Vous l’avez observé, l’Intelligence Artificielle est à la une de l’actualité. Pour beaucoup d’humains, cet outil est la panacée pour gagner du temps, de la productivité, récupérer des données, servir les clients, plus grave pour les militaires avec des robots tueurs… Même si cette technologie est utile, l’IA peut s’avérer être un danger pour les libertés individuelles, l’emploi, la culture, la démocratie, l’écologie… Au final, l’IA peut être une réelle menace pour l’avenir d’une société humaine ! C’est donc à partir d’infos de spécialistes critiques que Christophe Tricart a imaginé une bande dessinée humoristique et gentiment caustique : "L’Intelligence Artificielle s’amuse". En plus de s’amuser et de créer des gags, l'auteur a eu envie d’informer, de susciter des réflexions et de faire sourire… intelligemment tous les lecteurs de 7 à 107 ans !!!
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00– Bonjour à vous tous et bonjour à notre invité Christophe Tricard, bonjour monsieur.
00:10– Oui, bonjour.
00:11– Christophe Tricard, vous êtes scénariste bande dessinée, ex-éditeur,
00:15formateur en humour positif dans les entreprises,
00:18vous êtes aussi l'auteur de 42 ouvrages et le dernier pour TV Liberté,
00:23la présentation L'intelligence artificielle s'amuse,
00:27visiblement elle s'amuse avec des humains comme avec des marionnettes.
00:33Alors votre préfacier, il est le président de l'Association française contre l'intelligence artificielle,
00:40Cédric Sauvia, il dit de l'IA qu'on ne connaît aucune limite théorique la concernant,
00:48alors qu'est-ce qu'il entend par là ?
00:49– En fait aucune théorie, parce qu'un exemple tout bête,
00:53c'est-à-dire qu'il y a quelques années déjà, des chercheurs se sont aperçus que deux IA,
01:00deux robots avaient imaginé une langue qui était complètement incompréhensible,
01:06c'est-à-dire que théoriquement, effectivement, il y a des connexions neuronales qui se font artificielles,
01:14dont on connaît peu les limites, parce que comme tout va trop vite, on est un petit peu désemparé.
01:21– Et c'est-à-dire que vous êtes en train de nous dire que des intelligences artificielles
01:25peuvent communiquer entre elles sans que l'homme y comprenne quoi que ce soit ?
01:29– Oui, oui, ça date déjà de 2018 quoi, donc c'est plus effectivement toute l'inconnu quoi,
01:35donc c'est vraiment assez dramatique et dangereux quoi.
01:38– Alors, ce terme d'intelligence artificielle, d'où vient-il ?
01:42– Il remonte en fait, paradoxalement, depuis longtemps quoi, c'est-à-dire depuis 1950 quoi,
01:52c'est-à-dire que les premiers ordinateurs à intelligence neuronale ont été conçus à cette époque-là,
01:59et il y a un monsieur qui a imaginé un test, ce qu'on appelle Turing d'ailleurs,
02:05qui est toujours utilisé quoi, et donc pour tester l'intelligence artificielle,
02:09donc voilà, ça date déjà de plus de 75 ans quoi.
02:13– Le scientifique britannique Alan Turing.
02:15– Voilà, tout à fait.
02:16– Qui avait inventé cette machine pour décrypter la machine nazie Enigma.
02:21– Voilà, tout à fait, oui.
02:22– Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça fonctionne, une intelligence artificielle ?
02:26– Alors, pour faire simple, parce qu'on pourrait y passer des heures,
02:29d'abord à la base quoi, il y a de l'humain quoi,
02:31c'est-à-dire qu'il y a des gens qui emmagasinent des millions de données quoi,
02:37surtout à des pauvres gens en Afrique,
02:41et à partir de là, il y a tous des systèmes quoi,
02:44donc neuronales, artificiels quoi,
02:46donc qui sont intégrés quoi,
02:49et qui, avec une entrée et puis une sortie quoi,
02:51donc de données, et puis des algorithmes qui font tout leur travail.
02:56– Est-ce qu'une intelligence artificielle peut être elle-même créatrice de valeurs, de contenus ?
03:03– Ben, je ne pense pas non, parce qu'en fait, c'est que des données que l'on lui a intégrées quoi,
03:08c'est-à-dire qu'effectivement, même si elle est très sophistiquée,
03:11s'il y a des algorithmes qui sont très, entre guillemets, intelligents,
03:15elle ne peut pas être créative, elle reproduit quoi,
03:18de ce qu'on lui demande quoi.
