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À son élection, Jacques Duèze ne fait illusion pour personne : ce cardinal vieillissant est choisi comme pape de transition. Mais contre toute attente, l'homme se redresse, retrouve la santé... et va régner pendant dix-huit ans ! Découvrez l'incroyable destin de Jean XXII, ce pontife imprévu, successeur de Clément V, élu au terme d'un incroyable conclave de deux ans.

Crédits : Lorànt Deutsch, Bruno Calvès.
Dans le podcast « Entrez dans l'Histoire », Lorànt Deutsch vous dresse le portrait d'une personnalité qui a marqué l'Histoire. Des récits captivants pour apprendre et enrichir sa culture générale.
Regardez Entrez dans l'Histoire avec Lorànt Deutsch du 12 mai 2025.

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Transcription
00:00Laurent Deutsch sur RTL, entrée dans l'histoire de l'élection du pape Jean XXII.
00:08Nous sommes en mars 1316 et en ce beau matin, le roi de France Louis X, surnommé le Hutin, a été clair pour une fois.
00:19Il a ordonné à Philippe de Poitiers de prendre la route du sud.
00:23« Mon frère, vous veillerez à ce que les cardinaux se réunissent à Lyon et ils n'en sortiront que lorsqu'ils auront élu un nouveau pape. »
00:32Alors, Philippe prend la tête d'une petite armée.
00:36Oui, on ne sait jamais. Peut-être faudra-t-il agir par la contrainte pour convaincre les cardinaux.
00:43En plus, depuis deux ans, ces cardinaux sont divisés en trois factions irréductibles
00:49qui n'arrivent pas à s'entendre sur le nom du successeur de Clément V.
00:54En France comme ailleurs, on s'impatiente au plus haut niveau.
00:58Ça fait deux ans !
01:00D'ailleurs, les cardinaux ne sont même pas capables de s'entendre sur le lieu de leur conclave.
01:06Certains voudraient se réunir à Avignon ou Carpentras, qui appartiennent alors à la papauté.
01:12D'autres songent plutôt à Mâcon.
01:14Quant à Rome, en proie aux guerres civiles, aucun homme d'église ne songe même plus.
01:19A y mettre les pieds.
01:22Du coup, le roi de France, Louis X, a gagné une première manche
01:26en imposant aux cardinaux de se rassembler à Lyon,
01:29qui vient d'être rattaché à la France depuis seulement quatre ans.
01:32Voilà donc la petite vingtaine de cardinaux qui pénètrent dans la ville,
01:36l'ancienne capitale des Gaules.
01:40Ils commencent leur conciliabule dans l'un des nombreux couvents lyonnais,
01:44celui des frères prêcheurs.
01:45Ils sont d'autant plus sereins que le frère du roi a prêté un serment.
01:50Nulle violence ne sera exercée contre eux.
01:54Oui, car aucun d'entre eux n'a oublié les récentes exactions de bandes armées
01:58venues de Gascogne, le pays du pape défunt.
02:02Ces bandes armées avaient deux ans plus tôt ravagé la ville de Carpentras,
02:06où ils se préparaient alors à élire un nouveau pape.
02:09Et nos pauvres cardinaux, poursuivis dans Carpentras au cri de
02:13« Mort aux cardinaux ! Nous voulons un pape ! »
02:16Eh bien, ils ont tout juste eu le temps de s'enfuir par une issue du palais où ils siégeaient.
02:22Vous l'avez compris, deux ans plus tard,
02:24ces mêmes cardinaux ne veulent plus du tout revivre le même cauchemar.
02:29Mais alors que leurs conversations sont sur la bonne voie,
02:32un événement inattendu va survenir.
02:35Le roi de France, Louis X, meurt subitement.
02:40Oui, bizarrement d'ailleurs.
02:42L'histoire raconte que c'est après avoir bu un verre de vin glacé.
02:45Ah oui, dans la série, il est mort à la con de l'histoire.
