La famille Chardon perpétue le savoir-faire des charpentiers traditionnels de Chartreuse, travail à l'ancienne, travail en famille, travail d'excellence selon les règles de l'art qui prend son temps au nom de la qualité, un documentaire dédié à cette famille trace tous les marqueurs de la tradition du territoire et de ses valeurs...
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00:00Trinia Résidence, vous êtes confortablement installé pour regarder Si On Parlait.
00:05Générique
00:29Bienvenue à tous, très heureuse de vous convier à cette table à la rencontre d'une famille de tradition devenue une famille d'exception.
00:37Une famille qui perpétue le savoir-faire des charpentiers traditionnels de chartreuse, travail à l'ancienne, travail en famille, travail d'excellence selon les règles de l'art qui nous prend, qui prend son temps au nom de la qualité.
00:51Un documentaire dédié à cette famille trace tous les marqueurs de la tradition, du territoire et de ses valeurs.
00:59Et c'est un homme pour qui ses valeurs n'ont pas de prix, qui a voulu nous raconter cette histoire.
01:04C'est Chris Moiroux, bienvenue.
01:06Bonsoir Lucie.
01:07Très heureuse encore de vous retrouver, créateur de la descente des alpages, fou de chartreuse.
01:12De chartreuse.
01:13Sous toutes ses formes.
01:14Voilà, sous toutes ses formes.
01:15Celui qui raconte cette histoire, c'est Olivier Escalon, bienvenue.
01:20Merci.
01:21Réalisateur de films documentaires.
01:23Et eux, ce sont les Chardons.
01:26On a Clément et on a Laurent, une petite partie de la famille.
01:30On est très honorés déjà de vous recevoir.
01:31Bienvenue.
01:32Merci.
01:32Merci.
01:33Avec donc nous, la cinquième génération, c'est ça ?
01:37Oui.
01:37Non, la cinquième, c'est vous.
01:39C'est vous Laurent, c'est ça.
01:41Et Clément, vous êtes la sixième génération de charpentiers en chartreuse.
01:46Alors, c'est un programme qui cartonne sur les plateformes.
01:49Déjà, on a des milliers de vues sur notre page YouTube pour voir ce magnifique documentaire intitulé Génération de charpentiers.
01:57Pour le voir en grand écran, il faut le regarder sur Télé Grenoble, à la télévision.
02:02Donc, Génération de charpentiers sera diffusé le dimanche 18 mai à 21h15.
02:08Et donc, sans doute, l'un des plus beaux films qui nous a été donné de diffuser sur notre antenne.
02:14J'imagine que vous êtes toujours très modeste, un petit peu éloigné de tout ça, de tous les projecteurs, de tous les écrans.
02:21Mais est-ce que vous le ressentez comme un honneur, ce film ?
02:25Oui, oui, c'est vraiment un honneur pour toute la famille parce que ça permet de retracer, de raconter toute l'histoire de notre famille depuis plusieurs générations.
02:39Et vous vous disiez peut-être, mais pourquoi est-ce qu'on fait un film sur nous ?
02:43Je ne sais pas si vous le prenez comme ça en toute modestie.
02:45Est-ce que vous réalisez l'impact que ça peut avoir et la valeur qu'ils peuvent transmettre, Clément ?
02:50Oui, oui, j'ai eu beaucoup de retours de ce film et ça fait énormément plaisir quand on voit des connaissances, même de loin,
02:58qui nous envoient des messages pour nous dire, finalement, félicitations pour le film.
03:02On n'a pas fait grand-chose en retour, mais ça fait plaisir d'avoir passé du temps, finalement, à faire ce film.
03:11C'est un film qui nous amène au bord du guillet, c'est un film qui nous amène en chartreuse, qui nous amène aussi en Haute-Savoie,
03:18un petit peu partout, dans la forêt, dans un atelier, juste en famille, dans les bureaux.
03:23L'idée maîtresse du docu, Chris, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que c'est un film sur la famille ?
03:28C'est un film sur la tradition, sur les vieux métiers, sur le territoire, voire sur la matière même ?
03:34Vous en avez un bout de matière ici devant vous.
03:37Vous pouvez le prendre dans les mains, on ne le voit pas très bien.
03:38Voilà, c'est un beau morceau de bois de chartreuse dont Laurent parlera tout à l'heure.
03:44Pour un beau morceau de bravoure.
03:45Voilà.
03:46En fait, l'histoire de ce film, c'est d'abord la suite logique d'un chemin qu'on a emprunté avec Olivier, il y a quelques années,
03:55dans la réalisation de films, de films sur notre territoire, sur les savoir-faire, sur les alpages.
04:01Voilà, on avait envie de faire un film un peu plus grand, avec une dimension patrimoniale,
04:07et je dirais même jusqu'à une dimension philosophique, un petit peu,
04:11sur une autre façon de concilier le passé, de vivre le présent et de préparer l'avenir.
04:19Donc nous, les téléspectateurs, on est un petit peu impliqués.
04:22Donc c'est un film qui nous amène à réfléchir.
04:24On ne peut pas juste le regarder.
04:26Ça entraîne forcément une réaction de notre part ?
04:28Exactement.
04:29Et puis c'est d'abord le fruit d'une rencontre formidable avec une famille formidable
04:33qui sont à l'honneur sur ce film et c'est bien mérité.
04:37Voilà, et nous on est modestes devant leur savoir-faire, devant leur gentillesse,
04:43devant leurs compétences et devant leur modernité,
04:46si finalement on a l'impression qu'ils sont d'abord des défenseurs de la tradition.
04:51En fait, moi je pense qu'ils incarnent vraiment une vision équilibrée, moderne,
04:56de l'écologie, de la préservation de notre patrimoine.
04:58Et c'est pour ça que j'ai été heureux de faire ce film avec Olivier,
05:02parce que je sais qu'il est très sensible à cette dimension.
05:04Et que c'est un très grand réalisateur qui connaît très bien l'événement qui va suivre,
05:08car on va revenir sur ce que soulève le documentaire.
05:12Bien sûr, on va aussi vous donner envie de le regarder tout au long de cette émission spéciale, justement.
