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Faut-il prendre en charge les hommes violents ? La question divise en France, où près d’un auteur de violences conjugales sur trois récidive. Pour tenter de briser ce cycle infernal, une trentaine de Centres de Prise en Charge des Auteurs (CPCA) ont vu le jour.

Ces structures proposent un accompagnement sur plusieurs fronts : suivi psychologique, hébergement temporaire, groupes de parole… L’objectif ? Faire naître une prise de conscience, prévenir la récidive et déconstruire les mécanismes de domination hérités du patriarcat.

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Éducation
Transcription
00:00Il y a de la claque, il y a de la bousculade.
00:03Je suis énervé à rentrer dans la maison, je vais me lancer.
00:07Point, coup pied.
00:09La soupe a pas la pété.
00:10Un auteur de violences conjugales, s'il n'est pas pris en charge, il y a 30% de récidivistes.
00:15Donc c'est un crachat effectivement, ce qui n'est pas très très délégant.
00:19Vous avez des personnes qui sont dans le déni.
00:21Il ne faut pas justifier leur comportement, il faut les responsabiliser et il faut les mettre au travail.
00:25Ce ne sont pas des monstres.
00:26À un moment donné, on sait aussi que les prisons sont pleines à craquer.
00:28Donc qu'est-ce qu'on fait ?
00:30Qu'est-ce qu'on fait ?
00:31On vit vraiment dans la violence.
00:32C'est un garçon, c'est comme ça que ça se passe.
00:35La prise en charge des auteurs, c'est ça aussi.
00:36C'est leur permettre de penser autre chose que la violence, de voir qu'il y a autre chose que ça.
00:47Mon dénonce commun était, j'avais 15 ans.
00:49Ok.
00:50Donc on a fait une maison, on a fait un enfant, on vit l'orbe, j'étais délaissé.
00:56Vous vous êtes senti délaissé ?
00:57Ah ben, impressionnant.
00:59Souvent, il y a un conflit.
01:01Il y a un conflit qu'on ne parvient pas à résoudre.
01:04Cette dispute va monter en intensité.
01:06Elle m'a dit, on va en faire un break.
01:09En tout cas, elle va en faire un break.
01:10Jusqu'à probablement essayer d'avoir un dernier mot.
01:15Et il va y avoir du coup un passage à l'acte à ce moment-là.
01:17Je suis énervé en rentrant dans la maison.
01:20Je lui m'a dit, toi tu veux aller, vous allez en sceller, vous allez en sceller.
01:23Comme un enfant qui s'est délaissé, vous pensez qu'on est là, il va en sceller.
01:26Parce qu'il n'y a rien, c'est juste ça.
01:28C'est ce qui a fait que vous êtes là aujourd'hui.
01:29271 000, c'est le nombre de personnes qui ont subi des violences
01:36de la part de leur partenaire ou ex-partenaire en 2023.
01:39Ces violences conjugales sont celles commises au sein du couple,
01:41qu'ils soient mariés, paxés ou en union libre.
01:44Elles peuvent être physiques, psychologiques ou sexuelles.
01:46Et 85% des victimes sont des femmes.
01:49En constante augmentation, les chiffres sont sans doute largement sous-estimés.
01:53En effet, il n'y a pas systématiquement de dépôt de plainte.
01:55Et même dans ce cas, les trois quarts d'entre elles sont classées sans suite.
01:58Je m'appelle Sylvaine Grévin et je suis la présidente et la fondatrice
02:02de la Fédération nationale des victimes de féminicides.
02:05J'ai fondé cette association simplement parce qu'en 2017,
02:10j'ai perdu ma sœur qui était victime de violences conjugales.
02:13Je suis Elsa Labouret, je suis porte-parole de l'association Oser le féminisme.
02:17Pourquoi la société fait que les hommes sont violents ?
02:19On est dans une société patriarcale.
02:21Le patriarcat, ça veut dire la domination des hommes sur les femmes.
02:23Donc c'est quelque chose qui bénéficie aux hommes, à tous les hommes,
02:25quels que soient leurs actes.
02:26Et nous avons malheureusement une réponse judiciaire qui n'est pas à la hauteur
02:31avec 80% de classement sans suite.
02:34C'est une réponse quelque part, je dirais, pour les auteurs d'impunité.
02:39C'est pour cela d'ailleurs, à mon sens, que 30% finalement des auteurs deviennent récidivistes.