02:48Je vous présente Louis X, le hutin.
02:50Ah, j'ai soif ! Ah ben, je suis mort !
02:53Promis à la régence, le prince Philippe se demande alors
02:56s'il est bien prudent de rester à Lyon le temps que le conclave s'achève.
03:00Oui, car à Paris, son oncle, Charles, lorgne aussi sur la régence.
03:05Il risque même de la lui ravir.
03:09Philippe réunit alors ses conseillers.
03:12Et ensemble, ils vont mettre au point un plan littéralement diabolique.
03:17Philippe a donc promis aux cardinaux de ne pas les violenter.
03:20Alors, il hésite, il hésite à les contraindre par la force
03:25pour qu'ils accélèrent leur discussion.
03:27Mais d'habiles théologiens l'entourent.
03:30Il lui démontre que son serment n'a aucune valeur juridique
03:33et qu'il n'engage donc pas sa conscience.
03:36Son plan peut alors se mettre en place.
03:39Dès que Philippe quittera Lyon pour regagner Paris,
03:42son dévoué et impitoyable comte de forêt le remplacera.
03:46Philippe invite alors les cardinaux à une messe
03:50pour le repos de l'âme de son frère défunt, le roi Louis X.
03:54Les cardinaux se rendent sans défiance dans l'église des Jacobins.
03:58Mais pendant qu'ils sont occupés à la célébration,
04:01des maçons murent sans faire de bruit les portes de l'église,
04:06à l'exception de la grande porte.
04:08La cérémonie terminée, Philippe sort le premier,
04:11accompagné de sa suite.
04:12Mais lorsque les cardinaux se présentent à leur tour
04:15pour franchir le seuil de l'église,
04:18Philippe les arrête d'un geste.
04:21Messieurs les cardinaux, vous êtes enfermés.
04:24Vous ne retrouverez pas la liberté avant d'avoir élu un pape.
04:29Après quoi, les maçons murent aussi la grande porte
04:32en n'y laissant qu'une étroite ouverture
04:34pour passer les vivres aux prisonniers.
04:36Et pour que l'on ne revive pas une évasion comme celle de Carpentras,
04:41une troupe monte la garde autour du bâtiment.
04:44Ce sont même 700 hommes solidement armés
04:47qui parcourent les rues de Lyon.
04:49Du jamais vu pour un conclave.
04:53Oui, alors de nos jours,
04:54si les cardinaux s'enferment aussi,
04:56un conclavé, c'est-à-dire fermé à clé,
04:58pour choisir le nouveau pape,
05:00eh bien ils le font volontairement.
05:01Ils ont la clé à l'intérieur,
05:02c'est eux qui décident quand ils veulent ouvrir.
05:04Mais bon, revenons au XIVe siècle.
05:06Là, ils n'ont pas la clé,
05:07de toute façon, il n'y a pas de serrure,
05:08c'est muret.
05:09Donc il faut qu'ils se dépêchent.
05:11Et la seule question qui vaille,
05:13qui va être élu ?
05:14Qui va sortir du chapeau ?
05:16Ou plutôt de la mitre de nos cardinaux ?
05:19Et ça va être une sacrée béchamel.
05:22Parce que jamais dans toute son histoire,
05:24les relations entre la France et l'Église
05:26n'ont alors été aussi mauvaises.
05:31Le père de Louis X, le roi Philippe IV le Bel,
05:33n'avait qu'une seule idée en tête,
05:35affirmer l'autorité royale
05:37partout où elle pouvait s'exercer.
05:40Face à lui, le pape de l'époque, Boniface,
05:43croyait utile de lui rappeler
05:45la supériorité du pouvoir spirituel
05:47sur le pouvoir temporel.
05:49Donc, la supériorité du pape
05:51sur les rois.
05:52N'oubliez pas, cher Philippe le Bel,
05:54vous n'êtes que le bras armé de l'Église.
05:57La France n'est que la fille aînée
05:59de l'Église.
