Le 22 décembre 1974, on vote dans l'archipel des Comores. Pour ou contre l'indépendance ? Le "oui" l'emporte avec 95 % des voix dans toutes les îles de l'archipel sauf à Mayotte, où le "non" l'emporte à près de 64 %. Ce vote crucial voit pour la première fois Mayotte exprimer son désir de rester française, envers et contre tous. Un groupe de femmes, les sorodas ("combattantes" en comorien), et d'hommes, qui mène une campagne active à Mayotte, parvient à changer le cours de l'histoire. Le 8 février 1976, un second référendum sur le maintien de Mayotte dans la République française vote "oui" à 99,4 %. C'est également ce même groupe qui revendique la départementalisation, considérée comme la dernière étape d'un processus amorcé dès 1958. Aujourd'hui, leurs descendants rappellent la France à ses devoirs.
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00:00La République française doit entendre la voix de Mayotte
00:04pour me rappeler qu'on ne cèdera jamais.
00:10Les Mahorais méritent d'être respectés.
00:16Nous sommes à Mayotte, le 101e département.
00:20Une île, un morceau de France dans l'océan Indien.
00:25Aujourd'hui, la population manifeste derrière le drapeau bleu-blanc-rouge.
00:30C'est une manière pour les Mahorais de dire leur attachement à la France,
00:33mais aussi leur mécontentement face aux difficultés économiques
00:36et à l'insécurité grandissante.
00:43Les Mahorais se sentent en danger, abandonnés par le gouvernement.
00:47Ils en appellent à lui pour rétablir l'ordre,
00:49lutter contre l'immigration illégale et prendre des mesures sociales.
00:57Ce mouvement populaire vient de loin.
01:00Ceux qui se mobilisent aujourd'hui sont les héritiers d'un petit groupe de militants
01:03et d'une armée de femmes.
01:05Tous se sont battus pour obtenir que Mayotte reste française
01:08contre la volonté de l'ONU et de l'état des Comores devenu indépendant.
01:14C'est cette histoire que nous allons vous raconter
01:16et tout commence en 1974.
01:19Sous-titrage Société Radio-Canada
01:24Au Comores, c'est donc un vote massif.
01:30Au Comores, c'est donc un vote massif en faveur de l'indépendance
01:55qui se dégage des résultats définitifs maintenant du référendum.
01:5996% des votants se sont prononcés en faveur du oui,
02:03c'est-à-dire l'indépendance pour ce territoire d'outre-mer.
02:07En réalité, seules trois îles de l'archipel des Comores
02:11ont voté pour l'indépendance.
02:13La quatrième île, Mayotte, s'est prononcée à 63% contre.
02:20Ses habitants veulent majoritairement rester dans la République française.
02:25Leur détermination va tout changer.
02:29Le référendum du 22 décembre 1974 a été décisif
02:37pour la destinée politique des Mahorais.
02:40Cette consultation a été le premier acte de reconnaissance de Mayotte française
02:46parce que ça nous a permis de nous exprimer
02:48en nous distinguant des Comoriens.
02:53C'est une immense sagesse de nos anciens
02:54d'avoir vu au-delà des chants, des sirènes, des indépendances
03:00et de savoir que sans Paris, nous, Mayotte, on ne survit pas.
03:04À Paris, de jeunes hommes politiques s'intéressent également
03:11aux choix à contre-courant que viennent de faire les Mahorais.
03:14En 1974, j'avais 19 ans, j'avais entendu parler de ce référendum
03:20qui avait quand même fait grand bruit parce qu'on n'était finalement
03:25pas si longtemps après le processus de décolonisation
03:28et on avait ces Mahorais indomptables qui disaient
03:34contre tout le monde qu'ils voulaient rester français.
03:37J'étais déjà à Sciences Po quand la question référendaire
03:41avait été posée en 1974.
03:43Ce sujet était d'abord sur le plan théorique intéressant.
03:47Était-il possible de détacher une île par rapport aux autres ?
03:53Voilà comment j'ai regardé Mayotte à la fois comme un cas théorique
03:57et juridique et comme une situation politique
04:00qui promettait d'être compliquée.
04:02Voici un territoire à 9000 kilomètres de la métropole,
04:06à 90% musulmans, qui aiment la France
04:10et qui affichent son attachement à la France extraordinaire.
04:18Si les Mahorais veulent rester français,
04:20c'est d'abord pour des raisons qui tiennent à une histoire ancienne.
04:25Située dans l'archipel des Comores, composée de Moëli, Anjouan
04:29et grande Comore, Mayotte devient française au XIXe siècle,
04:33avant ses voisines.
04:35L'origine de la présence française
04:38n'était pas du tout un acte de colonisation.
04:41C'est un don que le sultan de Mayotte en 1841 a fait à la France.
04:46Ce sultan souffrait des razzias,
04:49des autres sultans des trois autres îles.
04:52C'est la période des sultans batailleurs,
04:54un sultan par île,
04:55qui s'affrontent méthodiquement.
04:59Mayotte demande la protection de la France
05:01pour se protéger des razzias,
05:04des violences qui arrivent dans Jouan et de la Grande Comore.
05:07Cette fiction sur une pseudo-entente entre les îles,
05:11elle est mensongère.
05:14Les Mahorais sont devenus français
05:16à une date très antérieure à Nice et à la Savoie,
05:20puisque le rattachement de Nice et de la Savoie
05:22a eu lieu à la suite d'un référendum qui a eu lieu en 1860.
05:26Donc ils ont une antériorité dans leur nationalité française,
05:30dont ils sont très fiers.
05:35Mayotte a bénéficié dès 1841
05:38de la Pax Francier,
05:40c'est-à-dire de la paix de la France,
05:41et les trois autres îles,
05:43le voyant, s'en apercevant,
05:45ça leur a donné envie de faire la même chose.
05:47Et elles ont demandé le protectorat de la France.
05:51Ça a d'abord été en Jouan et Moëlie,
05:53et en dernier lieu, la Grande Comore.
05:58En août 1958,
06:00pour la première fois, un pays colonisateur
06:02offrait à 14 de ses territoires d'outre-mer
06:05la possibilité d'obtenir leur indépendance
06:08et s'en remettait pour cela
06:09à une décision populaire.
06:12En 1958,
06:14le général de Gaulle propose
06:15par référendum aux colonies d'Afrique
06:17de constituer une communauté française
06:20avec la métropole.
06:22Sauf en Guinée,
06:23c'est oui partout,
06:24et notamment aux Comores.
06:27Mais les Mahorais veulent aller plus loin.
06:30Ils réclament la départementalisation,
06:33tandis que les autres îles des Comores
06:34préfèrent une autonomie renforcée
06:36pour tout l'archipel.
06:38Et elles l'obtiennent.
06:42Fort de ce nouveau statut,
06:43la majorité territoriale comorienne
06:46décide de changer la capitale administrative.
06:49De Tzaouzzi à Mayotte,
06:51le siège du gouvernement territorial
06:53passe à Moroni,
06:54sur la Grande Comore.
06:57En 1966,
06:58ce transfert devient effectif
07:00pour tous les fonctionnaires,
07:02ce qui nourrit le séparatisme de Mayotte
07:04envers les trois autres îles.
07:06Le président comorien
07:11a pris tous les hommes
07:13de Mayotte
07:14pour aller travailler là-bas,
07:17les fonctionnaires,
07:17pour aller travailler à Moroni,
07:19sans amener leurs femmes
07:21et leurs enfants.
07:22Nos mamans,
07:23nos grands-mères de l'époque
07:24se sont retrouvées,
07:25du jour au lendemain,
07:26sans capacité d'avoir des revenus
07:28pour subvenir aux besoins de la famille.
07:30Mayotte estime avoir payé
07:33très cher sa différence.
07:35Elle évoque un éclatement des familles,
07:37une dégradation des conditions de vie
07:39et incrimine
07:40le gouvernement territorial des Comores.
07:43À Tzaouzzi,
07:44l'adduction d'eau toute neuve
07:46tombe en panne,
07:47faute d'entretien.
07:48L'électricité fonctionne de plus en plus mal,
07:50les ordures ne sont plus ramassées.