02:45Dans le cas de violences conjugales physiques, en fonction de la durée d'ITT, c'est l'incapacité temporaire de travail,
02:51les auteurs risquent de 3 à 5 ans de prison et jusqu'à 75 000 euros d'amende.
02:55Il y a aussi les violences superficielles et isolées.
02:58Dans ce cas, il n'y a pas forcément de procès, mais il peut y avoir différentes mesures.
03:01Un simple avertissement, l'interdiction d'approcher la victime ou un stage de responsabilisation.
03:06C'est aux participants de le payer, environ 250 euros, et il dure généralement une journée et demie ou deux.
03:10Avec des psys, des travailleurs sociaux, des juristes ou des addictologues,
03:14l'objectif du stage est de rappeler le principe d'égalité de genre, de respect conjugal,
03:18et d'amener une prise de conscience pour les auteurs.
03:21Le stage de responsabilisation est un stage qui est la destination des personnes condamnées
03:25pour des faits de violences conjugales.
03:27L'objectif de ces deux jours, c'est d'essayer de comprendre comment les choses se sont instaurées,
03:31comment on en est arrivé là, comment vous en êtes arrivé là, comment vous en êtes arrivé à cette impasse.
03:36Donc on essaye de reprendre avec eux leur parcours de vie, la spécificité de leur situation,
03:41tout en leur transmettant des éléments qui doivent leur permettre à terme de résoudre,
03:45ou en tous les cas d'impacter et de modifier leur comportement.
03:48Je ne l'attrape pas, je lui réponds, parce que c'est dans le feu de l'action.
03:53Donc c'est un crachat effectivement, ce qui n'est pas très élégant, je l'avoue.
03:57Au niveau des violences physiques, il y a de la claque, il y a de la bousculade,
04:03avec une chute derrière qui peut engendrer du coup des blessures.
04:08Il y a des coups, littéralement, coup de poing, coup de pied, il y a des dégradations matérielles aussi.
04:14Péter les téléphones, mettre les coups dans les murs.
04:17Certaines personnes estiment qu'on doit les enfermer et point barre, sauf que ce n'est pas des monstres.
04:21Il faut les responsabiliser, il ne faut pas justifier leur comportement,
04:24il faut faire en sorte qu'ils reconnaissent la portée de leurs actes et la gravité de leurs actes,
04:28et il faut les mettre au travail.
04:30Alors quand les hommes arrivent sur ces stages, vous avez des personnes qui sont dans le déni,
04:34d'autres qui vont être à l'écoute, qui ont besoin aussi peut-être de comprendre finalement leurs actes.
04:41Et tout l'intérêt finalement justement de la durée des stages de responsabilisation,
04:46c'est justement qu'ils soient productifs.
04:49Et à mon sens, en deux jours, ce n'est pas suffisant.
04:52Ça peut peut-être suffire momentanément pour un homme qui est un peu plus déconstruit,
04:57qui est le plus apte à changer, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan,
05:01ça ne règle pas le problème au niveau sociétal.
05:03Pour moi, 7 jours, ça serait, comment dire, une durée qui serait en tout cas un bon début.
05:09Un jour, le trou plein, la soupape pas la pété.
05:13J'ai accroché mon compagnon par le col, devant mes deux dernières filles de 12 ans et 14 ans.
05:21Et j'ai réagi, j'ai appelé les gendarmes pour qu'ils me sortent de la maison parce que j'allais faire une grosse bêtise.
05:27Il ne suffit pas de montrer un exemple d'une femme qui a été violente avec son conjoint
05:32pour dire, vous voyez, les femmes peuvent être violentes aussi, parce que ça reste complètement une exception.
05:36Il faut juste rappeler quand même que 86% des auteurs de violences conjugales en France, en 2023, ce sont des hommes.
05:44Souvent, une femme qui se rend coupable de violences a été victime.
05:48C'est rarement le cas des hommes.
05:50Cela me paraît très délicat de mettre ces femmes-là dans un groupe avec des hommes.
05:55En termes psychologiques, je pense que c'est extrêmement dévastateur.
06:02Dès lors qu'il y a violences, c'est non mixité.
06:05Une trentaine de structures ont fait leur apparition depuis 2020.
06:08Les centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales.
06:11Pour certains auteurs de violences, c'est une obligation pénale.
06:13D'autres y viennent sur la base du volontariat.