06:00On est le papa.
06:02D'ailleurs, je suis le pape.
06:03Appelle-moi papa,
06:04rangez-moi cette épée.
06:06Mais Philippe, il ne va pas du tout ranger l'épée.
06:09Au contraire,
06:10il réunit un concile d'évêque de France
06:12pour faire condamner ce pape
06:14qui lui répond aussitôt
06:15par une menace d'excommunication.
06:18L'excommunication, c'est vraiment,
06:19c'est le sabre des Jedi.
06:21C'est l'épée de l'Église.
06:23Excommunié, c'est-à-dire que tu n'appartiens plus
06:24au monde des chrétiens.
06:26On ne peut plus t'enterrer.
06:27On ne peut plus respecter tous les textes,
06:29les propriétés, les trucs comme ça.
06:30C'est le début de la fin.
06:31Quand tu es excommunié,
06:32ça veut dire que tu es comme un lépreux.
06:34Il n'y a plus rien qui est solide autour de toi.
06:37L'excommunication,
06:38c'est la sanction la plus infamante
06:40que l'Église puisse prononcer.
06:42L'excommunication,
06:44une épée de Damoclès
06:45au-dessus de Philippe le Bel.
06:47Nous sommes en septembre 1303.
06:49Alors, Philippe,
06:51qui ne range toujours pas son épée,
06:53va envoyer une petite troupe à Anani,
06:55où le pape passe ses vacances
06:57à quelques kilomètres de Rome.
06:59Le ton monte devant le souverain pontife.
07:02Guillaume de Nogaret,
07:03le traite de Salcatar,
07:05tandis que le sénateur Sierra Colonna
07:08va carrément le gifler.
07:11Et à l'époque,
07:12comme toujours d'ailleurs aujourd'hui,
07:13on ne gifle pas le pape.
07:15Sa personne est sacrée.
07:16On ne le touche pas.
07:17C'est comme un roi.
07:18On imagine que tu ne touches pas le roi
07:19alors qu'imagine si en plus
07:20tu lui fous une soufflante.
07:22Le pape, il a été choqué.
07:24Il a tellement été choqué
07:25qu'il en mourra
07:26quelques jours plus tard.
07:29Et à qui profite le crime ?
07:31Enfin, à qui profite la gifle ?
07:33Eh bien, au roi de France.
07:34Ah oui, cette disparition,
07:36pour lui,
07:36c'est une véritable bénédiction.
07:38Lui qui ne veut plus qu'un pape
07:40lui mette des bâtons dans les roues.
07:42Et du coup,
07:43le nouveau pape,
07:44Benoît XI,
07:45se montre en effet
07:46très conciliant.
07:48Mais pas de chance.
07:49Il meurt à son tour
07:50huit mois plus tard.
07:52Après avoir mangé
07:53trop de figues fraîches,
07:54il y paraît.
07:55Voici donc
07:56qu'il faut réunir
07:57un nouveau conclave.
07:59Et là,
08:00entre les partisans
08:00du roi de France
08:01et ceux du défunt
08:02Boniface VIII,
08:04ça va être la guerre.
08:05Aucun cardinal
08:06ne semble en capacité
08:08de pouvoir faire
08:09l'unanimité.
08:10Alors,
08:11on décide de choisir
08:12un pape
08:12en dehors
08:13de l'assemblée des cardinaux
08:14qu'on appelle
08:15le Sacré Collège.
08:16Et à l'époque,
08:18pour devenir pape,
08:20il suffit d'être
08:20un homme,
08:21catholique,
08:22bien sûr,
08:23et célibataire.
08:24C'est tout.
08:25Entre parenthèses,
08:26c'est toujours le cas
08:27au XXIe siècle.
08:29Le nouveau pape choisi
08:30ne sera donc pas cardinal.
08:33Il s'appelle
08:34Bernard de Gaux,
08:35évêque de Bordeaux.
08:37Il est élu
08:37en 1305
08:39et va régner
08:40sous le nom
08:40de Clément V.
