Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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TVTranscription
00:00Laura Mourad, bonjour à tous les deux.
00:01Bonjour.
00:02Je suis ravie de vous recevoir dans Tête à Tête.
00:04J'ai adoré ce film depuis le festival de l'Alpe d'Huez
00:07puisqu'il a été présenté là-bas en avant-première.
00:09Il avait fait sensation, donc je suis ravie qu'on en parle.
00:11L'important, c'est de ne pas avoir peur de tomber amoureux,
00:15nous dit la bande-annonce.
00:16C'est une phrase qui, à elle seule, résume bien tout l'esprit du film, Mourad.
00:19Tout seulement.
00:20C'était un peu l'idée, quoi.
00:21C'était de raconter que l'amour, c'était pas forcément une difficulté.
00:24Ça pouvait être aussi des bons moments.
00:27Je rappelle, et on va en reparler plus longuement,
00:28que c'est l'adaptation de votre roman.
00:30Comment exprimer ses sentiments lorsqu'on se l'interdit ?
00:33C'est tout le dilemme du personnage d'Anis,
00:34interprété par Kimmel Gemili,
00:36qui se dit inapte à l'amour,
00:38jusqu'à ce qu'il croise la route de Madeleine.
00:40Et en même temps, comment ne pas succomber au charme de Madeleine ?
00:44Je crois d'ailleurs, Laura, que vous aviez dit
00:45que c'était pas envisageable pour vous de ne pas avoir le rôle.
00:48À partir du moment où j'ai su qu'il existait, non.
00:50C'est-à-dire que quand il est venu me donner le scénario,
00:53j'ai pas trop compris s'il me le donnait comme une proposition ferme.
00:56Et donc, quand j'ai commencé à le lire,
00:58je ne savais vraiment pas si c'était pour moi.
01:00Enfin, je me disais,
01:01mais est-ce que je vais passer un casting avec 25 autres actrices ?
01:04Où est-ce qu'il me l'a donné ?
01:05Parce qu'il me l'a donné après un spectacle.
01:06Donc, c'était un peu bizarre.
01:07Je l'ai mal donné.
01:08Oui, il me l'a jeté un peu.
01:09Il me l'a jeté un peu.
01:10C'était pas clair.
01:10En fait, je...
01:11Et pourquoi c'était pas clair ? Vous égoutiez ?
01:13Non, mais parce que moi, j'ai beaucoup de...
01:14Non, mais pas du tout.
01:15J'ai beaucoup de mal à porter de l'intérêt aux gens.
01:18J'ai un truc depuis que je suis gosse.
01:19Vous apportez l'intérêt ?
01:20Non, c'est pas à porter de l'intérêt.
01:21Oui.
01:22Alors, montrer.
01:23Oui, alors montrer que j'ai envie...
01:25C'est quand on voit votre écriture.
01:26Franchement, vous les aimez tellement, vos personnages.
01:28Oui, mais à l'écrit.
01:29À l'écrit, j'arrive à donner d'amour.
01:31Ah, c'est ça.
01:31Au quotidien, je suis très mauvais.
01:33Et c'est pour ça que je le fais à l'écrit.
01:34Et du coup, je lui ai donné en mode...
01:36Tiens, vas-y.
01:37Tranquille, tranquille.
01:39Mais pour moi, c'était vraiment une proposition.
01:41C'était elle et je ne voyais personne d'autre.
01:43Bon, ça tombe bien, elle a accepté.
01:44Et ça donne ce film très réussi.
01:46Alors, Madeleine, qu'est-ce qui vous plaît tant chez elle ?
01:49Elle était vive.
01:50Elle était au clair avec son histoire.
01:52Et en même temps, je la trouvais active dans sa vie.
01:55C'était un peu une femme de son temps.
01:56Elle n'est pas sacrificielle, encore une fois.
01:58Ça, je l'ai beaucoup répété.
01:59Mais elle est moteur et tendre.
02:00C'est-à-dire qu'elle voit ce mec
02:02qui, quand même, ne tient pas vraiment la route.
02:03Elle le sait.
02:04Elle pourrait le coincer au bout de deux secondes, trente.
02:06Mais elle n'est pas dans une espèce de vision capitaliste
02:09de la relation.
02:09C'est-à-dire que ce n'est pas parce que tout
02:10ne lui convient pas d'un coup
02:11que ça va devoir dégager.
02:12Elle dit, voilà, j'ai vu, mais je ne vais pas prendre en charge.
02:16Par contre, j'ai vu.
02:18Tiens, c'est le chemin.
02:18Et puis, on voit ce que c'est.
02:19Et je vais le tirer vers le haut.
02:20Exactement.