06:15Objectif principal, prendre en charge les auteurs pour diminuer la récidive ou le passage à l'acte.
06:19Certains centres proposent ainsi un hébergement qui peut se débloquer immédiatement en cas d'éviction, par exemple,
06:24pour une durée maximum d'un an et qui évite à la victime de devoir quitter son propre domicile.
06:29On va en visite à domicile dans un appartement qui appartient au CPCA.
06:33Et le monsieur qu'on héberge là-bas, il est arrivé suite à une éviction.
06:39Il y a une interdiction de retourner au domicile et d'avoir contact avec madame en dehors d'espaces aménagés avec un tiers.
06:48Ah ben voilà, bonjour !
06:50Je suis arrivé ici suite à un problème de violences familiales où j'ai pu mettre une claque à ma femme,
07:01en plus sous l'alcool, parce que j'ai un problème d'addiction à l'alcool.
07:04Du coup, on ne s'est pas vus depuis un bout de temps ?
07:07Oh, oui !
07:08Voilà, donc c'est la mise à jour aujourd'hui.
07:11Le logement dans ce cadre-là va uniquement servir d'appui à d'autres mises au travail,
07:16puisque en fait, le cœur du parcours, c'est l'idée de se responsabiliser sur ce qu'il s'est passé pour ne pas récidiver.
07:26Par contre, là, vous venez juste d'arriver, donc j'imagine que vous n'êtes pas responsable,
07:32mais je trouve que l'appartement n'est pas très propre.
07:34Suite à ça, les gendarmes sont arrivés à la maison sur le coup de 9h, 9h30.
07:38Donc j'ai été placé en garde à vue.
07:41Puis le lundi, j'étais au tribunal où j'ai pu voir le stupe du procureur
07:45qui me proposait donc un éloignement du foyer.
07:48Le cas de m'a parlé, que ce ne soit pas forcément évident que je rentre directement après le jugement.
07:54Alors je ne sais pas, après, vous en avez peut-être plus d'habitude.
07:56Je ne peux pas vous garantir quoi que ce soit,
07:58parce que là, les hébergements par le CPCA, ce n'est pas de l'insertion par l'hébergement.
08:02C'est-à-dire que ce n'est pas un logement où vous êtes censé rester très longtemps.
08:06C'est vraiment le temps de rebondir.
08:07D'avoir la capacité de les héberger sur un temps donné rapidement
08:12nous permet de fait de pouvoir prévenir la récidive
08:15dans le sens où on permet à l'auteur de se localiser sur un lieu,
08:19de ne pas être ou d'être moins tenté en tous les cas de revenir au domicile.
08:23Donc moi, ce que je voulais voir avec vous,
08:25de trouver un espace où vous pourriez voir les enfants et Alexandra
08:30en la présence de l'un de nous.
08:31En l'occurrence, moi.
08:34Voir comment ça se passe pour vous avec les enfants, l'un et l'autre.
08:37Et puis comment ça se passe entre vous aussi en présence des enfants.
08:41Voilà l'objectif.
08:43Je vais revenir à mon histoire personnelle, mais c'est très important
08:45parce que ça va vous donner justement très clairement
08:47ce qu'a pu justement vivre ma sœur Bénédicte.
08:50Elle était victime de violences conjugales depuis 17 ans.
08:52Elle avait déposé plainte à 4 reprises, 3 plaintes classées sans suite.
08:56Il finira par être condamné à 3 mois de prison avec sursis et 90 euros d'amende.
09:01Ma sœur a été contrainte de partir à 600 kilomètres.
09:04Elle avait un très bon job.
09:05Comme elle ne retrouvait pas l'équivalent,
09:07elle est revenue sur la région parisienne.
09:09Il n'y avait pas de contrôle mis en œuvre justement contre son compagnon.
09:14Donc, monsieur est revenu à la charge.
09:16Et malheureusement, elle en est morte.
09:20Voilà, c'est ça la réalité.
09:21L'hébergement justement proposé par le CPCA de Vannes,
09:25je trouve que c'est une très bonne initiative
09:26parce que, encore une fois, ça permet de protéger la victime,
09:33de faire en sorte aussi que monsieur prenne conscience aussi
09:36de clairement ce qu'il s'est passé.
09:38Est-ce que je peux appeler madame pour lui expliquer ?
09:42On va faire qu'on lui propose une visite.
