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00:00Europe 1, 16h-18h, on marche sur la tête, Cyril Hanouna.
00:05Merci d'être avec nous sur Europe 1 et Rennes.
00:08Une fusillade en pleine journée dans un fast-food.
00:10La situation est-elle incontrôlable ?
00:12C'est une fusillade qui a éclaté en pleine journée.
00:15Charles Compagnon, un élu de la ville de Rennes, se trouvait dans le restaurant Sebois au moment des faits.
00:19Charles Compagnon est avec nous sur Europe 1 et c'est vrai que c'est incroyable.
00:23J'en parlais de Rennes depuis plusieurs semaines.
00:25Qu'est-ce que je disais sur Rennes ?
00:28Je l'ai dit, c'est un coupe-gorge.
00:30Rennes, Nantes, c'est catastrophique.
00:32Grenoble, merci M. Compagnon d'être avec nous sur Europe 1.
00:36Bonjour Cyril Hanouna.
00:38Bonjour, merci d'être là.
00:39Merci d'être là.
00:40Est-ce que ça va bien déjà ?
00:42Ça va moyen.
00:44Ça va moyen ?
00:44Ça va moyen parce que ce n'est pas tous les jours qu'on se fait tirer dessus.
00:47Ah oui, mais c'est incroyable cette histoire.
00:50Donc aujourd'hui je suis retourné sur place.
00:54D'accord.
00:55Je voulais retrouver les habitants.
00:56Je voulais retrouver les gens avec qui j'étais dans le subway.
00:59On avait besoin de se parler.
01:02Qu'est-ce qui s'est passé en fait ?
01:05Alors ce qui s'est passé, par contre, excusez-moi, j'ai un écho.
01:08Ah, bizarre parce que nous on vous entend très bien.
01:11Vous vous entendez très bien ?
01:12Très bien.
01:13Franchement, vous êtes parfait.
01:14Parfait.
01:15J'ai continué comme ça.
01:16En fait, ce qui s'est passé, c'est que toutes les semaines, je vais dans un quartier de Rennes.
01:20C'est plutôt un quartier populaire.
01:22Et puis, on va à la rencontre des habitants.
01:25On échange et on leur demande ce qu'ils ressentent.
01:27Vous êtes élu à la ville de Rennes ?
01:29Je suis élu d'opposition.
01:31Voilà.
01:31Vous êtes de quelle étiquette ?
01:33Vous êtes sans...
01:34Alors au départ, je me suis présenté sans étiquette.
01:36Et aujourd'hui, j'ai un groupe qui rassemble de LR au modem.
01:39D'accord.
01:39Et à titre personnel, depuis deux ans, je suis au Raison.
01:43Ok, très bien.
01:43D'accord.
01:44Très bien.
01:44Et donc, je suis allé voir les gens à Villejean.
01:48On s'est installé au Sebé pour prendre un café à trois.
01:51Et on a, au bout de quelques minutes, vu des individus qui semblaient paniqués
01:58et qui sont venus s'installer derrière nous.
01:59Et nous, on était à la table devant la porte.
02:02D'accord.
02:03Et au bout de quelques minutes où ces individus sont entrés, ces jeunes, un peu paniqués,
02:08j'ai vu devant moi arriver un type déterminé avec un fusil d'assaut.
02:14C'est incroyable.
02:14Et je n'ai pas bougé.
02:16Et c'est mon collègue élu, Nicolas, qui m'a pris par la veste.
02:21Et on s'est projeté au sol.
02:23Et juste là où j'étais, derrière moi, les jeunes se sont enlevés en disant
02:27« C'est pas nous, c'est pas nous, c'est pas nous ».
02:28Et là, de la porte d'entrée, ils ont tiré sur les jeunes.
02:33Là où j'étais moi, mais comme j'étais au sol, c'est les jeunes qui étaient derrière
02:36qui ont pris les balles.
02:37Non, mais vous vous rendez compte ?
02:38Et après, on s'est mis au sol, les mains sur la tête, en attendant que ça passe.
02:42Et à chaque fois que ça faisait clac, clac, clac, Nicolas et moi, on a eu la même pensée.
02:46On s'est dit « Bon, ben, on l'a pas pris, on l'a pas pris, on l'a pas pris ».
02:49Et on s'est relevé, comme dans le film Pulp Fiction, on s'est touché les bras,
02:52on s'est touché le ventre, on s'est touché les jambes.
02:55On a vu qu'on n'était pas touchés.
02:57Et par contre, au moment où on a regardé au sol, il y avait trois jeunes au sol
03:00qui nous ont dit « On a pris les balles, on a pris les balles ».
03:02Et on avait peur qu'ils reviennent, donc on les a pris, on les a mis à l'arrière de la boutique.
