Chems-Eddine Hafiz, le grand recteur de la Grande Mosquée de Paris, était l’invité de BFM Story de ce lundi 28 avril. Il a été interrogé, entre autres, sur le meurtre d’un fidèle de la mosquée de La Grand-Combe dans le Gard.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00L'info du jour, c'est donc cet auteur présumé du meurtre d'un fidèle musulman dans une mosquée du Gard,
00:08qui s'est donc rendu à la police italienne après deux jours et demi de cavale.
00:14On va en parler dans un instant avec tous mes invités présents autour de cette table.
00:18Pauline Revena, bonjour, chef du service police-justice de BFM TV, Joseph Agostini.
00:23Bonjour, psychologue, clinicien, psychanalyste Guillaume Tabard.
00:27Bonsoir, éditorialiste politique au Figaro.
00:30Et puis, M. Chemseddin Afis, bonsoir, le recteur de la Grande Mosquée de Paris.
00:35Merci beaucoup, M. le recteur, d'être avec nous.
00:37D'abord, on va prendre justement la direction de l'Italier, plus particulièrement de Pistoia,
00:42où se trouve Hugo Smag, notre envoyé spécial avec Jean Desrousseaux présent sur place.
00:47Bonsoir, Hugo.
00:49Est-ce qu'on en sait un peu plus sur les derniers jours, justement, de cette cavale de ce suspect ?
00:55Eh bien, nous avons rencontré son avocat italien.
01:01Effectivement, il nous a expliqué qu'il était arrivé en Italie par le train.
01:05Il est venu à Pistoia, a priori, samedi soir.
01:08Il est venu à Pistoia, qui est à quelques dizaines de kilomètres de Florence,
01:12parce que c'est ici qu'une de ses tantes habite.
01:14Il est arrivé donc samedi soir.
01:15Et le dimanche matin, eh bien, me disait-il, c'est sa tante qui lui a posé des questions,
01:19qui lui a demandé pourquoi il était venu.
01:21Elle n'était pas au courant du fait qu'il était recherché en France.
01:24Il lui a alors avoué avoir commis un meurtre en France.
01:28Et c'est là qu'elle lui l'a enjoint à venir se rendre à la police italienne,
01:33ici au commissariat central de Pistoia.
01:35Et donc hier, vers 22h, accompagné d'un avocat que la famille connaissait,
01:40ils se sont rendus ici dans ce commissariat.
01:42Cet avocat, on lui a parlé, il nous a expliqué que c'était un homme très silencieux,
01:46qui avait l'air confus, qui ne se rendait pas forcément compte de ce qu'il avait commis en France.
01:51Désormais, il y a plusieurs étapes encore pour lui.
01:54Il devrait être présenté à une cour de justice dans les prochains jours à Florence,
01:57qui va lui demander s'il est d'accord pour retourner en France.
02:01D'après son avocat, a priori, il ne va pas s'y opposer.
02:03Il rentrera à ce moment-là en France rapatrié.
02:06Et il sera présenté à un juge d'instruction qui a été désigné sur cette affaire ce matin.
02:10Merci beaucoup, Hugo Smag, avec Jean Desrousseaux depuis Pistoia en Italie.
02:15Alors justement, Pauline, on entendait un instant,
02:17visiblement le suspect ne va pas s'opposer à son retour en France.
02:21Concrètement, ça veut dire qu'il est de retour en France dans combien de temps ?
02:23Il est de retour en France dans quelques jours ou quelques semaines.
02:26Il y a une audience qui va avoir lieu en Italie.
02:27Là, il va donner sa position de principe.
02:29A priori, il ne veut pas s'opposer.
02:31Il va rentrer donc via les accords.
02:33Il va être remis aux autorités françaises.
02:35Et il va aller directement dans le bureau du juge d'instruction.
02:38Le juge d'instruction, on va avoir un interrogatoire de première comparaison
02:41et une très probable mise en examen.
