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00:00On va se projeter, c'est toujours difficile d'ailleurs parce qu'à 12h07, le pape, on l'a appris à 9h47 je crois, donc ça fait 3h, 4h que nous savons que le pape est mort.
00:10Nous sommes déjà dans l'analyse de son pontificat et c'est ainsi que fonctionne l'actualité.
00:16On se pose, on s'interroge évidemment sur le futur pape, sur le profil du futur pape.
00:23Donc le conclave aura lieu entre 15 et 20 jours, les portes de la chapelle Sixtine vont se refermer, extra omnes, tout le monde va être là en train de réfléchir à celui qui sera le prochain pape.
00:35Il y a deux scrutins par jour, un premier tour le matin, deux tours l'après-midi et il faut les deux tiers du collège pendant un nombre de tours, je ne sais plus si c'est 15 ou 16, il faut les deux tiers du collège pour qu'un pape soit élu.
00:51Je précise qu'il n'y a pas de campagne électorale, personne ne se déclare pape, ça ne fonctionne pas comme ça.
00:58Simplement sur ces profils des cardinaux qui vont voter, il ne peut pas y avoir plus de 120 cardinaux, ils ont tous d'ailleurs moins de 80 ans, dans la chapelle Sixtine.
01:12Mais un très grand nombre je crois ont été nommés par François.
01:16Oui, alors quasiment 80% du collège cardinaliste a été effectivement créé par le pape François, ce qui est à peu près normal d'ailleurs, puisque le pape a fait quasiment inconsistoires tous les ans.
01:31Il y a aujourd'hui 135 cardinaux de moins de 80 ans, donc 135 cardinaux en âge de voter.
01:38Il reste effectivement aussi des cardinaux créés par Jean-Paul II et par Benoît XVI, mais qui sont une minorité.
01:46Mais ce qu'il faut tout de même dire tout de suite, c'est que ce n'est pas parce qu'un cardinal a été créé par le pape François qu'il a la ligne, qu'il se trouve dans la ligne du pape François.
01:58Les choses sont beaucoup plus fines et beaucoup plus complexes que ça.
02:02Ensuite, sur les profils dont vous parliez à l'instant, évidemment, comme à tous les conclaves, il y a des profils italiens,
02:11puisque l'église italienne, les cardinaux italiens gardent une grosse prédominance dans le sacré collège.
02:18Les deux cardinaux italiens, c'est le cardinal Parolin, l'actuel secrétaire d'État, qui hier encore a reçu le vice-président américain,
02:25et le cardinal Zopi, qui est le cardinal archevêque de Bologne, qui est issu de la communauté Sant'Egidio.
02:31Donc ce sont les deux profils italiens.
02:33Il y a déjà un troisième profil italien, mais c'est un homme un peu plus jeune, parce qu'évidemment, l'âge compte, qui est le cardinal Pizzaballa,
02:40qui est patriarche latin de Jérusalem, qui se trouve donc en Terre Sainte, mais qui est italien.
02:44Et puis ensuite, il y a un certain nombre de cardinaux papabilés, comme on dit.
02:49Alors il y a notamment, d'ailleurs, en France, le cardinal Aveline, qui avait reçu le pape, vous l'avez dit, à l'instant, à Marseille.
02:57Également le cardinal, même si il est plus jeune, le cardinal Boustillot, qui a été d'ailleurs le dernier à recevoir un pape,
03:05puisque finalement, la dernière fois que le pape François aura voyagé, c'est en France et en Corse, à Ajaccio, le 15 décembre dernier, à l'invitation du cardinal Boustillot.
03:14Voilà, donc je pense que la seule chose que l'on peut dire, c'est que certainement, les cardinaux ne referont pas le choix d'un pape latino-américain.
03:23Et que, sans vouloir faire des pronostics, certainement, la papauté se recentrera sur l'Europe et sur l'Europe de l'Ouest.
03:31Mais il est vraiment beaucoup trop tôt pour l'instant pour se pencher sur ces questions.
03:35Et certains disent même qu'il pourrait avoir un retour, c'est Caroline Picozzi qui dit cela régulièrement, qu'il pourrait avoir le retour d'un pape italien.
