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Les racines élémentaires de Volker Schlöndorff
6 premières minutes de L'interview.
Transcription
00:00Le soir, repensons notre quotidien.
00:09C'est la question la plus simple à répondre pour moi.
00:13Je n'ai pas besoin de même une fraction de seconde de réfléchir.
00:19C'est la rencontre avec un personnage que nous on appelait Picasso,
00:24comme Picasso, et qui était père jésuite Arnaud de Solage.
00:32Pourquoi ? Parce que je suis allé en France dans un collège pour deux, trois mois,
00:41pour un trimestre, pour apprendre un peu de français à l'âge de 17 ans.
00:48Et je me suis senti tellement à l'aise là,
00:52parce qu'il y avait une équipe de théâtre,
00:55donc on faisait du théâtre,
00:57il y avait une équipe cinéma,
01:00j'ai vu pour la première fois un film muet,
01:02La Passion des Jeans d'Arc, de Dreyer.
01:06Et tout le monde trouvait parfaitement normal
01:11quand j'ai dit que peut-être un jour j'aimerais faire du cinéma.
01:15Et même, on m'a encouragé.
01:21Tout cela en Allemagne n'aurait pas été possible.
01:24J'ai été au lycée en Allemagne,
01:26il n'y avait pas de groupe de théâtre,
01:28il n'y avait pas de club ciné impensable,
01:31il n'y avait pas de cinéculture en Allemagne à cette époque-là.
01:35Et encore moins qu'on pense à être cinéaste en 1956-57.
01:47Et donc, ce père de Solage,
01:50non seulement il m'a encouragé,
01:54mais quand je lui ai posé la question,
01:56« Mais alors mon père, est-ce que vous pensez
01:58que maintenant le trimestre se termine,
02:02on est au mois de juin ? »
02:06J'étais en seconde.
02:08« Est-ce que si je reste l'année prochaine,
02:12vous pensez que je pourrais passer mon premier bac
02:14à la fin de l'année ? »
02:16Je parlais encore très mal le français.
02:19Je lui ai dit, « Bien sûr,
02:21on dit, bien sûr, tu vas faire ça,
02:23tu vas réussir brillamment,
02:26ne t'inquiète pas,
02:26le français, tu apprendras. »
02:29Et d'ailleurs, il m'a appris à l'aide du soulier de Satin,
02:33parce que, pas qu'il l'aimait particulièrement,
02:35mais il trouvait que c'est le texte
02:37où il y a le plus de mots en français.
02:40Il est allé plus loin.
02:44Tous les ans, il est allé à Bayreuth
02:46pour le festival Wagner.
02:52Il était très, très cultivé.
02:54Et parmi ses amis, il y avait Max Ernst,
02:57Calder et autres.
03:01Mais il s'est arrêté à Wispaden,
03:03la ville où je suis né,
03:06où j'habitais,
03:07où était mon père,
03:08mon vrai père.
03:11Et le père spirituel de Solage
03:14et mon père physique
03:16se sont rencontrés
03:18et il l'a convaincu
03:19que ce serait bien si je reste en France.
03:22Mon père, d'abord, était complètement contre.
03:26Il a dit, « Mais non, tu vas être aliéné.
03:30On va te perdre.
03:32Tu vas te perdre dans une autre culture. »
03:35Tous ces préjugés,
03:36« D'abord, qu'est-ce que c'est ?
03:37Qu'est-ce que tu vas faire chez les jésuites ? »
03:39Nous, on était protestants.
03:41Mais le personnage, donc,
03:44le père de Solage l'a convaincu.
03:47Il a dit, « Mais si, mais si,
03:49monsieur le docteur,
03:50ce sera très bien pour lui. »
03:52Et bien, il avait raison
03:54sur tous les points.
03:57Et s'il ne m'avait pas,
03:58s'il ne m'était pas venu à l'idée
04:00de rester en France
04:02et si, lui, il ne m'avait pas encouragé,
04:06je ne serais pas cinéaste aujourd'hui.
04:09Oui, il avait un groupe de théâtre.
04:11En fait, le collège était organisé en équipe.
04:15Alors, il y avait l'équipe bâtiment,
04:17il y avait l'équipe marin,
04:19le golfe de Morbihan faisait avec la balinière.
04:23Ils allaient faire la voile.
04:26Il y avait l'équipe Science Nat.
04:29Et puis, il y avait une équipe théâtre
04:31qui était l'équipe des Vauriens,
04:33évidemment, des Altimbank.
04:36Mais ce père Picasse,
04:40père de Solage,
04:42était en charge de l'équipe de théâtre
04:44et c'est pour ça qu'il m'a mis là.
04:46Parce qu'à part ça,
04:47il était aussi le prof d'allemand.
04:49Donc, il pouvait...
04:51Je ne parlais littéralement pas un mot d'allemand,
04:53de français, quand je suis arrivé.
04:56Et alors, oui,
04:58un personnage, s'il en fut,
05:01qui a eu une influence incroyable,
05:07qui, 70 ans après, exactement,
05:12puisque j'avais 16 ans,
05:15je me rends compte
05:17combien dans la vie,
05:22tout dépend d'une rencontre,
05:24d'un petit hasard,
05:26d'une voix ou l'autre.
05:27Et après, ça s'est continué comme ça.
05:30Je peux dire que, après,
05:32ça s'est suivi.
05:34Je suis allé pour la philo
05:37au lycée Henri IV à Paris.
05:39Sur le banc, à côté de moi,
05:41il y avait un garçon
05:42qui s'appelait Bertrand Tavernier.
05:44Alors, évidemment,
05:46on s'est encouragé pour le cinéma.
05:49C'est indirectement par lui,
05:52après que j'ai connu Roger Nimier,
05:55qui écrivait un scénario pour Louis Malle,
05:57où j'ai pu faire mon premier stage
05:59pour Zazidon à métro,
06:01et hop,
06:01j'étais rentré dans le cinéma.
06:03Et ainsi de suite.
06:05Je veux dire,
06:06pas arrêter,
06:07mais j'ai l'impression
06:08que c'était toujours,
06:10toujours des rencontres.
06:11Le soir.
06:13Repensons notre quotidien.

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