07:53La vieille résidence,
07:53qui pendant longtemps
07:54a abrité le représentant de la France
07:56et son parc
07:57sont laissés à l'abandon
07:59et il faut un cri d'alarme
08:01du médecin-chef de l'hôpital
08:02pour que reprenne
08:03un semblant de nettoyage de la ville.
08:06Du jour au lendemain,
08:08les terres étaient prises
08:09par les Comoriens
08:10et les concours
08:11étaient organisés
08:12par les Comoriens.
08:14Nous n'étions pratiquement jamais
08:15admis dans l'administration
08:16et même notre représentation
08:18à l'Assemblée territoriale,
08:20on leur disait
08:20« Taisez-vous,
08:21vous êtes minoritaire ».
08:22Il faut s'imaginer
08:23qu'on avait deux députés
08:24ou trois députés maorés,
08:27un député mohélien
08:28en face de 24 députés
08:29grands comoriens
08:30et une douzaine
08:32d'enjoins.
08:33Le résultat était
08:34qu'on était
08:35avec une incapacité
08:36de réaliser quoi que ce soit.
08:38Il y avait un blocus.
08:40Nous ne pouvions plus
08:41être approvisionnés
08:42par les bateaux.
08:43Nous mangeions
08:44le fruit à pain
08:45qui n'était pas arrivé
08:46à maturité.
08:47Et on appelait ça
08:48le « silgom »
08:49c'est-à-dire
08:50un « silgom »
08:50parce qu'on n'arrivait
08:51même pas à le mâcher.
08:53Le riz, évidemment,
08:53on n'en trouvait
08:54pratiquement plus.
08:55C'était vraiment pénible
08:57parce qu'on était opposés
08:59au gouvernement comorien.
09:02Les maorais
09:03ont toujours accusé
09:04un dirigeant comorien
09:06très influent
09:06d'avoir organisé
09:08ces pénuries,
09:09Ahmed Abdallah.
09:10était réputé
09:13comme l'homme
09:14le plus riche
09:15même de l'océan indien.
09:17Non seulement
09:17il était sénateur
09:18et tout,
09:18mais il était commerçant.
09:20Il est vrai
09:21qu'Amed Abdallah
09:22jouissait à l'époque
09:23du monopole
09:24de l'importation
09:25du riz au Comor.
09:26Il est ainsi devenu
09:27la plus grande fortune
09:28de l'archipel
09:29et il détient
09:30des propriétés
09:31importantes
09:32à Mayotte.
09:33Ahmed Abdallah
09:34lui-même
09:34se targuait de dire
09:35qu'il ne mangeait
09:36que du riz de montagne
09:37de Mayotte
09:38avec du bois de chauffage
09:40qu'il importait de Mayotte
09:41avec des ébus
09:41qu'il importait de Mayotte.
09:42Donc Mayotte
09:43c'était son chant à lui
09:45et il en vivait,
09:46il en était très fier.
09:48Pendant entre temps
09:48que nous,
09:49nous souffrions,
09:49nous n'avions
09:50pratiquement rien.
09:52C'était inadmissible
09:53et révoltant.
10:05En 1966,
10:07la révolte vient des femmes,
10:08tenues jusque-là
10:10en marge du débat politique,
10:12elles prennent
10:12les rênes du combat
10:13avec pour slogan
10:15« Mayotte française »
10:17plutôt que la domination
10:18des Comores.
10:18Les femmes,
10:21on ne pouvait pas
10:22les corrompre.
10:24Elles n'étaient pas fonctionnaires,
10:25on ne pouvait pas
10:26les acheter.
10:27Et dans la tradition
10:27mahoraise d'ailleurs,
10:29qui est matriarcale,
10:31les maisons appartiennent
10:32aux femmes.
10:33Un homme répudie
10:34sa femme,
10:35mais c'est lui
10:35qui s'en va.
10:36La femme reste dans la maison.
10:38Donc c'est du solide.
10:40Et les femmes,
10:40donc,
10:41on leur fait confiance.
10:43Une figure toujours
10:45vénérée dans l'île
10:46prend la tête
10:47de la contestation.
10:49Zéna Mdere.
10:50Zéna Mdere,
10:59ma maman,
11:00était le bras droit
11:02de ma maman
11:04Zéna Mdere.
11:06Étant la présidente
11:08du mouvement,
11:10elle venait souvent
11:10chez nous
11:11pour rencontrer maman
11:13pour qu'il puisse
11:14avec d'autres femmes
11:15parler, dialoguer
11:17et nouer
11:17et comment faut-il faire
11:18se donner des idées.
11:20On l'appelle
11:22la mère de Mayotte.
11:23C'est une figure tutélaire
11:24extrêmement importante
11:25parce que
11:26c'était une femme instruite,
11:29une maîtresse coranique,
11:32une femme qui avait la foi,
11:34qui avait de la voix,
11:36ce qui est très important
11:37parce qu'on est
11:37une culture orale.
11:40Elle s'imposait aux élus
11:41en leur rappelant
11:43leur engagement.
11:45Ces militantes,
11:46les maorais
11:47les surnomment
11:47les sorodas,
11:49les soldats.
11:49Elles obéissent
11:51à Zena Mdere
11:52et chantent leur admiration
11:53pour cette femme
11:54qui trônait
11:55sur Mayotte.
11:56Quand j'ai rejoint
12:09le mouvement
12:09pour la première fois,
12:11j'étais déjà mariée.
12:14J'avais 18 ans.
12:16Ma mère était soroda,
12:17ma grand-mère
12:18était soroda.
12:20J'étais bien placée
12:20pour voir comment fonctionnait
12:22le mouvement
12:22des chatouilleuses.
12:26Personne ne nous a appris
12:27à nous battre.
12:29Nous l'avons fait
12:30car nous vivions
12:32dans une période
12:33où l'on nous faisait souffrir.
12:34c'était notre seul moyen
12:39de survie.
12:41Notre seul moyen
12:42de subsistance.
12:47Mais comment manifester
12:48son mécontentement
12:49à l'encontre
12:50des représentants
12:51du gouvernement comorien ?
12:53Les sorodas décident
12:54de recourir
12:55à une pratique non violente,
12:57celle de la chatouille.
12:58Les dames commençaient
13:01à faire
13:01comme ça.
13:03Ça, c'est le signal.
13:05L'autre reprenait
13:06là, c'est un signal
13:08qu'il faut se réunir.
13:11Et là,
13:11ça veut dire
13:11que le ministre
13:12allait passer
13:13sur la route.
13:15Et de là,
13:16elle commençait
13:17à chatouiller
13:17les ministres.
13:19Les chatouilleuses
13:20ont fait subir
13:22ce supplice,
13:23c'est-à-dire
13:23de chatouiller
13:24les ennemis
13:26de Mayotte française.
13:27au lieu de les bastonner
13:29et tout ça.
13:29Non, non, non, non.
13:30Les chatouiller physiquement
13:32jusqu'à ce qu'ils meurent
13:34en quelque sorte
13:34de rire.
13:36Alors, évidemment,
13:37en faisant des chatouilles,
13:38on commence à rire
13:40mais ensuite,
13:42on suffoque.
13:43On suffoque
13:44et lorsque la présidente
13:46arrivait sur les lieux,
13:48elle leur disait
13:49aux dames
13:49« Arrêtez, arrêtez
13:51parce qu'il est en train
13:52de suffoquer ».
13:52Lui, il est déjà par terre.
13:53« Nous avons trouvé
13:57cette façon de faire
13:58pour répondre
14:00de manière pacifique
14:01au mépris
14:01et à la provocation
14:03du gouvernement comorien.
14:06Être chatouillé
14:07est vraiment humiliant,
14:09mais c'était
14:09notre seul moyen
14:10pour nous défendre. »
14:12Imaginez bien
14:12qu'une bande
14:13de bonnes femmes
14:14en tenue traditionnelle
14:16et en tongs
14:17qui va humilier
14:18le bonhomme
14:18en costume cravate,
14:20jamais il va admettre
14:21qu'il s'est fait
14:22réduire à rien
14:24par ces femmes
14:25puisqu'on les touche
14:26dans leur orgueil
14:27quand on fait ça.