02:43Ce qui est intéressant, c'est de voir dans quel état
02:45il va se présenter devant ce juge d'instruction français.
02:48Et s'il sera en état psychologique, psychiatrique,
02:50de pouvoir comparaître.
02:52Et dans le cas échéant, s'il n'est pas en état,
02:54il y a un collège d'experts qui vont l'expertiser
02:57pour savoir s'il est accessible à une sanction pénale
02:59et s'il peut aller en détention provisoire.
03:01Oui, parce que quand il arrive, comment ça se passe ?
03:02Il y a un, plusieurs psychologues qui l'examinent.
03:04À ce moment-là, avec le procureur, comment ça se passe ?
03:06Oui, mais ça prend du temps.
03:08C'est-à-dire qu'on va d'abord étudier...
03:10On va d'abord le mettre en examen.
03:11D'abord le mettre en examen, effectivement, d'une part.
03:13Et puis ensuite, c'est évidemment le discernement qui va être étudié.
03:17Savoir si, au moment des faits, il était sous l'emprise d'un délire,
03:22qu'il soit d'ailleurs paranoïaque ou schizophrène.
03:25Ça, c'est encore, en tout cas, un état psychotique.
03:27Ou bien si c'est vraiment de son fait qu'il a attenté au jour de sa victime.
03:34Alors, on voit justement les détails sur ce profil d'Olivier A.
03:37Auteur présumé, 20 ans, Pauline, nationalité française d'origine bosnienne,
03:42inconnue jusqu'alors des services de police et de justice.
03:44Les premiers éléments après le fait qu'il soit rendu à la police italienne,
03:47est-ce qu'on a appris des choses supplémentaires ou pas sur son profil ?
03:51Alors, on apprend qu'il est arrivé en Italie sans carte d'identité, sans couteau,
03:56donc il n'y a pas l'arme du crime, et sans téléphone portable.
03:58Qu'ensuite, il rentre en contact avec les membres de sa famille
04:01qui réussissent à le raisonner et à le ramener devant ce commissariat central,
04:05là où il s'est rendu.
04:06On apprend aussi via son avocat qu'il dit ne pas avoir agi par racisme ou en région de la religion,
04:12alors que le parquet, lui, a ouvert une enquête judiciaire.
04:17Mais ce qui est intéressant, c'est que, voilà,
04:20lui dit qu'il a tué la première personne sur laquelle il est tombé.
04:25Alors, il va falloir un petit peu plus nous expliquer,
04:27parce que d'abord, c'est dans une mosquée, c'est un lieu qui n'est pas neutre, si je puis dire.
04:31Et puis, il y a cette vidéo abominable que moi, j'ai pu visionner et que je ne vous conseille pas du tout de visionner,
04:36mais dans laquelle il insulte la personne, il insulte Allah, exactement, Dieu.
04:43Et donc, ça, c'est intéressant et c'est retenu par l'institution judiciaire.
04:47Monsieur le recteur de la Grande Mosquée, est-ce que quand vous avez appris ce matin
04:50qu'il s'était rendu à la police italienne, vous avez ressenti une forme de soulagement ?
04:54Parce qu'on a senti l'émotion énorme que ça a provoqué dans la communauté musulmane, et à juste titre.
04:59Absolument, soulagement, mais en même temps, beaucoup de réflexion pour la famille.
05:03Moi, je pense beaucoup à la famille.
05:04Tout à l'heure, j'étais au téléphone avec le frère d'Abou Bakr,
05:09qui sont en train de vivre un véritable drame.
05:12La vidéo dont vous venez de parler, qui a été visionnée,
05:15elle a été largement diffusée, donc la famille a pu y avoir accès.
05:19Et puis, nous sommes tous atterrés, parce que ça se déroule dans une mosquée, dans un lieu de culte.
05:24Au moment où le jeune Abou Bakr va se prosterner,
05:28donc c'est vraiment un moment, je dirais, religieux, très intense pour lui.
