Le corps d'Agathe Hilairet, une femme de 28 ans portée disparue le 10 avril autour de Vivonne (Vienne), où elle était partie courir, a été retrouvé dimanche dans un sous-bois, a annoncé lundi 5 mai le parquet de Poitiers. "L'autopsie réalisée ce jour n'a pas permis de déterminer, à ce stade, les causes du décès. Plusieurs analyses complémentaires sont en cours afin de poursuivre les investigations", a déclaré le procureur Cyril Lacombe dans un communiqué. Écoutez l'analyse de François Daoust, ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 05 mai 2025.
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00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h19, bonsoir François Daoust.
00:07Bonsoir M. Calvi.
00:08Merci infiniment de prendre la parole ce soir en direct sur RTL.
00:11Vous êtes ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
00:16Le corps d'Agathe Hilleret, cette jeune femme de 28 ans portée disparue.
00:20Depuis le 10 avril, elle a donc été retrouvée dans un sous-bois à proximité de la ville de Vivonne dans la Vienne.
00:25Pour l'instant, les causes de son décès ne sont pas encore connues, les analyses complémentaires sont en cours.
00:30Je rappelle qu'Agathe, 28 ans, habitait chez ses parents et était partie faire un jogging.
00:34Comment aborde-t-on une enquête de ce type ?
00:37Elle a été abordée sur différents angles.
00:40D'abord, celui de l'accident, celui de la volonté de se suicider ou celui de l'agression.
00:48Ce qui fait qu'il y a trois axes et l'ensemble des équipes d'enquêteurs,
00:52parce que nous avons les équipes de recherche sur le terrain,
00:54mais également les équipes d'enquêteurs qui étaient là pour étudier toutes les autres pistes
00:59à partir des éléments indiciels pouvant exister.
01:03C'est-à-dire à travers l'environnement de la jeune fille,
01:05est-ce qu'à travers ses SMS, ses correspondances, ses échanges avec ses amis et tout,
01:12elle avait fait part d'une certaine volonté suicidaire ou pas ?
01:17Ou est-ce qu'elle était harcelée sur les réseaux ?
01:19Est-ce que quelqu'un la suivait ?
01:21Il y a toute l'étude des indices numériques par rapport au téléphone et au bornage,
01:26qui font qu'à partir de là, où est-ce que ça s'est arrêté ?
01:30Qu'il y avait d'autres dans la zone de bornage, les autres téléphones ?
01:34Donc on voit que les axes sont multiples.
01:38Parallèlement, là...
01:38Pardonnez-moi, aucune de ces trois pistes ne sont privilégiées au moment où nous parlons ?
01:42Non, non. Et d'autant moins que l'autopsie n'a pas encore été déterminante à ce stade.
01:48Ce qui fait qu'apparemment, l'os yoïde, c'est-à-dire l'os du cou,
01:53n'a pas pu déterminer, en tout cas les médecins à ce stade,
01:58si elle avait été étranglée ou pas.
02:00Les prélèvements complémentaires sont en cours.
02:02Il y a de la toxicologie pour voir si elle était un surdosage médicamenteux ou pas,
02:07ou autre substance qu'elle aurait pu ingérer volontairement,
02:11ou qu'on lui aurait fait ingérer.
02:13Mais également, l'anatomopathologie, dont on parle très peu,
02:16mais qui va être déterminante dans cette autopsie,
02:20parce que c'est elle qui va étudier les lésions et les modifications des organes et des tissus
02:25causées par une maladie, voire par un infarctus.
02:28Et il n'y a qu'avec ça qu'on va pouvoir déterminer s'il y a une cause naturelle à ce décès.
02:34Donc, là-dessus, il faudra attendre le retour pour fermer certaines portes,
02:39ou au contraire, en laisser d'autres ouvertes.
02:42À partir de là, ces vêtements et les prélèvements faits sur elles,
02:45bien évidemment, l'ADN sera déterminant,
02:48si tant est que les conditions extérieures aient permis de le conserver.
02:52On voit qu'on a encore un champ de possibles qui est aussi ouvert qu'au début,
02:56avec des actes d'enquête qui ne se sont pas arrêtés et qui vont continuer.
03:00Avez-vous été surpris, vous, de la durée des recherches ?
03:03Trois semaines, le chiffre peut paraître surprenant, non ?
03:05Alors, non.
03:07Souvenez-vous, quand on était sur l'affaire Lina,
03:11les recherches, elles avaient duré 18 mois.
03:14Donc, la zone, elle est très importante.
03:17On n'est pas dans une zone urbaine,
03:18on n'est pas dans un parc au sein d'une ville ou autre.
03:22Et à partir de ce moment-là, avec une zone aussi vaste,
03:28il arrive, hélas, qu'on ne trouve pas forcément les personnes disparues
03:34et encore immédiatement.
03:35Il sera intéressant, en revanche, de savoir si la zone de découverte,
03:39qui apparemment est en périphérie de la zone de recherche,
03:42mais périphérie, il faudra voir si des personnes sont passées pour voir à cet endroit.
03:47Et si, oui, il y avait eu des recherches à cet endroit,
03:51ça pourrait être un indice comme quoi le corps a été déplacé dans un deuxième temps.
03:56Voilà.
03:57Donc, on voit que sur le terrain, la zone de découverte est tout aussi importante
04:01qu'une zone de crime.
