Alain Jakubowicz, avocat et président d'honneur de la Licra, était l'invité d'Apolline de 9 à 10 ce jeudi 8 mai.
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00:00Que dire aux jeunes, là, aujourd'hui ? Que leur dire de cette mémoire ?
00:03Ça vous concerne ? Vous savez, je crois que c'est le dernier mot que je tiens après la fin du dernier procès.
00:10En disant, voilà, la page est écrite. Elle devait être écrite. On ne tourne pas une page avant d'un livre, avant qu'elle soit écrite.
00:17Maintenant, arrêtons de regarder dans le rétroviseur. Regardez. Ce qui est important, c'est ce que nous dit ce passé pour notre présent et surtout pour leur avenir.
00:26Mais c'est ça qui est important. Ce n'est pas de l'histoire, c'est de la citoyenneté. C'est apprendre à vivre ensemble. C'est tirer les leçons du passé.
00:35Ça, c'est absolument essentiel. C'est vrai que si on leur raconte l'histoire telle qu'on me l'a racontée à moi, ça ne marche pas.
00:41Mais aujourd'hui, lorsqu'on fait de la pédagogie, moi, je vais dans des classes. Je vais dans des classes de collège, de lycée. J'y vais moins maintenant, malheureusement.
00:48Je vais dans les universités. Je rencontre les jeunes. Je leur parle de cette période. Et c'est extraordinaire l'adhésion qu'il peut y avoir.
00:54Toute population réunie. Je veux que les choses soient très claires. Il n'y a absolument aucun problème.
01:00Moi, je n'en ai rencontré aucun. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas. Moi, je n'en ai rencontré aucun.
01:05Et ils adhèrent. Mais je vais aussi... Il n'y a pas eu qu'un crime contre l'humanité.
01:10La Shoah n'est pas le seul crime contre l'humanité qu'a connu l'humanité.
01:15Et je leur demande également de réfléchir par rapport à leur propre histoire, à l'histoire de leur famille, à la façon dont ils sont pour beaucoup arrivés en France, comme mes propres grands-parents sont arrivés en France.
01:26Vous savez, je vais donner un exemple. Nous sommes le 8 mai.
01:28Mon grand-père, lorsqu'il est arrivé, fuyant l'Allemagne nazie, ne parlait pas le français.
01:32Il disait encore la presse en yiddish. Chaque 8 mai, chaque 11 novembre, il y avait un drabeau tricolore à sa fenêtre.
01:38Et ça, je veux dire, ça dit tout. Ça dit tout de cet amour qu'il m'a légué à moi, de ce pays, parce qu'il n'est pas venu ici par hasard.
01:47C'est le pays qui a sauvé le capitaine Dreyfus. C'est le pays des Lumières. C'est le pays des Libertés.
01:54Et c'est pour ça que moi, je me fais cette représentation de la France.
01:56La France n'est pas un pays comme les autres. Lorsqu'il y a eu ce phénomène des réfugiés, lorsque j'entends des réfugiés dire « Nous, on préfère aller en Angleterre ou en Allemagne », j'ai mal à ma France.
02:06J'ai mal à mon histoire de France, parce que c'est l'histoire de France. Ce n'est pas l'histoire de l'Angleterre ou de l'Allemagne.
02:13Et je veux dire qu'il y a une filiation dans tout ça. Et moi, j'aimerais, alors c'est un vœu pieux, je suis un peu candide,
02:19que tous ces enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de réfugiés aient cette même approche et cette même fierté d'être français.