03:21– Mais vous nous disiez tout à l'heure qu'on avait constaté que deux intelligences artificielles
03:26communiquaient entre elles dans un langage qui nous était inconnu,
03:30donc ça veut dire qu'elles sont quand même capables de créer quelque chose et qui nous dépassent en plus.
03:34– Ouais, c'est ça, en fait, il y a une inconnue quoi, à ce niveau-là quoi.
03:38Donc elle est créative dans son domaine,
03:40c'est-à-dire qu'elle est capable, à travers des données quoi, de reformuler tout ça.
03:44On voit bien d'ailleurs, lorsqu'on demande à l'IA de nous écrire un texte ou un CV,
03:51ils vont nous pondre quelque chose qui, techniquement, est très judicieux quoi,
03:57mais qui n'a pas d'âme quoi, pour en revenir, pas d'émotion quoi.
04:00– Alors vous évoquez un petit peu le traitement qui est réservé à certaines personnes en Asie ou en Afrique,
04:06vous dites que ces gens qui travaillent pour une intelligence artificielle,
04:11les travailleurs de l'IA sont traités comme des esclaves.
04:13– Bah oui, c'est abominable, c'est-à-dire qu'ils travaillent de 8 à 10 heures, voire plus quoi,
04:17pour quelques dollars par jour quoi, c'est-à-dire qu'eux sont devant leur écran quoi,
04:23en train de rentrer des données quoi, dans l'ordinateur quoi,
04:28pour que l'IA effectivement puisse travailler quoi.
04:30Donc il n'y a aucune condition de travail, aucune condition de bien-être quoi,
04:35tout ça pour que l'Occident puisse utiliser l'IA quoi.
04:39– Alors vous faites un petit peu d'écologisme évidemment,
04:42en lien avec cette intelligence artificielle,
04:44est-ce qu'on sait aujourd'hui combien les IA qui sont sur la planète consomment d'énergie ?
04:50– Déjà, quelque chose pour les gens qui nous écoutent quoi,
04:56un data center qui est le gros mastodon, le bâtiment qui rassemble des données quoi,
05:03consomme l'équivalent de la ville de Lyon en électricité quoi,
05:08non peut-être pas quand même, mais une ville de 50 000 habitants quoi,
05:11donc c'est énorme quoi, et sans quoi, je crois que ça va bientôt être à 4%
05:17de toute l'énergie qui est consommée dans le monde quoi, c'est vraiment énorme quoi.
05:21– Alors, qui utilise une intelligence artificielle au quotidien ?
05:26Vous dites qu'à ce titre, les femmes sont plus malicieuses que les hommes.
05:29– Oui, alors, pardon, là oui, en fait c'était un petit clin d'œil que j'ai voulu faire,
05:34c'est dire que statistiquement, elles vont plus réfléchir,
05:38c'est-à-dire que les hommes vont plus l'utiliser d'une manière pour jouer,
05:42pour manière ludique, alors que les femmes, donc c'est statistique,
05:46j'ai rien inventé quoi, vont l'utiliser d'une manière plus pratique,
05:50c'est-à-dire à bon escient entre guillemets quoi.
05:52– D'accord, alors l'intelligence artificielle,
05:55on l'a évoqué déjà beaucoup sur TV Liberté,
05:58suscite des inquiétudes en matière d'emploi,
06:01est-ce que cette IA, son développement peut provoquer un chômage de masse
06:06encore plus lourd qu'il ne l'est aujourd'hui ?
06:09– Ah, il est déjà là, c'est-à-dire que, par exemple,
06:12il y a des professions comme les traducteurs, les doubleurs, les graphistes,
06:18il y a de 40% à 50% de leur chiffre d'affaires qui est déjà diminué, quoi,
06:25ou alors elles vont travailler pour des prestations six fois moins importantes qu'avant, quoi.
06:31Donc oui, il y a déjà, quoi.
06:33Donc à terme, on peut avoir, il y a une étude qui a été faite,
06:37je ne sais plus, par un grand organisme qui prévoyait déjà officiellement
06:40475 millions de chômeurs dans les prochaines années, quoi.
06:45Donc c'est vrai que, contrairement au discours officiel qui nous dit
06:49« oui, tout va bien, madame la marquise », non, non, non, c'est abominable,
06:53c'est-à-dire que ça va réduire énormément,
06:55et aussi au niveau des conditions de travail, de rémunération.
06:59– Alors avec l'IA, c'est toujours un petit peu à double tranchant,
07:02est-ce qu'en termes de santé, on peut s'attendre à quoi on peut s'attendre ?
