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Gangsters tamouls, guerre invisible et identité fêlée : dans « Little Jaffna », Lawrence Valin signe un premier film brûlant, entre polar et quête intime.

Little Jaffna, c'est d’abord un quartier dans le 18ᵉ arrondissement de Paris, situé entre la Gare du Nord et La Chapelle. C’est là que la communauté tamoule se retrouve. Dans les années 1980-1990, les Tamouls fuyaient la guerre au Sri Lanka et venaient directement dans ce quartier.

« Little Jaffna », le film, c’est une histoire d’infiltration. Michael Beaulieu, un jeune flic franco-tamoul, doit s’introduire dans un gang criminel. Sa mission : démanteler un système d’extorsion et de blanchiment d’argent, qui finance les Tigres séparatistes du Sri Lanka.

« Little Jaffna » sort le 30 avril 2025 en salle.

#LittleJaffna #LawrenceValin #Tamouls #polar #film #gangsters #conflit #SriLanka #communauté

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Transcription
00:00On rentre dans le film en se disant qu'on va infiltrer des terroristes
00:03parce que c'est une organisation qui a été reconnue comme terroriste par l'Union Européenne.
00:07Sauf que quand tu passes de l'autre côté, en fait, tu vois que c'est des résistants.
00:21Little Jafna, déjà, c'est un quartier dans le 18e arrondissement de Paris,
00:25qui se situe entre la gare du Nord et la chapelle.
00:26Et donc, c'est là où la communauté tamoul se retrouve.
00:29Dans les années 80-90, il y avait la guerre au Sri Lankais
00:31et les tamouls qui fuyaient le pays venaient directement à la gare du Nord.
00:35Et donc, ils ont construit un peu les boutiques tout le long
00:37pour avoir encore un sentiment de pays quand les gens arrivaient en France.
00:40Et Little Jafna, le film, si j'en parle, c'est vraiment un territoire,
00:44mais c'est surtout un film d'infiltration.
00:46Donc, on va suivre un policier français, Michael Beaulieu,
00:49qui va infiltrer un gang tamoul.
00:51Et en fait, en infiltrant ce gang, il va petit à petit s'identifier à eux.
00:54Et donc, il va être tiraillé entre sa culture d'origine et sa culture d'adoption.
00:57Ça a été très compliqué pour moi d'assumer en tout cas cette identité tamoul que j'avais.
01:12J'étais le premier de ma famille à être né en France.
01:14Donc, il y a quelque part une obligation de s'intégrer.
01:17Et je n'avais pas de problème avec ça.
01:18Je devais être français plus que le français.
01:21Donc, il y avait un côté comme ça où c'était normal.
01:23C'est quand j'ai commencé à travailler dans le cinéma en tant que comédien
01:25que d'un coup, je sentais que je n'étais pas français.
01:29Parce que quelque part, je me disais, mais c'est à cause de ça que je n'arrive pas à travailler dans le cinéma.
01:32Et moi, en tant que comédien, en fait, c'est vrai qu'en France, on me proposait des rôles clichés.
01:37Mais en Inde, j'arrivais là-bas, j'étais le français.
01:39Donc, il y a un endroit où je me suis dit, mais je suis où ?
01:41Et ce film, en fait, c'était une manière pour moi de créer ma place.
01:52Forcément, quand on est les premiers, il y a une responsabilité
01:54parce qu'on est un peu le premier film qui arrive sur la communauté.
01:58Et en même temps, moi, je décide de faire un film de gangster.
02:00Je ne représente pas la communauté de la plus belle des manières.
02:03J'en suis conscient.
02:04Et c'est vrai que quelque part, il y a ce besoin de créer des modèles.
02:07J'ai envie qu'il y ait d'autres représentations qui arrivent, d'autres histoires qui arrivent.
02:10Et derrière, si j'ai envie, je pourrais en refaire parce qu'il y a d'autres modèles.
