L'artiste de 81 ans sort une intégrale de 16 CD et sera sur scène pour des concerts en juin.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Olivier Boy du 12 mai 2025.
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00:00L'invité du 9-10
00:01Il est mort
00:04Il est mort le soleil
00:08Quand tu m'as quitté
00:10Voilà comment on entre dans une interview parfaitement.
00:13Bonjour Nicoletta.
00:13Bonjour.
00:14Il est pas mort le soleil évidemment, il brille avec vous dans le studio d'Hertel ce matin jusqu'à 10h.
00:19D'abord cette chanson, incroyable chanson qu'on aime tous.
00:22Et Ray Charles aussi, je ne connaissais pas cette anecdote.
00:25Ray Charles aimait cette chanson.
00:26Est-ce que vous pouvez nous raconter ce coup de fil que vous avez eu avec Ray Charles ?
00:31Avant je l'ai rencontré physiquement, je l'ai rencontré à Montréal.
00:34Je faisais ma série de promotion sur mon premier album.
00:38C'est en 68.
00:40Ouais, 68 ça ne nous rangé pas.
00:42Et je l'ai rencontré parce qu'il était...
00:45Je dis toujours que Barclay c'est un sésame.
00:48Quand on allait quelque part, on disait qu'on était un artiste Barclay.
00:52Ça ouvrait toutes les portes.
00:52Mais c'est vrai, elle avait été distribuée en tant qu'artiste par M. Barclay.
00:58Et évidemment elle nous a reçus.
00:59J'étais avec Missy, mon producteur, qui était son bras droit.
01:03Et il nous a emmené dîner avec lui après son spectacle.
01:06Et à la fin du repas, il me dit je vais prendre ton adresse.
01:09Il m'a sorti une chose incroyable, je n'avais jamais vu.
01:12Un carnet de braille où il a noté mon nom, mon adresse, etc.
01:16Et il prenait ma main pour que je voie les lettres, c'était très amusant.
01:19Et puis donc on est rentré à Paris, moi j'étais toute heureuse.
01:23J'ai rencontré mon idole, j'avais aimé le récital, j'étais toute épanouie.
01:29Et trois semaines plus tard, je reçois un coup de fil la nuit.
01:32J'ai cru que c'était des fans qui me réveillaient.
01:34Je les ai disputés, j'ai dit allez ça je suis fini, c'est moi dormir.
01:37Je vous exagérais, il y en a marre.
01:39J'en peux plus, j'avais des fans de partout.
01:41Surtout quand on est jeune, on attire tout ça.
01:43Et j'entends grand éclat d'orgueil, c'est Ray Charles.
01:48Il me téléphonait de là où et où, je ne sais plus où.
01:50Et il me demande, j'ai écouté ton disque, il y a un morceau qui me plaît beaucoup.
01:55Et il me demande l'histoire, qu'est-ce que tu racontes dans cette chanson ?
01:58Ah oui, il ne l'avait même pas, il ne savait même pas.
02:00Il ne parle pas français.
02:03Quelqu'un aurait pu lui expliquer.
02:03J'avais appris un peu l'anglais par les disques, j'étais DJ, j'étais disque jockey.
02:08Je lui explique que c'est une histoire d'amour, qu'elle a perdu son amour, donc c'était son soleil.
02:12Et il est bon.
02:15The sun is dead.
02:16Et voilà, the sun died.
02:19Et là, il a gardé le texte, il a traduit le texte.
02:23Parce que j'ai emmené une amie, il parlait mieux anglais que moi,
02:26qui avait écrit les paroles de la musique.
02:28Quand il m'a envoyé un plupé, pour que je lui explique la chanson,
02:35il m'a envoyé un billet d'avion, j'ai joué pas la nure, toute seule, ça.
02:38J'ai emmené ma copine, elle m'a fait une traduction littérale,
02:41et ils ont fait une traduction de la chanson The sun died.
