardon Thierry Breton, il faut qu'on s'organise.
09:08Ça veut dire répliquer ou négocier ?
09:10Pour moi, c'est vraiment la négociation.
09:12Je pense qu'il faut négocier.
09:14Il l'a dit du reste, il a ouvert un guichet de négociation.
09:17Voilà, il faut négocier.
09:19On voit bien qu'à la fin, il dira qu'il a gagné quelque chose.
09:23On sait assez bien comment il fonctionne.
09:24Il faut négocier.
09:25Pour l'instant, Thierry Breton, on remballe les droits de douane européens qui devaient entrer en vigueur le 15 avril.
09:32On va voir en tout cas cela.
09:34Je le dis, il y avait plusieurs paquets.
09:37C'était sur de l'alimentaire essentiellement, un peu de cosmétiques.
09:40On a un paquet d'une vingtaine de milliards d'euros qui est en contre-réaction de l'augmentation.
09:47Ça, pour l'instant, ça a été lancé celui-là.
09:49Il se met maintenant en place de façon très progressive.
09:53Il y en a effectivement en avril, il y en aura en cours de l'année, il y en aura jusqu'à la fin de l'année.
09:57Bon, celui-là, il est mis en place.
09:58Mais ça, c'est pour réagir à l'acier et à l'aluminium.
10:01Pour le reste, je crois que ce qui est très important, c'est de se mettre ensemble.
10:07L'unité est absolument clé pour, un, voir comment on va réagir secteur par secteur.
10:13Et deux, il y a encore un troisième axe qu'il n'a pas oublié, il ne faut pas se tromper.
10:18C'est la réduction du déficit de la balance commerciale.
10:20On sait que pour nous, il y a 150 milliards en faveur de l'Europe,
10:24mais les États-Unis importent beaucoup plus de services que nous.
10:28Donc, ils importent 100 milliards, il y a 100 milliards en leur faveur.
10:31Le différentiel n'est pas de 150 milliards, comme il le dit.
10:33Il est de 50 milliards.
10:35Donc, d'abord, bien caler les chiffres et puis voir comment on peut les combler.
10:38Et puis, j'ajoute une chose.
10:39Qu'est-ce que nous apprend, finalement, cet événement qui s'est passé, encore une fois,
10:43il y a, pas cette nuit, mais la nuit précédente,
10:46qui a eu les répercussions que nous commentons ce matin ?
10:49Qu'est-ce qu'il nous apprend ?
10:50C'est qu'à la fin, c'est ceux qui prêtent aux États-Unis
10:54qui sont, finalement, dans une position de rapport de force.
10:57Je rappelle que l'Europe prête aussi beaucoup, beaucoup, aux États-Unis,
11:02les Britanniques avec nous, les Allemands.
11:04Et c'est un levier de négociation.
11:05Et évidemment, on vient de voir que c'est un levier de négociation absolument majeur.
11:08Donc, nous avons des arguments.
11:10Qui pour négocier dans le bureau de Donald Trump ?
11:12Vous parlez d'unité européenne, je constate que Donald Trump
11:14ne veut pas discuter avec l'Europe représentée par la Commission.
11:17Il dit « Chacun des présidents peut venir me voir ».
11:20Alors, vous soulevez un point majeur.
11:23Il est absolument indispensable.
11:25La Commission européenne a la délégation exclusive
11:28des négociations, précisément, de ces questions du commerce extérieur.
11:32Eh bien, il faut lui imposer.
11:33C'est la présidente de la Commission elle-même
11:35qui doit, évidemment, c'est un sujet absolument majeur,
11:38qui doit prendre en charge directement ces négociations.
11:41Ça nous concerne tous, nous, Européens.
11:43Or, la Commission a la délégation exclusive.
11:46Ce ne sont pas les États qui ont le pouvoir de le faire.
11:48Et pourtant, l'italienne Georgia Melody dit
11:50« J'irai négocier en mon nom et en nom de l'Europe ».
11:52Elle ne peut pas négocier au nom de l'Europe.
11:54C'est absolument impossible.
11:55C'est complètement contraire au traité.
11:57C'est la Commission elle-même.
11:59Ben voilà, il faut imposer maintenant
12:00que c'est Madame von der Leyen
12:01qui doit être en face des négociateurs américains
12:04pour nous représenter, puisqu'elle a reçu la délégation.
12:07Donc, au nom, encore une fois, des traités.
12:09C'est absolument essentiel.
12:10Il faut le faire maintenant.