14:28Les Françaises
14:29à cette époque
14:30dans l'Hexagone
14:30étaient juste en train
14:31de brûler
14:31leur soutien-gorge.
14:33L'exemple
14:34de ces femmes musulmanes,
14:37pauvres,
14:38souvent illettrées,
14:39si vous voulez
14:40du féminisme,
14:41voilà,
14:42c'est ça,
14:43c'est à Mayotte
14:43que ça se passe
14:44dans les années 60 et 70.
14:46Vive le mouvement maorais
14:47et vive la France !
14:49Dans le sillage
14:53des chatouilleuses,
14:54un parti politique émerge,
14:56le MPM,
14:58le Mouvement Populaire Mahorais.
15:01Les femmes
15:01en constituent la structure
15:03et placent à la tête
15:04du parti
15:05un certain Marcel Henry,
15:07bientôt rejoint
15:08par Younusa Bamana.
15:10Ces deux hommes
15:11au caractère opposé
15:12sont au centre
15:13du petit groupe
15:14qui a écrit l'histoire
15:15de la départementalisation
15:17de Mayotte.
15:20Mon papa Marcel
15:21était le papa
15:22de toute l'île.
15:24Quand le maorais
15:25Landa
15:25avait une approche
15:27de mon père,
15:28c'était pas
15:28monsieur le sénateur,
15:29monsieur le député,
15:30monsieur,
15:31on disait chef.
15:32En maorais,
15:33c'est un petit peu
15:34un condensé
15:36de la manière
15:36dont on dit
15:37en français
15:37chef.
15:37inconsciemment,
15:39c'est comme si
15:40à la limite
15:40il réglera
15:43tous tes problèmes.
15:44Nous trouvons
15:44cette dépendance française
15:45depuis plus d'un siècle.
15:48Nous n'avons jamais
15:49eu à nous emplindre
15:50alors que l'autonomie interne
15:51qui date
15:52d'une quinzaine d'années,
15:54nous avons eu
15:55à subir
15:55des répressions sanglantes.
15:56On a connu
15:57des répressions
15:58assez féroces
15:59de la part
16:00du gouvernement
16:00comme orien.
16:01Alors quand on fait
16:01le parallèle
16:02entre les deux régimes,
16:03nous préférons
16:03de beaucoup
16:05dépendre encore
16:06de la France.
16:07Oui,
16:07vos adversaires,
16:08ceux qui sont
16:08au gouvernement
16:09à l'heure actuelle
16:10affirment au contraire
16:11que ces procédés
16:13sont venus
16:14de vos partisans.
16:15Nous n'avons encore
16:16tué personne
16:16de notre côté
16:17autant que je sache.
16:19Marcel Henry
16:19était un homme
16:20d'une volonté
16:21de faire.
16:22C'est lui
16:23qui personnalise
16:24la départementalisation
16:26de Mayotte
16:26et qui n'a jamais
16:29dévié.
16:30Mais pour un homme politique
16:31c'est un homme
16:32plutôt discret.
16:33Mon père était plus
16:34dans ma manière
16:35de voir les choses
16:35et le vécu
16:36que j'ai eu
16:37plus dans la stratégie
16:38de ce qu'il faudrait
16:40pour arriver
16:41à nos fins
16:41mais pas
16:43l'orateur
16:44qui prendra
16:45le micro.
16:46Il aimait
16:47les contacts
16:47individuels
16:48et convaincre
16:50par la parole
16:51avec des mots
16:52justes.
16:53Il n'aimait pas
16:53la foule
16:54et de la sorte
16:57il était supplié
16:57par Bamana
16:58en public.
17:00Unoussa Bamana
17:01était
17:01véritablement
17:03un tribun.
17:05D'ailleurs
17:05il était
17:06le porte-parole
17:07du mouvement
17:07populaire maorais
17:08à l'époque.
17:10Le domicile familial
17:11à Sada
17:12était
17:13le lieu
17:14de rencontre
17:15des préparations
17:17des meetings.
17:18Tout Mayotte
17:19venait à Sada
17:20à la maison
17:21pour le combat
17:22pour Mayotte française.
17:24Le 25 août 1972
17:30le comité spécial
17:32de l'ONU
17:33inscrit
17:33l'archipel
17:34des Comores
17:34Mayotte comprise
17:35sur la liste
17:37des territoires
17:37devant accéder
17:38à l'indépendance.
17:40La pression internationale
17:41s'accentue
17:42sur le gouvernement français.
17:46Les dirigeants
17:47du mouvement maorais
17:48sont inquiets.
17:49Ils ne veulent pas
17:50suivre le reste
17:51de l'archipel.
17:51Mais une parole
17:53attribuée à Pierre Mesmer
17:55venu en visite officielle
17:56dans leur île
17:56soulève un espoir.
17:59Monsieur Mesmer,
18:00ministre
18:01de l'ONU
18:02a dit
18:04que si vous
18:05les maorais
18:06et les maoraises
18:08vous voulez rester
18:09français
18:10comme vous l'avez été
18:12pendant 130 ans
18:13vous le resterez
18:15encore
18:16pendant 130 ans.
18:19Pierre Mesmer,
18:20ministre du président
18:21Georges Pompidou
18:22s'était engagé
18:23selon des témoins
18:24à faire un décompte
18:26île par île.
18:31Principal adversaire
18:32des revendications
18:33de Mayotte,
18:33Ahmed Abdallah,
18:34président de la Chambre
18:35des députés des Comores.
18:37Je pense qu'en
18:37étant département
18:38français,
18:40les maorais
18:41vont être dans
18:42l'essor
18:42peut-être plus pire
18:44que ce qu'ils sont
18:44aujourd'hui
18:45et par conséquent
18:45ils supporteront
18:46très mal
18:47les inconvénients
18:48et ils auront
18:49les avantages
18:49bien entendu
18:50avoir des allocations
18:51familières
18:51sans travailler
18:52comme à La Réunion
18:53où les gens
18:54travaillent
18:55ou ne travaillent pas
18:56ils vivent
18:57aisément
18:58mais il y a
18:59à supporter
19:00les conséquences
19:01parce qu'il faut
19:01obéir
19:02et Mayotte
19:02n'a pas
19:02d'habitude
19:03d'obéir.
19:05Mayotte
19:06n'a pas
19:06pour habitude
19:07d'obéir
19:08et elle le montre.
19:10Lors de la venue
19:10d'Amed Abdallah
19:11en 1972
19:12des émeutes
19:13éclatrent
19:14entre pro
19:14et anti-indépendantistes.
19:17Plusieurs personnes
19:17sont blessées.
19:19La riposte
19:20du gouvernement
19:21local comorien
19:21s'organise.
19:23Bientôt
19:23Younoussa Bamana
19:25est arrêtée
19:25et incarcérée
19:26à Moroni.
19:27On le soupçonne
19:28d'alimenter
19:29les affrontements
19:30et les incendies
19:30de cases
19:31des partisans
19:32de l'indépendance.
19:34C'est ça
19:34qui a été
19:36le motif
19:37de l'emprisonnement
19:39de Bamana
19:39parce qu'on l'a
19:40incriminée
19:41pourquoi ?
19:42Pour soulèvement
19:43populaire.
19:45Younoussa Bamana
19:45est condamnée
19:46à 40 jours
19:47d'emprisonnement
19:47par le tribunal
19:48correctionnel
19:49de Tzaoudzi.
19:50Pour sa défense
19:51en appel
19:51le MPM
19:52contacte en métropole
19:53un jeune avocat
19:54maître Laurent
19:55Valéry Radeau.
19:57L'audience
19:57commence.
19:59On instruit
19:59le dossier
19:59Bamana
20:00je pose les questions
20:01qui conviennent
20:01on s'aperçoit
20:02que le dossier
20:03était totalement vide
20:04et je leur ai dit
20:06j'ai honte
20:07pour mon pays
20:08de la justice
20:08telle qu'elle se pratique
20:10ici au Comores.