07:06Est-ce qu'on ne peut s'attendre à que du bien ?
07:09– Alors bon, côté positif, effectivement, comme c'est,
07:12ils rassemblent et puis ils vont très vite, quoi,
07:14lorsqu'on donne une radio à un médecin, un médecin ou un radiologue,
07:18il peut tout de suite discerner ce qu'il…
07:21beaucoup plus vite à aller chercher des données, quoi.
07:23Donc ça peut être le côté positif, quoi.
07:25Le côté négatif, par exemple, ce que me disait un ami médecin,
07:29c'est qu'avant, les laboratoires pharmaceutiques faisaient la corruption aux médecins, quoi.
07:36Maintenant, ils vont corrompre les algorithmes.
07:39Donc ça va être doublement plus efficace, quoi, oui.
07:41– Alors il y a aussi l'histoire dans votre bande dessinée,
07:45Christophe Tricard, de cette Américaine, Rosanna Ramos,
07:49qui a épousé une intelligence artificielle qu'elle avait elle-même créée
07:53sur l'application Replica AI.
07:57Qu'est-ce que ça révèle de notre société, ce genre de comportement ?
08:00– Ça révèle une grande solitude, quoi, des gens, quoi,
08:03et ne plus aller vers l'autre aussi, quoi.
08:04Donc c'est vrai que c'est beaucoup plus facile d'avoir un modèle
08:07que l'on crée à notre image, quoi.
08:10Donc un petit peu un conte de fées, c'est-à-dire qu'auparavant,
08:13il y avait le prince charmant qu'on allait chercher dans les livres, quoi,
08:17ou dans les films, maintenant, on va le chercher vers un algorithme
08:20que l'on construit lui-même.
08:22C'est-à-dire que si on veut avoir un personnage,
08:24je caricature un beau bolon d'1m90, bien barraqué, tous les sens,
08:29on le crée, quoi.
08:30Sauf que dans la réalité, d'une part, on paye, quoi,
08:32parce que c'est un prestataire de service, qui est inhumain, quoi,
08:37et puis qui amène à des suicides, quoi.
08:39Là, c'était bon, voilà.
08:41Mais il y a eu des suicides qui se sont passés déjà aux États-Unis
08:44ou en Angleterre, quoi.
08:44– Je me souviens, dans les années 90, on nous disait que l'informatique
08:49et Internet nous permettraient d'aller plus vite
08:52et donc de faire autre chose que de travailler
08:56ou que d'être sur un poste avec un ordinateur.
08:59Mais aujourd'hui, on est complètement aspiré par ce progrès technique.
09:03Comment vous l'expliquez, ce phénomène ?
09:06– En fait, je pense qu'il y a plusieurs explications.
09:09C'est que d'une part, on veut aller, comme vous le dites,
09:12toujours plus vite, quoi, et puis avec de la facilité, quoi.
09:15C'est-à-dire qu'effectivement, on appuie sur un bouton,
09:18on appuie même plus sur un bouton, on appuie sur une voie, quoi,
09:22et on décide, voilà, d'avoir une réponse instantanée, quoi.
09:26Donc, je pense qu'il y a ce côté-là, facilité, quoi, rapidité, quoi,
09:30ne plus essayer d'aller chercher ailleurs, quoi.
09:33Un manque, peut-être, de curiosité, quoi.
09:36C'est-à-dire qu'on voit bien chez les jeunes, quoi,
09:38comment, bon, ben voilà, ils ne vont pas aller chercher dans un gros bouquin,
09:42dans une bibliothèque, bon, à peine sur Google.
09:45Donc là, bon, voilà, s'ils appellent l'IA, tout de suite,
09:48l'IA va leur donner l'information en quelques secondes, quoi.
09:52– En matière de formation des jeunes, est-ce que vous pensez
09:55que l'éducation nationale devrait prendre des pincettes,
09:58ou en tout cas examiner de très près ce qu'est l'intelligence artificielle ?
10:02– Ben oui, ça crée comme un souci, en fait, à se faire,
10:06c'est-à-dire qu'un des dangers, c'est la triche, déjà, quoi,
10:12et puis aller démultiplier, quoi.
10:14Donc, d'une part, le sens critique, aussi,
10:16c'est-à-dire qu'on va avoir des élèves qui ne vont plus du tout avoir
10:20de sens critique, de curiosité, quoi,
10:24donc ils vont aller chercher, bon, voilà, ils vont être tout contents
10:27parce qu'ils auront terminé leur devoir, comment, immédiatement.