03:44Le dernier étant, évidemment, le cardinal Albino Luciani, qui était patriarche, je crois, de Venise, qui était devenu Jean-Paul Ier en 1978, après la mort de Paul VI,
03:56qui était lui-même italien, Giovanni Battisti, Giovanni Bonmontini, et qui était, lui, dans une série très longue de papes italiens qui s'étaient succédés.
04:12Nicolas Dia est avec nous, et je vous propose de rester, Nicolas, parce que vous êtes un très grand spécialiste, évidemment, de cette question romaine.
04:22Et ce qui sera intéressant, peut-être, c'est de parler de ce qu'a envie l'Église.
04:29Moi, j'ai le sentiment qu'on est, comme en 1978, avec un tournant dans cette Église, et que celui qui sera le chef du Vatican aura aussi une mission politique très forte.
04:42Il est 12h12, à tout de suite.
04:43Restez avec nous, la suite de Pascal Proué-Vous, c'est dans un instant sur Europe 1, et on attend vos réactions au décès du pape François.
04:5001, 80, 20, 39, 21, à tout de suite sur Europe 1.
04:55Europe 1.
04:56Pascal Proué-Vous.
04:5612h-16h, vous écoutez Pascal Proué, jusqu'à 13h sur Europe 1.
05:00Et Pascal, nous accueillons Mgr Mathieu Rouget, l'évêque de Nanterre.
05:04Mgr Mathieu Rouget, effectivement, bonjour.
05:07Bonjour et bonjour à tous les réunis.
05:09Et merci d'être avec nous.
05:10Ce qui frappe ce matin, au-delà de l'analyse, au-delà de la perspective, c'est qu'hier, le pape François était à Saint-Pierre-de-Rome, qu'il bénissait les fidèles,
05:23que c'était jour de Pâques, et qu'au lendemain de cette cérémonie, si importante pour les catholiques de ce jour de résurrection, il est mort.
05:34Et c'est ça, cette sidération-là, qui frappe les catholiques que nous sommes ce matin, Mgr Rouget.
05:41Alors, il y a vraiment une très très grande émotion qui est liée à la mort du pape lui-même.
05:47Il se trouve que moi, je vous parle actuellement de Varsovie.
05:50J'arrivais pour un pèlerinage sur les traces de Jean-Paul II.
05:53Je vais rentrer aussitôt dans mon diocèse pour accompagner les fidèles dans ces circonstances.
05:58Mais la mort du pape Jean-Paul II et celle du pape François se ressemblent énormément.
06:02Maintenant, le jour de Pâques, le jour de la résurrection, le jour où la foi en la vie plus forte que la mort des chrétiens se manifeste au plus haut point,
06:10eh bien, chaque fois, le pape est arrivé, est apparu très très fragilisé.
06:15On se rappelle la dernière bénédiction de Jean-Paul II.
06:19Et le pape François, hier, a dit quelques mots.
06:21Mais je dois dire qu'en ayant vu et entendu le pape prendre la parole hier,
06:26j'ai eu le sentiment très fort qu'il était arrivé au terme de sa mission et que cette Pâques serait pour lui celle du grand passage.
06:35Alors évidemment, l'analyse est possible.
06:38On écoutait tout à l'heure Philippe de Villiers qui était assez rude, d'ailleurs, sur les critiques qu'il adresse au pape François.
06:48C'est vrai qu'au sein de l'Église, il y a ces critiques parfois d'avoir oublié l'Occident,
06:53d'avoir oublié également la France et d'avoir oublié, c'est en tout cas ce que disait Philippe de Villiers,
07:00les chrétiens les plus traditionnels, ceux qui sont attachés peut-être à une liturgie plus importante ou plus magnifique.
07:11Je voulais avoir votre avis là-dessus parce que ce débat, pour faire simple, il existe entre pape de gauche et pape de droite,
07:18si j'ose cette expression.
07:20Alors, vous-même, en disant si j'ose cette expression, reconnaissez qu'elle n'est pas adéquate.
07:25Aujourd'hui, il n'est pas venu encore le temps de faire un bilan plus analytique de ces pontificats.
07:32Aujourd'hui, c'est le jour de l'émotion, le jour de l'action grâce aussi, parce que quoi que l'on puisse penser,
07:38le pape a beaucoup fait avancer l'Église dans l'attention aux plus pauvres.
07:43C'est sans doute comme cela qu'il restera.