12:12Donc, je dirais, le plus rapidement possible
12:14pour maintenir à la fois notre unité,
12:16mais aussi exercer, je dirais, les discussions,
12:19les rapports de force aussi,
12:20si jamais ceux-ci sont nécessaires,
12:22afin de trouver, je dirais, un accord.
12:25Vous avez bien vu qu'il y a trois dimensions.
12:27Il y a les 10 %,
12:28ceux-là, ils seront acquis, à mon avis,
12:29il ne reviendra pas dessus.
12:30Il y a les négociations sectorielles et industrielles.
12:33Il faut revenir derrière, évidemment.
12:34Et puis, il y a le fait qu'on s'entende
12:36sur un rééquilibrage éventuel
12:38des déficits de la balance commerciale.
12:39Sauf que je reviens sur ma question.
12:41Georgia Meloni, elle dit, j'irai à Washington.
12:42Est-ce que les chefs d'État ne tirent pas le tapis
12:45sous les pieds de la Commission européenne
12:48et de Madame Ursula von der Leyen, sa présidente ?
12:50En gros, quelle légitimité elle peut avoir pour négocier
12:52quand, y compris au sein de l'Europe,
12:54des dirigeants disent,
12:55mais moi, je n'aurai aucun problème
12:56à négocier à mon nom propre.
12:57Alors, elle ne peut pas d'abord négocier
12:59uniquement pour son pays.
13:01Ça, c'est plus possible aujourd'hui.
13:02Donc, aucun pays ne peut négocier.
13:04La politique, Georgia Meloni ?
13:04Je ne sais pas ce qu'elle fait,
13:05mais elle a des contacts.
13:07Et c'est très bien que tout le monde,
13:08tous ceux qui ont des contacts
13:09avec l'administration américaine
13:10puissent le faire,
13:11puisque la Commission européenne
13:12n'a pas encore eu accès à cette administration.
13:15Mais il est indispensable maintenant
13:16que la Commission européenne
13:17reprenne, je dirais, le pouvoir
13:20qui est son pouvoir et son seul pouvoir.
13:23Ce n'est pas M. Orban
13:24qui pourra négocier à notre nom.
13:26Ce n'est pas Mme Meloni.
13:27Et ce n'est pas non plus M. Friedrich Merz,
13:29le nouveau chancelier.
13:30C'est la Commission qui est, elle,
13:32à la fois la gardienne des traités,
13:34mais qui a, je dirais,
13:35ce mandat exclusif.
13:36– Dans la corbeille de la Marie,
13:38si j'ose dire, Thierry Breton,
13:39est-ce qu'il peut y avoir
13:39les normes européennes ?
13:40C'est ce que dit Donald Trump.
13:42Il dit que les Européens,
13:43ils ne mettent pas de taxes,
13:44mais enfin, ils mettent d'autres barrières.
13:45Les normes.
13:46Sur le numérique,
13:48sur l'agriculture.
13:49– Voilà, ça fait partie
13:50de ce fameux troisième volet
13:51que je décrivais tout à l'heure,
13:53rapidement,
13:54pour vos auditeurs ce matin.
13:55C'est-à-dire celui, donc,
13:56de rééquilibrer, je dirais,
13:58les déficits de balance commerciale.
14:00Là, il faut être très ferme.
14:02Il y a des principes
14:02qui sont intangibles pour nous,
14:04Européens.
14:05On ne négocie pas,
14:05on ne touche pas
14:06à notre intégrité territoriale.
14:08Suivez mon regard
14:09pour le Groenland.
14:09Et on ne touche pas
14:10à notre intégrité démocratique.
14:12C'est énorme,
14:13comme vous dites.
14:14Ce sont des lois.
14:15Elles ont été votées
14:16par nos instances démocratiques.
14:17Elles ont été votées
14:18par le Parlement européen.
14:19– Votre recommandation,
14:20c'est qu'on n'y touche pas.
14:20– Ah, mais ce n'est pas possible.
14:21On ne peut pas y toucher
14:22puisque ce sont des lois.
14:23Et ce sont des lois
14:24que nous avons décidé
14:25de mettre ensemble pour nous,
14:26pas contre quiconque,
14:28pour nous, Européens,
14:29pour avoir, je dirais,
14:31plus de précautions sanitaires,
14:33pour protéger aussi nos enfants
14:35dans l'espace informationnel,
14:37à travers le DSA,
14:38dans l'espace numérique,
14:39pour éviter que...
14:40– C'est des règles de modération,
14:41notamment sur les réseaux sociaux,
14:42contre lesquels se sont érigés,
14:44y compris le vice-président américain,
14:45– Eh bien, bien sûr.