05:32Et donc, effectivement, la communauté aujourd'hui musulmane,
05:35la communauté religieuse musulmane de France est effectivement à la fois atterrée,
05:40mais beaucoup en colère aussi.
05:42Et je crois qu'il est nécessaire pour la France de pouvoir entendre cette partie,
05:46je dirais, de la nation française, parce que depuis très longtemps,
05:50il y a de la tristesse, de la colère, et aujourd'hui, il a fallu un drame,
05:54de ce type, pour que nous puissions aujourd'hui en parler ouvertement.
05:58C'est vraiment pour la première fois qu'on parle de manière tout à fait libre de cette situation.
06:04On a toujours essayé de cacher la haine et les actes anti-musulmans.
06:08Pour vous, on a cherché à la cacher ?
06:10Oui, bien sûr. On a en tout cas cherché en permanence à minimiser.
06:15Il y a aujourd'hui deux poids et deux mesures, c'est clair, à chaque fois qu'il s'agit d'un musulman,
06:19je le dis très calmement, à chaque fois qu'il s'agit d'un musulman, il y a toujours un suspect.
06:24Et pour vous, il y a deux... Je vous arrête une seconde, monsieur le recteur.
06:26Pour vous, il y a deux poids, deux mesures en France.
06:29Vous nous dites quoi ? C'est-à-dire qu'à vos yeux, un citoyen français de confession musulmane est considéré...
06:33Et un citoyen de seconde.
06:34Et moins bien traité que les autres, c'est ça que vous dites ?
06:37Absolument. Je le dis, je le maintiens, c'est peut-être fort,
06:41mais en même temps, depuis des années, que l'islam, les musulmans sont devenus,
06:45je dirais, le prétexte à tout ce qui se passe en France, c'est à cause des musulmans.
06:50Ça, je ne sais pas, je ne suis pas là pour accuser,
06:52je ne suis pas un procureur de la République, je suis recteur d'une institution
06:55où j'entends tous les vendredis des fidèles qui viennent apeurer.
06:59Aujourd'hui encore, si vous voulez, les gens ont peur.
07:02Il n'y a aucune protection des lieux de culte musulmans.
07:05Le ministre de l'Intérieur, hier soir, a annoncé qu'il renforçait la protection de son démocrate.
07:07Il a fallu qu'il y ait ce drame.
07:10Il a fallu qu'il y ait un jeune de 22 ans qui a été assassiné de la manière la plus crapuleuse.
07:16Et quand la personne était en train de lui asséner des coups de couteau avec une force, avec une haine,
07:23à ce moment-là, aujourd'hui, on y pense ?
07:25Je suis à la mosquée de Paris, je reçois entre 15 et 20 000 fidèles tous les vendredis.
07:31Vous diriez qu'il y a eu un défaut de protection de la France envers les citoyens français-musulmans ?
07:36Absolument, absolument.
07:37Il y a aujourd'hui, et j'espère que cette mort ne sera pas vainque.
07:41On est en train de... Actuellement, c'est l'émotion.
07:45Mais il faut qu'on fasse des propositions, il faut qu'on regarde l'avenir ensemble.
07:49Nous sommes tous des citoyens français.
07:51Et je peux vous assurer que les musulmans de France sont à l'évidence de vrais français.
07:57Vous savez, ce jeune Malien, pensons à ses grands-parents,
08:00pensons aux 80 000 Maliens qui sont morts pour la France,
08:04qui ont construit une partie de la France.
08:06Ces Maliens, aujourd'hui, voient que leur petit-fils a été assassiné de la manière la plus terrible.
08:13Moi, je crois qu'aujourd'hui, et j'espère que ça sera pour nous un avenir,
08:17il faut qu'Abou Bakr ne soit pas mort pour rien.
08:20Moi, c'est l'appel que je fais, je ne cherche à condamner personne.