07:46Le jour de son élection, un de ses frères cardinaux lui a dit « Sois le pape d'une Église pour les pauvres ».
07:51Et je crois que c'est vraiment cela qu'il a voulu être, avec son style, souvent déconcertant,
07:57mais aussi avec l'élan spirituel qu'il a donné.
08:01Et moi, je connais beaucoup de catholiques traditionnels qui, aujourd'hui, sont très émus,
08:06parce que quoi qu'il en soit des débats possibles, c'est d'abord le pape qui nous quitte,
08:10et c'est un jour à vivre dans le recueillement et dans l'émotion.
08:15Et puis, vous savez, on a souvent dit qu'il ne s'intéressait pas à la France.
08:19Il est venu à Marseille, et il est venu en Corse, il est venu à Strasbourg.
08:23Et pour ma part, j'ai eu l'occasion de parler avec lui un certain nombre de fois,
08:27et encore assez récemment, et toujours en ayant de sa part une grande attention et une grande bienveillance.
08:34Est-ce que vous avez le sentiment que l'Église est un tournant ?
08:37Alors, cette expression de tournant, elle est utilisée souvent en politique,
08:42mais on a le sentiment, effectivement, que le monde, aujourd'hui, est un tournant,
08:48que la France aussi, et que l'Église, de ce fait, suit ce mouvement.
08:52Alors, comme vous le dites, le monde est dans une période de grande crise,
08:57de grande transformation.
08:59Nous sortons d'une fête de Pâques, j'étais d'ailleurs sur l'antenne d'Europe 1
09:02pour en parler hier soir, dans l'émission de Pascal de la Tour du Pain.
09:07Nous sortons d'une fête de Pâques tout à fait étonnante,
09:10avec cet afflux nouveau de convertis, souvent très jeunes,
09:14et donc on est dans une période de recomposition,
09:16où il y a beaucoup de possibilités aussi pour l'annonce de l'espérance
09:20qui vient du Christ, et évidemment, le prochain pape aura un rôle important
09:28pour accompagner l'Église dans cette période de crise,
09:31donc de transformation, donc de possibilités nouvelles pour l'annonce de l'Évangile.
09:35Eh bien, merci, Monseigneur Rouget, vous êtes en direct de Varsovie,
09:39vous rentrez de ce fait plus rapidement que prévu, peut-être à Nanterre.
09:43Je rentre immédiatement à Nanterre, effectivement, pour être auprès des fidèles,
09:48je sais que certains se retrouveront à la canadrale à 19h pour célébrer la messe pour le pape
09:52et pour l'Église, et vraiment, j'invite tous ceux qui vont parler ces jours-ci
09:57à être d'abord dans le temps du recueillement, de l'Action Grâce,
10:03avant de se lancer dans des débats trop politiques.
10:06Ça faut autre chose à dire l'Église.
10:07Mais j'entends ce que vous dites, et c'est pourquoi à chaque fois que je vais sur ce débat,
10:13ou sur ces nouveaux débats, je prends une précaution oratoire,
10:16parce que, hélas, le journaliste que je suis ne peut pas être que dans le recueillement,
10:21bien évidemment, et c'est un autre temps que le temps de recueillement,
10:26c'est pas forcément le temps médiatique, mais j'entends néanmoins, Monseigneur Rouget,
10:29ce que vous dites, et une fois hors micro, peut-être pourrons-nous être précisément
10:35dans ce temps, ou de la prière, ou du recueillement.
10:38Il est 12h21.
10:39Et pour participer à Pascal Praud, et vous, jusqu'à 13h...
10:44Que se passe-t-il ?
10:46Ça s'appelle parler sur un jingle, ça.
10:49Il est 12h21. Que vouliez-vous dire, Trina ?
10:53Je pensais que c'était la pause, donc je voulais inviter nos auditeurs à réagir, encore une fois.
10:57Non, non, la pause, elle sera à 12h...
10:57On peut le faire quand même.
10:58Eh bien, évidemment.
10:5901-80-20-39-21.
11:02Donc, on est avec Nicolas Dia,
11:03Nicolas Dia, qui est un spécialiste des questions de l'Église de Rome.
11:11Je faisais un parallèle, je ne sais pas s'il est juste ou pas,
11:15entre 2025 et 1978,
11:18lorsque le pape Jean-Paul II est arrivé au Vatican.