14:47Eh bien, ça, c'est absolument
14:47non négociable.
14:49Le reste, on pourra parler
14:50mais voyez-vous,
14:51ce qui est très important,
14:53c'est que maintenant,
14:53l'Europe prenne ce temps
14:55pour vraiment se mettre en mouvement
14:58et de façon,
14:59à la fois, encore une fois,
15:00sans surenchère,
15:02on a vu que ça ne mène à rien,
15:03mais de façon déterminée.
15:04– Est-ce qu'il y a un risque,
15:06et à combien vous l'évaluez,
15:08que ces discussions échouent ?
15:0990 jours, c'est long,
15:10c'est court en même temps ?
15:11– Alors, 90 jours, c'est long
15:12et c'est très long pour Donald Trump.
15:14Je rappelle que ça ne fait pas 90 jours
15:16qu'il est en place
15:18et pourtant, il s'en est passé des choses.
15:19On verra d'abord
15:21si les équipes d'aujourd'hui
15:23seront celles dans 90 jours.
15:26Personnellement,
15:27– Vous pensez qu'il peut changer d'entourage ?
15:28– Personnellement,
15:28je pense que ce n'est pas du tout impossible.
15:31On va voir du reste,
15:32après ce mouvement,
15:33ce changement de posture
15:34absolument sidérant,
15:36on verra du reste
15:38si toutes les équipes restent en place.
15:40Moi, j'ai quelques doutes,
15:42mais on verra bien.
15:42et donc, on sent bien
15:44qu'il va y avoir sans doute
15:45une inflexion
15:45avec un principe de réalité.
15:47Je le rappelle ce matin à votre micro,
15:50le vrai principe de réalité
15:51pour Donald Trump,
15:53c'est évidemment
15:53la dette américaine
15:54et ça, c'est un sujet
15:56absolument essentiel.
15:57Derrière, il y a évidemment
15:58tout ce qu'il a voulu annoncer,
16:00y compris pour réindustrialiser
16:02les États-Unis,
16:04mais le dollar,
16:05dont il estime qu'il est trop élevé,
16:07la nécessité d'aller demander
16:10au marché financier
16:11et donc aux autres pays
16:12de racheter.
16:14Il va émettre 7 trillions,
16:16c'est-à-dire un montant considérable
16:17dans les mois qui viennent
16:18pour refinancer la dette américaine.
16:21Ben voilà, finalement,
16:22tout le monde a aussi ses faiblesses,
16:26y compris les États-Unis d'Amérique
16:27dans ce gigantesque bras de fer
16:30qu'elle a engagé avec le monde entier.
16:32Il n'en reste plus qu'un maintenant.
16:34Et c'est peut-être le point
16:35que je veux peut-être souligner
16:36à ce stade, la Chine.
16:37Avec la Chine ?
16:38La Chine.
16:38Avec le risque de voir
16:40déferler en Europe,
16:42des excédents chinois.
16:43Pardon, Thierry Breton,
16:44mais je pense à ceux qui nous écoutent,
16:46patrons de petites entreprises,
16:48cadres, salariés,
16:50qui s'inquiètent en disant
16:51mais qu'est-ce qui va advenir de nous ?
16:53Qu'est-ce que peuvent faire
16:54les entreprises françaises
16:55dans ce contexte de guerre commerciale
16:57avec la Chine
16:57qui aura des conséquences sur la France
16:59et avec, vous l'expliquez,
17:01des droits de douane à 10%,
17:02à peu près trois fois plus
17:04que ce qui était prévu,
17:05peut-être même quatre fois plus
17:05que ce qui existait jusqu'ici
17:07et qui vont avoir des conséquences.
17:09Elles doivent faire quoi,
17:11les entreprises françaises ?
17:11Pour la France,
17:12j'allais dire,
17:13tant mieux et hélas,
17:14assez peu,
17:14parce que c'est uniquement
17:151,5% de notre PIB
17:16qui est exporté aux Etats-Unis.
17:18On n'exporte pas beaucoup.
17:19Donc il y aura peu...
17:19Enfin, quand on voit la panique
17:20qui s'est emparée des milieux
17:21économiques français,
17:22on se dit qu'il y aura des conséquences.
17:22Il y aura peu d'impact,
17:23très peu d'impact, évidemment.
17:25À 10%, vraiment très peu d'impact en France.
17:27Vous avez vu qu'on estime
17:28un 0,2 point de PIB sur la croissance.