08:41Le roi de France
08:43est ravi.
08:44Ce pape
08:44est tout à fait
08:45obéissant
08:46et plutôt soumis.
08:49Exemple,
08:50Philippe le Bel
08:50décide de le faire
08:51couronner à Lyon.
08:53Clément accepte.
08:55Ensuite,
08:56Philippe
08:56réclame
08:57la levée
08:57des sanctions
08:58prononcées par
08:59Boniface VIII
08:59contre la France.
09:01Là encore,
09:02Clément accepte.
09:04Un peu plus tard,
09:05Philippe le Bel
09:06veut le soutien
09:06de l'Église
09:07pour éradiquer
09:08l'ordre des Templiers
09:09qui est devenu
09:09un véritable État
09:10dans l'État
09:11en France.
09:12Là encore,
09:13Clément accepte.
09:15Et même s'il préfère
09:16vivre à Carpentras
09:17où s'est installée
09:18la curie,
09:19c'est-à-dire
09:19le gouvernement
09:20de l'Église,
09:22Clément V accepte
09:23d'installer
09:24les cardinaux
09:24à Avignon,
09:26une ville
09:26qui n'est pas
09:27encore française
09:27mais avec son célèbre
09:29pont d'Avignon,
09:30le pont Saint-Bénézet
09:31qui enjambe le Rhône,
09:33ce pont relie Avignon
09:34au Royaume de France
09:36qui se trouve
09:36juste à côté
09:37sur la rive gauche
09:39du Rhône.
09:39Avignon est donc
09:41stratégiquement
09:42très bien placé
09:43pour Philippe le Bel
09:44sous son contrôle.
09:46D'ailleurs,
09:46si vous allez à Avignon
09:47aujourd'hui,
09:48vous verrez que c'est
09:48encore bien visible
09:49cette surveillance
09:50des rois de France
09:50sur les papes
09:51en Avignon
09:52avec notamment
09:53sur la rive gauche
09:54du Rhône
09:54la tour Philippe le Bel
09:55et le fort Saint-André
09:57qui date
09:58de Philippe le Bel
09:59justement.
10:01Pour en revenir
10:02à notre très clément
10:03Clément V,
10:05malheureusement,
10:06il va mourir
10:06au bout de 9 ans
10:07de règne
10:08le 20 avril 1314.
10:11Du coup,
10:12après une petite décennie
10:14d'accalmie
10:14dans les relations
10:15tumultueuses
10:16entre la France
10:16et l'Église,
10:17les ennuis
10:18vont vite revenir.
10:19Et quand on parle
10:21de conclave de 1316,
10:23c'est plutôt
10:24un conclave
10:25de 1314
10:27à 1316
10:28qu'il faudrait évoquer
10:29car l'affaire
10:30va durer
10:31deux interminables années.
10:34Pourtant,
10:35au départ,
10:35les choses ne vont pas traîner.
10:37Dix jours après
10:37la mort de Clément,
10:39le sacré collège
10:40des cardinaux
10:40arrive à Carpentras,
10:42capitale des états pontificaux,
10:43à une vingtaine
10:44de kilomètres d'Avignon.
10:45Les cardinaux
10:46se réunissent
10:47dans la salle
10:47du palais épiscopal
10:49mais comme je vous l'ai raconté
10:50au début
10:51de notre aventure,
10:52des gascons
10:53commandés par deux neveux
10:54du pape défunt
10:55vont venir
10:56perturber le conclave
10:57car le pape Clément
10:59avait non seulement
11:00joué la carte
11:01du roi de France
11:01mais il avait aussi
11:02largement avantagé
11:04sa famille
11:05et ses amis.