03:06Il y avait une petite fille de 6 ans qui était en train de hurler dans les bras de son papa.
03:10Je l'ai pris derrière le guichet pour la mettre en sécurité.
03:13On s'est occupé des gens, on a discuté, on a parlé, on a rassuré.
03:17Et puis on a appelé les secours.
03:19Incroyable.
03:20Franchement, ce témoignage sur Europe 1 aujourd'hui, à 16h36, fusillade à Rennes, en pleine journée.
03:26C'est absolument incroyable.
03:28C'est des choses vraiment qui n'auraient pas pu arriver.
03:31Et un des blessés toujours entre les vies et à mort.
03:34Charles Compagnon, aujourd'hui, comme je vous ai dit au départ, je vous ai demandé si ça allait.
03:39Vous m'avez dit « Moyen ».
03:41C'est normal.
03:42Comment vous vous sentez aujourd'hui ?
03:44Est-ce que vous êtes encore, vous revoyez encore ces images ?
03:47Toute la nuit, j'ai vu l'image de ce type qui arrive déterminé avec un fusil d'assaut.
03:53Et ce sentiment d'être pris dans une souricière, de ne pas pouvoir s'échapper.
03:59Je pense que je vais aller voir un spécialiste, parce qu'il va falloir évacuer.
04:04Mais ce que j'ai vécu, moi, là, c'est ce que vivent les réunis des quartiers populaires
04:09depuis 5, 6, 7, 8 ans.
04:13On dénonce cette violence, on dit qu'il faut faire des choses, on propose des choses.
04:19Mais voilà, il y a des leviers qui ne sont pas activés.
04:22Et puis, on continue à nous parler de sentiments d'insécurité.
04:25Donc, moi, les balles qu'on volait au-dessus de ma tête,
04:27Cyril Hanouna, ce n'était pas des sentiments de balles.
04:30C'est des balles réelles qu'ont traversées les jambes et le ventre des jeunes qui étaient derrière moi.
04:34Non, mais ce qui est édifiant, c'est que ces règlements de comptes,
04:36maintenant, ils ne se font pas dans des endroits, j'allais dire, circonscrits.
04:40Là, maintenant, c'est au milieu de la population.
04:42Vous évoquez une petite fille de 6 ans.
04:43Il y a un énorme problème à Rennes.
04:45On le sait, il y a un énorme problème à Rennes.
04:47Il y a un énorme problème à Nantes.
04:48Moi, je parle avec des Rennes, je parle avec des Nantais, des Renaud-Blois.
04:52Ils me disent, on n'en peut plus, on ne peut plus sortir.
04:54On a peur de sortir de chez nous.
04:56Vous vous rendez compte, c'était des villes tranquilles, ça.
04:58Je suis désolé.
04:58Je ne sais pas, ça fait combien de temps que vous êtes sur Rennes, Charles Compagnon ?
05:02Alors, moi, je suis sur Rennes depuis 1986.
05:04Donc, autant vous dire que j'ai connu la belle Rennes.
05:07La Rennes enthousiasme, la Rennes rock, la Rennes où on sortait, la Rennes des étudiants.
05:13Aujourd'hui, vous avez des règlements de comptes au centre-ville.
05:16Vous avez des règlements de comptes dans les quartiers, à Morpa, au Blône, à Villejean.
05:20Et ce qui est le plus terrible, Cyril Hanouna,
05:22c'est que les gens sont en train d'habituer leur style de vie à ces règlements.
05:28On se rend compte à cette violence du quotidien.
05:32On demande aux gens...
05:34Parce que là, l'enquête est ouverte pour tentative de meurtre en bande organisée.
05:39Est-ce que vous avez la connaissance des quartiers et du terrain ?
05:42Est-ce que là où vous étiez, c'est en lien au narcotrafic ?
05:46Et je sais aussi que vous portez la revendication de l'armement de la police municipale.
05:49Où vous en êtes là-dessus ?
05:52Alors, la première question, c'est oui, c'est clairement en lien avec le narcotrafic.
05:56Moi, j'ai pu parler avec les victimes, puisqu'on s'est occupé d'eux.
06:01Donc, les victimes étaient du quartier.
06:03C'est des jeunes du quartier qui sont connus dans le quartier.
06:06Et j'ai vu après leurs amis arriver, en parlant de vengeance, en parlant de...
06:12Enfin, ils étaient sur...
06:12Donc, on est là sur une autre bande qui est arrivée.
06:16Et vraisemblablement, des impôts qui circulent.
06:19Une bande qui viendrait même des extérieurs de la ville.
06:22C'est-à-dire, pas du tout de la ville.
06:24C'est une autre bande qui vient prendre le territoire.
06:26Parce que Ville-Jean, c'est un point de ville très chaud.