05:17D'abord, on vous raconte le point de départ.
05:20Vous le connaissez sans doute, vous tous, qui avez forcément mis les pieds dans le foin et dans les bouses.
05:26Rue de Strasbourg au début de l'automne à peu près chaque année,
05:29c'est en plein centre-ville, la descente des alpages.
05:31Donc vous êtes l'artisan, Chris Moiroux, vous qui avez voulu retracer le lien entre les alpages et la ville,
05:37centre, entre la terre et l'assiette.
05:39Et ce lien, il s'appelle la fête.
05:41Voilà, exactement.
05:42Et puis surtout, on a vécu une année 2024 sabbatique, sans descente des alpages.
05:47Donc triste.
05:47À cause notamment de la fièvre Cataralovine.
05:52Et cette année, on s'est dit, on ne peut pas laisser mourir cette belle fête, cette belle tradition.
05:58Et donc on prépare une nouvelle édition qui aura lieu les 10 et 11 octobre.
06:03Voilà, et je pense que cette année sabbatique, elle a été deux jours, voilà, vendredi et samedi.
06:08Voilà, et je pense que cette année sabbatique aura été positive,
06:12dans la mesure où elle a permis peut-être de réfléchir et de revenir un petit peu aux valeurs fondamentales de la descente.
06:19Et ne pas oublier que c'est d'abord une fête avec des vaches, des éleveurs, des producteurs formidables,
06:26avant d'être une fête grenobloise.
06:28On vous y voit le chardon à la descente des alpages traditionnellement ?
06:31Non, on n'est jamais venus pour cette fête.
06:39Après, l'occasion, c'est pour présenter.
06:44On va la trouver, on va vous y inviter.
06:45Voilà, rien ne nous empêche de descendre non plus.
06:49Non, c'est vrai, il y a beaucoup de bérets.
06:51Un charpentier a un béret traditionnellement ?
06:54Ou vous vous inscrivez dans la tradition des bergers de Chartreux ?
06:56Non, dans le bâtiment, les charpentiers, je pense que c'est une des corporations qui porte encore le béret.
07:04On le voit encore couramment sur les chantiers.
07:07Et puis, nous, on le porte depuis tout jeune.
07:10Ça permet de se tenir à l'abri aussi.
07:14Il faut savoir qu'on est quand même une partie de l'année dehors.
07:17Et que le béret nous couvre toute la journée avec la tête au sec.
07:23Et donc, c'est dans l'esprit de la descente des alpages que vous avez voulu mettre en lumière la famille Chardon.
07:28Donc, on a compris ce lien qui n'était pas si direct, puisque vous n'êtes pas des agriculteurs, mais bien des charpentiers.
07:34Comment vous les avez connus, Chris ?
07:36Moi, je suis amoureux de mon territoire et donc du massif de la Chartreuse.
07:41Et quand on vit en Chartreuse, quand on aime la Chartreuse, il est impossible de ne pas rencontrer un jour la famille Chardon.
07:47Et puis, quand on a la chance, comme on l'a eu avec Olivier, de pénétrer un petit peu leur intimité, de voir leur lieu de travail.
07:57Et bien, je pense qu'on se dit qu'il faut absolument faire quelque chose avec eux, parce qu'ils méritent un petit peu les coups de projecteur,
08:05même s'ils travaillent un peu dans l'ombre et dans la discrétion.
08:09Alors, dans l'ombre, il faut descendre à Saint-Même-du-Bas, c'est ça ?
08:12D'en bas.
08:13Voilà, Saint-Même-du-Bas.
08:14Saint-Même-du-Bas.
08:15Alors, on y va en bas pour aller rencontrer la famille.
08:18C'est une très vieille tradition.
08:21C'est vous, la sixième génération, qui allez me la raconter, Clément.
08:23Il faut remonter jusqu'où pour aller trouver les premiers charpentiers chez les Chardon ?
08:28Jusqu'à quand, surtout ?
08:30En 1882, ça a commencé.
08:34Donc, nos arrières-grands-parents.
08:40Voilà, donc l'entreprise, il y a eu toutes ces générations qui se sont succédées, mais tout le temps en famille.
08:47Donc, c'est une entreprise qui n'a jamais été vendue.
08:50Aujourd'hui, il y a beaucoup d'entreprises qui sont reprises, mais il y a des...
08:53Carrément, on change de...
08:55Il y a un changement complètement.
08:57Il y a peu d'entreprises où il y a comme ça une continuité et une transmission des savoirs au sein des familles.
09:06Donc, nous, on a eu la chance de reprendre l'entreprise en 1994, à la suite de mon oncle,
09:13qui nous a appris une grande partie du métier.
09:18Et que vous transmettez donc à vos enfants.
09:20Alors, on rappelle que vous, la cinquième génération, vous êtes deux frères jumeaux.
09:24C'est ça ? Vous êtes des Cléments et...
09:27Je vous avais dit, je vais tous vous mélanger.
09:30Donc, on va peut-être pas dire...
09:31Si, allez, on va dire les prénoms.
09:32Donc, Laurent et...
09:33Éric.
09:33Éric.
09:34Vous avez des enfants, donc.
09:36Alors, il y a Baptiste qui est chef charpentier, qu'on voit ici, c'est ça ?
09:40Oui, mon fils est né, voilà Baptiste.
09:42Il y a Adrien qui fait plus de la couverture zingrée qu'on voit ici.
09:47Le frère Clément.
09:48Clément, donc, surtout tourneur et charpentier, c'est ça ?
09:51C'est ça.
09:52Et puis, on a Eleonore, qui est donc la future gérante.
09:57Et tous ensemble, en fait, vous travaillez tous ensemble dans ce lien qui s'est fait tout à fait naturellement.
10:03Vous n'avez jamais vraiment réfléchi à travailler dans l'entreprise familiale, Clément ?
10:09Non, non, ça s'est fait tout naturellement, en fait, avec mon cousin et ma cousine.
10:14Et puis, mon frère, on est à peu près tous du même âge.