11:06Alors du coup,
11:07quand les cardinaux
11:08ont voulu élire
11:09un pape plus proche
11:10des vertus chrétiennes,
11:11moins proche
11:12des familles
11:13et des intérêts personnels,
11:15et bien
11:15des bandes armées
11:16de gascons
11:17proches de Clément
11:18ont tout
11:19perturbés,
11:19ont tout bousculé
11:20et voilà donc
11:21nos cardinaux
11:22qui s'échappent
11:22de Carpentras
11:23tels des
11:25des perdres
11:26apeurées
11:26comme le disaient
11:27les observateurs
11:28de l'époque.
11:29Ils vont s'égayer
11:30un peu partout
11:30dans la campagne,
11:31dans les champs,
11:32dans les Garennes.
11:33On en retrouve
11:33certains à Valence,
11:34d'autres à Orange,
11:36encore d'autres
11:36à Avignon.
11:38C'est tout le troupeau
11:38qui est dispersé.
11:40Il faut donc
11:40rassembler tout le monde
11:41et c'est Philippe le Bel
11:42qui aura le dernier mot.
11:44On rassemble
11:45le troupeau
11:45à Lyon.
11:46Malheureusement,
11:48lorsque Philippe le Bel
11:49meurt à son tour
11:50le 24 novembre 1314,
11:52tout semble perdu.
11:54Et là,
11:56jamais le danger
11:56de schisme
11:57au sein de l'église
11:58n'a été aussi grand.
12:00Les Italiens
12:00veulent leur pape,
12:02les Français
12:03veulent leur pape,
12:05des partis adverses
12:06en veulent un autre.
12:06C'est donc pas
12:08le nouveau roi de France,
12:09le jeune Louis X
12:10qui va pouvoir mettre
12:11tout ce petit monde
12:12d'accord.
12:14Mais son frère cadet,
12:15Philippe,
12:16qui lui succédera plus tard,
12:17eh ben lui,
12:18il est plus malin.
12:20Lui,
12:20il sait comment les chasser,
12:21les petites perderies.
12:23Il leur promet donc,
12:24pour les appâter,
12:25que s'ils acceptent
12:26de se rassembler à Lyon,
12:28rien de grave
12:29ne leur arrivera.
12:30C'est promis.
12:32Mais faut jamais croire
12:32un maçon.
12:34Non, je déconne.
12:34Enfin, en tout cas, là,
12:35Philippe,
12:35il a donc fait mûrer l'église,
12:37comme je vous l'ai déjà raconté.
12:39Et avant de regagner Paris
12:40pour assurer la régence,
12:42pour le futur roi Jean Ier
12:43qui n'est pas encore né,
12:45il avertit donc
12:46ces petites perderies
12:47en robe rouge
12:47emprisonnées dans leur église.
12:49Vous vous adonnerez
12:50uniquement à l'élection du pape,
12:52sinon,
12:53vous ne sortirez jamais de là.
12:56Alors,
12:57pendant que Philippe
12:58galope vers Paris
12:59pour empêcher son oncle Charles
13:00de lui ravir
13:01la régence du royaume de France,
13:03les cardinaux
13:03se mettent à la tâche.
13:06À cette époque,
13:07le destin chancelle.
13:09Il n'y a plus de chef
13:10à la tête de l'église
13:10et dans l'attente
13:12de l'accouchement
13:13de la femme du défunt roi
13:14Louis X,
13:15eh ben,
13:16il n'y a plus non plus
13:17de roi de France.
13:19Quant à nos cardinaux,
13:21voici la règle
13:21qu'ils devaient observer.
13:23C'est l'ancien pape Grégoire X
13:25qui l'a fixé
13:25au XIIIe siècle.
13:27Primo,
13:29interdiction absolue
13:30de communiquer
13:31avec l'extérieur.
13:31Bon, là,
13:32de toute façon,
13:33c'était compliqué.
13:33Ils étaient en cage,
13:35ils étaient enfermés
13:35dans l'église.
13:37Mais bon,
13:37cette règle s'applique toujours
13:38au XXIe siècle.
13:40C'est toujours le même terme
13:41de conclavé,
13:41on est enfermé,
13:42on ne communique plus.