08:24Mais aujourd'hui, je crois que malheureusement, avec un discours extrêmement décomplexé,
08:30aujourd'hui...
08:30Mais qui tient, on va se parler franchement, qui tient ce discours décomplexé à vos yeux ?
08:33Côté, certains médias, certains hommes politiques...
08:36Qui, comme homme politique ?
08:37Attendez, vous ne m'avez pas invité aujourd'hui pour jouer l'accusateur.
08:41Non.
08:41Mais je vous dis...
08:41Mais vous n'êtes pas quelqu'un qui fait de la langue de bois, on vous connaît.
08:44Et vous le savez pertinemment, aujourd'hui, tous les programmes politiques...
08:48Vous n'avez pas vu les dernières élections présidentielles ?
08:51Tout tourner autour de l'islam.
08:52Nous sommes des personnes qui ne sont pas français.
08:55Moi, personnellement, on a toujours, à un moment donné...
08:58On s'est posé des questions.
09:00Je peux vous donner des articles qui me concernent à moi.
09:01Il n'est pas vraiment français.
09:05Il est plutôt algérien.
09:06Non.
09:07Depuis quand ?
09:08On nous traite de la sorte.
09:09On a déjà parlé d'Éric Ciotti comme quoi il était italien ?
09:13On n'a jamais dit qu'Éric Ciotti était italien ou strosi.
09:16Vous dites quoi ?
09:16Les politiques nous mettent une cible dans le dos ?
09:18Oui.
09:19Pas uniquement les cibles.
09:20Les médias aussi ont une part de responsabilité.
09:22Je suis désolé.
09:22Je dois vous le dire.
09:24Je suis venu pour le dire.
09:25Et j'espère...
09:26Si on est vigilants, vous avez vu.
09:27Et encore une fois, je n'accuse personne.
09:29Ce n'est pas grave.
09:30L'essentiel, c'est qu'on travaille ensemble.
09:32C'est que les Français...
09:32On vous donne la parole, justement, pour exprimer cela.
09:34Absolument.
09:34Je vous remercie.
09:35Et je crois aujourd'hui que cette mort doit servir à cela.
09:40À reconstituer le tissu social.
09:42Le tissu social, aujourd'hui, était fracturé totalement.
09:46Vous en appelez au Président de la République ce soir ?
09:48Le Président de la République qui a dit, aujourd'hui, en Conseil des ministres,
09:52nous sommes derrière chaque Français.
09:54Il faut un discours ultra-républicain et ne laisser aucune place aux communautaristes.
09:58Qu'est-ce que vous appelez ?
09:59Qu'est-ce que vous dites au Président de la République ce soir ?
10:00J'ai déjà parlé avec M. le Président de la République.
10:03Et hier, je me suis entretenu à deux reprises avec Bruno Rotaillot.
10:06Je leur ai dit, aujourd'hui, depuis longtemps, les musulmans attendaient
10:11que vous puissiez les regarder et les considérer comme des citoyens à part entière.
10:16Bruno Rotaillot, le ministre de l'Intérieur.
10:17Est-ce qu'il est allé trop tard sur place ou pas, à vos yeux ?
10:20Je ne sais pas.
10:20Je ne connais pas son agenda.
10:22Il était avec moi à Rome pour les obsèques du pape.
10:29Je ne connais pas son agenda.
10:30Il a été trop tôt, trop tard.
10:32Moi-même, j'étais en Italie.
10:35Nous avons eu l'information le vendredi.
10:38Après, qu'est-ce qui s'est passé ?
10:39Je ne sais rien.
10:39Mais je sais que dimanche matin, il a été.
10:43Pour moi, c'est l'essentiel.
10:45Le ministre de l'Intérieur, c'est le gardien de la cohésion de la République.
10:50Il a fait cet acte républicain.
10:51Il est arrivé là-bas.
10:52Il n'a pas pu aller jusqu'à la mosquée.