09:46Est-ce que je peux avoir ces coordonnées ?
09:48L'utilisation ou le recours à l'hébergement
09:52ne peut s'envisager que dans la définition d'un parcours pour l'auteur
09:56avec des objectifs.
09:58Si les objectifs ne sont pas atteints
09:59ou qu'il n'y a pas une mise au travail de l'auteur,
10:01les possibilités d'hébergement peuvent se réduire très rapidement.
10:04On n'est certainement pas un dispositif de mise à l'abri
10:07des auteurs de violence conjugale.
10:08Les CPCA proposent aussi des groupes de parole
10:10sur la base du volontariat.
10:12Ils s'adressent soit aux auteurs de violence,
10:13soit à des personnes dans la crainte d'un passage à l'acte.
10:16Chaque mois, pendant deux heures,
10:17les participants échangent et entament une prise de conscience
10:19pour tenter de changer leur comportement.
10:23La désion dans le CPCA, un parcours, est uniquement volontaire.
10:26Elle n'est pas chez nous, elle n'est pas ordonnée par la justice.
10:29L'objectif du groupe de parole, c'est de proposer un espace
10:33pour parler d'un sujet dont on ne parle pas, dans la société,
10:36la violence qu'on peut agir, qu'on peut porter.
10:38Alors, moi, c'est moi, je n'ai 40 ans,
10:41papa d'un petit garçon, séparé de mon ex-femme
10:45avec qui j'ai eu des soucis.
10:47J'ai 47 ans, je n'ai forcément pas un cas précis
10:51de la violence conjugale.
10:53Non, je n'ai 48 ans, deux enfants, 9 et 12 ans,
10:57je suis séparé depuis fin 2021.
10:59Les suivis au sein du CPCA n'ont pas vocation
11:03à être sur du très long terme.
11:04On se perçoit plus comme un espace de transition,
11:09un espace de mise au travail, un espace de remobilisation, quelque part.
11:12S'ils viennent à nous, c'est qu'ils ont déjà identifié
11:14qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas au niveau de leur couple,
11:17même si la prise de conscience n'est pas totale.
11:19En tous les cas, on peut prendre appui sur ce début de prise de conscience.
11:22après l'intervention auprès des auteurs de violences conjugales volontaires
11:26reste éminemment complexe dans le sens où il faut s'attacher
11:30au parcours de vie de chacun.
11:31Moi, j'ai grandi dans un milieu très dur.
11:33Parce qu'en fait, moi, mon père, j'étais l'aîné.
11:35Et moi, j'ai grandi tout le temps à...
11:37Il faut être plus dur, il faut être plus dur, il faut être plus dur.
11:40C'est un garçon, c'est comme ça que ça se passe.
11:42Je suis devenu plus dur que ce que mon père a aimé, en fait.
11:48Et ça a créé tout ce qui va avec addiction, alcool.
11:53Quand j'étais bien alcoolisé, souvent, bagarre.
11:57Donc moi, j'ai grandi vraiment dans la violence.
11:59On a tous grandi dans cette société-là, effectivement, patriarcale.
12:04On a tous intégré certains stéréotypes.
12:06C'est pas facile de regarder aussi notre passé,
12:08de regarder nos contradictions,
12:10de regarder ce qui n'est pas très clair,
12:13de l'admettre,
12:15et de travailler ensuite dessus.
12:17C'est la compréhension du désapprentissage
12:20et du réapprentissage.
12:22Donc c'est quand même beaucoup de travail.
12:24C'est intéressant la possibilité d'avoir des groupes de parole
12:26sur la base du volontariat.
12:27Je pense que voir des hommes reconnaître
12:30qu'ils ont commis des violences
12:31ou qu'ils pourraient en commettre,
12:32qu'il y a de la violence peut-être,
12:34qu'ils cherchent à s'exprimer en eux,
12:36voir d'où elle vient,
12:36reconnaître, comme ça a été dit,
12:38qu'ils vivent dans une société patriarcale,
12:41qu'ils ont appris une certaine image de la masculinité.
12:43Tout ça, ça ne peut être que positif.
12:45On ne peut qu'encourager les hommes
12:46à se déconstruire, à avancer.
12:48Et pas seulement parce qu'ils pensent
12:49qu'ils peuvent être violents.
12:50Tous les hommes peuvent avancer sur ces sujets-là.