02:13Si je suis le seul à faire des films sur la communauté tamoule,
02:16c'est là où c'est dangereux d'avoir qu'une seule représentation
02:18parce que d'un coup, on va se dire, en fait, les tamoules, c'est des gangsters.
02:21Et c'est très réducteur.
02:22Ce n'est pas le cas.
02:22Par contre, le conflit qui a eu lieu au Sri Lanka, ça, c'est une véritable guerre.
02:26C'est ça que j'avais envie de parler dans le film.
02:28C'est une guerre qui a duré plus de 25 ans.
02:30Et surtout, encore maintenant, la situation actuelle des tamoules au Sri Lanka,
02:34elle est très délicate.
02:36Ils n'ont toujours pas eu de reconnaissance du génocide.
02:38Il y a énormément de personnes qui ont été disparues.
02:40Il devait y avoir un bureau de personnes disparues qui n'a pas été fait.
02:43Il y a plein d'engagements qui n'ont pas été tenus par le gouvernement.
02:46Donc tout ça, c'est aussi une manière pour moi de raconter tous ces gens
02:50qui sont dans l'ombre, de mettre en lumière ce conflit.
02:52Parce qu'on va dire que ce conflit a été tellement peu médiatisé
02:56que la plupart des gens en France qui regardent le film me disent
02:59« Mais je ne savais même pas qu'il y avait une guerre au Sri Lanka ».
03:00Pour moi, vu que c'était loin et que j'avais que des échos,
03:10je ne mesurais pas l'importance de qu'est-ce que c'est de perdre des gens.
03:14C'est qu'il y a un moment où je voyais ça par la télé.
03:18Je me disais « Ok, c'est loin de nous. »
03:19Donc il y a un côté un peu banal.
03:20Ça devient vraiment banal.
03:21Moi, je me rappelle des discussions qu'avait ma mère avec ma tante là-bas
03:25où il y avait des têtes décapitées devant le portail
03:28et derrière, c'était « T'as mangé quoi cet après-midi ? »
03:30Donc il y a un côté comme ça qui est complètement irrationnel
03:32de se dire à un moment donné « Mais c'est ça de grandir dans un conflit,
03:35c'est d'un coup de se dire que c'est normal. »
03:37Et c'est pas normal en fait.
03:38J'ai l'impression que quand on fait un film très personnel,
03:40d'un coup, il y a aussi une portée universelle là-dedans
03:42parce qu'il y a quelque chose qui touche les gens à un endroit.
03:45Et notamment dans le film où d'un coup,
03:47on rentre dans le film en se disant qu'on va infiltrer des terroristes
03:50parce que c'est une organisation qui a été reconnue comme terroriste
03:52par l'Union Européenne.
03:54Sauf que quand tu passes de l'autre côté, en fait,
03:56tu vois que c'est des résistants.
04:04Et c'est vrai que pour moi, là, quand le film est terminé,
04:07ce qui me fait le plus peur, c'est la sortie du film.
04:09D'un coup, de se dire à un moment donné, c'est le 30 avril,
04:11le film va sortir, est-ce que les gens vont se déplacer ?
04:13Est-ce qu'on va faire aussi bien que Slumdog Millionaire ?
04:15Je sais pas, mais j'adorerais.
04:17Parce que je me dis, si Slumdog Millionaire l'a fait,
04:19nous, on peut le faire.
04:20C'est un thriller français, fait par des Français.
04:22Et je me dis que voilà, j'ai envie qu'un film français
04:24puisse aussi cartonner et se dire, voilà, c'est du divertissement.
04:27Et j'ai l'impression qu'en tout cas, le polar,
04:29et notamment, on a eu la chance d'avoir eu le prix à Reims-Polar,
04:33le prix du jury, le prix du public,
04:34ça veut dire quand même quelque chose.
04:35Donc à un moment donné, je me dis, j'espère que le public va être réceptif
04:38parce que c'est vraiment pour le public que je fais ce film aussi.
04:40Sous-titrage Société Radio-Canada
04:44Sous-titrage Société Radio-Canada