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Ancien ambassadeur près le Saint-Siège, Bruno Joubert a évoqué les accusations de la presse italienne à l'encontre d'Emmanuel Macron : «Il y a peut-être une volonté de mettre des bâtons dans les roues».

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Transcription
00:00Je pense qu'il y a une petite vengeance. Alors on s'attaque, qui est le coupable, ou plutôt la victime ? La victime, c'est le président de la République française.
00:09Évidemment, on ne prête qu'aux riches beaucoup le taxe d'avoir des initiatives déplacées ou qui ne seraient pas au bon moment, donc très facile de tirer sur le personnage en question.
00:20Ensuite, il y a un accusateur. L'accusateur, c'est la presse italienne. Et la presse italienne, conservatrice ou de droite en l'occurrence,
00:31elle a probablement deux matchs en cours. Elle a un premier match qui est le faux match, c'est-à-dire opposer le président de la République française
00:41à la présidente du Conseil italienne, Mme Mélanie, en disant qu'ils ne s'entendent pas bien, que c'est un vilain coup. Bon, ça, c'est le faux match.
00:47Le vrai match, il est à mon avis ailleurs. Il est dans le fait que le président de la République se soit rendu la veille à un dîner
00:56avec la communauté Sant'Egidio. Là aussi, quelque chose d'assez régulier. Sant'Egidio est une communauté que la France suit avec intérêt
01:09parce qu'elle a un rôle international fort. Mais en revanche, Sant'Egidio est plutôt classée centre-gauche socialisme en Italie.
01:16Et de ce fait, il y a là une espèce de volonté de barrer la route, peut-être, au cardinal Matteo Zuppi,
01:26qui est un cardinal très influent, qui était très bien vu du pape François, qui est le cardinal archévièque de Bologne.
01:32Et par conséquent, il y a peut-être là une intention de la presse italienne d'un certain courant d'essayer de mettre des bâtons
01:38dans les roues en se servant de la France. Donc, on instrumentalise, d'une certaine façon, la présence du président de la République française.
01:45Donc, quelque chose qui était tout à fait normal comme exercice pour un objectif, le vrai match,
01:50qui est celui de tirer sur ce cardinal Zuppi et peut-être Sant'Egidio derrière.
01:56Voilà mon interprétation la plus immédiate. J'ajoute que ce n'est pas la première fois qu'on voit l'Église italienne
02:03être mêlée à ce genre de débats de politique intérieure, je dirais de débats politiciens,
02:10comme aurait utilisé le terme du général de Gaulle, c'est-à-dire où on voit, même sous Benoît XVI,
02:17il y a eu un épisode fameux en 2013, où le cardinal Bagnasco, qui représentait les évêques italiens,
02:23et le cardinal Bertone, qui était le secrétaire d'État du pape, donc le Premier ministre,
02:27s'était furieusement empoigné, y compris devant la presse, pour savoir s'il fallait ou pas,
02:33que l'Église la plus officielle, c'est-à-dire Rome, le Vatican, se mêlent de politique italienne.
02:38Donc voilà, c'est un débat qui est constant, et je crois qu'au fond, ça trahit quelque chose d'assez intéressant,
02:44c'est qu'en Italie, on continue de penser que l'Église est italienne, que l'Église mondiale est italienne,
02:49et ça, c'est quelque chose qui est très, je dirais, réducteur aujourd'hui,
02:54quand on sait qu'au conclave qui va se tenir dans quelques jours,
02:57pour la première fois, 80%, 80% des cardinaux ne sont pas des cardinaux issus des nominations de François,
03:08donc n'ont pas d'expérience du conclave,
03:11et sur ces cardinaux, il y en a 83 qui viennent de ce qu'on appelle le sud global,
03:16et seulement 52 qui viendront des pays dits riches, c'est-à-dire l'Europe et l'Amérique du Nord, en gros.
03:23Donc on voit bien que cette vision italienne d'une Église qui est encore complètement à la main de Rome,
03:30c'est quelque chose qui n'aura plus cours à ce conclave-ci.

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