10:54Moi, je me suis entretenu avec lui.
10:55Je me suis entretenu avec son directeur de cabinet.
10:57Je leur ai donné les coordonnées du président de la mosquée qui les attendait.
11:01Après, je ne vais pas analyser chaque phénomène.
11:04Parce qu'il y avait la marche blanche en même temps.
11:05Absolument.
11:06Et que la mer n'était pas là, la mer de la comte n'était pas là.
11:10Donc moi, aujourd'hui, j'espère que M. Rotaillot, que ce soit dans sa campagne pour pouvoir être président de LR, qu'en tant que ministre de l'Intérieur, il prend en considération la parole des musulmans.
11:23Les musulmans sont des citoyens à part entière.
11:26Nous sommes musulmans, mais avant tout, nous sommes citoyens de la République et nous revendiquons cette qualification de citoyens de la République.
11:33Guillaume, si le président de la République lui-même, ce qui n'est pas toujours le cas, prend la parole au début du Conseil des ministres pour revenir entre les lignes sur ce qui s'est passé effectivement ces derniers jours,
11:42est-ce que ça veut dire qu'en France, effectivement, il y a un deux poids, deux mesures et que les citoyens français de confession musulmane sont des citoyens de seconde zone ?
11:48J'entends très bien ce que dit M. le recteur, et c'est vrai, vous êtes là un peu comme l'expression de la communauté musulmane en France, des Français musulmans,
11:55et il n'y a pas besoin de souhaiter que Bruno Rotaillot le dise, il l'a déjà dit, il a redit que tout Français musulman était un Français au même titre que les autres, à part entière,
12:03qu'il n'y a pas de différentes catégories de Français. C'est vrai pour toutes les communautés religieuses, c'est vrai pour toutes les religions.
12:10Moi, je crains que s'il y a un deux poids, deux mesures, il ne soit pas de ce côté-là.
12:13Moi, vous parlez d'un discours qui montrerait du doigt les musulmans, qui les stigmatiserait, etc.
12:21Je pense qu'il faut distinguer deux choses. Le regard sur les musulmans de France, l'ensemble des musulmans de France, les 5 ou 6 millions de musulmans français,
12:30et un discours politique qui vise à alerter sur les dangers de l'islamisme, qui pointe le lien qu'il peut y avoir entre une immigration mal contrôlée et une forme de délinquance.
12:44Ce sont des constats politiques qui ne visent pas personnellement les musulmans.
12:49Même si ce débat, on le voit, est au cœur, y compris, vous parliez de la campagne hier, hier, par exemple, Laurent Wauquiez dit,
12:54il faut qualifier les frères musulmans d'organisation terroriste.
12:58Précédemment, je pense que c'est protéger l'ensemble des musulmans de France que de pointer la responsabilité de certains.
13:06J'imagine que vous-même, vous ne reconnaissez pas les frères musulmans comme étant l'expression des musulmans de France.
13:11J'espère que les propos que vous venez de tenir soient aussi clairs, également, lorsque les hommes politiques parlent.
13:19Malheureusement, c'est toujours de manière ambiguë.
13:23Vous savez, j'ai été le premier à dénoncer le terrorisme islamiste.
13:27J'ai fait un manifeste contre le terrorisme islamiste.
13:30Aujourd'hui, dans la bouche de certains hommes politiques, dans la bouche de certains médias, je suis un islamiste.
13:35On m'a publié, à un moment donné, du titre de chef des frères musulmans.
13:41Donc, tous ces amalgames font mal à la communauté musulmane.
13:44Et tous les amalgames.
13:45Et j'ai même dit, excusez-moi M. Tabard, j'ai même dit qu'il ne faut pas prendre et essentialiser les musulmans de France
13:52lorsqu'il y a des actes qui sont commis par des gens au long de l'islam.