02:45Et ça donne ça ?
02:46C'est une histoire très simple.
02:48Elle a pu exister parce que c'est entre artistes.
02:51Ce n'est pas une histoire de métier.
02:53Et c'est très joli.
02:54Et vous êtes devenu amie.
02:56Pardon ?
02:57Vous êtes devenu amie, tous les deux.
02:59Ce n'est pas ça, c'est que je pense qu'Aurel Charles,
03:02à partir du moment où il a chanté une de mes chansons,
03:05ça m'a un petit peu adoubé pour le métier.
03:08Il disait de vous ?
03:10Les gens de radio, les médias disaient que c'était sinistre.
03:14Je ne vous ai pas fait swinguer les gens le matin avec ce titre.
03:17Alors, ils ne me passaient pas à la radio.
03:18J'étais censurée, je vous assure.
03:20Il disait de vous, vous me dites qu'elle est blanche,
03:22mais pour moi, elle a une voix, la voix d'une noire.
03:25Oui, c'était sympa.
03:25C'était un beau compliment.
03:26Non, ça me poursuit, ça.
03:28Ça vous poursuit.
03:31Pourquoi ça vous poursuit ?
03:32Parce que maintenant, je chante avec des noirs.
03:35C'est normal.
03:36Je suis prise au jeu.
03:38Non.
03:38Je dois dire par là que la musique américaine,
03:41et surtout les chanteuses noires, m'ont beaucoup inspirée.
03:44Ce sont des gens extrêmement inspirants.
03:47Maya Jackson, pour moi, c'est une voix énorme.
03:49Peu de gens la connaissent en France.
03:51Il faut aimer le gospel pour connaître cette femme.
03:53C'est une grande dame.
03:55Et Billie Holiday, et Ella Fitzgerald, et Sarah Vaughan.
03:59Il y en a beaucoup, beaucoup.
04:00Et Aretha Franklin, et Tina Turner, pour venir pour les plus précédentes.
04:05Et la petite Whitney Houston, ce sont des gens, on ne peut pas les égaler parce qu'ils ont un souffle extraordinaire.
04:12Ils naissent dans cette musique.
04:14Ils grandissent, c'est culturel chez eux.
04:16Moi, j'ai pris le train en route, par amour, de ce chant, de ce chant afro-américain.
04:24Parce que finalement, c'est la première musique, black and white, qui existe.
04:28C'est la première musique, parce que le numéro spirituel, il est un chant de coton.
04:33Ils n'avaient pas le droit de composer.
04:35Alors, les esclaves, qu'est-ce qu'ils faisaient ?
04:37Ils prenaient des airs connus, et ils mettaient des textes sacrés dessus.
04:41Et ce sont des chants, souvent, irlandais, comme Amazing Grace,
04:45qui est un chant irlandais au départ.
04:47Et donc, c'est une inspiration des blancs et des noirs.
04:51Moi, j'aime cette rencontre, et même pour le gospel, beaucoup plus tard,
04:55qui est venu en mouvement au début du siècle dernier,
04:59ils ont connu la main gauche avec l'harmonium.
05:02Ils ont connu le rythme.
05:04Ils ont donné cette syncope au gospel, qui est formidable.
05:08Et ça se chante même dans l'altération du temps.
05:10Ça, il faut savoir le faire.
05:11J'ai eu du mal, j'ai travaillé, parce que quand on embrasse une culture
05:14qui n'est pas la sienne, il faut travailler.
05:17Nicoletta, on entend Mamie Blou, cette chanson qui est sublime.
05:21Et pourtant, au départ, vous ne vouliez pas la chanter.
05:23Non, c'est-à-dire que je ne voulais pas tout à fait du texte,
05:27parce que ça racontait un peu une histoire personnelle.
05:30Et finalement, mon producteur m'a dit,
05:33non, non, il ne veut pas changer le texte, l'auteur.
