Le 2 mars 1968, Johnny Hallyday est l'invité de l’émission Bouton Rouge sur la deuxième chaîne de l'ORTF. Dans cet extrait rare, il se confie avec sincérité sur son métier, son rapport au travail et sa passion pour la scène. En prime, quatre performances live captées dans une ambiance électrique, révélant toute l’intensité de l’artiste au sommet de son art.
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MusiqueTranscription
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01:00Je pense que le public est très fidèle tant qu'il ne le soit pas.
01:12Mais ils ont raison.
01:15Je pense que le rôle d'un artiste, c'est de distraire le public.
01:18En fin de compte, quand il y avait des rois, il y avait des bouffons pour les rois.
01:24Je pense qu'en fin de compte, dans notre métier, le public, c'est le roi, et nous sommes les bouffons du public.
01:31Je t'en m'enlève toute ma vie, car dans tous mes jours et mes nuits,
01:36si le jour je tiens droit debout, la nuit je perds, je tombe à genoux.
01:44Musique
01:45Moi je me crête très seul, puisqu'il y a des fois où je me sens mal.
02:08Je l'ai fait parce que je veux leur faire plaisir, parce que c'est normal, ils ont payé pour m'avoir transpiré,
02:17pour m'avoir exprimé des choses que j'ai envie de leur exprimer,
02:21je ne fais que mon métier, normalement.
02:22Musique
02:23Avec ma souffrance, la nuit je l'appelle, comme elle était belle.
02:29Mal, mal, c'est un amour qui me fait bien trop mal.
02:33Mal, mal, on paye toujours mais ça fait bien trop mal.
02:38Mal, mal, quand il n'y a pas toujours plus que j'ai mal.
02:42Mal, mal, c'est un amour qui me fait bien trop mal.
02:48Que celles qui aiment, ils vivent et comprennent.
02:52C'est-à-dire que maintenant, et honnêtement et sincèrement,
02:56tu as autant de liberté que lorsque tu as commencé.
03:02Non, je ne pense pas.
03:04Je ne pense pas parce que tu vois,
03:05je ne peux pas me permettre de faire des choses
03:12qu'un garçon de 24 ans, normalement, peut se permettre.
03:16Moi, je ne peux pas vivre comme un garçon de 24 ans.
03:19Je suis toujours obligé, quand je fais quelque chose,
03:20de penser à ce que je vais faire.
03:24Parce que ça arrive à un gars de 24 ans, c'est 24 ans,
03:27ce n'est pas 40 ans en tout moment.
03:29Ça arrive à un gars de faire des bêtises, des fois.
03:31Si je fais une bêtise, d'endemain, c'est marqué en première page dans tous les journaux.
03:37Et qui en critiquera encore ?
03:38Ce sera moins.
03:43Avec Georges Habert, son parolier.
03:44On est pas sûr que ça peut durer toujours.
04:01Et les gens qui, aujourd'hui, sont là,
04:05qui disent, ouais, Rajanit, t'es le meilleur.
04:08Si un jour ça va reflux,
04:10ils seront ailleurs.
04:11Et personne n'aura t'aider.
04:42Maintenant que je travaille avec lui, je ne vois pas comment, j'imagine pas, enfin j'ose pas dire quelque chose qui pourrait assombrir un peu cette interview,
04:55mais je pourrais même dire que si par hasard il disparaissait comme ça, pour une raison ou pour une autre, je vois pas ce que je ferais.
05:08J'ai des enfants, j'ai une femme, mais je peux aussi, je me paie des choses que, par exemple, j'ai une très belle voiture, j'ai un appartement confortable,
05:21mais autrement, l'argent pour moi ce n'est pas du tout, du tout une obsession, c'est pas... j'avoue que la seule chose qui m'obsède et dont j'ai du mal à me séparer, c'est vraiment la chanson.
05:35Quand on travaille dans cette entreprise, est-ce qu'on n'a pas le sentiment d'être peut-être un peu complice de ce manque de liberté ?
05:42Moi je me demande des fois, oui, s'il n'a pas cette impression que... il est devenu un petit peu... prisonnier justement de son métier.
05:54Je peux dire aussi que c'est un peu la faute des journaux scandales.
06:03Ça influence pas mal de gens, je trouve, et c'est dommage parce que...
06:07ils ne racontent que des mensonges.
06:10Moi je peux le dire, je suis au courant.
06:12Moi je pars des principes où je...
06:14Je lis les journaux le matin pour savoir ce que j'ai fait la veille, parce que ce qu'ils disent c'est aberrant, enfin, aberrant.
06:21S'ils font quelque chose de gentil en disant
06:23Johnny Heddy hier soir s'est bien comporté,
06:26Johnny Heddy a été aussi au cinéma, a été dîné après le sagement et a rentré se coucher, ça n'intéressera personne.
06:32Alors que si j'ai... s'ils racontent que j'ai carambolé 40 voitures, que je me suis battu trois fois dans la soirée, que j'ai fait trois enfants à une fille et tout ça,
06:46et ben ils savent que le journaux se vendra.
06:49Donc qu'est-ce qu'ils font ? Ils font ça.
06:51Est-ce que c'est une histoire vieux, une histoire triste ?
06:53Triste.
06:53Triste.
07:02On va à la Pizzeria Santi.
07:16Santi, c'est ça ?
07:17Oui.
07:17Pizzeria Santi.
07:19Vous connaissez ?
07:20La Pizzeria Santi, vous connaissez ?
07:22Oui, oui.
07:26J'étais là déjà ?
07:27Oui, oui.
07:28C'est la troisième fois.
07:30Oui.
07:30C'est déjà dans le fond pour l'ensemble ?
07:33Oui, je crois.
07:36Je crois qu'on a bien mangé, la peau du vin est bien tordue ?
07:38Oui.
07:42Merci petit Jésus.
07:44Oui, merci.
07:46Merci de la recevoir.
07:50C'était une émission, n'est-ce pas ?
07:51Le lâche tous en plus, non ?
07:53C'est pas fait pour des prunes quand même.
08:17Non, mais vous savez, les gens, on est peut-être des gavons, on sait l'un, mais enfin, quand même, on connaît quelque chose.
08:25Ah oui ?
08:25C'est la caméra à visite.
08:28Oui.
08:34Entre les oreilles et la lumière aujourd'hui.
08:38Les quoi ?
08:38Entre les oreilles et la lumière.
08:41Vous êtes un tarot ou quoi ?
08:44Non, non, non.
08:46Ah, vous êtes costauds ?
08:47Oui, je fais le voir.
08:48Bon, de temps en temps, un petit peu d'animation, ça fait pas de mal, hein ?
09:04Non.
09:05Il faut être jeune.
09:06Oui.
09:06Ce métier a beaucoup d'inconvénients, mais c'est un métier merveilleux.
09:26C'est le seul métier que j'aime, et c'est le seul métier que je sais faire.
09:33C'est le seul métier que j'aime, et c'est le seul métier que j'aime.
10:02C'est le seul métier que j'aime, et c'est le seul métier que j'aime.