02:21Il y a vraiment toutes les composantes de la comédie romantique.
02:24Et pourtant, Mourad, vous arrivez, avec l'amour,
02:26c'est surcoté, à renouveler le genre,
02:27à porter un regard aussi très en prise
02:29avec le monde d'aujourd'hui.
02:31Qu'est-ce que vous avez voulu saisir aussi
02:33de notre époque avec ce film ?
02:34Comme elle disait, moi, je trouve que justement,
02:36on accepte de moins en moins les imperfections des gens.
02:38Et c'est ce qui m'intéresse le plus en plus.
02:40Donc, quand je travaille le bouquin
02:43et derrière l'adaptation,
02:44c'est ce que j'ai envie de raconter.
02:45J'ai envie de raconter notre réalité.
02:46Alors, essayer de monter un peu les curseurs
02:48pour en faire quelque chose d'un peu plus acceptable.
02:50Et je pense que le cinéma, c'est aussi ça.
02:53C'est des fois, la vie, elle n'est pas assez à la hauteur.
02:54On essaye de la rendre vachement plus...
02:56Arrête de me regarder comme ça.
02:57Je sens qu'elle est juste ce qu'elle raconte.
02:59Non, en plus, je te trouve intelligent, là.
03:01Non, mais je ne sais pas.
03:02Tu ne peux pas les regarder.
03:02Ils sont bizarres, ces hommes,
03:04à ne pas vouloir esquivre, moi, t'aimer.
03:05On est tellement habitués
03:06qu'à un moment donné, il va y avoir une chine-vane.
03:08À chaque fois que je le regarde,
03:09quand il parle bien, ça le stresse.
03:11Alors que je suis bien de toi, moi.
03:14Et j'en étais à...
03:17Je ne sais plus.
03:17Le cinéma qui...
03:18Mais ouais, voilà, c'est ça.
03:19C'est un peu...
03:20Moi, c'était ça.
03:21C'est raconter la vie,
03:24mais un peu mieux, quoi.
03:27Tous tes frères sont déjà casés.
03:28Toi, ça, on est où ?
03:30Tu sais, moi, j'aime bien
03:30les femmes indépendantes libres.
03:32Putain, mais t'es sérieux, là, Guy Georges ?
03:34De garder les yeux ouverts pour m'embrasser ?
03:36On les a ouverts en même temps.
03:37Tout le monde a peur de quelque chose dans la vie.
03:38C'est ce que dit le personnage de Madden.
03:40C'est aussi un film sur comment surmonter ses angoisses.
03:43Ouais, totalement.
03:44Et qui donne vraiment la force pour ça.
03:46Totalement.
03:47Et puis, il y avait aussi, justement,
03:48il y a cette idée de...
03:50L'amour peut être une peur.
03:52Tomber amoureux peut être une peur.
03:53C'est ce qui se passe avec le personnage d'Anis.
03:55C'est qu'il fait de...
03:56La peur de souffrir à nouveau.
03:57La peur de souffrir à nouveau.
03:58La peur de lâcher prise, quoi.
03:59Et la peur de perdre.
04:00C'est surtout ça, la peur du lâcher prise.
04:01Monrad, est-ce que la littérature,
04:03elle permet cette liberté de ton
04:05que le cinéma n'autorise pas toujours ?
04:08Oui.
04:09Moi, je prends beaucoup plus de plaisir,
04:11on va dire, à l'écriture sur la littérature
04:13parce que le champ des possibles est quand même illimité.
04:16Mais le cinéma, ça m'a rappelé quand même
04:19l'ambiance vestiaire,
04:21le côté partir ensemble, la colonie de vacances.
04:24Et en fait, ça a toujours été comme ça.
04:26Moi, j'aime bien le travail d'équipe.
04:29Surtout que là, vous êtes gâté sur le film.
04:31Donc, il y a Laura, il y a Kim Djémili,
04:33il y a Benjamin Tranier,
04:34il y a François Damiens aussi.
04:37Il y a un beau casting.
04:37Alors, j'imagine bien que la partition était déjà parfaite,
04:40mais avec des acteurs comme eux,
04:42est-ce que, quand même, vous avez pris un peu d'impro ?
04:44Est-ce qu'il y a eu des choses de rajouter ?
04:46Oui, complètement.
04:47En fait, moi, je leur donne les vannes
04:49et puis derrière, ils les sortent à l'identique,
04:52mais derrière, ils ramènent des punchs, des trucs.
04:54Franchement, la moitié du temps, je gardais,
04:56et même en montage, j'ai gardé leurs versions.
04:59Parce que c'est souvent plus marrant que ce que j'avais écrit.
05:02Ah bon ? Moi, je ne trouve pas.