13:57Vous croyez que ça me fait plaisir, lorsque tous les actes terroristes qui ont été commis ces dernières années l'ont été faits au nom d'Allah ?
14:05C'est bien évidemment qu'on rejette tout cela.
14:08Mais si les hommes politiques...
14:09Le souvénelier, ce n'est pas être anti-musulman ?
14:11Non, non, non, mais quand vous le dites, vous, je l'entends et je l'accepte.
14:15Mais reconnaissez quand même que certains hommes politiques ne sont pas...
14:19Oui, mais je trouve que, justement, on parle de la politique, les insoumis ont organisé une manifestation.
14:25Théoriquement, pour dénoncer l'islamophobie, bon, mais sous le couvert d'islamophobie,
14:30on exclut un député sous prétexte qu'il représentait le parti sioniste.
14:34Monsieur Tabard, d'abord, puisque vous parlez de...
14:39Jérôme Gage, quand ce qui a été exclu de...
14:41C'est anormal. Ce qui lui est arrivé, moi, personnellement, je le dénonce.
14:45Et en même temps, j'ai toujours, vous pouvez reprendre mes écrits,
14:49j'ai toujours dénoncé l'instrumentalisation de notre communauté.
14:52Chacun essaye, à un moment donné, de s'accaparer.
14:55Bien évidemment que je ne souhaite pas, aujourd'hui, que certains hommes politiques,
14:59en faisant mine de défendre l'islamophobie,
15:03d'être contre l'islamophobie,
15:05de pouvoir, aujourd'hui, instrumentaliser.
15:08Ça veut dire quoi, pour vous, Jean-Luc Mélenchon,
15:09n'est pas le meilleur défenseur des musulmans de France ?
15:12Écoutez, les hommes politiques restent à leur place.
15:14Vous savez, moi, je suis...
15:15Vous dites quoi, Jean-Luc Mélenchon, ce soir ?
15:16Moi, je suis venu sur un plateau de télévision,
15:18lorsque j'entends Éric Zemmour me faire des exégèses sur le courant,
15:21je trouve ça insupportable.
15:23Quand Bruno Retailleau, en meeting, dit « abat le voile »,
15:25qu'est-ce que vous dites ?
15:26Écoutez, moi, je l'ai dit déjà,
15:28que le voile ne devait pas exister en France, aujourd'hui.
15:32Donc, vous êtes d'accord avec Bruno Retailleau, là-dessus ?
15:34Enfin, vous allez me dire « je suis d'accord avec Bruno Retailleux »,
15:36ça veut dire que je suis...
15:36Non, ce n'est pas une question d'être...
15:38Non, sur ce point-là.
15:38Ce n'est pas question d'être d'accord ou pas,
15:41ce n'est pas le premier qui l'a dit.
15:42Nous l'avons dit.
15:43Nous avons dit qu'aujourd'hui,
15:45l'islam est une religion de la connaissance et de l'instruction.
15:49Vous savez, en 84, en 2004, pardon,
15:52lorsqu'il y a eu la loi sur l'interdiction des signes ostensibles,
15:56la grande mosquée de Paris,
15:57mon prédécesseur Dalib Boubaker et moi-même,
15:59nous étions montés au créneau pour dire
16:00« une gamine n'a pas à mettre le foulard,
16:02elle est là pour aller à l'école ».
16:04Et nous le faisons en permanence.
16:06En même temps,
16:06et c'est là où je ne suis pas d'accord avec Brune Rotaillot,
16:09on ne doit pas stigmatiser les femmes
16:11qui veulent porter le foulard.
16:13Nous sommes dans un pays de liberté.
16:14À partir du moment où une femme...
16:15Il y a du sport, hein.
16:16Oui, oui, mais une femme qui ne viole pas la loi,
16:19qui est dans un espace public,
16:21l'espace public est un lieu de liberté,
16:23que la femme puisse le porter comme à l'université,
16:26moi je n'y vois aucun inconvénient,
16:27je n'ai pas à la juger.