20:11Un innocent
20:12est arrêté
20:13par des gendarmes français
20:14c'est innocent
20:15et condamné
20:16par des magistrats français
20:17alors que le drapeau
20:18tricolore
20:19flotte toujours
20:19sur le palais de justice
20:20et se met
20:21en innocent
20:21et jeté
20:22dans une prison
20:23sur laquelle
20:24le drapeau tricolore
20:26flotte.
20:26On ne peut pas
20:27être fier
20:27de la justice
20:28telle qu'elle
20:28se rend ici.
20:30Le procureur général
20:31se lève
20:32je n'admets pas
20:33les propos
20:33qui venaient
20:34d'être tenus
20:34à la barre
20:35je demande
20:36à la défense
20:37de les retirer.
20:39Alors
20:39je regarde le procureur
20:40avec un léger sourire
20:41je retirerai volontiers
20:43les propos
20:44que je viens de tenir
20:45à une condition
20:46c'est que par
20:47l'arrêt
20:48que la cour va rendre
20:49elle va démontrer
20:50que j'ai eu tort
20:51d'avoir à rougir
20:52de la justice
20:53de mon pays.
20:54Donc j'attends l'arrêt
20:54et à ce moment-là
20:55je retirerai mes propos.
20:57Et à l'heure où nous parlons
20:5850 ans plus tard
20:59j'attends toujours
21:00l'arrêt
21:01qui n'a jamais été rendu.
21:03C'est un déni de justice
21:04dans toute sa splendeur.
21:07Quand Younusa Bhamana
21:08reprend le combat
21:09un événement national
21:11fait reculer la cause
21:12des militants maorais
21:13favorables
21:14au maintien
21:14dans la République.
21:17Pompidou est mort
21:18c'est par ces trois mots
21:19que nous avons appris
21:20à 21h58
21:22très exactement
21:22par un flash
21:23de l'agence France Presse
21:24que le président
21:25de la République
21:26était décédé.
21:28Les maorais
21:28sont isolés.
21:30Au premier tour
21:31des présidentielles
21:31qui suivent
21:32les électeurs comoriens
21:33votent massivement
21:34pour le gaulliste
21:35Jacques Chaband-Elmas.
21:37Mais il est battu
21:38et le deuxième tour
21:39voit s'opposer
21:40François Mitterrand
21:41à Valéry Giscard d'Estaing.
21:43Giscard savait
21:44qu'il avait des chances
21:45d'être réélu
21:45mais que ce serait juste
21:46donc il fallait absolument
21:48qu'il récupère
21:49ces 70 000 voix
21:50qui s'étaient portées
21:51au premier tour
21:51sur Chaband-Elmas.
21:53C'est la raison
21:53pour laquelle
21:54il a passé un accord
21:56avec Ahmed Abdallah
21:57au terme duquel
21:58il s'engageait
22:00à ce que
22:00l'indépendance
22:01des Comores
22:02se fasse à la suite
22:03d'un référendum
22:04global
22:05et non pas
22:05île par île.
22:06Autrement dit
22:07Giscard a sacrifié
22:0940 000 Français
22:10dont il ne pouvait pas
22:11ignorer
22:12qu'il voulait rester Français
22:12pour pouvoir récupérer
22:1470 000 voix.
22:16Je ne tire pas de jugement
22:17autre que cette triste constatation.
22:19Nous avons
22:19en direct maintenant
22:21par son radio
22:22bien entendu
22:23le résultat
22:24des Comores.
22:25Les Comores
22:26archipels éloignés
22:27de l'Océan Indien
22:28ont le sentiment
22:29ce soir
22:29d'avoir joué
22:30un rôle important
22:31dans le scrutin national
22:32avec une participation
22:33de près de 80%.
22:35Valéry Giscard d'Estaing
22:36se recueille
22:36d'ici près de
22:3779 000 voix.
22:40Dès l'automne suivant
22:41le président
22:41Valéry Giscard d'Estaing
22:43porte un coup fatal
22:44aux revendications
22:45mahoraises
22:45en respectant
22:47sa promesse faite
22:47à Ahmed Abdallah.
22:49Un référendum
22:50d'autodétermination
22:51à l'échelle des Comores
22:52sera organisé
22:53et le résultat
22:54des votes
22:55sera comptabilisé
22:56de manière globale.
22:57Je crois qu'il faut
23:00accepter
23:01les réalités
23:01contemporaines.
23:03Les Comores
23:04sont une unité,
23:05ont toujours été
23:05une unité.
23:06Il est naturel
23:06que leur sort
23:07soit un sort commun
23:08même si en effet
23:10certains d'entre eux
23:10pouvaient souhaiter
23:11et ceci naturellement
23:13nous touche
23:14bien que nous ne puissions pas
23:15ou que nous ne devions pas
23:16en tirer des conséquences
23:17même si certains
23:18pouvaient souhaiter
23:19une autre solution.
23:20Nous n'avions pas
23:20à l'occasion
23:21de l'indépendance
23:22d'un territoire
23:22à proposer
23:24de briser
23:24l'unité
23:25de ce qui a été toujours
23:26l'unique archipel
23:27des Comores.
23:29La revendication
23:31des Mahorais recule.
23:33Les dirigeants
23:33du MPM
23:34décident de mener
23:35un intense lobbying
23:37à Paris.
23:38Ils mobilisent
23:38leurs amis
23:39au sein du comité
23:40de soutien
23:41au peuple maorais.
23:42Parmi les plus actifs,
23:44l'avocat du groupe,
23:45maître Valéry Radeau.
23:48Le français moyen,
23:49quand on lui parlait
23:49de Mayotte,
23:50on disait
23:50pourquoi tu t'intéresses
23:51à Mayotte ?
23:52C'est quand même très loin,
23:53on a des problèmes
23:53plus imminents
23:54et plus urgents
23:55à traiter.
23:56Donc les gens
23:57ne comprenaient pas
23:58qu'il y avait
23:58dans l'affaire de Mayotte
24:00un problème moral essentiel.
24:01Il y avait
24:02la parole de la France,
24:03il y avait des français
24:04qui étaient français
24:04depuis plus longtemps
24:05que Nice et la Savoie
24:07et on ne pouvait pas
24:08les sacrifier
24:09à un pouvoir futur
24:11comorien
24:11qui risquerait
24:12de les massacrer.
24:13Car Marcel-Henri
24:15et Yunus Abamana,
24:16en restant fidèles
24:17à la France,
24:17risquaient leur vie.
24:18Une délégation
24:20d'élus des Comores
24:21est arrivée à Paris.
24:22Elle proteste
24:23contre les modalités
24:24du référendum
24:25sur l'indépendance
24:25de l'archipel,
24:26territoire français
24:27d'outre-mer.
24:28Le projet de loi
24:28prévoit en effet
24:29une consultation globale
24:31de la population
24:31des quatre îles
24:32qui forment l'archipel,
24:34mais les 30 000 habitants
24:35de l'île de Mayotte
24:36qui veulent rester
24:36attachés à la France
24:38souhaitent voter séparément.
24:39La question sera débattue
24:41au Parlement
24:41le 17 octobre prochain.
24:43Le comité de soutien
24:45au peuple maorais
24:46réussit à convaincre
24:48un poids lourd
24:48de la politique.
24:50Alain Poher,
24:51un centriste,
24:52président du Sénat,
24:54c'est le deuxième
24:54personnage de l'État.
24:56Alain Poher
24:57s'est intéressé
24:58à l'île de Mayotte
24:59dans les circonstances
25:00suivantes.
25:01En 1969,
25:03il s'est présenté
25:04contre Georges Pompidou
25:05à l'élection présidentielle.
25:07Et au premier tour
25:08de l'élection présidentielle,
25:09il a eu
25:1099% de voix
25:13en sa faveur
25:14à Mayotte.
25:15Donc Mayotte,
25:16ça sonnait agréablement
25:18dans son oreille.
25:20Alain Poher,
25:21en se référant
25:22à la Constitution,
25:23fait valoir le droit
25:24à l'autodétermination
25:25pour Mayotte
25:26contre l'avis de l'ONU
25:28et de l'organisation
25:29de l'unité africaine,
25:30l'OUA.