10:17Donc, en fait, depuis tout petit, on a toujours vécu ensemble, aller à l'atelier ensemble.
10:22Nos parents, ils étaient tout le temps ensemble aussi.
10:24Donc, en fait, ça s'est fait naturellement.
10:26On se côtoie vraiment depuis tout jeune.
10:29Et puis, après, dès qu'on a pu commencer aussi à aller à l'atelier,
10:33après, ils nous ont trouvé une occupation vite fait.
10:35Il y avait toujours du travail à faire.
10:37Donc, il y a toujours quelque chose.
10:38Déjà, tout petit, on met la main à la pâte.
10:40Donc, on a commencé par balayer des copeaux, jouer dans les copeaux aussi.
10:44Et puis, après, ça s'est fait naturellement.
10:46Avec l'âge, on a commencé après à aller sur les chantiers.
10:49On a compris le métier.
10:50On nous a fait servir des outils.
10:54Et puis, voilà.
10:55Donc, vous êtes une des seules familles où on ne dit pas,
10:57je ne joue pas avec mes outils, tu vas te blesser, tu vas...
10:59Non, on s'est blessé aussi en travaillant avec des outils.
11:04Mais bon, on apprend de nos erreurs et puis on essaye de ne pas les refaire.
11:08Ça, c'est sûr.
11:09Tant que vous n'avez pas blessé Olivier Escalon,
11:11donc le réalisateur de ce documentaire,
11:16un plaisir, j'imagine, fou à mettre en image la tradition.
11:22Puisqu'il y a sur ces images, il faut prendre le temps,
11:25comme le charpentier prend son temps aussi avec ses vieux métiers.
11:29On sentirait presque l'odeur du cuir sur ces images, Olivier.
11:32Je pense qu'avec Les Chardons, on s'est retrouvé sur quelque chose.
11:37C'est qu'il y a vraiment un amour du travail bien fait.
11:40Et chez eux, j'ai vraiment pu observer ça à chaque fois,
11:43sur tous les chantiers, sur tous les tournages où j'ai été avec eux.
11:46C'est une vraie patience, une concentration, un perfectionnisme,
11:50comme j'en ai rarement vu dans ma vie.
11:52Et comme tu le sais, j'adore filmer les travaux manuels
11:58parce que ça donne des images magnifiques.
12:00Tu peux faire des gros plans absolument sublimes.
12:03Et je me suis vraiment régalé à essayer de comprendre comment ils travaillaient
12:06et à les observer, travailler, à prendre le temps d'être avec eux,
12:09de leur poser toutes les questions que j'avais envie de leur poser.
12:12C'est un vrai privilège, en fait, de pouvoir avoir cette position de réalisateur
12:15parce que tu peux poser toutes les questions que tu veux
12:18et les gens sont là pour te répondre.
12:20C'est vraiment hyper enrichissant.
12:22On n'est pas contre la montre, bien sûr.
12:25Il faut rester fidèle aussi à leur patience, à leur geste, à l'art du geste.
12:29Et ces images, elles sont vraiment sublimes.
12:30Et c'est là aussi que se traduit vraiment l'amour de cette matière
12:34avec donc des outils très traditionnels, finalement, ici.
12:38Vous n'avez pas ou peu retouché les outils, l'outillage,
12:44les machines qui vous servaient à fabriquer ces pièces.
12:48Ça se modernise un peu, mais pas trop au niveau de l'outillage.
12:53Disons que l'entreprise, elle a évolué avec le temps, bien sûr.
12:57Elle s'est modernisée, mais plus au niveau du dessin,
13:02au niveau du dessin et de la conception.
13:08Après, au niveau du métier, vu qu'on fait essentiellement
13:12à 90% de la restauration de monuments et même de petits patrimoines,
13:16ça peut être une maison de caractère, un four à pain, voilà.
13:20Mais tout ce qui est bâti ancien, et en fait, on retravaille
13:25dans la restauration du bâti ancien, on retravaille avec les mêmes techniques
13:30qu'autrefois.
13:31Donc, c'est ce qui nous permet d'utiliser encore tous ces outils.
13:34Oui, alors, forcément, vous, les ascendants, vous les connaissez, ces outils.
13:38Merci. Vous avez formé vos enfants et vos neveux, etc.
13:43Il arrive un moment où on est autonome, parce que l'expérience, ça compte.
13:47Est-ce qu'il y a un moment où on se dit, non, non, mais c'est bon, je sais faire ?
13:51Ou est-ce que tout le temps, vous allez les chercher ?
13:54Non, non, non. Et puis même nous, on leur dit de partir au bout d'un moment.
13:58Sans blague.
13:58Après, on aura besoin d'eux aujourd'hui sur les chantiers, parce que, bon, certes,
14:02on n'a pas l'expérience qu'eux, ils ont sur les chantiers, mais après, je pense
14:06qu'aujourd'hui, on est assez autonome. On a à peu près chacun nos chantiers.
14:12On maîtrise pas mal les techniques de charpente.
14:15À 21 ans ?
14:16Non, après, il me manque l'expérience, comme je le dis toujours.
14:19On a toujours besoin d'un petit moment dans la journée, de les appeler ou leur passer
14:23un coup de téléphone et il nous manquera toujours une solution.
14:25Ou de les envoyer un peu pètre, garder quand même un peu.
14:30Oui, oui, il y a toujours le moment où...
14:32On écoute, on écoute.
14:34On va m'envoyer.
14:36Ça va, tu veux les bouchoirs aussi ?
14:39Non, non, je te laisse faire. Je m'en vais.
14:41Tu as un peu besoin de moi.
14:45Déjà, pour la fourniture bois pour un ventail.
14:49Donc là, on est au mètre cube.
14:51On est à 1750 euros pour un mètre cube de bois.
14:53Donc toi, tu as combien de mètre cube, Eleonore ?
14:570,355.
14:59Allez.
15:00Mais là, je fais ça, fois...
15:04Eh bien, ton prix de...
15:06Le prix...
15:06Bah oui, Eleonore.
15:07Oui, mais je ne suis pas sûre.
15:09Tu n'es pas sûre. On l'a fait des dizaines de fois.