16:28Monsieur le recteur,
16:29revenons-en une seconde à ce qui s'est passé malheureusement,
16:31ce drame dans cette mosquée du Gard.
16:33On le disait,
16:34l'auteur présumé s'est rendu à la police italienne,
16:36on se pose la question, effectivement,
16:38d'un acte islamophobe,
16:39on le disait, Pauline,
16:40le procureur a ouvert, effectivement,
16:42une information, rappelez-moi,
16:43pour le terme exact.
16:45Meurtre aggravé par la préméditation
16:46et par la circonstance
16:47à raison de la rage sur la religion,
16:49donc le caractère anti-religieux est retenu.
16:50Et pourtant, écoutez,
16:52monsieur le recteur,
16:52après je vous redonne la parole,
16:53ce que dit l'avocat italien
16:55de l'auteur présumé de ce meurtre,
16:57il nie justement cet acte,
16:59dit-il, anti-musulme.
17:00Écoutez.
17:02La police l'a questionné
17:04à propos de ses motivations,
17:05mais il était très confus.
17:07Il n'a pas pu confirmer de mobile.
17:09Il a dit qu'il avait tué
17:10la première personne
17:11qu'il avait rencontrée.
17:12Il n'a pas dit
17:13qu'il recherchait
17:13une personne musulmane.
17:16Donc, je ne sais pas
17:18s'il y a une motivation raciste
17:20derrière cet acte.
17:22Donc, il dit que ce n'est pas...
17:24Son avocat, en tout cas,
17:25dit qu'il ne déclare pas
17:26que c'est un acte anti-musulman
17:27et qu'il a tué
17:27la première personne,
17:28malheureusement,
17:29qu'il trouvait là.
17:30J'ai été avocat pendant 40 ans
17:31et je pense qu'il y a
17:32un minimum, quand même,
17:33de sincérité à avoir.
17:35Et c'est dans une mosquée ?
17:36On ne rentre pas
17:37dans une mosquée.
17:38Il y a aujourd'hui
17:40l'infraction d'assassinat.
17:43C'est-à-dire, l'assassinat,
17:44c'est qu'il y a eu
17:45un certain nombre
17:46d'actes préparatoires.
17:47Il était là,
17:47il est resté à attendre
17:49sa proie, pratiquement.
17:51Donc, aujourd'hui,
17:52en plus,
17:52les propos qu'il a tenus,
17:53au moment où il a
17:54séné ses coups de couteau,
17:55il n'a pas dit
17:56« je te déteste » ou quoi.
17:58Il a dit des mots
17:59sur le Dieu.
18:02Donc, voilà,
18:02c'est quand même extraordinaire.
18:04C'est, je dirais,
18:06une forme de défense
18:07comme une autre.
18:07– Joseph Agostini,
18:08comment,
18:08quand il va rentrer en France,
18:10les psychologues,
18:11les psychiatres,
18:12vont réussir à peser
18:13la revendication,
18:15peut-être,
18:15anti-musulmane ?
18:17Et comment on fait
18:18pour analyser,
18:20en se disant,
18:20est-ce que cela relève
18:21ou pas d'un cas psychiatrique
18:22ou est-ce que ça relève aussi
18:24d'une revendication
18:25effectivement anti-musulmane ?
18:27Ou est-ce que ça peut être
18:28les deux ?
18:28Comment font les psychologues
18:29dans ces cas-là ?
18:30– Si vous voulez,
18:31la cause religieuse
18:33est toujours un support
18:34à la paranoïa,
18:36au narcissisme.
18:37– En fait, l'un n'exclut pas l'autre.
18:38– L'un n'exclut pas l'autre
18:39et c'est sous-tendu
18:40toujours par une idéologie.