05:36Alors, je vais t'acheter une bonne bouillepaille de Bordeaux,
05:38et tu vas venir l'enregistrer.
05:40Alors, évidemment, j'aime beaucoup le château Latour.
05:42Avec modération, quand même !
05:46Bon, non, mais parce que ça vous rappelait la disparition de votre maman.
05:49La mort de ma maman, oui.
05:50Et c'était douloureux.
05:52Nicoletta, vous avez sorti il y a quelques semaines,
05:54un coffret intégral, 16 CD, 318 chansons.
05:58Ah oui.
05:59Quelle vie ?
06:00Mais je ne m'en suis pas rendu compte.
06:02Il a fallu que ce travail soit fait.
06:04Et je remercie vraiment le garçon qui a fait ce travail,
06:08parce que j'ai plusieurs productions, j'ai changé une maison de disque.
06:11Nous nous produisons nous-mêmes depuis une vingtaine d'années.
06:14C'est compliqué tout réunion.
06:15Et quand vous regardez un peu dans le rétro-visure,
06:17vous nous parliez de Ray Charles.
06:19Nous, on se croise parfois dans un restaurant,
06:22et vous me parlez de Johnny.
06:24Vous les avez tous connus, en fait ?
06:26Tous ?
06:27Ah ben bien sûr.
06:28Non mais c'est magique quand même, excusez-moi.
06:30Ils ont connu Nicoletta.
06:31Ils ont connu Nicoletta.
06:32Non mais on ne rencontre pas tous les jours.
06:34Moi, c'est un peu ennuyeux ce que je vais dire.
06:37Mais c'est la vie de tout le monde, quand on a l'âge que j'ai.
06:39J'ai perdu les meilleurs.
06:41Moi, j'ai été amie avec Nougaro, avec Onino Ferrer,
06:44avec Léo, que je tutoyais, Léo Ferrer,
06:47qui m'appelait la fille du diable.
06:49J'ai été amie avec Brel, qui était un grand frère.
06:52On était tous dans la même maison de disques.
06:54C'est un rapprochement.
06:55Et chez Barclay, il y avait du paternalisme,
06:57il y avait de l'amitié,
06:58il y avait des pianos dans les bureaux.
07:01Un jour, je n'ai plus vu de piano dans aucune maison de disques.
07:03Ça y est, le métier est foutu et les pianos sont morts.
07:06On l'a remplacé par du digital.
07:08C'est vrai que ça a changé l'histoire de la musique, quand même.
07:13Alors, vous disiez, on l'a remplacé par le digital.
07:16Vous, vous faites des concerts, cette voix de gospel que vous avez faite dans les cathédrales,
07:20dans les églises.
07:22Vous serez en tournée dans les cathédrales, les églises de France.
07:24Ça n'est pas la première fois que vous le faites.
07:27Pourquoi est-ce que ça...
07:28Il y a 25 ans, je me suis trouvé un petit peu isolée.
07:34Je piétinais un peu dans ma carrière, un peu beaucoup d'ailleurs.
07:38Je me suis dit, mais pourquoi je ne ferais pas du gospel ?
07:42Je connaissais une choriste.
07:43J'ai dit, je ne connais pas un atelier telconque de gospel
07:45où je pourrais travailler cette musicalité.
07:48Elle m'a dit, oui, voilà, ça n'a rien.
07:49J'ai appelé, j'ai fait 8 heures par jour de répétition avec une chorale
07:55et je suis tombée sur un pianiste qui est avec moi maintenant.
07:59Un jeune Allemand qui s'appelle Jamskup, qui est talentueux.
08:04C'est incroyable.
08:05Et il m'a fait travailler de façon exemplaire.
08:08Et quand j'étais prête, je suis partie.
08:10Et évidemment, j'ai choisi de le faire dans les églises
08:12parce qu'il y a une sonorité spéciale et il faut faire attention.
08:16Parce qu'il faut venir avec des cœurs et un piano.
