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00:00Europe 1, Pascal Praud.
00:02Et nous sommes effectivement avec Philippe Coet, qui est président de la Confédération des Buralistes.
00:08Alors je me demandais combien il y a de points de vente sur tout le territoire de Buralistes.
00:14D'abord on est d'accord que les Buralistes ont du tabac.
00:16C'est le métier original.
00:18Effectivement, vous avez bien fait le rappeler, des fois on pourrait l'oublier, mais c'est la définition du métier de débutant de tabac.
00:23On est obligé dans les 22 800 points de vente sur tout le territoire d'avoir du tabac.
00:29C'est le métier du Buraliste aujourd'hui, de distribuer du tabac, mais peut-être pas que demain.
00:34Alors nous sommes d'accord, mais il y a un numerus clausus ?
00:37Oui, pour créer une licence de tabac, il faut avoir une zone de population adaptée, il y a une zone de concurrence à respecter.
00:45Un petit peu sur le format aussi des pharmaciens.
00:48Ce sont les deux métiers qu'on implante avec une régulation, bien évidemment avec l'administration de tutelle qui est la douane.
00:53Bon, évidemment, j'imagine que comme on vend moins de cigarettes qu'il y a 30 ou 40 ans, il faut penser peut-être à vendre autre chose.
01:03Mais vous, vous êtes par exemple dans la profession depuis combien de temps ?
01:0625 ans.
01:06Bon, je suis Buraliste et à la frontière espagnole.
01:09Excusez-moi de vous dire, on vend moins de tabac, ce qui ne veut pas dire que l'on fume moins dans notre pays.
01:15Et c'est ça aujourd'hui le point d'accroche du réseau et de mes collègues.
01:20C'est qu'en définitive, les volumes chutent, voire s'effondrent depuis ce début d'année.
01:26Mais malheureusement, la prévalence tabacique dans ce pays est stagnante.
01:30C'est un sujet...
01:31On fume beaucoup moins.
01:33On fume moins.
01:34Là, je ne suis pas d'accord avec vous.
01:36Les enfants dans les années 70, je peux vous dire que tous les gens autour de moi fumaient.
01:42Vous avez raison.
01:43Et là, aujourd'hui, plus personne ne fume ?
01:45On va faire un tour autour de nous.
01:49Il y a très peu de gens maintenant qui fument.
01:50Il reste énormément de fumeurs quand même dans notre pays,
01:52puisque c'est le pays de l'Union Européenne où il y a la prévalence tabacique la plus élevée.
01:56Elle l'a baissée, et on ne peut que s'en féliciter chez les jeunes.
02:00Tant mieux.
02:00Et c'est là aussi un effort conjoint, certainement avec l'ensemble de mes collègues et des autorités.
02:06Mais aujourd'hui, la chute des volumes n'est pas le synonyme de l'arrêt du tabagisme.
02:10C'est tout simplement la traduction d'un marché parallèle, il dit site,
02:14qui s'est installé, je le dis, je suis à 45 minutes de la frontière espagnole.
02:18En 2003, le premier plan santé, vous allez vous en rappeler Pascal,
02:21Jacques Chirac, président de la République,
02:23M. Matéi, ministre de la Santé,
02:25on a augmenté en octobre 2003 de 40% le prix du tabac,
02:29en se disant, plus c'est cher, moins on achètera.
02:31C'est de la théorie, elle pouvait être efficace sur le papier,
02:35dans la réalité, ça n'a pas fonctionné comme tout le monde l'aurait souhaité,
02:39puisque nous avons vu depuis 20 ans un marché noir se développer partout sur le territoire.
02:45Chez moi, à la frontière espagnole, à la frontière belge, à la frontière Andorane,
02:50mais partout sur tous les territoires.
02:52Prenez un métro tout à l'heure, vous allez voir que vous allez trouver très facilement
02:56du tabac, du bled, qu'on va vous proposer.
03:00Donc, il ne faut pas se confondre entre la baisse de la consommation du tabac,
03:03qui est une réalité, je vous l'accorde, elle est mondiale.
03:06Il y a aussi l'évolution du produit à travers le vapotage.
03:10Nos fumeurs qui ont switché vers la cigarette électronique,
03:14il y a 3,5 millions de vapoteurs aujourd'hui en France,
03:16c'est ni plus ni moins des anciens fumeurs qui ont choisi une alternative plus responsable.
03:21Donc, il y a tous ces paramètres à prendre en considération,
03:23et vous disiez, oui, ce réseau de buralistes, réseau de proximité, réseau du quotidien,
03:29que je définis comme le drugstore du quotidien des français,
03:32a organisé sa transformation depuis 2017,
03:34parce qu'on doit s'adapter aussi aux attentes de nos consommateurs.
03:38Alors, on compterait plus de 24% de fumeurs quotidiens en France,
03:41mais vous êtes venu également, Philippe Coye,
03:43et je rappelle que vous êtes président de la Confédération des Buralistes,
03:45vous êtes venu pour parler du quotidien.
03:48Les buralistes sont soumis à une hausse des vols et des braquages.
03:51Il y a quelques jours, par exemple, un buraliste dans la Drôme
03:53a été braqué par un homme cagoulé et armé.
03:56Le buraliste a réussi à se protéger et chasser le malfaiteur à l'aide d'une table.
04:01C'est vrai que ça, ça peut nous inquiéter,
04:03c'est vrai que l'insécurité est grandissante en France,
04:05et vous, vous êtes une cible privilégiée,
04:08parce qu'on vient chercher chez vous,
04:10on ne vient pas chercher forcément la caisse.