11:24Et on sait l'importance, l'influence qu'il a eue sur le monde communiste.
11:29Est-ce que vous avez le sentiment, aujourd'hui, que cette question-là,
11:34cette question politique, disons, au-delà de la question religieuse,
11:37sera au centre de la désignation du pape,
11:42et qu'elle sera, pourquoi pas, une motivation pour les cardinaux ?
11:47Alors, je pense que vous avez tout à fait raison, Pascal,
11:51parce que je considère, de mon point de vue,
11:55que les trois pontificats qui viennent de vivre,
12:00c'est-à-dire Jean-Paul II, 1978-2005,
12:04Benoît XVI, 2005-2013,
12:08et puis François, donc depuis 12 ans, 2013 jusqu'à ce matin,
12:12sont trois papes qui, en fait, fonctionnent ensemble.
12:15Le pape Jean-Paul II, c'est évidemment le pape
12:21qui, dès les premiers moments, s'écrit sur la place Saint-Pierre
12:25« N'ayez pas peur »,
12:27et qui s'adresse évidemment au bloc de l'Est,
12:29qui s'adresse à tous les fidèles qui sont retenus
12:32dans les pays communistes, dans l'Empire soviétique.
12:36Benoît XVI, c'est évidemment son successeur,
12:39son successeur intellectuel,
12:41c'est le pape de l'intelligence de la foi,
12:43c'est le pape théologien,
12:45peut-être un des plus grands papes théologiens
12:47des quatre derniers siècles,
12:50ce qui n'est quand même pas rien,
12:51quasiment, tous les théologiens le reconnaissent,
12:55quasiment un docteur de la foi,
12:57avec des textes absolument extraordinaires
13:00qui passent le temps de manière sidérante.
13:02Et puis, François qui, malgré les apparences,
13:06malgré les polémiques,
13:07malgré un certain nombre de choses
13:08que Philippe de Villiers, sur votre antenne,
13:11peut dénoncer,
13:12et on comprend bien les points de vue,
13:14et on comprend aussi ce que vient de dire Mgr Rouget,
13:17François, qui succède à Benoît XVI
13:20dans des circonstances tout de même extrêmement particulières,
13:23avec une démission surprise,
13:24jamais un pape n'avait démissionné,
13:26cette espèce de vide
13:28dans lequel l'Église semble se trouver
13:30après sa décision en février 2005.
13:35Paradoxalement, François n'est pas dans la rupture.
13:38C'est-à-dire que je pense que ce serait faux
13:40de considérer que c'est un pape progressiste,
13:44que c'est un pape qui a rompu avec ses prédécesseurs.
13:48Il a eu un style jésuite extrêmement net,
13:50extrêmement déconcertant,
13:52je le disais tout à l'heure,
13:53et même Mgr Rouget l'admettait,
13:56admettait cela il y a quelques instants,
13:59mais l'histoire, évidemment,
14:01va très vite se pencher sur tout ça,
14:03l'histoire va parler,
14:04mais on voit bien que de ces douze années
14:07que l'Église vient de vivre,
14:10il n'y a pas eu de rupture majeure,
14:12il n'y a pas eu de moment de cassure,
14:14il n'y a pas eu de moment institutionnel de basculement.
14:18Et en fait, effectivement, aujourd'hui,
14:20l'Église va se retrouver,
14:23et les cardinaux vont se retrouver
14:24devant quelque chose qui va être évidemment
14:28très très très impressionnant,
14:30c'est-à-dire engager l'Église en 2025
14:33sur une nouvelle voie,
14:36sur un nouveau monde,
14:37parce que c'est ça en fait
14:38qui est en train de se passer.
14:41C'est assez d'ailleurs symbolique,
14:42c'est que finalement,
14:43le dernier écrit de François,
14:47ça a été la lettre aux catholiques américains,
14:49où il critiquait évidemment l'ère Trump
14:52qui arrivait.
14:54Hier, la dernière audience,
14:56encore plus symbolique,
14:58aura été pendant un bref instant,
15:00mais elle a existé,
15:01avec le vice-président américain.
15:04Et on voit bien le monde,
15:07et les questions que les cardinaux
15:10vont devoir traiter,
15:11qui n'auront plus rien à voir
15:13avec les questions
15:14des 45 dernières années.

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