05:03On a improvisé, déjà ?
05:04Oui, il y en a beaucoup.
05:05Ah ouais ?
05:06Non, moi, je me rappelle qu'on a vachement fait des trucs en Alsacien,
05:08parce qu'on faisait l'accent en Alsacien,
05:10mais je me rappelle que ça était...
05:11Sur tournage, en fait, souvent, ça récupérait derrière.
05:13Ok, je ne me rappelais plus de ça.
05:14Et puis, l'avantage aussi avec les comiques...
05:17Les petites choses, j'imagine.
05:18Avec les comédiens issus de l'humour, c'est que...
05:20Les comiques.
05:21Les comiques ?
05:22Les salte-pain-banques ?
05:23En fait, ils prennent tellement de plaisir
05:25qu'ils ont envie de se faire des vannes.
05:27Et du coup, il y a une surenchère de vannes.
05:29Et des fois, moi, en montage, je récupère la dernière vannes.
05:31C'est trop bien.
05:31Non, moi, je suis de l'autre côté, moi.
05:34Vous auriez pu jouer aussi dedans, non ?
05:35Non, je ne suis pas un très bon comédien.
05:38Non, j'ai essayé, mais je ne sais pas trop mon truc.
05:40J'ai fait un peu de scène.
05:40Je ne suis pas trop kiffé.
05:42Vous n'êtes même pas posé la question ?
05:44Non, jamais.
05:45Jamais, parce que je pense qu'il y a des gens
05:47pour qui c'est vraiment une vocation.
05:48Ils savent faire, et puis c'est un métier passion.
05:50Je prends plus de plaisir, moi, à écrire.
05:52Donc, je ne vais pas prendre la place de quelqu'un d'autre.
05:54Alors, l'écriture, c'est votre fort.
05:55Au-delà des punchlines, il y a des petites pépites
05:57comme cette phrase.
05:58« Si tu es aimé par la lune,
06:00peu importe que les étoiles te haïssent. »
06:02C'est aussi une facette plus...
06:03Ça me fout les frissons.
06:05Poétique du film, parce qu'on rit beaucoup,
06:06mais il y a aussi beaucoup d'émotions.
06:08C'est ça qu'on aime.
06:09Oui, c'est ça.
06:10C'était l'idée d'amener un peu de poésie
06:12dans le film et de...
06:14C'est la musique de fin, ça, non ?
06:15Exact, oui.
06:16Et est-ce que tu l'avais déjà entendu avant ?
06:18Oui, c'est un proverbe algérien
06:19que j'avais entendu dans une chanson
06:22quand j'étais très jeune.
06:23J'aurais adoré que tu disais un podcast.
06:24Dans un podcast.
06:25Dans la guerre d'Algérie.
06:26Non, c'était un mec, un alcoolique
06:28sur la quai de la gare.
06:29J'ai entendu, il a dit ça.
06:30Je me disais, bien, je l'ai noté.
06:32Non, non, c'était...
06:32Il faut toujours noter.
06:34Il note tout le temps, lui.
06:35Oui, je fais que ça.
06:36C'est horrible.
06:36Des fois, on fait des soirées ensemble
06:37et il note.
06:38Oui, je passe du temps.
06:39Oui, oui, ce qu'on dit.
06:40Les vannes.
06:41J'ai pas de mémoire.
06:41On travaille pour lui gratuitement.
06:42Oui, ça rende pas compte.
06:44Je ne sais pas le dire.
06:45C'est ça, à fond.
06:47Laura, vous êtes en duo
06:48avec Hakim Jemili.
06:49Vous connaissez bien.
06:50Oui.
06:50C'était comment, alors, ce tournage ?
06:52Vous étiez contente de vous retrouver ?
06:53Oui, je ne le connaissais pas très bien.
06:55Avant le tournage,
06:56je l'avais croisé.
07:01Non, on a écrit pendant le tournage.
07:02Oui, on a écrit pendant.
07:03Mais on ne se connaissait pas avant.
07:05Et du coup, oui, oui,
07:06on a été en fusion pendant quelques mois
07:07parce qu'on était hyper connectés
07:09sur l'humour.
07:10Donc, c'est vrai qu'on ne s'est pas lâchés.
07:12En plus, je pense qu'il avait besoin
07:13d'être cadré.
07:14Moi, j'avais besoin d'être relâchée.
07:15Donc, en fait, il y avait un truc
07:16qui marchait super bien.
07:18Et on a encore cette énergie
07:19qui fonctionne très bien entre nous.
07:20Et donc, c'était évidemment génial
07:22de tourner avec lui.
07:22C'est un de mes plus beaux tournages
07:24puisque j'ai beaucoup, beaucoup rigolé.
