Un déjeuner partagé avec Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, pour parler des producteurs d'asperges qui dénoncent une concurrence déloyale des pays voisins depuis l'interdiction de certains pesticides...
Nous aborderons également l'insupportable incertitude qui pèse sur les producteurs de Cognac et d'Armagnac après les menaces de Donald Trump qui veut augmenter les taxes sur les spiritueux français.
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
Nous aborderons également l'insupportable incertitude qui pèse sur les producteurs de Cognac et d'Armagnac après les menaces de Donald Trump qui veut augmenter les taxes sur les spiritueux français.
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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00:00Musique et bruits d'ingrédients
00:18Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table.
00:22Vous avez bien sûr réservé la meilleure table du PAF
00:25alors installez-vous tranquillement pour déguster notre cuisine fusion entre politique et gastronomie
00:30que nous avons le plaisir de partager aujourd'hui avec Arnaud Rousseau. Bonjour.
00:34Bonjour. Bonjour Monsieur Rousseau.
00:35Et bonjour à vous Jean-Pierre Montagny. Bonjour Valérie.
00:37Arnaud Rousseau, votre curriculum vitae est plus touffu qu'un champ de betterave.
00:41Aujourd'hui à la tête du syndicat agricole FNSEA, vous avez d'abord labouré les marchés financiers
00:47dans le courtage et le négoce de matières premières agricoles
00:50avant de revenir planter vos bottes dans l'exploitation familiale de Seine-et-Marne.
00:55Producteur de colza, de tournesol, de blé, de betterave ou encore de maïs,
00:59vous possédez 339 hectares de culture qu'on ajoute aux terres de votre épouse,
01:04elle-même agricultrice, ce qui donne au total 700 hectares d'exploitation.
01:08Loin, très loin de la taille moyenne des surfaces cultivées en France
01:12d'environ 70 hectares d'après le ministère de l'Agriculture.
01:16Vous faites pousser les oléagineux comme les sociétés que vous dirigez.
01:20Vous présidez aussi le groupe Avril, un mastodonte de l'huile et des agrocarbures
01:25en favorable aux OGM et aux mégabassines.
01:27Vous désherbez les idées reçues et restez convaincus que c'est avec certaines retenues d'eau
01:32et l'utilisation de certains produits chimiques qu'un avenir agricole durable pourra pousser
01:37pour reconquérir les assiettes françaises et replanter des vocations dans un métier qui n'attire plus.
01:43C'est cette vision de l'agriculture française que nous allons discuter ensemble autour d'un bon repas, n'est-ce pas Jean-Pierre ?
01:48J'allais dire un menu princier avec des riz de veau et en dessert, un fraisier.
01:53Dans le dessous des plats, nous irons à la rencontre de producteurs d'asperges
01:57qui dénoncent une concurrence déloyale des pays voisins depuis l'interdiction de certains pesticides.
02:03Dans les pieds dans le plat, l'insupportable incertitude qui pèse sur les producteurs d'Armaniac et de Cognac
02:07après les menaces de Donald Trump qui veut augmenter les taxes sur les spiritueux français.
02:12Voilà pour le menu, maintenant on passe à table et je vous propose de nous ouvrir l'appétit avec cuisine et confidence.
02:24Ah cette table Arnaud Rousseau, on se réjouit toujours lorsque notre convive est un paysan, un agriculteur.
02:30C'est souvent la garantie de voir les produits de la ferme dans nos assiettes, viande, légumes, fromages, etc.
02:35et de découvrir les merveilles de nos terroirs.
02:38C'est vrai, avec vous c'est un peu différent, vous n'avez pas le profil du petit paysan qui tâte le cul des vaches le matin et qui fait son fromage à l'affaire.
02:45Non, vous le céréalier comme on dit, vous êtes plus proche du grand patron qui garde un oeil sur les cours de la bourse
02:50car vous faites votre blé, il faut bien le dire, avec les matières premières comme le colza, le tournesol, le blé, les betteraves, le maïs
02:56dont on avait un peu de mal avec Valérie à voir atterrir tout ça sur cette table sous la forme de plat appétissant.
03:04Et oui, mets de l'huile disait la chanson du groupe Réglis car la plupart du temps vos productions sont transformées en huile de cuisine
03:11ou alors en aliments pour le bétail d'élevage, voire en agrocarburant.
03:15Bon appétit, bonjour.
03:16Donc vous avez pris sur vous et décidé de ne pas mettre la production familiale en avant
03:20mais quand même de vanter les produits de ceux que vous défendez, une certaine partie de la classe paysanne
03:25notamment les éleveurs souvent malmenés car la viande n'a plus la cote aujourd'hui.
03:29Donc vous avez choisi un plat, un nabat chic, le riz de veau, un peu à votre image, clivant, c'est ça ?
03:36Non je ne crois pas. Je crois que c'est plutôt la passion des plats et de la cuisine bien faites.
03:46Et effectivement les riz de veau c'est un marqueur parce que tout le monde n'en consomme pas
03:50mais moi je trouve que c'est d'abord excellent de mon point de vue
03:53et puis ensuite ça correspond bien à l'idée que je me fais de la continuation des traditions.
03:58Vous voyez, ce n'est pas quelque chose qu'on trouve partout, tout le monde ne le cuisine pas.
04:02Mais ça reste un plat traditionnel.
04:04Mais ça reste un plat traditionnel.
04:06Donc vous savez, il y a des nabats, vous pouvez aller dans certains territoires français
04:10et vous trouverez des rognons ou des riz de veau dans des petites...
04:14Non non, alors après c'est plutôt un plat de connaisseurs
04:18parce qu'encore une fois ça peut rebuter les nabats.