12:51Le travail que je fais avec ma psy,
12:53c'est les idées noires et tout,
12:55il faut laisser passer,
12:56il faut laisser glisser,
12:57et après, il faut continuer à avancer.
12:59Maintenant, je suis en train de mettre
13:00des solutions en place
13:01pour ne plus être la personne impulsive
13:04que je pouvais être.
13:05Si aujourd'hui, on ne s'occupe pas
13:08ou qu'on n'accompagne pas ces auteurs,
13:11on peut imaginer qu'une partie d'entre eux
13:12ont des enfants
13:13et que la permanence de ces comportements
13:15en contact avec les enfants
13:17pourrait, pour une partie,
13:19dans quelques années,
13:21produire des individus
13:23qui seraient en difficulté
13:24dans le lien social.
13:25Encore une fois,
13:26un auteur de violences conjugales,
13:28de toute façon,
13:29s'il n'est pas pris en charge,
13:31on le sait,
13:32il y a 30% de récidivistes.
13:33À un moment donné,
13:34on sait aussi que les prisons,
13:35elles sont pleines à craquer,
13:36ça, on le sait.
13:38Donc, qu'est-ce qu'on fait ?
13:39Il faut bien que ces personnes-là
13:41puissent être suivies
13:42et être suivies,
13:45ça sous-entend avoir un budget aussi
13:47à la hauteur.
13:49Au niveau du budget,
13:50pour les CPCA,
13:51on était en 2024
13:52à 5,7 millions d'euros.
13:54À titre d'information,
13:55en 2023,
13:56le budget global en France
13:57de lutte contre les violences faites aux femmes
13:59était de 184 millions d'euros.
14:01On s'interroge quand même
14:03sur le fait que le budget
14:04pour l'accompagnement
14:05et l'hébergement des auteurs
14:07soit pris sur le budget
14:09de lutte contre les violences.
14:10Donc, au final,
14:11c'est quand même un budget
14:11qui est à destination des auteurs.
14:13Quand on sait que les victimes elles-mêmes,
14:15les associations d'aide aux victimes,
14:17n'ont pas du tout assez de financement.
14:18La violence doit être prise
14:21dans son ensemble.
14:22De toute façon,
14:23le budget alloué
14:24aux associations d'aide aux victimes
14:26est largement insuffisant,
14:28mais de la même manière,
14:29le budget alloué
14:30à l'accompagnement des auteurs
14:32est insuffisant.
14:33Donc, en clair,
14:35il faut une augmentation
14:36de ces budgets
14:39et arrêter
14:40de faire un comparatif
14:43que les auteurs
14:46prennent aux victimes.
14:47Non, ce n'est pas le problème.
14:48En France,
14:48la prise en charge
14:49des auteurs de violences conjugales
14:50est assez récente.
14:51Mais il y a des pays
14:52pour lesquels
14:52on a un peu plus de recul.
14:53Au Québec, par exemple,
14:54l'association Hacker d'Hommes
14:56existe depuis 1987
14:57avec, comme pour la France,
14:59une trentaine de structures,
15:00mais une population
15:01presque huit fois
15:01moins importante.
15:04On a exactement
15:05le même problème,
15:07je dirais,
15:07ou même enjeu au Québec.
15:09C'est vraiment
15:09une enveloppe globale
15:10violences conjugales
15:12et depuis toujours,
15:14ça demeure un enjeu.
15:15Mais on est plus autour
15:16d'un financement
15:17qui tourne
15:18environ à 300 000 $
15:21par année.
15:22C'est certain
15:22qu'avec le 150 000 $
15:24par année
15:25pour le CPCA,
15:26c'est très minime
15:28comme financement,
15:29surtout pour une population
15:30aussi grande que la vôtre.
15:32Ce n'est pas sexy
15:32d'intervenir
15:33auprès des personnes
15:34auteurs de violences,
15:36mais c'est quelque chose
15:37qu'il faut vraiment faire.
15:38Le cheminement
15:39dure environ 20 semaines.
15:41L'accent est mis
15:42dans les services
15:43sur la responsabilisation
15:44des personnes.
15:45Donc, pour nous,
15:46la violence est un choix,
15:47c'est un comportement
15:48qu'on peut changer.
15:50Donc, on les amène
15:51à choisir d'autres stratégies
15:53pour répondre à leurs besoins
15:54que la violence.
15:55C'est un processus.
