• il y a 7 heures
L'ADN du principal suspect a été retrouvé sur les mains de Louise, 11 ans, poignardée à mort après avoir disparu vendredi à la sortie de son collège en Essonne. Trois personnes de l'entourage du mis en cause ont elles aussi été placées en garde à vue pour non-dénonciation de crime. Il s'agit de ses parents - sa mère, âgée de 48 ans et son père âgé de 49 ans - ainsi que sa compagne, âgée de 23 ans. 1coutez l'interview du général François Daoust, ancien directeur de l'IRCGN (institut de recherche en criminologie de la gendarmerie nationale).
Regardez L'invité de Yves Calvi du 11 février 2025.

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Transcription
00:00Jusqu'à 20h, RTL Soir avec Kif Kalvi et Vincent Derosier.
00:04Il est 18h18, bonsoir François Daoust.
00:06Bonsoir Monsieur Kalvi.
00:08Vous êtes l'ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
00:12Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL ce soir.
00:15L'ADN du principal suspect, âgé de 23 ans, interpellé hier soir, a donc été retrouvé sur les mains de Louise.
00:22Annonce faite par le parquet d'Evry, le corps de cette jeune fille avait été retrouvé samedi dans un parc d'épinés sur Orges.
00:27Elle a été poignardée à une dizaine de reprises au thorax et au cou.
00:31C'est évidemment un tournant dans l'enquête.
00:33C'est un tournant indéniable à plus d'un titre.
00:37C'est que ça ne doit pas être le seul élément qui vient sur le dossier concernant ce jeune homme.
00:45Et les enquêteurs l'ont interpellé à partir du moment où il y avait un certain nombre de retours d'examens scientifiques.
00:54C'est parce que les prises d'ADN, les prélèvements ADN sur le corps de la petite Louise
01:00ont été faits dans la foulée de la découverte de la scène de crime.
01:05Et les résultats d'analyse au petit matin devaient déjà être là.
01:08Ce qui fait que quand on sait que la personne mise en cause ou le suspect a été prélevé plusieurs heures avant sa garde à vue,
01:17c'est-à-dire que déjà se construisait sa prochaine interpellation.
01:22Ce soir, peut-on dire que l'ADN du suspect sur les mains de Louise est une preuve, et j'ajoute, une preuve de culpabilité ?
01:29Alors, l'enquête va beaucoup plus loin et on ne peut pas s'arrêter uniquement à ça.
01:35Toutefois, il faut savoir qu'un simple ADN de contact, l'ADN est très volatile,
01:40pourrait être controversé.
01:43En l'espèce, il ne faut pas oublier qu'il a des griffures.
01:46Et que très certainement, ce que le procureur a voulu dire par l'ADN découvert sur les mains,
01:52était peut-être aussi de l'ADN sous les ongles.
01:55Et là, on rentre dans quelque chose qui n'est pas un simple contact par hasard,
02:00c'est une préhension et c'est un contact physique entre une personne et une autre.
02:06Vous qui êtes un spécialiste de la police scientifique, a-t-elle été utile dans cette enquête selon vous ?
02:11Ça semble une évidence quand on vous écoute.
02:14Oui, là c'est indéniable que les enquêteurs, les agents de la police technique et scientifique
02:20ont fait faire un pas majeur à l'enquête et vers un aboutissement immédiat.
02:27Mais elle n'est pas terminée, on va rentrer dans un autre temps long.
02:30Mais oui, là on a changé complètement de paradigme et on a quelqu'un d'intérêt immédiat
02:36pour lequel il aura du mal à s'expliquer autrement que par une agression.
02:40Quel est le temps long dans lequel nous rentrons et que vous venez d'évoquer ?
02:43Très certainement, le procureur de la République va faire un réquisitoire
02:48pour l'ouverture d'une information et confier l'enquête à un ou plusieurs juges d'instruction.
02:56C'est-à-dire que derrière, il va y avoir tout le parcours de l'enfance à maintenant de ce jeune homme,
03:03il va y avoir les expertises psychiatriques, il va y avoir son environnement,
03:07il va y avoir ce qu'est un tel passage à l'acte.
03:12Donc on s'inscrit dans tous les éléments qui vont construire le futur procès.
03:20François Daoust, le jeune homme habite dans le voisinage de Louise.
03:23Son profil intéresse les enquêteurs depuis le début.
03:26Est-ce qu'on peut dire qu'il était, j'utilise une formule un peu facile, dans le collimateur des enquêteurs ?
03:32Alors d'entrée, il n'était pas forcément dans le collimateur des enquêteurs.
03:36En revanche, il était dans ce que l'on appelle la technique de l'escargot,
03:41qui est du plus près au plus loin.
03:43Le plus près, c'est le cercle parental, à peine un peu plus loin, c'est le voisinage,
03:49à peine un peu plus loin, c'est tout ce qui aurait pu englober l'école et le parcours, etc.,
03:54jusqu'au prédateur d'opportunités qui ne serait pas de la ville
03:58et qui aurait tout d'un coup flashé sur la petite Louise.
04:02On est encore sur un crime de voisinage qui correspond au voisinage ou parental,
04:09le premier cercle des crimes, 80% des crimes en France.
04:1480% des crimes en France se font dans un cercle extrêmement proche, c'est cela ?
04:19Je vous ai bien compris ?
04:20Oui, c'est tout à fait ça.
04:21Et les enquêteurs le savent et commencent donc ?
04:23Oui, oui.
04:24Oui, oui, oui.