08:19Trop d'instruments, ça nuit.
08:21C'est quoi le gospel ? Comment vous définiriez le gospel ?
08:24Le gospel, c'est une musique qui ne parle que de Jésus.
08:28Toute l'inspiration des auteurs, les pasteurs qui ont écrit,
08:33s'inspire du Nouvel Évangile.
08:35Et vous êtes croyante, vous, Nicole ?
08:36Oui.
08:37Oui, oui.
08:38S'inspire du Nouvel Évangile.
08:40Par exemple, je cite souvent cet exemple,
08:42Rapidey, c'est l'exemple de la parabole
08:45où Jésus, je ne sais pas quel est l'apôtre qui l'a réécrit,
08:49mais ça existe dans l'Évangile.
08:52Il a soigné un mendiant sur son chemin qui était plein de plaies
08:55et vraiment en pauvrir.
08:57Il l'a lavé, il l'a soigné de ses plaies,
08:59il l'a donné à manger, etc.
09:01Et le mendiant est sorti complètement guéri
09:04et il est parti joyeux en disant
09:07« Oh, quel jour heureux ! »
09:09Quand Jésus m'a lavé, il m'a lavé aussi de mes péchés.
09:12Puisqu'on parle de ça, le nouveau pape,
09:15vous en pensez quoi ?
09:16Je n'ai pas trop suivi, j'ai regardé le soir où il a été nommé.
09:18Quand même, ça a été long à mettre la fumée.
09:20Oh non, deux jours, c'était réglé.
09:23Mais je trouve qu'il est jeune, c'est sympathique.
09:25Oui, 69 ans.
09:25Enfin !
09:27Alors, il va faire des tas de choses.
09:28Il aura le temps de pouvoir comprendre l'humanité
09:31parce que son rôle, il est quand même là.
09:34C'est de faire en sorte que les humains aillent beaucoup mieux
09:36et Dieu sait qu'il y a du travail.
09:39Bon, quand on pense, Nicoletta, on pense aussi à ça.
09:42La musique !
09:46Où est la musique ?
09:49Ça envoie.
09:50Je le sais, c'est relâche.
09:52J'avais la cité.
09:53J'avais la cité, mais vous l'avez toujours ?
09:55Vous le rappeliez tout à l'heure, au départ,
09:57vous ne vouliez pas être chanteuse, vous étiez DJ.
09:59Non.
10:00Vous vouliez être chanteuse ?
10:01Je travaillais la nuit, il fallait que je gagne ma vie.
10:04Je suis venue à Paris en stop, vous savez.
10:06Mais à l'époque, ce n'était pas dangereux de faire du stop.
10:08Il n'y avait pas les soucis qu'il y a aujourd'hui.
10:12Je me suis fait déposer à Saint-Germain-des-Prés
10:14parce que je n'allais pas à Paris,
10:16j'allais à Saint-Germain-des-Prés.
10:18Parce que Saint-Germain, c'était le village
10:20où tout se passait, les peintres, le littéraire, le jazz.
10:26Mais je suis montée à Paris pour être dessinatrice.
10:30Dessinatrice ?
10:30Parce que j'ai fait une école de dessin
10:32pendant un an à Lyon, l'école des textiles.
10:35J'ai appris à faire des imprimés et des façonnés.
10:37Et j'ai pris les cours du soir des beaux-arts,
10:40une heure par semaine,
10:41pour apprendre l'académie.
10:44Pour apprendre à dessiner des modèles de mode.
10:48Et voilà, il fallait que je paye ma petite chambre d'hôtel,
10:54mon petit déjeuner.
10:55J'ai souvent vécu de petit déjeuner, croyez-moi.
10:58Avec un repas seulement par jour.
11:00Mais c'est bien, j'avais la ligne.
11:02Bon, Nicoletta, vous restez avec nous.
11:04Vous serez le 11 juin à 100...