13:44Segundo,
13:45pour se dépêcher,
13:46après le troisième jour
13:47du conclave,
13:48les repas
13:49ne se composeront plus
13:51que d'un seul plat.
13:52Ah oui,
13:53dépêche-toi
13:53parce que là,
13:54tu commences à mal bouffer.
13:55On peut avoir encore
13:56un peu de chèvre.
13:57Ah non,
13:57il n'y en a plus,
13:57il faut voter.
13:58Et ce n'est pas fini.
13:59Si on n'a toujours pas
14:00choisi le pape,
14:01à partir du neuvième jour,
14:03les repas
14:04ne se composeront plus
14:05que de pain
14:06et d'eau
14:07avec un peu de vin quand même.
14:09Pour avoir un peu de chèvre,
14:10non mais tu n'as pas compris,
14:11on est maintenant au neuvième jour,
14:12non seulement il n'y a plus de chèvre,
14:13mais il n'y a plus de dessert,
14:14il n'y a plus rien,
14:14il n'y a plus que du pain.
14:15Tu veux du pain ?
14:16Ah bah non.
14:16Ah bah alors tu votes.
14:18Et pourtant,
14:19en 1316,
14:20malgré des conditions
14:21de plus en plus partiates,
14:23aucun nom
14:24ne semble s'imposer.
14:26Les ambitions personnelles
14:28sont vives
14:28et les partis
14:29s'affrontent comme jamais.
14:31Les cinq cardinaux
14:31les plus en vue à l'époque
14:32ne satisfont personne.
14:34Alors le 5 août,
14:36le parti italien se réunit,
14:38décidé à en finir.
14:39Le 6,
14:40ce sont les Gascons
14:41et les non-italiens
14:43qui proposent
14:43un nom suggéré par la France,
14:46Jacques Duez.
14:47Un homme de 72 ans,
14:49un âge avancé pour l'époque.
14:51Jacques Duez,
14:53un homme frêle,
14:54le teint pâle,
14:55à la santé fragile.
14:57Bizarre comme choix.
14:59Mais bon,
15:00même si ce choix
15:01n'emballe personne,
15:02son élection
15:03mettrait un terme
15:04au risque de schismes mortels
15:06qui planent depuis des années
15:07sur l'Église.
15:09En plus,
15:09c'est pas mal
15:10qu'il soit vieux.
15:11Bah oui,
15:11parce que,
15:12vu son âge
15:13et son état de santé,
15:14le mec,
15:14il est vraiment aigretant,
15:15qu'à Cochime,
15:16tu sens qu'à la première rafale devant,
15:17il va se retrouver dans le Rhône.
15:19Alors après tout,
15:20pour ceux qui ne sont pas d'accord,
15:21pourquoi pas accepter ?
15:23C'est pas bête.
15:24On accepte votre candidat,
15:25mais la prochaine fois,
15:26une prochaine fois
15:27qui ne devrait pas tarder,
15:27parce que regardez là,
15:28déjà,
15:28il n'a rien compris,
15:29il va se casser la figure
15:30dans le Rhône.
15:31Donc la prochaine fois,
15:31vous accepterez
15:32notre candidat.
15:33Viens papi,
15:34c'est toi qu'on choisit.
15:35Papi,
15:36papi,
15:36oh là là,
15:36rattrapez-le,
15:37il va tomber dans le Rhône.
15:38On choisit donc Jacques Duez.
15:40Et voici les premiers mots
15:42de ce nouveau pape.
15:44Dirigeant leur regard
15:45vers notre faiblesse,
15:47les cardinaux
15:48nous élurent
15:49comme souverains pontifs
15:50à l'unanimité,
15:52aucun d'eux
15:53n'opposant de la résistance.
15:55Mais nous,
15:56ressassant en notre cœur
15:58la difficulté
15:59de gérer
15:59la charge pastorale,
16:01saisie de craintes
16:02et de frayeurs,
16:04nous avons
16:04violemment hésité
16:06et non sans raison.