17:31Elle n'était plus à 0,9 et attendue,
17:32mais maintenant à 0,7.
17:33Je pense que l'impact pour nous en Europe
17:36sera faible.
17:38Et en particulier pour nous...
17:38Ensuite, effectivement,
17:41d'un point de vue sectoriel,
17:42là, globalement au niveau des pays,
17:45c'est pour ça qu'il faut entamer
17:46tout de suite ce que je vous dis
17:47tout à l'heure,
17:47des négociations sectorielles
17:48dans le domaine de l'automobile,
17:50dans le domaine de la pharmacie,
17:51si celui-ci, effectivement,
17:53est potentiellement taxé à 25%.
17:55Ça, c'est très important
17:56de discuter.
17:57Et je reviens juste à un point
17:58sur la Chine.
17:59Aujourd'hui,
18:00avec des droits de douane à 125%,
18:02c'est clairement un embargo
18:03qui vient de décider.
18:05Alors, il ne pouvait plus lutter
18:06contre le monde entier non plus.
18:07Donc, il décide de lutter
18:07uniquement contre la Chine.
18:09C'est ça aussi la décision d'hier.
18:11Mais lutter contre la Chine,
18:13c'est créer donc un embargo.
18:14C'est ce qu'il a fait.
18:16Donc, des produits chinois
18:17vers les États-Unis d'Amérique.
18:19Or, beaucoup, beaucoup
18:20d'entreprises américaines,
18:22un nombre très important,
18:23dépendent de la Chine
18:24pour leur chaîne de valeur.
18:26Donc là, ce bras de fer,
18:29notamment Tesla, vous avez raison,
18:30mais beaucoup, beaucoup d'autres,
18:32ce bras de fer, là non plus,
18:34il va l'engager,
18:34mais il n'est pas non plus
18:35peut-être complètement favorable
18:37aux États-Unis,
18:38compte tenu de la dépendance
18:39sous-jacente
18:40de l'ensemble
18:41des industries américaines
18:43et des entreprises américaines
18:44à la Chine.
18:46Donc, on va voir
18:46ce qui va se passer.
18:47Il n'est pas impossible,
18:48du reste,
18:48qu'on ait besoin
18:49d'avoir aussi des personnes
18:50pour négocier.
18:51C'est là où l'Europe,
18:52me semble-t-il,
18:53devrait jouer tout son rôle,
18:55y compris pour discuter,
18:56puisque maintenant,
18:57il y a ce bras de fer
18:58entre la Chine et l'Europe,
19:00cette confrontation.
19:00Et oui,
19:02le Europe doit aussi
19:02savoir jouer ce rôle
19:03de médiateur,
19:04c'est sans doute une voie,
19:05mais là,
19:05il faut évidemment
19:05le leadership pour le faire,
19:07c'est très important,
19:08me semble-t-il,
19:08il y a une fenêtre
19:09et une nécessité
19:10pour l'équilibre mondial.
19:12D'un mot,
19:12Thierry Breton,
19:13vous avez été commissaire européen,
19:15vous avez été ministre de l'économie,
19:16vous avez été
19:16un grand chef d'entreprise.
19:18Aujourd'hui,
19:19vous soyez un grand chef
19:19d'entreprise français
19:21aux manettes,
19:21est-ce que vous suspenderiez
19:22vos investissements
19:25aux États-Unis
19:26compte tenu
19:26de l'imprévisibilité
19:28de Donald Trump ?
19:29Quand on prend des décisions
19:29d'investissement,
19:30on ne les prend pas
19:30en un claquement de doigts
19:31et ça prend beaucoup de temps.
19:32Donc,
19:33beaucoup d'entreprises
19:33ont décidé d'investir
19:34aux États-Unis,
19:35elles ne vont pas suspendre
19:36ces décisions.
19:37En revanche,
19:37ce qui est important,
19:39c'est peut-être qu'on se mette
19:40tous ensemble
19:40et secteur par secteur,
19:42ceux qui ont décidé d'investir
19:43pour dans les discussions
19:44qui vont avoir lieu
19:45dans les semaines qui viennent,
19:47sectorielles,
19:48eh bien,
19:48on pèse tout le poids
19:49de l'Europe
19:50pour précisément
19:51infléchir
19:52ces droits de douane
19:54qui demeurent encore
19:55des épées de Damoclès
19:56dans les 90 jours
19:57que nous avons devant nous.
19:58Merci Thierry Breton,
19:59il est 8h52
20:00sur BFM TV
20:01et RMC.

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