15:10Oui, mais bon.
15:11Vous gardez votre calme parce qu'il y a la caméra d'Olivier ou parce que...
15:19Non, non, mais après, Eleonore, elle débute...
15:24Là, c'était dans ses premiers mois à l'entreprise.
15:28Donc, Eleonore, elle était peut-être encore à l'école, en formation.
15:33En alternance.
15:34En alternance.
15:35Donc, elle n'est encore pas à plein temps à l'entreprise.
15:38Maintenant, elle gère.
15:38Aujourd'hui, ça fait...
15:40Bah, depuis le mois de septembre qu'elle est à plein temps.
15:43Et elle a bien pris ses marques.
15:46Aujourd'hui, elle commence à devenir autonome.
15:50Bon, bien sûr qu'il faut que je sois là pour l'accompagner, pour finaliser les dossiers.
15:55Mais disons qu'elle me dégrossit à 80% tous mes dossiers.
16:00Tout à fait.
16:01Elle vous appelle.
16:01D'ailleurs, il y a un souci sur une facture.
16:04Là, je crois.
16:04On va voir.
16:05On la rappelle tout à l'heure.
16:06Mais donc, on disait qu'il y a du travail traditionnel, mais qui s'est sacrément modernisé dans la gestion.
16:13C'est aussi ça qui l'avait attiré.
16:15Et d'ailleurs, je crois que c'était en recevant des architectes,
16:18en vous voyant faire que...
16:20Elle s'est dit, finalement, moi, mon truc à moi, je ne vais pas forcément être habile de mes mains,
16:25mais je vais tenir la baraque.
16:26Je serais la charpente de cette entreprise familiale.
16:29Elle est habile de ses mains aussi.
16:31Ah oui.
16:32Forcément, elle donne aussi des petits coups de main.
16:33Non, elle dessine.
16:35Elle fait de très beaux dessins.
16:37Elle est vraiment très habile là-dessus.
16:41Donc, elle me fait beaucoup de perspectives, de dessins.
16:45C'est elle qui conçoit ?
16:47Parce que là, on voit un de vos chantiers en 3D.
16:52Donc, ça, c'est un des outils de modernisation qui doivent beaucoup,
16:57beaucoup soulager aussi votre activité et faciliter les choses aussi.
17:01Vous qui avez connu, il y a quelques années, vraiment la pure tradition, la pure gestion.
17:06Comment est-ce que vous voyez l'arrivée de ces outils-là ?
17:09Eh bien là, vous voyez, comme ce dessin de charpente,
17:11ça, c'est tracé directement sur un logiciel de charpente pur.
17:15Donc, aujourd'hui, pour travailler sur ce type de logiciel,
17:18il faut, en principe, il faut être déjà charpentier de métier.
17:21Donc, comme là-dessus, il est au nord.
17:23Elle ne peut pas faire de la conception de charpente.
17:25Ce n'est pas son métier à la base.
17:27Donc là, c'est vraiment des charpentiers qui travaillent sur la conception.
17:30Donc, parce que là, il faut connaître le trait de charpente,
17:36il faut connaître la conception, les assemblages.
17:39Donc là, on est vraiment dans le pur, vraiment dans le métier,
17:47tout ce qu'il y a de plus pur au niveau de la conception.
17:50Et puis, on peut dire, oui, c'est la conception de charpente.
17:57Donc, c'est le dimensionnement, ça fait partie des études aussi structurelles.
18:04Mais avec ces outils-là modernes, la 3D, on le voit ici,
18:07c'est un moyen de se développer.
18:08C'est une opportunité pour vous aussi, une opportunité d'attirer les jeunes,
18:12de garder aussi vos jeunes ?
18:14Aujourd'hui, on sait que le dessin en 3D,
18:17ça permet déjà de nous de gagner du temps sur les chantiers.
18:20Parce que si on tracait tout à la main,
18:22aujourd'hui, on aurait des délais encore bien plus longs.
18:25Donc ça, c'est vrai que c'est la grosse partie, disons,
18:27nous, qu'on a modernisée au sein de l'entreprise.
18:29Donc c'est toute la partie dessin.
18:32Après, bien sûr, sur nos chantiers,
18:34quand on travaille à l'ancienne, on travaille beaucoup sur et pur.
18:37Donc à l'échelle 1, comme on dit,
18:38c'est à l'échelle 1, c'est grandeur nature.
18:42Donc là, on retaille nos charpentes en atelier.
18:46Mais après, au niveau des jeunes,
18:49c'est sûr qu'aujourd'hui, ils voudraient tous venir travailler au bureau,
18:53travailler vers la conception du dessin.
18:56Informatiser, c'est ça aussi.
18:57C'est d'autres perspectives.
18:58Voilà, c'est d'autres perspectives.
18:59Mais disons que les jeunes sont plus attirés par ça aujourd'hui
19:02que par le chantier.
19:03Tant mieux, finalement.
19:05Oui, mais nous, on cherche aussi des hommes de...
19:06Il faut des deux.
19:07Nous, on cherche aussi des hommes de...
19:08Des charpentes qui...
19:10Et alors, il n'y en a pas assez encore aujourd'hui ?
19:12Parce qu'on dit que...
19:13Alors, je ne sais pas où sont les statistiques,
19:14mais qu'il y a un vrai retour à la matière,
19:16un vrai retour à l'artisanat.
19:18Il y a un retour...
19:19Oui et non, mais...
19:20Les compagnons se donnent du mal aussi.
19:21Après, il manque beaucoup de main-d'œuvre dans le bâtiment
19:24et beaucoup de main-d'œuvre qualifiée.
19:26Donc ça, je pense que c'est propre à tous les métiers.
19:29Ce n'est pas uniquement charpente.
19:31Mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
19:32c'est compliqué de recruter la main-d'œuvre qualifiée.
19:37Et Laurent, tu disais aussi qu'il faut 15 ans
19:40pour former un charpentier
19:42avec le niveau de compétence dont vous avez besoin
19:45pour les travaux que vous faites.