07:25Et le duo, quand on le voit à l'écran,
07:27on se dit, mais oui.
07:29En fait, il y a une espèce d'évidence.
07:30Oui, c'est ça.
07:31C'est qu'en fait, surtout maintenant,
07:32quand je le vois à l'affiche,
07:34je me dis, oui, mais en fait,
07:35il n'y a personne d'autre.
07:36Je n'entends pas.
07:37Votre numéro de téléphone.
07:39Mais non.
07:40Plus de tact.
07:42Moins rapide, là.
07:44C'est bien.
07:44Pardon, je ne fais pas ça
07:45d'appliquer les bonnes sortes.
07:4806 47 38 22.
07:51Bonsoir.
07:52Je t'ai donné les huit premiers chiffres.
07:54Tu trouves les deux derniers.
07:54Tu m'appelles.
07:55Ça fait 99 options.
07:58C'est beaucoup.
07:59Avec 0-0, ça fait 100.
08:01Enchantée, je m'appelle Madeleine.
08:03Enchantée, Madeleine.
08:04Moi, c'est les pancakes.
08:06C'est marrant, ça.
08:08C'est vrai.
08:09Bonne soirée.
08:11Oui.
08:14Et je n'ai plus de berguit.
08:16Non, mais ce qui est super marrant,
08:17c'est qu'après,
08:19quand on tournait au début,
08:20lui, il venait tout le temps nous voir
08:22et il nous disait toujours
08:22« J'y crois pas, quoi.
08:24Mais c'est vraiment, ça marche.
08:25Mais vraiment, mieux.
08:25Qu'est-ce que je pensais ? »
08:26Et vraiment, il n'en revenait pas
08:27pendant 10 jours, quoi.
08:28Il s'est convaincu pendant le tournage.
08:30Mais en fait, pendant...
08:31Parce que tu te fais des images,
08:33tu as tout le truc.
08:33Et puis, quand tu vois le rendu...
08:35Dès la scène de rencontre,
08:36on est venu en téléphone.
08:37Tu dis, c'est bon, on est dedans.
08:39Ils ont compris.
08:41Et puis, il y a un truc avec Hakim aussi
08:43qui est génial,
08:43c'est que c'est un mec
08:45qui accepte les filles marrantes.
08:47Ouais, grave.
08:48Et ça, on n'en parle pas,
08:49mais il y a...
08:50Dans l'humour, on voulait dire.
08:51Mais dans la vie, en général,
08:53les mecs, ils ont très peur
08:54des filles marrantes.
08:55Ouais, grave.
08:56Et du coup, Hakim, lui,
08:57il n'a pas ce truc-là.
08:58Vraiment, quelqu'un est marrant,
08:59il est marrant.
09:00C'est généreux là-dessus, quoi.
09:02Et du coup, il y a...
09:04C'était sûr que ça allait matcher, quoi.
09:05Il y en a un autre qui est marrant
09:06dans le film,
09:07c'est François Damien.
09:08Ouais.
09:09Là, qui joue votre père.
09:10C'était vos retrouvailles, d'ailleurs.
09:12Ouais, ouais.
09:12Ouais, c'était inténable.
09:13C'est un père un peu particulier.
09:15Un petit peu.
09:15Il peut foutre la honte, quand même.
09:17On est d'accord.
09:18Ouais, ouais, ouais.
09:19Le papa gênant, quoi.
09:20C'est la gênance.
09:21C'est un boulevard, quoi.
09:22C'était vraiment un boulevard.
09:24Ça, c'était vraiment...
09:24Parce qu'en plus,
09:25il adore faire ça dans la vie,
09:26mettre les jambes à la l'aise.
09:28C'est pas qu'en caméra cachée,
09:29vraiment, il adore faire ça.
09:30Moi, je lui dis tout le temps
09:30qu'il me fout la honte.
09:32Et c'est vrai qu'il fout la honte.
09:33Et franchement,
09:34on n'a jamais aucun plan raccord
09:35tellement rigolé.
09:36On n'en rie pas.
09:36C'était dur à monter.
09:38Très dur.
09:39Et puis, en fait,
09:39on le sait,
09:39surtout quand moi,
09:40je regarde Les Roches,
09:41je vois que je sais très bien
09:42que de l'autre côté,
09:43il y a François Damien
09:43qui fait le gogole, quoi.
09:46Ah ouais, sourire.
09:46Et du coup, tu te dis,
09:47mais je comprends pourquoi
09:48l'Aakim et Laura,
09:49ils n'arrivent pas à être sérieux
09:50parce qu'ils l'ont d'autre côté.
09:51Pas du tout.