16:08Mais,
16:09après bien
16:10des hésitations
16:11pour obvier
16:12aux mots
16:13qu'entraînerait
16:13la prolongation
16:14de la vacance
16:15du Saint-Siège,
16:17nous avons
16:17accordé
16:18notre consentement
16:19par esprit
16:21d'humilité.
16:23Ah ben,
16:24c'était peut-être
16:25un vieux,
16:25mais il savait causer.
16:27Un vrai langage
16:27de pape.
16:28Et à peine monté
16:30sur le trône
16:30de Saint-Pierre,
16:31Jacques Duez
16:32a tout compris.
16:34Et les cardinaux
16:35qui avaient pensé
16:35élire un homme
16:36de transition
16:37très temporaire
16:38ne vont pas tarder
16:40à déchanter.
16:41Car la santé défaillante
16:42de notre nouveau pape
16:44s'améliore
16:44à vue d'œil
16:45depuis son élection.
16:47Il n'a même jamais
16:47été aussi en forme.
16:49Lui qui avait quasiment
16:50les deux pieds
16:51dans la tombe,
16:52maintenant,
16:53il pète le feu.
16:55Alors maintenant,
16:55il faut le couronner.
16:56Ravis de l'élection
16:58de son favori,
17:00Philippe promet
17:01de revenir à Lyon.
17:02Pour le pape,
17:03avoir à ses côtés
17:04le régent
17:05du royaume de France,
17:06c'est un honneur.
17:08Ainsi,
17:09le 5 septembre 1316,
17:11tout Lyon
17:12est en fête.
17:14Le nouveau pape
17:14est couronné.
17:16Il prend le nom
17:17de Jean XXII
17:18et accorde
17:1920 jours d'indulgence
17:20à qui priera pour lui.
17:23Quelques mois plus tard,
17:24en novembre 1316,
17:26la veuve du roi Louis X
17:27va mettre au monde
17:28un fils.
17:29Il devient automatiquement roi,
17:32mais pour quelques jours seulement.
17:34Le petit Jean Ier,
17:36roi de France
17:37et de Navarre,
17:38meurt au bout
17:39de 5 jours.
17:40On l'appellera
17:41Jean le Posthume.
17:43Et Philippe,
17:44qui était alors régent,
17:45monte à son tour
17:46sur le trône de France
17:47en prenant le nom
17:48de Philippe V.
17:50Quant à notre petit vieux,
17:52le pape Jean XXII,
17:53promis à une mort certaine
17:55par ses frères cardinaux,
17:56eh bien,
17:57c'est dans une forme
17:58herculéenne
17:58qu'il arrive à Avignon.
18:01Et contre toute attente,
18:02Jean XXII
18:03règnera 18 ans.
18:05Il mourra
18:06en 1334
18:07à l'âge de 90 ans
18:09bien sonné.
18:10Un outsider improbable
18:12qui,
18:13par son intelligence
18:13et sa longévité,
18:15va enfin ramener
18:16le calme
18:17au sein
18:18de la chrétienté.
18:24Et ben voilà les amis,
18:25j'espère que ce conclave
18:27mouvementé
18:27vous aura intéressé.
18:29Entrez dans l'histoire,
18:30c'est fini pour aujourd'hui,
18:31mais je vous retrouve demain
18:32pour une toute autre actualité.
18:35À l'occasion
18:35de l'ouverture
18:36du Festival de Cannes,
18:37je vous donne rendez-vous
18:38en effet
18:39avec une actrice
18:40américaine
18:41que les Français connaissent bien,
18:42Marilyn Monroe.
18:44Mais dans un instant,
18:45vous avez rendez-vous
18:45avec Laurent Ruquier,
18:46et ses grosses têtes.
18:48Bon après-midi
18:48sur RTL.
18:49Sous-titrage Société Radio-Canada
18:49sur RTL.
18:52Sous-titrage Société Radio-Canada

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