19:46Oui, c'est ça, en restauration de patrimoine,
19:49pour former, disons, un chef d'équipe,
19:52une personne qui est capable de mener un chantier
19:54avec deux, trois charpentiers,
19:58enfin une équipe de trois ou quatre.
20:00Et c'est entre 10 et 15 ans de formation.
20:02Et puis on en apprend tous les jours
20:04parce que nous, tous nos chantiers sont différents.
20:06On n'a pas de...
20:07Il n'y a rien de défini d'avance.
20:08Donc chaque chantier, il faut s'adapter.
20:12Il faut trouver les bonnes solutions.
20:14Proposer aussi la restauration
20:17et les solutions qui vont bien aux clients.
20:19Il faut du solide.
20:20Voilà.
20:22La base.
20:23Nous, on est sur la durée.
20:27En restauration de monuments,
20:29en couverture, une torture,
20:30on dit qu'elle est faite pour un siècle.
20:32Et en charpente, nos charpentes,
20:34elles sont faites pour plusieurs siècles.
20:35Une charpente, elle est faite pour 300, 400 ans,
20:39voire plus si c'est des charpentes en chaîne
20:41qui sont là pour 700 ou 800 ans.
20:45Donc on est vraiment...
20:47À la base, on travaille,
20:48mais vraiment sur la conception
20:49et les matériaux qui sont là pour durer.
20:54Pour l'excellence.
20:56Qu'est-ce que c'est ça, justement ?
20:57Je vais vous laisser le porter
20:58parce que ça n'a pas l'air léger.
21:01Qu'est-ce que c'est ?
21:01Qu'est-ce que vous avez apporté, Clément ?
21:03Eh bien ça, c'est une bise aiguë.
21:05Donc ça, c'est le langage français.
21:07Chez nous, en charteuse,
21:08on appelle ça une bezingue.
21:10Une bezingue.
21:11Une bezingue, OK.
21:12Donc en fait, c'est un ciseau à bois,
21:15si vous voulez,
21:16à vraiment grande échelle.
21:19Il faut à peu près 1 mètre, 1 mètre 20 long.
21:21Ça dépend, il y en a plusieurs tailles.
21:23Après, selon les gabarits aussi de personnes.
21:25Mais voilà, c'est un outil pour vraiment...
21:27Travailler du lourd.
21:28Travailler du lourd, voilà, c'est ça.
21:29Regardez, faites voir là un peu
21:30parce que je crois qu'on a un bois...
21:32Faites voir sur notre table.
21:33Je peux vous montrer, mais...
21:35En plus, elle est quand même relativement neuve, celle-ci.
21:37Vous voyez, on voit la chartreuse, là.
21:38C'est l'émassie.
21:39C'est censé représenter l'émassie.
21:41Vous n'êtes pas perdus ici.
21:42Donc voilà.
21:43Oui, donc on comprend que...
21:44Vous faites de la muscu un peu,
21:45vous vous entretenez ?
21:46Non, on n'a pas besoin.
21:47Le soir, dès qu'on rentre, on mange et puis on va se coucher.
21:51D'accord.
21:51On mange et puis il faut que ça tienne au corps.
21:53Aussi.
21:53Alors, pour entretenir...
21:54Oui, aussi.
21:55Quand même, vous êtes sacrément charpenté, bien sûr.
21:58Voilà, on l'attendait.
21:59Clément, en tout cas vous, j'imagine que c'est la tradition,
22:03l'amour de la matière peut-être aussi
22:05qui vous a guidé dans ce métier de tourneur ?
22:08C'est aussi beaucoup un héritage.
22:11Parce que du coup, moi, j'ai vu mon grand-oncle,
22:14leur oncle.
22:15Depuis tout petit, je l'ai vu tourner dans l'atelier.
22:19Et en fait, c'est lui qui nous a montré...
22:21Enfin, il nous a montré tourner et automatiquement,
22:24comme j'expliquais tout à l'heure,
22:25on prend goût automatiquement en voyant les personnes faire.
22:29Les jouets ne font pas mieux aujourd'hui.
22:31C'est vrai que c'est très proche finalement.
22:32La poterie, les petites choses, quand on est tout petit, ça fascine.
22:35C'est ça.
22:36Et en fait, le tonton, tout de suite, dès qu'on appuie,
22:39il nous a mis sur son tabouret,
22:40que lui aussi, son père lui avait fabriqué
22:42quand il était gamin aussi.
22:45Et il nous a mis sur son tabouret
22:47et il nous a montré à la tournerie les bons gestes à avoir.
22:50Et on a commencé par juste arrondir un morceau de bois
22:52et puis après, on faisait des manches.
22:54Et puis ça s'est fait naturellement en allant à l'atelier.
22:58Mais ce n'est pas simple.
22:59Là, Olivier, c'est fascinant ces images.
23:01On filmerait ça, on regarderait ça sans s'arrêter.
23:04Un petit débordement.
23:06Il faut tout recommencer peut-être.
23:07Mais il n'y en a pas avec vous
23:08puisque vous avez l'habitude, vous avez le métier.
23:09Mais tout de même, c'est un travail d'une ultra précision.
23:12Il y a eu des débordements.
23:13Il y a eu des pièces qui ont été à refaire aussi.
23:15Ça, je ne peux pas le cacher,
23:16mais il faut faire de la casse pour savoir bien tourner.
23:20Donc des heures et des heures de boulot, alors.
23:21Voilà, c'est ça.
23:22C'est des temps de travail pour apprendre à faire les bons mouvements
23:24et bien coordonner tous les mouvements.
23:29De toute façon, sa pièce, dès qu'on la casse une fois,
23:31on n'a pas envie de la refaire deux fois.
23:32Donc après, on prend le temps de faire les choses.
23:34Et puis la matière quand même, ce bois de chartreuse.
23:38Que du bois de chartreuse.
23:39On va en reparler dans un petit instant.
23:40Mais ça, c'est cet appareil, c'est une boule, je crois.
23:43Enfin, je crois que ça s'appelle.
23:44C'est un élément décoratif, vous n'en faites pas tous les jours non plus.
23:49Donc selon la commande, on s'adapte, on regarde et hop, on fait.