10:31Alors, ce qui se passe, c'est une petite tendance,
10:33mais je pense qu'il va s'accentuer, c'est que certains professeurs
10:38ne donnent plus de devoirs à la maison, quoi.
10:40Donc, tous les devoirs sont faits en cours, quoi.
10:44Donc, c'est vrai que ça limite, quoi, la triche,
10:46et puis, peut-être aussi, ça accentue le côté sens critique.
10:50– Alors, pendant les JO, on a pu assister à Paris, en tout cas,
10:55à l'émergence de ces systèmes de vidéosurveillance algorithmiques.
10:59On nous a dit que ça serait temporaire.
11:02Est-ce que l'intelligence artificielle est vouée à devenir,
11:06dans les années à venir, un outil pour surveiller les Français ?
11:12– Ça, c'est indéniable, quoi.
11:14Et si on ne fait pas gaffe, on va suivre le modèle chinois au Coréen du Sud,
11:19où là-bas, comment vous avez, vous ne pouvez pas faire un pas,
11:23même dans les parcs, sans être suivi, quoi.
11:25Et d'ailleurs, c'est même mieux, quoi.
11:27C'est-à-dire qu'avec le Covid, la reconnaissance faciale est un petit peu plus compliquée.
11:32Ils ont mis la reconnaissance plantaire, quoi.
11:34Donc, comme vous marchez, hop, c'est plus le pied à, comment dire,
11:37vous êtes suivi par une caméra.
11:39Et puis, effectivement, avec l'IA, c'est démultiplié, quoi,
11:43en rapidité, en efficacité, quoi.
11:46– Est-ce que l'homme, et ça sera ma dernière question,
11:47Christophe Ricard peut continuer, va pouvoir continuer à vivre dans un monde humain
11:52avec le phénomène de l'intelligence artificielle en peine d'expansion ?
11:57– Alors, moi, je termine toujours par une touche optimiste.
12:02C'est-à-dire que tous ces gens qui sont des grands, soi-disant, grands ponceurs,
12:07qui vont vraiment trop vite, quoi, mettre la charrue avant les bœufs.
12:11C'est-à-dire que rien qu'au niveau énergétique,
12:13le problème, c'est qu'il faudrait construire des tas de centrales nucléaires, quoi.
12:18Donc, dans le meilleur des cas, on n'aura pas des centrales nucléaires
12:20avant 6-7 ans, quoi, parce que…
12:22Et, globalement, on voit bien ce que ça donne en France, quoi.
12:26Le savoir-faire nucléaire a été perdu, quoi.
12:30Ça, et en plus, une technologie.
12:32Donc, il y a ça, quoi.
12:33Et puis, au niveau créativité, imaginons des livres ou des films.
12:37Bon, OK, ça va surprendre dans un premier temps.
12:40Ça va faire adhérer des tas de téléspectateurs ou de lecteurs, quoi.
12:45Mais après, comme toutes les œuvres vont se ressembler,
12:47pourquoi aller voir tel film ou acheter à 18 euros tel livre ?
12:52Non, parce qu'ils vont se ressembler.
12:53Donc, je pense qu'il faut être optimiste.
12:55C'est-à-dire qu'effectivement, actuellement,
12:57on est en pleine… dans l'œil du cyclone, quoi,
13:01où c'est abominable parce que ça crée beaucoup de dangers,
13:05beaucoup de chômage qui commence à venir.
13:07Alors, on bouge beaucoup d'énergie électrique.
13:12Mais je pense qu'il faut être optimiste.
13:14Bon, un petit peu comme la voiture électrique,
13:16qui est déjà presque mort-née.
13:18Bon, ben voilà, on n'en parlera plus.
13:21Ou alors, ça sera une utilisation à bon escient, quoi, très limitée, quoi.
13:24Voilà.
13:25– L'intelligence artificielle s'amuse avec des humains, entre parenthèses.
13:30Et ça, c'est moi qui le rajoute.
13:31Merci à vous.
13:32– Voilà, ce que je voulais aussi préciser, c'est que, bon, c'est à la fois sérieux
13:35et puis aussi, les lecteurs vont voir plein de gags,
13:40de bandes dessinées avec un humour caustique.
13:44– Critique de l'intelligence artificielle.
13:45– Voilà, gentiment, comment, caustique.
13:48– Merci à vous, monsieur.
13:48– Merci.
13:49– Merci.
13:50– Merci.
13:51– Sous-titrage Société Radio-Canada
13:52– Sous-titrage Société Radio-Canada
13:53– Sous-titrage Société Radio-Canada