18:43C'est-à-dire que, voilà,
18:44à partir du moment,
18:45vous savez,
18:45où on se sent très insécure
18:47dans sa vie interne,
18:49on a tendance
18:49à projeter sur les autres
18:50et à choisir un bouc émissaire,
18:51quel qu'il soit,
18:53peu importe qu'il soit
18:54juif, musulman ou hindou,
18:57finalement, c'est la haine
18:58dont il est question.
19:00C'est la haine pure.
19:01Reste à déterminer maintenant
19:02s'il y avait un discernement.
19:04C'est-à-dire, effectivement,
19:05si c'est sous-tendu
19:06par un délire total
19:07et si, effectivement,
19:08cette personne ne distinguait pas,
19:11finalement, la réalité
19:12de l'imaginaire.
19:14Mais là, visiblement,
19:15ce n'est pas le cas.
19:16C'est-à-dire,
19:17il y a véritablement
19:18des paroles de haine.
19:19Il y a véritablement
19:20une intention de donner la mort.
19:22Et donc,
19:23ça coule de source, quoi.
19:26C'est-à-dire que
19:26c'est quelqu'un d'aliéné
19:28à une idéologie de haine.
19:30Mais en même temps,
19:31lorsqu'il a tué,
19:32il avait quand même
19:33déclaré qu'il allait tuer
19:35d'autres personnes.
19:36Oui.
19:36Donc, moi, personnellement,
19:38je pense qu'on aurait
19:39peut-être imaginé
19:41la piste
19:42de l'acte terroriste.
19:44Parce que ça ne suffit pas
19:45aujourd'hui.
19:46Et je crois qu'en même temps,
19:48c'est une des mesures à prendre.
19:49Qu'est-ce qu'il faut faire,
19:50justement ?
19:50Qu'est-ce que vous nous dites
19:51ce soir, monsieur le recteur ?
19:51Qu'est-ce qu'il faut faire
19:52pour que les citoyens français
19:54de confession musulmane
19:55se sentent en sécurité
19:56en France ?
19:57D'abord, il faut prendre
19:58des mesures de protection.
19:59Mais moi, je crois que
20:00ça ne suffit pas
20:00à prendre des mesures
20:01pour sécuriser
20:03les lieux de culte.
20:04Mais en même temps,
20:05il y a des tas de mesures,
20:07notamment en direction
20:08de la communauté musulmane.
20:09Moi, j'ai vu un rapport
20:10qui a été établi
20:10par l'Assemblée nationale
20:11sur la lutte
20:13contre l'islamophobie.
20:14Personne n'en a parlé.
20:16Pas grand monde.
20:17Je ne sais même pas
20:17si vous êtes au courant
20:18de ce travail
20:20qui a été fait
20:20par des députés.
20:21Récemment,
20:22il y a à peine un mois,
20:23personne n'en a parlé.
20:24C'est là où je vous dis
20:25que peut-être qu'on ne le sent pas,
20:27peut-être que nous,
20:28on est beaucoup plus sensibles.
20:29Mais un rapport
20:30sur l'islamophobie,
20:32combien d'années,
20:32moi, personnellement,
20:34j'ai demandé
20:34à la représentation nationale
20:36d'ouvrir un dossier là-dessus.
20:39Jamais on m'a répondu.
20:40Et ça, c'est quand même...
20:41Aujourd'hui,
20:42le terme islamophobie
20:43est en train encore
20:44d'être l'objet de discussions.
20:47Moi, j'avais,
20:47à l'époque,
20:48avec la LICRA,
20:49j'avais un accord
20:49avec la LICRA,
20:50on travaillait ensemble.
20:51On a organisé
20:53une commission de réflexion
20:54sur l'étymologie des mots
20:56parce que les mots
20:56ont leur place.
20:57On a bloqué
20:58sur le terme islamophobie.
21:00Merci beaucoup,
21:01monsieur le recteur,
21:01d'avoir été notre invité
21:02ce soir.
21:03Merci à tous les quatre
21:04d'avoir été à mes côtés
21:05pour cette info du jour.