04:25Et on ne peut pas, comme le disait d'ailleurs mon camarade Général Fontbon hier soir sur votre antenne,
04:31eh bien, on ne peut pas commencer par le cercle parental et le voisinage immédiat.
04:37Ce serait une faute professionnelle et là, bien évidemment,
04:41les enquêteurs l'ont fait tout de suite, ne serait-ce que pour éviter le dépérissement des preuves.
04:46Des traces de coupure ont donc été constatées sur ses doigts,
04:49son emploi du temps comporte des incohérences.
04:51Tous ces détails prennent une dimension particulière dans une enquête de ce type ?
04:55Oui, d'autant plus qu'il y a ses parents et sa petite amie
05:01qui sont toujours en garde à vue, qui donnent leur version des faits,
05:05mais leur version par rapport à leur fils ou aux compagnons de la petite amie,
05:12qui est, quel est l'emploi du temps que vous a donné ce jeune homme ?
05:17Votre fils, etc., ils donnent leur version.
05:20Puis après, cette version, elle va être confrontée entre eux,
05:24c'est-à-dire que les enquêteurs vont voir ce que chacun a dit.
05:27Est-ce qu'il y a des incohérences déjà dans les versions entre les parents et la petite amie ?
05:32Et après, c'est par rapport à l'histoire que rencontre ce jeune homme,
05:39eh bien, c'est...
05:40Mais attendez, votre père a dit ça, votre mère a dit ça,
05:43comment ça se fait que vous ne disiez pas la même chose ?
05:45Donc voilà, ces incohérences viennent encore accroître le faisceau d'indices
05:54qui est déjà donné par des preuves matérielles qui s'accumulent derrière les autres.
05:58Alors François Daoust, il aurait été filmé par des caméras de vidéosurveillance
06:01avec un vêtement que l'on ne retrouve pas,
06:03ça suggère qu'il l'a caché, brûlé, en tout cas, par définition,
06:07maintenant, ce vêtement va être cherché, fait partie de l'enquête.
06:10Tout à fait, comme l'arme du crime,
06:14et le fait d'ailleurs de maintenir en garde à vue,
06:17que ce soit les parents, la petite amie,
06:19eh bien, ça évite le dépérissement des preuves,
06:23ça permet aux enquêteurs de continuer des perquisitions,
06:26que ce soit au domicile des uns et des autres,
06:28et de manière plus élargie,
06:30pour retrouver, que ce soit dans une conteneur poubelle,
06:33que ce soit proche ou éloigné, la doudoune,
06:36que ce soit l'arme du crime, etc.,
06:38pour leur permettre de travailler le maximum.
06:41De même, dans la salle de bain du jeune homme,
06:43ou la salle de bain de la maison,
06:46s'il s'est nettoyé, les mêmes puns de sang,
06:48on pourra retrouver de telles traces,
06:50dans les siphons, de tout le sanitaire.
06:54Donc, on voit qu'il y a, derrière encore,
06:57énormément de travail de police technique et scientifique,
07:00et un travail d'enquête qui va toujours être
07:03un travail de fourmi pour ne rien oublier.
07:05Et pardonnez-moi, 24 heures après m'être lavé les mains
07:08dans un lavabo, que j'aurais réutilisé depuis,
07:11peut-être pour me brosser les dents,
07:13ou pour me raser ce matin,
07:15on peut retrouver des traces de mon lavage de mains,
07:18si j'avais du sang sur les mains, de la veille ?
07:20Tout à fait.
07:22Dans la tuyauterie ?
07:24Dans la tuyauterie, et dans le siphon en particulier,
07:26c'est un petit peu la magie de l'ADN,
07:29et derrière, la composition des plaquettes sanguines,
07:32qui font que, même avec un nettoyage à grand dos,
07:35avec beaucoup d'éléments, etc.,
07:38on va retrouver des molécules de sang,
07:41des molécules d'ADN,
07:44qui seront restées, malgré le lavage à grand dos.
07:47RTL le révélait dès hier,
07:50les parents du suspect et sa petite amie sont donc eux aussi en garde à vue,
07:53au moment où nous parlons. Pourquoi ? Pour non-dénonciation de crime ?
07:56Alors, ça c'est la non-dénonciation de crime,
07:59où ça tiendra, où ça ne tiendra pas.
08:02Mais c'est en tout cas ce qui permet
08:05de les interroger en garde à vue,
08:08ce qui permet de les éloigner de la maison,
08:11et de pouvoir fouiller la maison et faire des opérations
08:14de police technique et scientifique tranquillement.
08:17Et surtout, si jamais ils avaient voulu protéger leur fils,
08:20éviter qu'il ne continue
08:23à détruire des preuves qui pourraient s'accumuler contre lui.
08:26Merci infiniment, François Daoust,
08:29d'avoir pris la parole ce soir sur notre antenne.
08:32Je rappelle le titre de votre dernier livre,
08:35La police scientifique et technique, le choc du futur.
08:38Il est publié aux éditions du Rocher et co-écrit avec notre confrère Jacques Pradel.
08:41Dans un instant, les toutes dernières informations dans le journal de 18h30,
08:44puis à 18h40, un entretien exceptionnel et rare.
08:47La cheffe de la diplomatie européenne, Kaya Callas,
08:50est de passage à Paris face aux menaces commerciales de Donald Trump.
08:53Et celle qu'on surnomme la dame de fer, Balte,
08:56est notre invitée dans moins de 15 minutes.

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