04:03Donc, quelles sont les traces de pas ?
04:04Quelles sont les traces indicielles qui peuvent être tout autour de cette zone ?
04:10Quels sont les chemins ou les possibilités d'accès jusqu'à cet endroit
04:15pour voir si elle a pu venir là seule
04:18ou si on l'a amenée contrainte et forcée ?
04:21Quels sont les premiers détails auxquels on doit s'attacher,
04:23notamment avec le corps de la victime ?
04:26Alors, c'est la préservation de tous les indices qui peuvent être sur le corps.
04:31Elle peut être porteuse de fibres, d'ADN, on en a parlé,
04:34de tout élément indiciel dans le contact avec une autre personne.
04:38Ça, c'est la première chose.
04:38Deuxième chose, c'est...
04:39Pardonnez-moi, et après trois semaines, c'est encore possible ?
04:42Alors, selon le temps, ça, c'est la nature qui est hélas inégale
04:47en fonction des affaires, des endroits et de la protection.
04:50Mais il arrive parfois que des années après, on puisse retrouver de l'ADN,
04:54notamment sous les ongles, si jamais il y a eu des gestes de défense,
04:58par exemple, et qui est parfaitement exploitable.
05:01Donc, ça va être la protection des mains,
05:03de façon à ce qu'il n'y ait pas de contamination lors du transport,
05:06jusqu'à l'Institut Médico-Légal et après à l'exploitation à l'Institut Médico-Légal
05:13de tous ces prélèvements qui seront développés, analysés par la suite
05:17pour obtenir des éléments de réponse.
05:19Je reviens tout petit peu en arrière.
05:20Une centaine de gendarmes, vous l'avez rappelé, avaient été mobilisés.
05:23Des équipes synophiles, notamment.
05:25Des sondeurs, des hélicoptères, des drones.
05:27De très gros moyens ont été déployés.
05:28Est-ce que l'explication du fait qu'on ne l'ait pas retrouplé plus rapidement
05:33vient du fait qu'on a retrouvé le corps, apparemment,
05:36un petit peu en dehors de la zone des recherches envisagées ?
05:39C'est cela ?
05:40Alors, ça, ça en fait partie, effectivement.
05:43Et puis, la zone de recherche était très large,
05:45sachant que c'était une personne qui avait une possibilité
05:47de faire plus de 20 kilomètres de footing,
05:49et tout azimut, c'est-à-dire à 360 degrés.
05:53Et quand on part d'un point fixe et qu'on fait 360 degrés,
05:55on s'aperçoit que ça fait des dizaines,
05:59voire des centaines de kilomètres carrés.
06:01Ce qui, pour aller faire une recherche dans le détail,
06:04malgré les chiens, on peut parfaitement, hélas,
06:07passer à côté d'une piste odorante,
06:11surtout qu'à un moment, il a plu,
06:13puis après, il a fait énormément, il a fait très chaud.
06:16Il y a eu des variations climatiques
06:18qui peuvent venir perturber les recherches,
06:21et notamment les recherches pour les chiens.
06:23À moins que le corps ait été, effectivement,
06:26redéposé à un endroit différent.
06:29Tout à fait.
06:30Et ça, ça fait partie,
06:31tant qu'on n'aura pas les résultats définitifs de l'autopsie,
06:34ça fait partie des éléments et des hypothèses de travail.
06:39Et c'est pour ça que les enquêteurs
06:41travaillent sur la zone de découverte,
06:44la zone élargie, avec tous ces chemins d'accès.
06:47Quelles sont toutes les traces que l'on va pouvoir voir ?
06:48Quels sont les téléphones qui ont borné dans cette zone
06:51dans les jours qui ont suivi jusqu'au moment de la découverte,
06:56de façon à ouvrir le champ des possibles
06:59en matière d'interprétation ?
07:01En tout cas, demander des comptes
07:04à toutes les personnes qui ont pu être présentes.
07:06Après une première phase d'enquête
07:08pour disparition inquiétante,
07:09une information judiciaire pour enlèvement
07:11et séquestration a été ouverte.
07:12C'est logique ?
07:15Oui, c'est parfaitement logique
07:17parce que là, on est dans l'ouverture
07:19pour une telle infraction.
07:22C'est une infraction criminelle
07:23qui va confier à un ou plusieurs juges d'instruction
07:28l'affaire et qui donne des pouvoirs
07:29d'investigation judiciaire
07:31beaucoup plus importants aux OPJ,
07:33sous le contrôle, bien sûr,
07:34et la direction des juges d'instruction.
07:37Et si on ne faisait pas ça,
07:40on serait beaucoup plus contraints
07:41dans l'enquête,
07:42alors que là,
07:43tous les moyens possibles judiciaires
07:45peuvent être mis pour pouvoir réaliser l'enquête.
07:49Merci infiniment de toutes ces précisions très claires.
07:52François Daoust,
07:53vous êtes ancien directeur
07:53de l'Institut de recherche criminelle
07:55de la Gendarmerie nationale
07:56et vous réagissiez donc
07:57à la découverte du corps d'Agathe Hilleret,
07:59portée disparue,
08:00je le rappelle, depuis le 10 avril.
08:02Merci d'avoir pris la parole sur RTL.
08:07RTL Soir