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00:00 dans l'actualité internationale également.
00:02 Ces images qui nous parviennent à l'instant de Venise,
00:05 la cité des Doges, qui attend ce dimanche une visite particulière
00:10 dans le cadre de la biennale, visite du pape François.
00:13 C'est son premier déplacement hors de Rome
00:16 en l'espace de sept mois en raison de son état de santé.
00:20 Il est surtout le premier pape à visiter cette biennale.
00:23 Le Saint-Siège, il y a même un pavillon.
00:26 On continue de commenter cette visite avec notre invité du jour.
00:31 Et avec nous, François Mabille. Bonjour.
00:40 Merci d'être sur l'antenne de France 24.
00:42 Vous êtes chercheur au CNRS,
00:44 directeur de l'Observatoire de géopolitique des religions à l'IRIS.
00:48 Vous travaillez sur la question de religion, de laïcité.
00:51 Le pape François a la biennale de Venise.
00:54 Quel est, à votre avis, le principal message du chef de l'Église catholique ?
00:59 Alors, il y en a deux.
01:01 Le premier message, qui est évident, mais qui mérite d'être souligné,
01:04 c'est que, vous l'avez dit, le pape est le premier à se rendre à cette biennale
01:08 et il marque ainsi son intérêt pour la culture.
01:10 Il faut se souvenir qu'il y a deux ans,
01:12 le pape a fusionné ou réorganisé la curie romaine
01:15 et notamment a ajouté à la thématique de l'éducation
01:19 celle de la culture, les deux étant jusqu'à présent deux domaines distincts.
01:23 Donc, il a montré là son intérêt pour la culture.
01:25 C'est une réflexion ancienne pour l'Église catholique,
01:27 mais il y a chez ce pape un intérêt particulier
01:30 pour que catholicisme et culture puissent, j'allais dire,
01:34 travailler ensemble ou en jeu culturel et catholicisme, pour le dire autrement.
01:39 Et puis, il y a un deuxième enjeu, c'est que le pape se rend à la biennale,
01:42 mais le pavillon du Vatican se trouve dans un endroit particulier,
01:48 dans une prison, et donc là, il marque son intérêt
01:51 pour ce qu'il appelle les périphéries.
01:53 Il veut montrer ainsi, et ce n'est pas la première fois,
01:55 que personne ne doit se sentir étranger dans l'Église catholique.
01:59 Et justement, c'est la question que j'allais vous poser, François Mamby.
02:01 Ce qu'on ne savait peut-être pas, c'est que le Vatican a son pavillon à la biennale
02:05 et ce pavillon se situe dans cette prison pour femmes.
02:08 Symbole fort, là aussi.
02:10 Tout à fait. Alors, il faut être juste,
02:12 il n'est pas le premier pape à se rendre en prison.
02:15 Jean-Paul II l'avait fait à une reprise.
02:17 Benoît XVI, je crois, s'y est rendu deux fois.
02:21 Mais il est vrai que chez François, c'est un déplacement qui est relativement fréquent.
02:28 Il le faisait lorsqu'il était archevêque à Benozaïre.
02:31 Il a continué à avoir cette pratique comme pape,
02:35 que ce soit du reste en Italie ou à l'étranger.
02:38 Il s'est rendu dans des prisons en Bolivie, au Chili, aux États-Unis notamment.
02:42 Et comme je vous le disais, il marque là son souhait
02:46 de montrer que l'Église, le catholicisme, l'évangile concernent tout le monde
02:51 et donc qu'il n'entend exclure aucune personne dans son approche pastorale.
02:56 Cette biennale 60e édition est consacrée,
02:59 vous l'avez souligné, aux questions de migration des étrangers.
03:03 François devrait donc y être à son aise.
03:05 Bien sûr, vous avez raison.
03:07 C'est un thème qui est un thème central dans son pontificat.
03:10 On se souvient que dès 2013-2014,
03:13 il s'est rendu à Lampedusa, puis dans l'île de Lesbos,
03:16 qu'il est revenu de Lesbos du reste avec des migrants musulmans.