15:56Donc, il va y avoir
15:57un arrêt d'agir
15:58pour les formes
15:59les plus dangereuses
16:00ou les formes
16:01qui représentent
16:02un plus grand risque.
16:03Par contre,
16:04ça prend du temps
16:04pour éliminer
16:05la violence au complet.
16:07Mais comme je vous dis,
16:08ça fait 35 ans
16:09qu'on le fait.
16:10Il y a longtemps
16:11qu'on aurait abandonné
16:12si on ne voyait pas
16:12d'effet positif.
16:13On traite environ
16:1415 000 hommes par année
16:17dans nos services.
16:18Et depuis l'existence
16:20d'Aqueurs d'Hommes,
16:21c'est jamais arrivé
16:21que quelqu'un
16:22qui était dans nos services
16:23commette un homicide.
16:32Ce n'est pas rendre service
16:33que de tourner le dos
16:34au public auteur,
16:35en fait,
16:36qui souvent ne sait pas
16:38vers qui se tourner
16:39parce qu'ils intègrent aussi
16:40le fait qu'ils sont les méchants,
16:42le fait qu'ils sont la verrue,
16:43le monstre.
16:44Mais la prise en charge
16:44des auteurs,
16:45c'est ça aussi.
16:46C'est leur permettre
16:47de penser autre chose
16:49que la violence,
16:50de voir qu'il y a
16:50autre chose que ça.
16:51Qu'il y ait un effet
16:52sur l'accompagnement
16:53des CPCA auprès des personnes,
16:55c'est évident.
16:57Que ce soit la solution
16:58parfaite,
17:00c'est faux.
17:01Pour autant,
17:02si déjà,
17:03sur les personnes
17:03qu'on accompagne,
17:05on permet à
17:05quelques individus
17:08de reprendre pied
17:10et d'avancer,
17:11c'est déjà quelque chose
17:12qui n'était pas présent avant.
17:14mais je resterais
17:15toujours optimiste
17:16sur le fait
17:16qu'il y a moyen
17:17de faire quelque chose
17:18et qu'il faut les accompagner
17:19et qu'on ira toujours
17:20vers quelque chose de mieux.
17:28Mon regard sur les CPCA français
17:30est quand même positif
17:32dans la mesure
17:33où c'est vraiment
17:34un pas dans la bonne direction.
17:36C'est certain
17:36qu'il faudrait viser
17:37des services
17:39où les suivis
17:40sont à beaucoup plus long terme.
17:41Déjà,
17:42ça le mérite
17:43d'être une solution concrète.
17:44Il n'y a jamais
17:45de solution parfaite.
17:47C'est finalement
17:47mettre bout à bout
17:49les bonnes pratiques
17:51des uns et des autres
17:52qui vont nous permettre
17:53justement d'endiguer,
17:55en tout cas,
17:55de réduire drastiquement
17:56ce fléau.
17:57Donc, il faut investir,
17:58il faut être patient,
17:59il faut leur donner
18:00les moyens
18:00de leurs ambitions
18:01pour leur permettre
18:03de faire leur travail.
18:04Mais ça vaut la peine
18:05et il ne faut pas lâcher.
18:06Pour nous,
18:07cette prise en charge,
18:08elle doit être axée
18:08sur la déconstruction,
18:09la reconnaissance
18:13des principes
18:13du système patriarcal
18:14et surtout mettre fin
18:15à l'impunité
18:16avec une réponse
18:17judiciaire et pénale
18:18beaucoup plus sévère.
18:20Je pense que
18:21comment les CPCA,
18:22en très peu de temps,
18:23ont montré leur efficacité.
18:25C'est vraiment
18:25mon point de vue.
18:26Ce n'est pas forcément
18:27une mauvaise solution
18:28en soi
18:28d'essayer de prévenir
18:30la récidive
18:31en se concentrant
18:32sur les auteurs.
18:34Mais ça ne peut pas
18:34être la seule solution.
18:35Donc, on est encore une fois
18:36dans un traitement
18:37de cette question-là.
18:39à l'échelle individuelle,
18:41à l'échelle
18:42de l'accompagnement
18:45psychique, social,
18:46etc.,
18:47au lieu de voir
18:48ce sujet-là
18:49comme un problème
18:49de sécurité,
18:50un problème de société.
18:51musique.
18:51Musique.
18:51Musique.
18:52Musique.

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