04:12On ne vient plus chercher la caisse.
04:13Parce que, vous le dites, ce réseau de proximité urbain, rural,
04:18a toujours été, je dirais, au milieu des faits divers,
04:21notamment pour des cambriolages et souvent pour la caisse.
04:25On voit depuis deux, trois ans, une montée en puissance des agressions,
04:30non pas des cambriolages, des agressions en pleine journée.
04:33Et le fait que vous venez de citer dans la Drôme,
04:35c'était en pleine journée, un bar tabac, mon collègue,
04:37qui a été braqué par un individu avec un canon scié,
04:40qui a tiré, heureusement, n'a blessé personne dans l'établissement,
04:44mais pas pour la caisse.
04:46Aujourd'hui, on vient nous attaquer,
04:48comme à l'époque des diligences,
04:50pour récupérer le produit le plus précieux que nous détenons.
04:53Ce n'est pas l'argent, c'est le tabac derrière nous.
04:56Donc, c'est un phénomène aujourd'hui
04:57qui est la conséquence du prix prohibitif du marché français.
05:0113 euros le paquet le plus cher sur le marché français,
05:04alors qu'à nos frontières, c'est à 6 euros.
05:07Et donc, très facile à revendre sur le marché noir.
05:10Aujourd'hui, vous faites de l'argent, excusez-moi de vous le dire,
05:12facile, sur la voie publique,
05:14en revendant ce produit de cigarette,
05:16parce que ça ne donne pas d'émotion.
05:18Il y a une banalisation depuis ces dernières années
05:20sur la vente à la sauvette,
05:22sur la vente sur les réseaux sociaux,
05:24ce qui fait que pour faire de l'argent facile,
05:26quand j'étais gamin, on voyait les voitures se faire péter les vitres
05:29pour prendre l'autoradio et le revendre.
05:31Mais aujourd'hui, on vient nous agresser.
05:32Et je rappelle aussi le triste épisode des Nuits des Meutes,
05:36où nous avons été la cible pour 540 de mes collègues,
05:41de ces pilleurs qui sont venus nous attaquer.
05:44Donc, le prix aujourd'hui a créé cette délinquance et cette insécurité.
05:47Et puis hier, vous avez vu sans doute avec satisfaction
05:49qu'Emmanuel Macron a fait une visite surprise
05:51dans un bar du PMU des Deux-Sèvres.
05:54On aurait pu également évoquer le gouvernement
05:55qui a décidé d'interdire les pouches,
05:56ces sachets de nicotine
05:59qui se glissent entre la lèvre et la gencive
06:01et qui ne contiennent pas de tabac.
06:03Le ministère de la Santé avait déploré
06:05de plus en plus d'intoxication d'adolescents
06:07en lien avec la consommation de ces produits.
06:10Et puis, je vous l'avais dit,
06:11la hausse de la fiscalité du tabac
06:12a provoqué le renforcement du marché parallèle.
06:14Plus de 30% de la consommation de tabac
06:16provient de ces circuits illégaux.
06:19Voilà le point qu'on pouvait faire avec vous,
06:21Philippe Coye.
06:22On va marquer une pause.
06:23Je vous remercie, bien évidemment.
06:25Pascal, je vous envoie une petite photo,
06:27vous regarderez, c'est dans le thème, c'est pour ça.
06:28Je me suis permis.
06:29Mais je vous en prie...
06:30Oui, oui, ça peut alimenter l'antenne.
06:32La preuve qu'elle fume...
06:33Ah oui, bien sûr.
06:34Oui, non, mais je ne veux pas faire de délation.
06:36Je ne veux pas faire de délation, bien évidemment.
06:39Mais je trouve que c'est un beau métier.
06:40C'est un très beau métier.
06:41C'est un métier agréable de contact,
06:44d'expertise aussi.
06:45Parce que les gens qui viennent
06:46pour vous demander un tabac particulier,
06:48qu'il soit fumeur de pipe,
06:49qu'il soit fumeur de cigarette,
06:51qu'il soit fumeur de cigare, pourquoi pas,
06:53ça demande déjà de fumer, forcément,
06:55puisqu'il faut que vous connaissiez le produit.
06:56Ne considérez pas les 22 800 buraïstes
06:59que par le sujet du tabac,
07:00c'est aussi le lieu où on vend la presse,
07:02important pour l'information, le jeu,
07:06et aussi la mise en avant des produits locaux.
07:08Cette idée de transformer en drogue-sort
07:10du quotidien des Français,
07:11parce que nous sommes souvent
07:13les plus près des plus éloignés.
07:14Et je voudrais juste, avant de quitter l'antenne,
07:16revenir sur un sujet que vous avez évoqué.
07:19Vous avez 10 secondes.
07:20Une position du gouvernement
07:21sur l'interdiction d'alternatives
07:23pour le fumeur,
07:24je trouve ça lamentable et scandaleux.
07:27Eh bien, merci Philippe Coye,
07:28président de la Confédération des Buralistes.
07:31Et nous allons recevoir,
07:32pour terminer cette semaine,
07:34Frédéric François.
07:36Toujours un bonheur quand il vient,
07:37Frédéric François.
07:38A tout de suite.
07:39Et vous pouvez échanger
07:40avec notre invité Frédéric François,
07:42au 01-80-20-39-21,
07:44c'est le numéro du standard de repas.