25:32La Constitution
25:33de 1958
25:34disposait
25:35qu'il n'est pas possible
25:37qu'on rende indépendant
25:40une partie
25:41de la nation française
25:42sans qu'elle ait été consultée.
25:44Le Sénat
25:44a modifié
25:45le projet
25:45de l'Assemblée nationale
25:46et a décidé
25:47que le référendum
25:49aurait lieu
25:49il pari.
25:51Demain donc,
25:52près de 165 000 Comoriens
25:54se rendront aux urnes
25:55pour répondre
25:56oui ou non
25:57à cette question.
25:58Souhaitez-vous
25:59que le territoire
25:59des Comores
26:00devienne indépendant ?
26:02Le 22 décembre 1974,
26:0563% des Mahorais
26:07votent en faveur
26:08de leur maintien
26:08dans la République,
26:10les trois autres îles
26:11se prononcent au contraire
26:12pour l'indépendance.
26:13C'est un coup de tonnerre.
26:15Le divorce
26:15entre les îles
26:16de l'archipel
26:17est consommé.
26:18Pour Marcel Henry,
26:20cette situation
26:20ne pose aucun problème.
26:22Mayotte serait
26:23dans l'archipel
26:23comme vous dites
26:24mais nous sommes
26:25à 70 km
26:25de l'île
26:26la plus proche
26:26de l'archipel
26:27et par ailleurs
26:29ça ne ferait
26:30que reconstituer
26:32une situation ancienne
26:34étant donné
26:34qu'entre 1841
26:37et 1912
26:38l'île de Mayotte
26:40a été la seule
26:40île française
26:41de l'archipel.
26:43Pour les membres
26:44du mouvement
26:45populaire maorais
26:46Bamana en tête,
26:47l'Assemblée nationale
26:48française
26:49doit reconnaître
26:50dans les meilleurs délais
26:51les résultats
26:52de la consultation.
26:54Une bataille parlementaire
26:55s'engage.
26:57Mahoraises
26:58et maorais
27:00nous marcherons
27:02jusqu'au bout
27:03à la fin
27:04du mois de juin
27:05lorsque le parlement
27:07français
27:08intérimera
27:10la consultation
27:12du 22 décembre.
27:13Mahoraises
27:14!
27:15Mais Ahmed Abdallah
27:38prend la France
27:39par surprise.
27:41Le 6 juillet 1975,
27:43il déclare
27:43l'indépendance
27:44de l'archipel des Comores,
27:46Mayotte comprise.
27:50Tout d'un coup,
27:52vous décidez
27:52de déclarer unilatéralement
27:53l'indépendance.
27:54Pourquoi ?
27:56Le parlement français
27:57a,
27:59par ses mauvaises intentions,
28:01ou le gouvernement français
28:02a mis au monde
28:04un monstre,
28:07un taureau à trois pattes.
28:08Ce que vous appelez
28:09un taureau à trois pattes,
28:10c'est un archipel des Comores
28:11moins Mayotte.
28:11Moins Mayotte.
28:12C'est un taureau à trois pattes.
28:14En proclamant l'indépendance
28:19et en revendiquant Mayotte,
28:21Ahmed Abdallah
28:22tente de forcer l'histoire.
28:25À Mayotte,
28:26nous avons eu une réaction
28:27qui a consisté
28:28à adresser un télégramme
28:29aux autorités de la République
28:30pour leur dire
28:32que nous n'étions pas
28:33d'accord
28:34pour cette proclamation
28:35et que nous nous placions
28:37sous la protection
28:38de la France.
28:39Mayotte devient
28:41une exception
28:42dans la République
28:43et une exception
28:46dans l'archipel.
28:48On prend
28:49notre indépendance
28:51par rapport
28:52à l'indépendance
28:54des autres.
28:55nous prenons
28:56le destin
28:57de l'île
28:58en main
28:59et Yunus Abamana
29:01était préfet
29:03à cette époque.
29:04La première chose
29:05qu'il a décidée,
29:07c'est de dire
29:08on dégage
29:10l'administration
29:11comoréenne
29:12et on prend
29:12les bureaux.
29:14Et je veux
29:14que ce soit fait
29:15dès aujourd'hui.
29:16chaque lait
29:17doit être
29:18à sa porte.
29:23Un mois après
29:24la proclamation
29:25de l'indépendance
29:26des Comores,
29:27un putsch
29:28affaiblit
29:29le nouvel état.
29:31Une information
29:32qui vient de nous parvenir.
29:33Il y a eu
29:34un coup d'état
29:35aux Comores.
29:35Je crois que nous avons
29:36en ligne
29:36Freddy Tomlin.
29:38Oui,
29:39il était 14 heures
29:40hors des Comores
29:41lorsque des coups de feu
29:43trépitaient dans Moroni.
29:45Le nouvel homme fort
29:46Ali Swahili
29:47Ali Swahili
29:49après avoir recruté
29:50le mercenaire
29:51Bob Denard
29:52a renversé
29:53Ahmed Abdallah.
29:54Il s'est avéré
29:55un maoïste sanguinaire.
29:57Il a armé les jeunes
29:58pour aller tuer les vieux
29:59et ça s'est terminé
30:00dans un bain de sang
30:01effroyable
30:02pendant trois ans.
30:03Voilà à quelle sauce
30:04ont été mangés
30:04les malheureux
30:05comoriens indépendants.
30:06Cela n'a fait que
30:07renforcer
30:08notre détermination
30:09dans notre choix
30:10non seulement
30:11d'appartenir à la France
30:13mais de consolider
30:14cette appartenance
30:15pour la départementalisation
30:17L'instabilité
30:19comorienne inquiète.
30:21Lors d'un nouveau référendum
30:23organisé en 1976
30:24à 99,42% des voix
30:28les Mahorais
30:29réaffirment
30:30leur volonté
30:31de rester français.
30:33L'idée d'indépendance
30:35est devenue
30:36ultra minoritaire
30:37sur l'île.
30:38Pourtant
30:38les Comores
30:40et l'ONU
30:40ne reconnaissent pas
30:42ce scrutin.
30:42Valéry Giscard d'Estaing
30:46et son gouvernement
30:47changent de stratégie.
30:49Le président
30:50envoie Olivier Stierne
30:51secrétaire d'Etat
30:52au DOM-TOM
30:53à Mayotte
30:53pour confirmer
30:55l'ancrage de l'île
30:55dans la République.
30:57Le choix que vous avez fait
31:02à la majorité
31:04avec laquelle
31:05il s'est exprimé
31:06témoigne
31:07d'une volonté
31:08évidente
31:09de rester français
31:11volonté
31:13qui s'impose
31:14aujourd'hui
31:14à la France
31:15tout entière.
31:16Le secrétaire d'Etat
31:20annonce même
31:21un calendrier
31:21ambitieux
31:22pour Mayotte
31:23avec en point de mire
31:24une forme
31:25de départementalisation.
31:27On va mettre en place
31:28en effet
31:28pendant une période
31:30transitoire
31:30de 5 ans
31:31l'organisation
31:31départementale
31:32et ensuite
31:33le conseil général
31:33de Mayotte
31:34pourra définitivement
31:35choisir la formule
31:36une fois qu'elle aura été
31:37mise à l'épreuve
31:38pendant 5 ans.
31:39Il y aura ici
31:40beaucoup à faire
31:40vous l'avez vu
31:41des écoles
31:42pour les enfants
31:43mettre en oeuvre
31:44une politique
31:45ardide
31:45dans le domaine
31:45agricole et touristique
31:47il y a donc
31:47beaucoup à faire
31:48mais je crois
31:49que l'on peut compter
31:50sur la population
31:51maoraise
31:51qui est une population
31:52volontaire
31:53laborieuse
31:54comme elle
31:54peut compter
31:55sur la France.
31:58Une dynamique
31:59s'est enclenchée.
32:00Des initiatives
32:01pour rattraper
32:02les retards économiques
32:03et structurels
32:03sur l'île
32:04sont annoncées.