23:54Ça marche, peut-être pas du premier coup, mais ça fonctionne.
23:57Je suis parti d'une pièce existante en fait.
23:59Et à partir de cette pièce, j'ai repris des codes, des diamètres
24:03et retracé ma boule.
24:05C'est pas un moule, donc franchement...
24:06Il faut avoir la vision dans l'espace, il faut visualiser sa pièce aussi
24:09parce qu'on part quand même d'une masse capable
24:11et on arrive après sur quand même un travail qui est fini.
24:14C'est ça le plus dur aussi.
24:16Mais bon, je pense que la vision dans l'espace, je l'ai
24:19et je m'en sors pas trop mal dans mes pièces tournées.
24:21Non, en direct, non.
24:22Je pense qu'on n'a pas idée.
24:23C'est Baptiste qui me disait qu'avant même de tracer chaque pièce
24:27et même un ouvrage, il a toutes les pièces dans la tête.
24:30Je pense qu'on n'a pas idée du niveau de perception de l'espace
24:33que ces artisans ont en fait.
24:37Et surtout quand l'espace devient grand
24:41et quand l'ouvrage est monumental,
24:45Chris, au cœur de ce film, au cœur de cette activité,
24:47c'est un cadeau, mais aussi un immense challenge.
24:50C'est la charpente d'un des plus beaux édifices de la région,
24:54de la région Auvergne-Rhône-Alpes, au bord du Léman,
24:57c'est à Évion et c'est la buvette cachat.
25:00Un établissement très emblématique, très ancien,
25:03un bel établissement à nouveau.
25:05Voilà, c'est le bâtiment où se trouve la source de l'eau d'Évion,
25:10et qui avait besoin, après de nombreuses années,
25:14d'avoir des charpentiers extrêmement performants
25:17pour envisager sa rénovation.
25:20Et ça a été, pour la municipalité d'Évion, je crois,
25:24une chance de rencontrer la famille Chardon.
25:27Et nous, ça a été une chance aussi,
25:28puisque ça nous a permis, avec Olivier,
25:30d'aller les filmer sur ce chantier un petit peu exceptionnel,
25:36voilà, qui montre déjà la qualité du travail
25:39que les anciens avaient réalisé,
25:41mais aussi la qualité de ce que les Chardon peuvent proposer aujourd'hui
25:44pour retrouver le caractère magnifique de cette buvette.
25:50C'est un chantier à plusieurs millions d'euros, quand même, cette rénovation.
25:55Qu'est-ce qu'il fallait faire, en l'occurrence ?
25:58Il fallait renforcer ?
25:59Ou il faut vraiment refaire la charpente, le bois ?
26:02On garde de l'existant ?
26:03On ajoute ?
26:04En quoi il consiste, ce chantier-là ?
26:07La restauration, on a commencé par la dépose de la couverture entièrement.
26:12Donc on a eu six mois de travail pour déposer l'ensemble des matériaux.
26:18Couverture, les supports, enfin voilà, pour mettre la charpente à nu.
26:22C'est du cuivre ?
26:23Voilà, c'est du cuivre.
26:24Donc la couverture, c'est du cuivre.
26:26Il y a une partie en cuivre naturel et une autre partie en cuivre étamé
26:29sur certains décors et les demi-lunes.
26:34Mais à la base, c'est le même matériau.
26:38Et donc après, on a commencé la restauration qui a duré à peu près un an et demi.
26:43Donc la restauration, quand on restaure, disons, on n'est pas là pour tout remplacer.
26:49Donc là, on a changé les pièces qui étaient vraiment en très mauvais état,
26:55qui étaient pourries.
26:56De toute façon, les 90% des désordres qu'il y a eu sur la charpente,
27:01c'était dû à des infiltrations d'eau.
27:03Donc on est arrivé sur des bois qui étaient, à certains endroits, complètement pourris.
27:08Donc certaines pièces qui étaient très abîmées ont été changées entièrement.
27:12Et d'autres qui étaient abîmées que sur une extrémité, par exemple.
27:17Là, on va couper la partie endommagée et on va venir refaire une greffe,
27:22comme vous avez pu le voir sur la tour de l'horloge,
27:26la greffe que Clément a réalisée.
27:28Voilà, donc ça, c'est...
27:29En fait, on enlève la partie abîmée et on vient la remplacer par une nouvelle pièce
27:33qui est assemblée souvent par différentes entures.
27:36Et c'est plusieurs années, ça.
27:38C'est un travail de plusieurs années.
27:40Eh bien là, on a passé à peu près un an et demi de rinquin charpente
27:44sur l'ensemble, donc sur le dôme et les grands promenoires,
27:49donc la partie qui est à côté.
27:55Il faut savoir que le dôme de la buette Cacha a été entièrement réalisé en bois,
28:02ce qui en fait quand même un ouvrage unique en France
28:04par rapport à sa portance, à la portée du dôme,
28:10qui sont généralement faits en charpente métallique.
28:14Et le dôme a été réalisé entièrement en bois à cette époque-là, en 1904.
28:19Et les charpentiers qui ont travaillé sur cet ouvrage
28:22ont vraiment poussé les limites de la charpente au maximum.
28:25Aujourd'hui, cette buvette, dans son état d'origine,
28:31elle ne pourrait pas être faite actuellement.
28:35Au niveau structurel, avec les nouvelles réglementations de structure,
28:39c'est un bâtiment qui devrait être à démonter.
28:46– Ne dites pas ça, après plus personne n'y ira.
28:48Par contre, vous êtes là pour la rendre viable et solide.
28:51– Là, on a retravaillé avec l'aide d'un bureau d'études aussi derrière,
28:57qui a retravaillé là-dessus.
29:00Après, là-dessus, il faut vraiment faire la part des choses,
29:02entre l'existence, ce qu'on peut faire pour renforcer,
29:05pour que l'ouvrage soit pérenne et stable,
29:09et remettre tout ça en œuvre pour pouvoir réaliser la restauration complète.
29:18– Je ne sais pas si on peut revoir ces images précédentes.