06:28Ça, c'est la première réponse à votre question.
06:30La deuxième, oui, je...
06:32Moi, je demande l'armement de la police municipale.
06:35Parce qu'un policier, c'est un policier.
06:37Et qu'on doit pouvoir envoyer des policiers municipaux dans tous les quartiers.
06:41Et là, en l'occurrence, on a des policiers municipaux qui sont armés de gazeuses et de tasers.
06:48Alors, pour être tout à fait honnête, parce qu'il y a trop d'hémagogie là-dessus,
06:51sur la situation que moi, j'ai vécue hier, honnêtement, même les policiers nationaux,
06:56quand ils sont intervenus, ils ont pris le temps parce qu'ils sont intervenus équipés.
07:00Ils m'ont dit, aujourd'hui, avec un Beretta ou avec un Glock 17,
07:06face à des fusils d'assaut, ils sont en claquettes, chaussettes.
07:11C'est pour agir.
07:12Oui, oui, c'est ce qu'il faut.
07:14Mais malgré tout, les policiers municipaux, s'ils étaient armés,
07:18ils pourraient mieux aider la gauche nationale.
07:20Bien sûr, bien sûr.
07:21Oui, c'est sûr. Oui, Gauthier.
07:22On est dans des villes que vous venez de citer, Grenoble, Rennes, Nantes.
07:26Il y a Montpellier aussi.
07:26Voilà, à chaque fois avec des majorités municipales de gauche.
07:31Et souvent avec des polices municipales qui ne sont pas armées,
07:34avec des caméras de surveillance qui ne sont pas assez répandues dans les villes.
07:38Je pense à Grenoble où ça a créé même des problèmes pour résoudre des enquêtes.
07:43Le maire de Grenoble nous dit même qu'il faut vivre avec les dealers,
07:45le fameux modus vivendi.
07:46Donc, il faudrait peut-être que l'idéologie s'arrête quelque temps
07:49et qu'on ouvre les yeux dans ces villes sur le danger que représente le trafic de drogue.
07:55Et puis, je pense, parce que cette semaine, il y a évidemment eu les prisons
07:57qui ont été ciblées, rafalées,
08:00des agents pénitentiaires qui ont été ciblés à leur domicile.
08:03Et Gérald Darmanin, il fait évidemment ce qu'il peut avec la majorité qu'il a,
08:07ou plutôt qu'il n'a pas.
08:09Mais quand on entend la République ne recule pas,
08:11la République ne reculera pas, on est en guerre avec eux
08:13et c'est eux qu'on va faire reculer.
08:14On a des narcotrafiquants mieux armés que les policiers.
08:17C'est le témoignage qu'on a là.
08:18Ils viennent avec des armes de guerre.
08:20Ils possèdent des quartiers entiers
08:21où ils font régner leurs lois
08:24et où les policiers, soit ne peuvent pas aller,
08:26soit n'ont pas les consignes pour y aller
08:28et ne seraient pas soutenus
08:29s'il se passe une scène justement de guerre.
08:32Des moyens financiers considérables.
08:33Exactement.
08:34Donc on voit bien que le narcotrafic est une véritable pieuvre
08:37et qu'aujourd'hui, on n'a pas les armes pour le combattre
08:40et qu'on y va à dos homéopathiques.
08:42Donc c'est toujours pareil,
08:44il manque une vraie volonté politique.
08:46Gauthier Lebrette, vous avez totalement raison,
08:48il manque une volonté politique,
08:49mais il faut surtout, si vous me permettez,
08:51que chacun joue sa partition,
08:53comme dans un orchestre.
08:55L'État, mais les collectivités.
08:57Parce que si l'État fait le maximum,
08:59mais on continue à ne pas avoir de caméras,
09:01ne pas avoir assez de policiers municipaux,
09:03ne pas avoir assez d'équipement,
09:05ne pas avoir assez de volonté politique,
09:06comme le disait encore récemment quelqu'un à Toulouse,
09:09nous, les policiers municipaux,
09:10aujourd'hui à Toulouse, ils vont au Mirail.
09:13Parfois, on ne les voit pas de la journée
09:15ou pas de la soirée dans des QPV,
09:17alors qu'eux, ils ont envie d'y aller,
09:18mais ils ne sont pas équipés.
09:19C'est trop dangereux pour eux.
09:20Donc, chacun doit jouer sa partition.
09:23A grand d'accord,
09:23vous avez un maire qui veut vivre avec les dealers,
09:25que voulez-vous faire ?
09:26Voilà, exactement.
09:27Et encore une fois,
09:29j'étais encore avec le papa de la petite fille de 6 ans
09:31qui était complètement en état de choc hier.
09:36Il m'a dit,
09:37mais jamais j'aurais mis ma fille en danger.