32:06En 1978
32:08donc
32:09la situation
32:10de Mayotte
32:10semble apaisée
32:11et jugée
32:12porteuse d'espoir
32:13même si
32:14l'égalité politique
32:15et le rattrapage
32:16économique
32:17tardent à venir.
32:19Coup d'état
32:19au Comore
32:20confirmé
32:21par un équipage
32:22d'un DC4
32:23de la compagnie
32:23Air Comore
32:24l'aéroport
32:25est fermé
32:26pour cause
32:27de coup d'état
32:27a dit le contrôleur
32:29de vol
32:29de la navigation
32:30aérienne.
32:33Ahmed Abdallah
32:33revient
32:34entouré
32:34de l'ancien député
32:35Mohamed Ahmed
32:36et d'une poignée
32:37de fidèles.
32:38Partout
32:39il est accueilli
32:39par une foule en liesse
32:40c'est le plébiscis.
32:42Ahmed Abdallah
32:45voyant que c'était
32:45si facile
32:46de renverser
32:47un adversaire politique
32:48en utilisant
32:49Bob Denard
32:50a payé
32:51Bob Denard
32:51plus cher
32:52que Ali Swahili
32:53ne le payait
32:54et Bob Denard
32:55s'est enrôlé
32:56sous la bannière
32:57d'Amed Abdallah
32:58la débarrasser
32:59d'Ali Swahili
33:00en l'assassinant.
33:02Au Comore
33:03l'ex-président
33:04Ali Swahili
33:05est mort ce matin
33:06au cours
33:07d'une tentative
33:08d'évasion
33:09selon des informations
33:10officielles comoriennes.
33:11Il avait 43 ans.
33:14Le régime
33:14qui s'était installé
33:15au Comore
33:16était un régime
33:17qui recourait
33:18aux mercenaires
33:19c'était le cas
33:20de Bob Denard
33:21donc franchement
33:22ce n'était pas
33:22une très bonne image
33:23pour les Comores
33:25de recourir
33:26à ce type
33:27de protecteur.
33:30Il n'y avait pas encore
33:31d'informations
33:32sur le groupe Wagner
33:33mais c'était
33:34du petit Wagner
33:35si je puis dire
33:35Bob Denard
33:36c'était une milice
33:38à son compte
33:38pas forcément
33:39très importante
33:39plus effectivement
33:41les liens
33:41qu'il avait
33:42avec l'Afrique du Sud
33:44l'Afrique du Sud
33:44au temps de l'Apartheid.
33:48Ma présence
33:49actuellement ici
33:50comme vous le savez
33:50au sein du directoire
33:52politico-militaire
33:53et disons
33:55l'accueil
33:55de la population
33:56que j'ai libérée
33:57ont fait que
33:59si je voulais rester
34:00dans l'ombre
34:00au départ
34:01je ne peux plus
34:02le faire maintenant
34:02parce qu'il y a
34:04trop de chaleur humaine
34:05et j'ai l'intention
34:06de m'établir définitivement
34:08ici en tant que
34:09Comorien en part entière.
34:11Dès sa première
34:12prise de parole
34:13Ahmed Abdallah
34:14indique
34:14qu'il entend
34:15ramener Mayotte
34:16dans le giron
34:17des Comores.
34:18Quand j'ai signé
34:19des accords
34:20avec
34:21monsieur Pompidou
34:22en 1973
34:25pour préparer
34:28l'indépendance
34:28des Comores
34:29tout a été
34:30prévu
34:31des accords
34:33de A à Z
34:33donc de nouveau
34:35retrouver Mayotte
34:36dans l'archipel
34:37comorien
34:37et dans l'état
34:38comorien
34:38toujours Mayotte
34:39et dans l'état
34:40comorien
34:40les Comores
34:41revendiquent même
34:42Mayotte devant l'ONU
34:43au nom de la décolonisation
34:45Monsieur François Mitterrand
34:51est élu ce soir
34:52président de la République
34:53avec selon notre estimation
34:5551,7%
34:57Le feuilleton politique
34:59gagne en épaisseur
35:00lorsque la gauche
35:01arrive au pouvoir
35:01en France
35:02à la faveur
35:03de l'élection présidentielle
35:04de 1981
35:06Mon père
35:08n'aimait pas du tout
35:09Mitterrand
35:11parce que Mitterrand
35:13avait une politique
35:14de largage
35:15vis-à-vis des Comores
35:16Pour nous
35:17c'était un danger
35:18potentiel
35:19que la gauche
35:20revienne
35:21à l'idée initiale
35:22comme quoi
35:23non
35:23les 4 îles
35:24doivent rester
35:24un peu ensemble
35:26Nous étions
35:26très inquiets
35:28compte tenu
35:28de son amitié
35:29pour
35:30Ahmed Abdallah
35:31J'ai trouvé
35:32en François Mitterrand
35:33le président
35:35de la République française
35:36un homme
35:38attentif
35:39compréhensif
35:40évolué
35:42qui n'est pas
35:44colonialiste
35:44et qui respecte
35:46toutes ses idées
35:46François Mitterrand
35:47avant de devenir
35:48président
35:49avait une relation
35:51avec Abdallah
35:51parce que Abdallah
35:53précisément
35:54représentait le courant
35:56indépendantiste
35:57des Comores
35:57et comme il était
35:59dans l'opposition
35:59il n'avait pas
36:00forcément admis
36:01la manière
36:02avec laquelle
36:03Mayotte avait été
36:04séparé
36:06des Comores
36:07c'était un homme
36:08extrêmement prudent
36:09ce n'était pas
36:11un homme
36:11à s'engager
36:12sur des dossiers
36:13de cette nature
36:13parce que c'était
36:14des dossiers
36:15je vais être vulgaire
36:15casse gueule
36:16c'était un Machiavel
36:17on le sait
36:18et donc
36:19on n'a jamais entendu
36:20le son de sa voix
36:21pour défendre Mayotte
36:22Devenu premier ministre
36:25de la cohabitation
36:26en 1986
36:27Jacques Chirac
36:29soutient les demandes
36:30de Mayotte
36:31et met à distance
36:32les Comores
36:32il se rend d'ailleurs
36:34sur l'île
36:34pour prouver son engagement
36:36La visite de Jacques Chirac
36:39en 1986
36:40c'est déjà un progrès
36:41par rapport à la stratégie
36:43d'abandon
36:44je dis
36:45d'abandon
36:46des socialistes français
36:48pour ce territoire français
36:51Cette garantie
36:53cette sécurité
36:55que vous demandez
36:57depuis des décennies
36:59je suis venu
37:00personnellement
37:02vous l'apporter
37:03Vous êtes des citoyens
37:07de la république
37:08et vous le demeurerez
37:10aussi longtemps
37:11que vous le désirerez
37:13Mais au milieu du discours
37:16une petite phrase
37:18refroidit l'enthousiasme
37:19des Mahorais
37:20Les paysans
37:22de chez moi
37:23qui ont
37:24beaucoup de sagesse
37:25disent
37:27il ne faut jamais
37:28mettre la charrue
37:29avant les bœufs
37:31Je suis persuadé
37:32que cette formule
37:33est vraie
37:34en toutes circonstances
37:36et pour vous aussi
37:37Ils nous avaient
37:39partiellement
37:40découragés
37:41en nous disant
37:42qu'il ne fallait pas
37:43mettre la charrue
37:44avant les bœufs
37:45en ce sens
37:46que la départementalisation
37:47ne pouvait être obtenue
37:48que s'il y avait
37:49un développement économique
37:51préalable
37:51Mais comment procéder
37:53à ce développement
37:53économique préalable
37:55s'il n'y avait pas
37:56une garantie
37:56sur le plan institutionnel
37:58qui pouvait favoriser
37:59les investissements ?
38:00Cela n'était pas possible
38:01Le statut de département
38:04tant souhaité
38:05par Mayotte
38:05est donc repoussé
38:07Malgré cela
38:08le petit groupe
38:09d'activistes
38:10ne désarme pas
38:11Nous ne désespérons
38:12pas du tout
38:13Nous n'avons pas
38:14l'intention
38:15de renoncer d'abord
38:15à notre objectif
38:17qui est la départementalisation
38:18Dès le départ
38:19de cette action
38:19je savais
38:20que la vertu principale
38:21qu'il nous fallait
38:22manifester
38:23c'est la patience
38:23Conclusion
38:24le combat continue
38:25pour vous ?