29:20– Tu imagines qu'on prend le temps de regarder quand même un petit peu ce qu'on fait aussi,
29:24ce qu'il y a autour de nous, Clément ?
29:27C'est un bonheur de travailler sur un édifice comme celui-ci ?
29:30– Oui, je pense que je ne me rends pas vraiment compte
29:33de la chance que j'ai de travailler là-bas,
29:34parce que moi, je suis resté presque une année entière,
29:39et là, j'y retourne pour la deuxième tranche,
29:41donc ça va être parti pour 7-8 mois.
29:43Et je pense que je ne me rends pas vraiment compte,
29:47mais c'est quand même un chantier de prestige,
29:51parce que ça n'a rien à voir avec les autres chantiers
29:54qu'on a l'habitude de faire traditionnellement.
29:57Là, c'est vraiment ornementé.
29:59La moindre pièce qu'on pose, elle va être travaillée,
30:02elle va être moulurée, elle va être vraiment soignée.
30:05On ne va pas laisser une pièce cachée,
30:07dire non, on laisse la pièce de côté,
30:10elle est cachée, ça ne se voit pas, ça, ça n'existe pas.
30:14Donc on va vraiment aller à la restauration profonde de l'édifice
30:19et ne rien laisser derrière nous.
30:21– Il y a tout ce qu'il faut en plus dans votre entreprise,
30:24donc on le rappelle, la charpente, la couverture,
30:26on travaille le cuivre, on travaille le bois, bien sûr.
30:28On ne va pas tout vous raconter, puisque tout est dans ce documentaire
30:31qui, je le rappelle, sera diffusé le dimanche 18 mai à 21h15.
30:37Et donc, puisqu'on parle de la matière, la plus belle matière,
30:41celle que vous ne voulez pas, celle sans qui vous ne pouvez pas travailler,
30:47sans qui, on la personnifie même d'ailleurs, cette matière,
30:50ce bois de chartreuse, qu'est-ce qu'il a de si spécial ?
30:53– Le bois de chartreuse, on a une matière,
30:56bon, nous on a la chance de travailler une matière noble et renouvelable.
31:00Et le bois de chartreuse, donc qui fait partie des meilleurs bois de structure
31:06qu'on peut trouver, donc il y a eu différentes études de fait sur les bois
31:11il y a quelques années, donc c'est ce qui a permis d'avoir un AOC
31:15sur les bois de chartreuse.
31:17Donc c'est un AOC qui est le premier AOC qui a été attribué en France
31:24sur une matière non comestible.
31:27– Oui.
31:27– Voilà, donc après il y a eu les bois du Jura qui ont suivi,
31:30donc c'est les deux seuls AOC qui existent en France.
31:33Et donc les bois de chartreuse, ça c'est le massif de chartreuse
31:39avec sa pluviométrie, donc le climat du massif
31:47qui amène à avoir des bois de structure d'une très grande résistance.
31:51– Et un bonheur de travailler en forêt, Olivier,
31:54on sait que tu es particulièrement féru d'image de cette pleine nature
32:00qui prend son temps, encore une fois.
32:02C'est quoi d'ailleurs, comme espèce, plusieurs espèces ?
32:06– Eh bien le bois, on a de l'épicéa et le sapin en chartreuse,
32:09donc les deux résineux principaux, disons, qu'on retrouve sur le massif
32:13avec une majorité de sapins à 70%.
32:17– Allez, le reste, Olivier, combien de mois, d'heures, de semaines
32:21passés aux côtés des Chardons ?
32:24– Ah, je pense que le tournage a dû s'échelonner
32:26sur à peu près 4-5 mois, mais après, bien sûr,
32:30pas tout le temps, évidemment, genre un tournage de ci, de là.
32:34Et ensuite, je dirais qu'il y a eu à peu près 2 mois de montage.
32:37Donc ouais, à peu près 4 mois, c'est très bien.
32:40– Donc on fait partie de la famille.
32:42– Oui, alors, tombez pas malade, parce que je vois que vous êtes déjà blessée,
32:45faites attention, là, votre bras, là, il y a un petit…
32:48vous vous blessez tout le temps, en fait ?
32:50– Non, non, mais…
32:51– Ou c'est chez nous, mais je ne pense pas, mais oui, si, ça arrive.
32:55– Oui, ben…
32:55– C'est un métier à risque.
32:57– C'est un métier à risque quand même.
32:58– Vous avez souvent été blessée, même gravement.
33:00– Voilà, on a eu quand même 2-3 petits soucis dans notre vie de charpentier.
33:04– Petits soucis ?
33:05– Oui, ben…
33:06– Le dos brisé, par exemple.
33:08– Voilà, mais j'ai de la chance, parce que je suis sur mes deux jambes,
33:11il y en a beaucoup qui ont pas cette chance-là,
33:13donc c'est vrai qu'il faut apprécier ces bons moments.
33:17Bon, moi, on m'a dit, à une époque, suite à mes accidents,
33:21que j'allais être obligé d'arrêter le métier.
33:25Donc là, bien sûr, on se dit que ce n'est pas possible,
33:30donc après, il faut aller de l'avant.
33:32– À une trentaine d'années, un peu avant même.
33:33– Voilà, oui, 30 ans, j'ai eu le premier accident en 2021,
33:38et puis un deuxième en 2023, mais là, c'était pas…
33:43ça, c'était au niveau avec les feux, les incendies de 2003.
33:47Comme on était pompiers aussi à Saint-Pierre-d'Entremont,
33:49donc j'ai eu aussi un grave accident en intervention.
33:55Voilà, mais tout doucement, je me suis remis sur pied,
33:58et bon, c'est sûr qu'aujourd'hui, je commence à sentir un petit peu
34:02les séquelles qui commencent à arriver, la cinquantaine passée,
34:07voilà, ça commence à tirer un petit peu.
34:10– Tant que vous preniez le temps de…
34:12– Mais par contre, on continuera, voilà, tant qu'on va pouvoir.
34:17– On l'espère, et à transmettre.
34:18– Il y a des sacrées anecdotes sur les blessures des uns et des autres.