09:40Je suis issu du quartier,
09:42j'ai grandi dans ce quartier,
09:43j'ai fait des bêtises dans ce quartier,
09:45mais au moment où je dis à ma fille,
09:46écoute, j'ai rendez-vous avec quelqu'un,
09:47va au Cebuet avec ton cousin,
09:50tu prends un goûter,
09:52tu vas être tranquille.
09:53Il a laissé sa fille au Cebuet,
09:55il est sorti dehors pour rencontrer un jeune,
09:58et il a vu, lui aussi,
10:00la Kalachnikov arriver.
10:01Enfin, excusez-moi,
10:02ce n'est pas une Kalachnikov,
10:03pour la petite histoire et pour pouvoir faire rire.
10:06J'ai rencontré la mère de reine tout à l'heure,
10:07et je lui ai dit,
10:08mais madame Apéry,
10:09je n'étais pas témoin,
10:10j'étais victime.
10:11Vous savez,
10:11quand vous voyez une Kalachnikov,
10:13vous pointez,
10:13vous allez au sol,
10:14vous êtes victime.
10:15Et elle m'a repris,
10:16elle m'a dit,
10:16non, monsieur compagnon,
10:17ce n'était pas une Kalachnikov.
10:18Et là,
10:19tout est dit.
10:19C'est incroyable.
10:21C'est incroyable.
10:21C'est important,
10:22c'est la marque du système.
10:23Bien sûr,
10:24mais c'est incroyable,
10:25incroyable.
10:26Franchement,
10:26mais elle se rend compte,
10:28cette mère,
10:29de la situation
10:30dans laquelle sont les Rennes.
10:33Mais je vous le dis,
10:34je parle énormément
10:35de personnes qui habitent à Rennes,
10:37ils me disent,
10:38mais ça n'est plus possible.
10:39D'ailleurs,
10:39il y a beaucoup de gens
10:40qui nous appellent de Rennes,
10:401, 0, 1, 80, 20, 39, 21
10:42sur Europe 1
10:43qui veulent témoigner.
10:44Et Rennes,
10:44si vous me permettez,
10:45Rennes est une super ville.
10:48Rennes est une ville
10:49où il y a 70 000 habitants.
10:51On a des infrastructures incroyables.
10:53On a un potentiel monstrueux,
10:55mais parce qu'on a décidé
10:56d'abandonner le sujet de la sécurité,
10:58tout va s'effondrer.
10:59Tout est en train de s'effondrer.
11:01Et pas que le sujet
11:02de la sécurité à Rennes.
11:03Je rappelle que cette semaine,
11:04il y a une grande polémique
11:05parce que patron de Safran
11:07vient d'ouvrir une usine à Rennes
11:09et il se prend la majorité
11:10municipale écolo
11:11qui lui met des bâtons
11:13dans les roues
11:13alors qu'il va créer 500 emplois.
11:14Donc, il y a quand même
11:15un problème avec la municipalité
11:16de Rennes,
11:17tant sur le point sécuritaire
11:18qu'économique.
11:19Alors, je prenais celui
11:21parce que peut-être
11:23que je suis encore
11:23un petit peu dans le traumatisme
11:24de ce qui m'est arrivé hier.
11:26Pour moi, je prenais
11:26sur le dossier de la sécurité.
11:28Mais Gauthier Lebrecht,
11:30et je sais que vous apprécierez
11:31particulièrement,
11:32Nathé Apéret a décidé
11:33d'installer Safran
11:34sans tenir au courant
11:35sa majorité écologiste.
11:37D'accord.
11:37Donc, voilà.
11:38Très bien.
11:39Très bien.
11:39Monsieur Compagnon,
11:41je vous remercie
11:41de votre témoignage
11:42qui était très très fort.
11:43On pense à vous.
11:44On pense à vous en tout cas.
11:46On espère que, voilà,
11:48c'est vrai que c'est
11:48vraiment, c'est quelque chose
11:50de très très difficile
11:51à vivre.
11:52On se met à votre place.
11:53Et je voudrais avoir
11:54une pensée pour tous
11:54les habitants de Vizjan
11:55parce que moi,
11:56je n'habite pas à Vizjan
11:57et je suis rentré chez moi.
11:58Là, je vous parle de chez moi.
11:59Mais voilà, tous ces habitants
12:00qui vivent dans le quartier
12:01et qui, au moment où on se parle,
12:03ont des narcotrafiquants
12:04qui continuent à tourner
12:05autour de chez eux.
12:06Et c'est vraiment à eux
12:07que je pense que c'est après.
12:08Bravo à vous.
12:09Merci, en tout cas,
12:10merci d'avoir été avec nous
12:11sur Europe 1.
12:11Toujours en prie.
12:12Charles Compagnon,
12:12merci beaucoup.

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