38:25Le combat continue
38:26Le 26 novembre 1989
38:31les Comores
38:32font de nouveau
38:33la une des journaux télévisés
38:35Le président des Comores
38:36a été assassiné
38:37Bob Denard
38:38aurait commandité
38:39l'assassinat
38:40du président Abdallah
38:41il aurait même tué
38:42de sa propre main
38:43selon certaines sources
38:44citées par l'agence France Presque
38:46Considéré comme indésirable
38:49par le nouveau pouvoir intérimaire
38:51Bob Denard
38:52est sommé
38:52de quitter l'île
38:53Avec le départ
38:55des mercenaires
38:56les Comores
38:57peuvent enfin
38:57entrer en démocratie
38:58Pour ce pays
39:00une nouvelle histoire commence
39:01Elle a des effets directs
39:04sur Mayotte
39:04En mars 1990
39:11Saïd Mohamed Johar
39:13tout juste élu président
39:14des Comores
39:15est reçu à l'Elysée
39:16par François Mitterrand
39:17La récente démocratisation
39:21donne l'occasion
39:22aux deux hommes
39:23de réactiver le dossier
39:24sur la réunification
39:25de l'archipel
39:26Signe du rapprochement
39:30avec le président Johar
39:31Quand François Mitterrand
39:33se rend dans l'océan Indien
39:34il ne s'arrête pas
39:35à Mayotte
39:36mais bien aux Comores
39:37Il y tient un discours
39:39interprété comme ambigu
39:40par les Mahorais
39:41voire pro-Comoriens
39:42sur le différent territorial
39:44Dès maintenant
39:45Nous devons prendre les mesures
39:47qui permettront
39:48une communication
39:50et des échanges constants
39:52entre les îles
39:54Il est de multiples formes
40:01d'unités
40:02croyez-moi
40:02et nous allons
40:04les rechercher
40:05La gauche
40:07idéologiquement
40:09est convaincue
40:10de l'émancipation
40:11par l'indépendance
40:12Le choix de Mayotte française
40:14il est illisible
40:15pour la gauche
40:15qui va le faire payer
40:17très cher
40:18A Mayotte
40:19le mandat de Mitterrand
40:21rien n'est fait
40:23à Mayotte
40:23rien
40:24ni aux courantes
40:26ni école
40:27ni électrification
40:29Cette époque
40:32marque le début
40:33de l'arrivée massive
40:34des Comoriens à Mayotte
40:36Sur place
40:37ils jouissent
40:38des avantages
40:39sociaux français
40:40En fait
40:41ils considèrent
40:42être chez eux
40:43à Mayotte
40:44Ce dossier
40:46devient une obsession
40:47pour les élus Mahorais
40:48Ils y voient
40:49une stratégie comorienne
40:51pour les submerger
40:52Toutes les nuits
40:56de frêles petits bateaux
40:57quittant Jouan
40:58pour l'île de Mayotte
40:59avec à bord
41:00des dizaines de clandestins
41:01La police désert
41:02et des frontières
41:03vient d'en arrêter
41:04une trentaine
41:05Parmi eux
41:06des enfants
41:07et des femmes enceintes
41:08Elles viennent accoucher
41:09à Mayotte
41:10pour profiter
41:10de la bonne qualité
41:11et de la gratuité
41:12des soins
41:13Oui
41:15je suis rentré
41:16clandestinement
41:16sur un petit bateau
41:17Mais que voulez-vous
41:19On n'a que des ennuis
41:20à Jouan
41:20On n'a rien
41:22à manger
41:22On maigrit
41:24Alors on vient ici
41:25On travaille
41:26et on mange
41:27Quand Jacques Chirac
41:30est élu président
41:31de la République
41:32en 1995
41:33Younous Abamana
41:35croit le moment
41:36de la départementalisation
41:37enfin arrivé
41:38Dans ce monde
41:41en convulsion
41:42y compris
41:44dans notre voisinage
41:45immédiat
41:46chacun
41:47doit comprendre
41:49notre acharnement
41:51à un attachement
41:52plus profond
41:52avec cette France
41:55berceau de la démocratie
41:58pour réclamer
41:59inlassablement
42:01la départementalisation
42:03de Mayotte
42:04Mais Jacques Chirac
42:06refuse
42:06à la place
42:07il propose
42:08un entre deux
42:09que Mayotte
42:10soit une collectivité
42:11territoriale
42:11d'outre-mer
42:12dotée des pouvoirs
42:14du département
42:14C'est une avancée
42:16très prudente
42:17pas une intégration
42:18complète
42:19dans la République
42:20Le 2 juillet 2000
42:22les Mahorais
42:23doivent une fois de plus
42:24voter sur ce nouveau statut
42:2672,9% des électeurs
42:29se prononcent pour
42:30Quand on vous pose
42:32une question
42:32on vous dit
42:32vous voulez être indépendant
42:33c'est oui ou c'est non
42:34on vous dit non
42:35Pour moi
42:36le sujet il est clos
42:37Mais non
42:38à Mayotte
42:39on n'arrête pas
42:40de nous poser la question
42:41Évidemment
42:43au niveau freudien
42:44vous comprenez bien
42:44que le sujet
42:45n'est pas tant
42:46ce que nous on souhaite
42:47plutôt que ce que souhaite Paris
42:48Il y a une constance
42:50c'est que
42:51l'état français profond
42:53je veux dire
42:55les affaires étrangères
42:56les finances
42:57a toujours été opposé
42:58à la départementalisation
43:00de Mayotte
43:00Les affaires étrangères
43:03a toujours considéré
43:04que Mayotte
43:04c'était les comores
43:06et les finances
43:08parce qu'ils avaient peur
43:09ça coûte cher
43:09Donc
43:11tout militer
43:12contre
43:13la départementalisation
43:15Tous les présidents
43:17la promettaient
43:18aucun ne le faisait
43:19En 2007
43:24pendant la campagne
43:25de l'élection présidentielle
43:26Nicolas Sarkozy
43:28s'engage à agir
43:29pour donner satisfaction
43:30aux Mahorais
43:30D'abord
43:33c'est une idée
43:35qui s'installe
43:35pendant la campagne
43:36où il va faire
43:37une lettre aux Mahorais
43:38pour leur dire
43:39qu'il soutiendra
43:40la départementalisation
43:42Donc de ce fait là
43:43il s'est engagé
43:44par écrit
43:45à l'endroit des Mahorais
43:46pour que Mayotte
43:48soit le 101ème
43:49département de France
43:50Voilà des gens
43:51qui veulent rester français
43:52Voilà des gens
43:53qui sont unanimes
43:54à demander
43:55la départementalisation
43:57Je n'avais que des raisons
43:58de faire cette départementalisation
44:00D'autant plus
44:02que j'avais prévu
44:04quelque chose
44:04de très dur
44:05c'est que le montant
44:07des aides sociales
44:08serait de 25%
44:12de ce qu'il était
44:13en métropole
44:14et que le rattrapage
44:17se ferait sur 20 ans
44:18Donc c'était une décision
44:20forte
44:21politiquement assumée
44:23et en rien
44:24des mains gauchiques
44:25Un moment historique
44:27pour Mayotte
44:28et pour les Mahorais
44:29C'est ainsi que Nicolas Sarkozy
44:30a salué
44:31la victoire du oui
44:32au référendum
44:32sur la départementalisation
44:34Une victoire attendue
44:35plus de 95%
44:37C'était donc hier soir
44:39la liesse
44:40dans le chef-lieu
44:41Mamoudzouais
44:42Tout le monde
44:42on est content
44:43ce soir
44:43on va danser
44:44on va sauter
44:45et voilà
44:46on est content
44:47Bienvenue pour la fin
44:48Le départemental
44:50Oui
44:51Oui
44:51Mayotte
44:52Le départemental
44:53Oui
44:53Oui
44:54Cette date
44:55du 29 mars
44:57qui est une date
44:59symbolique
45:00pour les Mahorais
45:01et les Mahoraises
45:03Merci
45:04Le combat était long