34:22Je me souviens notamment de Clément qui me raconte sa première blessure.
34:26– Je peux la raconter.
34:28– Oui, alors le temps, on aimerait tellement le prendre avec vous
34:32pendant plusieurs heures, on y arrive bientôt, là,
34:34donc c'est pour ça, oui, si, si, si, oui, dites.
34:38– À l'âge de 13 ans, mon père m'avait donné 2000 chevilles en bois à fer,
34:43donc pour un chantier, les chevilles, c'est ce qui tient les assemblages
34:47à tenon mortaise, et au mois de février, à Saint-Même,
34:51ceux qui connaissent, ils savent qu'il ne fait pas très chaud,
34:54donc en fait, le souffle de la machine sur mes mains m'a obligé à mettre des gants,
34:58et ce que mon père m'avait dit de ne pas faire.
35:00Donc en fait, ce qui s'est passé, c'est que la lame de la machine m'a attrapé le gant
35:04et je me suis enlevé un morceau de doigt à 13 ans.
35:08Rien de grave, mais juste pour prévenir qu'il faut faire attention.
35:11– D'accord, c'est juste un avertissement.
35:13– C'est juste un avertissement, pas plus, donc voilà.
35:16– Très bien, donc déjà, ne mettez pas,
35:18parce que nous, on dit « mettez gants », donc vous, surtout pas de gants.
35:20– Surtout pas de gants, machine.
35:21– Ok, prenez soin de vous quand même, dites vraiment,
35:25et puis en tout cas, vous avez une trace aussi dans l'histoire de cette famille
35:28avec ce très beau documentaire, voilà, qu'on vous invite à regarder aussi sur…
35:33il est déjà en ligne sur telegrenoble.net
35:35et vous pouvez le regarder sur grand écran le dimanche,
35:37puisque j'ai dit le dimanche 18 mai à 21h15.
35:39Olivier, un petit clin d'œil, bien sûr, puisqu'on se tutoie,
35:43parce que tu es notre collègue honoraire ici à Télé Grenoble, réalisateur,
35:48donc d'abord journaliste et réalisateur, parfois les deux à la fois,
35:52et vidéaste, je ne sais pas ce qu'on dit, cinéaste même, cinéaste aujourd'hui,
35:58un des plus primés dans les concours du film rapide,
36:02c'est ça le court-métrage, il est 48 heures, si, si, si, on le dit,
36:04avec celui-ci, meilleur scénario de France, Olivier Escalon,
36:09quelle fierté pour nous avec ce film qui s'appelle « Gros con ».
36:13C'est ça, mais on le comprend avec toujours énormément d'émotion,
36:17la corde sensible, ça c'est une signature, l'humain toujours, toujours ?
36:23On essaye, mais là, en l'occurrence, c'est un exercice très différent,
36:26j'en profite pour dire que le film est sur YouTube.
36:29Oui, d'ailleurs, on le voit, on voit la petite capture des points à l'instant.
36:32Oui, mais là, on est sur de la fiction,
36:34donc là, c'est écriture de scénario et complètement création,
36:38donc c'est un monde différent, mais que j'aime énormément.
36:41Effectivement, ce qui me plaît là-dedans,
36:43c'est de pouvoir faire traverser chez le spectateur différentes émotions,
36:47et là, ce coup-ci, je crois qu'on y est arrivé.
36:50Ah oui, ça fonctionne, mais avec les autres aussi,
36:52il y a eu également, enfin, donc, meilleur film,
36:55meilleur film, donc, aux 48 heures de Toulouse,
36:58il y en a eu d'autres aussi qui ont été meilleur film,
37:01avec des récompenses nationales,
37:03avec une équipe souvent des personnels de Télégranova qui peuvent y participer.
37:07D'ailleurs, on pense à Lina, on pense à Baptiste,
37:10à Mathias et bien d'autres, je ne sais pas si j'en oublie.
37:13Avec le film également, un long métrage que Télégranova va d'ailleurs diffuser, Olivier ?
37:19Alors, un moyen métrage, plus exactement.
37:20Il fait 57 minutes, ça s'appelle Effondré, et donc, c'est une fiction encore.
37:26Une fiction écologique, on peut le dire ?
37:27Oui, c'est un drame écologique, donc, qui se passe pendant ce qu'on appelle un effondrement,
37:32donc, c'est-à-dire que la civilisation thermo-industrielle se casse la gueule,
37:37et c'est l'histoire d'un gars qui essaie de rejoindre la maison de campagne de ses parents,
37:41et qui, en chemin, rencontre une femme qui vit en autonomie dans la nature, qui s'appelle Manon.
37:48Et on va pouvoir le découvrir sur Télégranova, on en dit pas plus.
37:51A priori, à la rentrée.
37:53Très bien.
37:54Avant de découvrir d'autres documentaires en binôme avec Chris Moiroux, bien sûr,
37:58toujours pourvoyeur, générateur de bonnes idées.
38:02Merci, Chris, et merci, Olivier, bravo, encore, pour ce très, très beau documentaire.
38:06Et merci de nous avoir fait découvrir cette, on dit, une famille formidable.
38:11Et on a à de voir la septième génération. Prenez votre temps.
38:14Sixième.
38:15Non, la septième, c'est celle d'après.
38:16La pression, elle est sur vous, Clément, avec tous les copains.
38:20Je crois que vous chantez, on va épargner notre ingénieur du son ici,
38:24avant de rendre le...
38:25Mais on peut voir le documentaire, car vous êtes aussi le chanteur de cette famille.
38:31Merci, Clément, merci, Laurent, merci à tous les chardons.
38:34Merci, Olivier et Chris.
38:36On se revoit bientôt pour effondrer déjà.
38:38Allez, on prend le rendez-vous ici, Olivier.
38:39Merci toujours à vous de votre fidélité.
38:42À très vite.
38:42Vous avez profité de Si on parlait avec Gilles Trinia Résidence.
38:56Sous-titrage Société Radio-Canada
38:59Sous-titrage Société Radio-Canada
38:59Sous-titrage Société Radio-Canada
39:00Sous-titrage Société Radio-Canada