03:21 Et que lorsqu'il est venu en France, à Marseille,
03:24 il avait fait de cette thématique de la protection des migrants,
03:28 de l'accueil des migrants,
03:30 l'une des thématiques centrales de ce déplacement à Marseille.
03:33 Et puis on retrouve ce type de discours dans ces différents déplacements.
03:37 Là encore, c'est son souhait de marquer que personne
03:41 ne laisse indifférent l'Église catholique.
03:44 Et puis c'est aussi, je dirais, la vocation habituelle,
03:47 à la fois humaniste et humanitaire de l'Église catholique,
03:50 que de s'intéresser au sort des exclus, là en l'occurrence des migrants.
03:53 François Mabille, revenons si vous le voulez bien sur ce que vous avez dit sur la culture.
03:57 Pour le conservateur de l'exposition,
04:00 l'Église doit consolider un dialogue fructueux et étroit
04:04 avec le monde des arts et de la culture.
04:06 Fin de citation.
04:07 Qu'est-ce qu'il faut comprendre derrière ce jargon ?
04:10 Alors derrière ce jargon, je vais utiliser un autre jargon, mais qui est intéressant.
04:16 L'une de mes collègues, Daniela Hervieux-Léger, a parlé il y a quelques années
04:19 d'exculpuration du catholicisme.
04:21 Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ?
04:22 Elle voulait dire que dans nos cultures contemporaines,
04:25 les symboles catholiques, la culture catholique,
04:29 la connaissance de l'histoire du catholicisme ne font plus sens.
04:33 Et donc, d'une certaine manière, en Europe, en Occident,
04:36 le catholicisme disparaît peu ou prou de nos horizons culturels.
04:41 Et donc, tout l'enjeu pour le pape et l'Église catholique,
04:45 c'est précisément de se resituer dans les politiques culturelles contemporaines
04:51 et également de montrer que le catholicisme concerne de multiples manières
04:56 nos contemporains.
04:58 Donc, il y a différentes façons de le faire.
05:00 Et bien évidemment, l'entrée par les arts est l'une des manières
05:04 qui peut être empruntée.
05:05 Ce qu'on peut aussi rappeler peut-être, c'est que les histoires de Venise
05:09 et de la papauté sont étoitement liées, non ?
05:12 Bien sûr, bien sûr.
05:13 Il ne faut pas oublier que l'un des derniers papes, Jean XXIII,
05:16 avait été patriarche de Venise.
05:18 Donc, il y a aussi là un intérêt particulier dans l'histoire du catholicisme contemporain.
05:24 Vous avez raison.
05:25 Et pour se quitter, François Mabillamou, peut-être de cette autre annonce.
05:28 Le pape François va participer en juin prochain au sommet du G7
05:32 sur l'intelligence artificielle.
05:34 On peut dire qu'il a le chic pour aller sur des terrains
05:36 où on n'attend pas forcément, non ?
05:38 Vous avez raison.
05:39 C'est un pape qui est âgé, on le dit.
05:42 On parle beaucoup de sa démission.
05:44 Et en même temps, il faut remarquer qu'il est sur des fronts divers et variés,
05:50 mais qui sont effectivement très contemporains.
05:52 Et d'une certaine manière, il y a un lien entre ce que vous venez de dire,
05:54 l'intelligence artificielle et la culture contemporaine.
05:57 Tous les enjeux actuels tournent autour de l'impact de l'intelligence artificielle
06:01 dans nos sociétés dans les prochaines années.
06:04 Le pape qui a déjà consacré son dernier message pour la journée mondiale de la paix
06:08 au mois de janvier dernier, il y revient.
06:10 L'Académie pontificale des sciences travaille sur ce sujet.
06:14 Donc, il y a une mobilisation qui se fait derrière le pape François
06:18 sur ces sujets qui concernent bien évidemment également le catholicisme,
06:21 l'Église catholique.
06:22 Merci beaucoup, François Mabillamou, pour cette analyse du déplacement aujourd'hui.
06:28 Du pape François à la Biennale de Venise, François Mabill, chercheur au CNRS,
06:31 directeur de l'Observatoire de géopolitique des religions à l'IRIS.
06:35 Merci.
06:36 Merci.