45:0650 ans
45:07et là
45:09c'était comme une délivrance
45:11C'était pratiquement
45:13une période
45:15de festivité
45:16Toute la population
45:18était mobilisée
45:19Enfin
45:20la finalité
45:21d'un long combat
45:22le statut
45:24de département
45:24Je pense que
45:26pour les Mahorais
45:27la départementalisation
45:28c'était pour eux
45:30la certitude
45:30de l'irréversibilité
45:33de l'appartenance
45:35à la France
45:35Janvier 2010
45:39Nicolas Sarkozy
45:40vient partager
45:41la victoire
45:41du oui au référendum
45:43avec une population
45:44en liesse
45:45J'ai souvenir
45:47de la relecture
45:49du discours
45:50du président
45:50dans l'avion
45:51qui s'exerçait
45:52à parler Mahorais
45:53Je pense que
45:54c'était la première
45:54et sans doute
45:55c'était la dernière fois
45:56qu'il a parlé Mahorais
45:57notamment dans la phrase
45:58qu'il a citée
45:59dans son discours
46:00Kwezi wa Mahorais
46:02J'ai les images
46:08d'une foule immense
46:10des drapeaux
46:11bleu, blanc, rouge
46:12partout
46:13et son discours
46:16qui est resté
46:16dans la tête
46:17de tous les Mahorais
46:18Je ne laisserai à personne
46:20à aucune puissance étrangère
46:24le droit de décider
46:27de qui serait français
46:29et de qui ne le serait pas
46:31Mahote
46:33c'est la France
46:34Mahote
46:35restera française
46:36Il y avait plus
46:40de 10 000 personnes
46:41sur un tout petit territoire
46:43qui étaient venus accueillir
46:46le président
46:46de la république française
46:47C'était émouvant
46:49Non, c'était pas émouvant
46:50C'était bouleversant
46:52Mais dans la foule
46:56il y a un grand vide
46:58laissé par les pionniers
46:59qui se sont battus
46:59pour maillotte française
47:00Zéna Mdéré
47:02s'est éteinte
47:03quelques années plus tôt
47:04de même que
47:06Younous Abamana
47:07Cet homme
47:11s'est battu
47:12pendant toute cette période
47:13jusqu'à sa mort
47:15sans avoir vu
47:17l'aboutissement
47:18de son combat
47:19parce qu'il n'a pas vu
47:20la départementalisation
47:22mais il a rendu possible
47:24la départementalisation
47:25Seul Marcel Henry
47:29a vu aboutir
47:30ce long combat
47:30La départementalisation
47:35a constitué
47:36un réel tournant
47:37mais tous les problèmes
47:39n'ont pas été réglés
47:40Au contraire
47:41le nouveau statut
47:43de l'île
47:43l'a rendu
47:44plus attractive
47:45Aujourd'hui
47:47les héritiers
47:48des chatouilleuses
47:49et du groupe
47:49pionnier des patriotes
47:50maorais
47:51affrontent un défi
47:52démographique complexe
47:54Les enfants
47:55de parents comoriens
47:56nés à Mayotte
47:56sont automatiquement français
47:58C'est le droit du sol
48:00On a quand même
48:0230 naissances par jour
48:05Sur les 12 mois
48:06on arrive à 9000
48:0710 000 naissances
48:08Ce qui nous oblige
48:10nous à construire
48:11une classe
48:11tous les jours
48:12Donc vous imaginez
48:13la pression
48:14enfoncier
48:16etc.
48:16Donc on est arrivé
48:18à un niveau
48:20de saturation
48:21C'est l'ampédouza
48:25multiplié par
48:25mille
48:27quoi faire ?
48:29Pour limiter
48:31l'immigration
48:32il y a
48:33des retours
48:34que l'on
48:34peut organiser
48:36Nous l'avons fait
48:37C'est d'ailleurs
48:38quand on regarde
48:39les statistiques
48:41sur ce qu'on appelle
48:42les OQTF
48:43les raccompagnements
48:44à la frontière
48:44c'est à Mayotte
48:45qu'ils sont
48:45les plus importants
48:46les plus effectifs
48:47Et puis enfin
48:49et c'est ça
48:50l'idée que moi
48:51j'ai portée
48:52si on veut
48:53limiter l'immigration
48:54il faut développer
48:55les Comores
48:56Ce qui peut paraître
48:56paradoxal
48:57c'est-à-dire que
48:58en réalité
48:59le choix
49:00que les Comores
49:01ont fait
49:02les a mis
49:02dans une situation
49:03de développement
49:04contrarié
49:06Quand vous demandez
49:07à un Comorien
49:08pourquoi vous venez
49:08il me dit
49:08c'est pour une vie meilleure
49:10vie meilleure ok
49:11mais on ne peut pas
49:12faire face
49:13à une pression
49:15de cette importance
49:17pour un territoire
49:18qui ne fait que
49:18374 km²
49:20Cela ressemble
49:22à une bataille
49:23des naissances
49:24La violence
49:25et l'insécurité
49:26imputées à tort
49:27ou à raison
49:27aux nouveaux arrivants
49:28accroissent les tensions
49:30entre Mahorais
49:31et Comoriens
49:32Les Mahorais
49:42on a grandi
49:43les portes étaient ouvertes
49:45il n'y avait pas de verrou
49:46sur les portes
49:47et on est aujourd'hui
49:48le département
49:48le plus violent de France
49:50C'est pas possible
49:52Dans ce contexte
49:55le gouvernement
49:55a lancé en 2023
49:57des opérations
49:58de police
49:58spectaculaires
49:59contre la violence
50:00Mais ces actions
50:02n'ont pas eu
50:03les faits escomptés
50:04Les Mahorais
50:05dénoncent
50:06l'incurie de l'Etat
50:07et lancent
50:07un mouvement
50:08de protestation
50:09L'île est bloquée
50:10Le ministre de l'Intérieur
50:13Gérald Darmanin
50:14vient sur place
50:15en 2024
50:15Il crée la polémique
50:17en proposant
50:18une restriction
50:19du droit du soin
50:20à Mayotte
50:20Le président de la république
50:22m'a chargé
50:23de dire aux Mahorais
50:24que nous allons prendre
50:25une décision radicale
50:27qui est l'inscription
50:27de la fin du droit du sol
50:29à Mayotte
50:29C'est à dire
50:30qu'il ne sera plus possible
50:31de devenir français
50:33si on n'est pas
50:34soi-même
50:34enfant de parents français
50:37Cette immigration
50:38qui est une menace hybride
50:41une déstabilisation
50:42organisée
50:43concertée
50:44de Mayotte
50:45c'est évidemment
50:46le projet de Moroni
50:47de dire
50:48on prend le contrôle
50:49le contrôle de Mayotte
50:50Nous sommes la continuité
50:52des chatouilleuses
50:53Nous n'accepterons
50:55jamais
50:57jamais
50:58au grand jamais
50:59ce qui se passe
51:00chez nous
51:01Ce sont des gens
51:02qui ne peuvent pas
51:03nous voir
51:04qui veulent accaparer
51:06ce que nous
51:07nous avons
51:08C'est comme s'ils
51:09ils veulent nous
51:10chasser
51:10de chez nous
51:11mais nous
51:12ne partirons pas
51:13Pour le gouvernement
51:16et les partis politiques
51:17Mayotte est devenu
51:19un terrain d'affrontement
51:20sur l'identité
51:21de la France
51:21Et ce débat survient
51:23alors que de nouveaux
51:24immigrés
51:24arrivent maintenant
51:25sur l'île
51:26en provenance
51:26notamment
51:27d'Afrique de l'Est
51:28Mais pour les Mahorais
51:32la lutte contre
51:33l'insécurité
51:34et l'immigration
51:35ne constituent pas
51:36une problématique
51:37ou une polémique
51:38de plus
51:38Pour eux
51:44ce qui est en jeu
51:46n'est rien moins
51:46que leur existence
51:47en tant que peuple
51:49au sein
51:50de la République française
51:50Sous-titrage Société Radio-Canada
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