04:22Eh bien on va le goûter ce plat.
04:24Vous allez nous dire si justement il vous convient, s'il a été préparé par le restaurant Le Bourbon
04:30qu'on salue et qu'on remercie évidemment de nous préparer quasiment à chaque émission ces excellents plats.
04:37Alors, est-ce qu'il est bon ce riz de veau ?
04:39Il est bon.
04:41Alors Valérie n'aime pas tellement les riz de veau.
04:43Quand je disais que l'Yvan c'est un peu...
04:45C'est pas grave parce que grâce à cette émission je goûte de tout et je goûte toujours.
04:49Non c'est spécial, c'est pas mon truc mais...
04:52Alors moi je le trouve très bon parce qu'il est moelleux à cœur.
04:56Il est fondant.
04:57Il est gratiné sur le dessus.
04:58Voilà, c'est très agréable.
05:00En tous les cas moi j'aime beaucoup ce plat.
05:02Alors hors antenne vous aviez une question.
05:04Les téléspectateurs l'ont pas entendu.
05:06Est-ce qu'il est français ? J'espère.
05:07Donc quand vous êtes devant une assiette, toutes vos questions elles sont tout le temps là.
05:11Vous n'oubliez jamais le boulot.
05:12La traçabilité des produits...
05:14Non, j'essaie d'être cohérent avec ce que je suis, d'où je viens.
05:18Ce que je défends.
05:20Et moi je suis toujours attaché à l'origine des produits.
05:22D'ailleurs je le dis, j'ai pas de problème à consommer des produits qui viennent d'ailleurs.
05:25Parce que consommer une bonne mozzarella italienne ou un bon serrano espagnol, c'est pas un problème.
05:30Simplement moi j'aime bien savoir ce que j'ai dans l'assiette.
05:32Et d'où ça vient.
05:33La transparence.
05:34Et qui le fabrique et comment c'est fait.
05:36Et ce que je constate quand je discute avec des gens à droite à gauche, c'est que
05:39en tous les cas dans le milieu dans lequel je viens, les gens sont attachés à ça.
05:42Et donc c'est pas un problème d'être ouvert sur le monde.
05:44Il y a beaucoup de plats de qualité dans bien des endroits de la planète.
05:48Mais en venant vous voir et en parlant de ces sujets cuisine, moi je voulais assumer aussi le fait que
05:54derrière ce plat, il y a un ancrage, il y a une histoire.
05:57Il y a un producteur qui a des vaches, qui a fait naître un veau.
06:01Il y a une filière avec des abattoirs.
06:03Parce que lever ce type de produit, c'est pas complètement simple.
06:07Donc il y a du savoir-faire derrière.
06:09Il y a de la sueur.
06:10Et je trouve que c'est grand.
06:11Et puis les pâtes, vous savez les pâtes ça se fait avec du blé dur.
06:14Aussi.
06:15Et le blé dur c'est une production qui est en France en difficulté.
06:18Qui se fait beaucoup dans les zones traditionnelles du sud de la France.
06:21Et bien ça aussi ça a du sens.
06:23Alors on fait des très bonnes pâtes italiennes par exemple.
06:26Mais en France on sait faire de très bonnes pâtes avec du blé dur.
06:29Et voilà, là aussi j'essaie d'être cohérent avec ce que je dis.
06:32Vous parliez des abattoirs en parlant de la préparation du riz de veau.
06:36Est-ce que le bien-être animal ça compte pour vous ?
06:39Est-ce que ça fait partie de vos sujets de réflexion ?
06:45Bien sûr que ça compte.
06:46Vous savez les éleveurs c'est souvent des gens qui peuvent être un peu heurtés
06:49de la manière dont on leur pose comme si ils faisaient n'importe quoi avec leurs animaux.
06:53Ça a été prouvé par des associations.
06:56On pense à L214 par exemple.
06:58Il existe des abattoirs qui travaillent mal.
07:01Oui il peut y avoir des excès.
07:02Mais vous savez il y a des excès dans tous les métiers.
07:04Et d'ailleurs ces excès on les condamne.
07:07Ce que je veux dire c'est que l'immense majorité des éleveurs sont extrêmement respectueux de leurs animaux.
07:12Et une grande partie des abattoirs le font avec le savoir-faire.
07:17Donc moi je ne focalise pas sur tel ou tel endroit ou telle ou telle image.
07:20Vous savez quand vous avez des porcs par exemple et que vous en avez plusieurs centaines.
07:24Si le matin quand vous rentrez dans votre bâtiment il y en a un ou deux qui sont morts dans la nuit.
07:28Ça peut paraître heurtant pour les gens qui ne sont pas des spécialistes de ces métiers.
07:31Mais ça arrive de manière très régulière.
07:33Et donc ce n'est pas de la maltraitance.
07:36Ça peut être la réalité de ce qu'on observe.
07:38C'est la même chose quand vous avez un poulailler.
07:40Vous pouvez avoir un poulailler en bio avec deux ou trois mille poules.
07:44Qui est une taille plutôt modeste aujourd'hui dans un élevage français.
07:47Quand vous arrivez le matin si vous avez trois poules qui sont mortes.
07:50Ça arrive tous les matins.
07:52Donc vous voyez il faut essayer de regarder.
07:54Donc le bien-être animal c'est important.
07:56Ce qu'il faut vraiment veiller à faire c'est que derrière ce sujet sur lequel il y a eu beaucoup de progrès de fait.
08:02Oui mais c'était ça ma question.
08:04Ma question c'était est-ce que vous au sein de la FNSEA c'est une réflexion.
08:07Vous avez vu justement grossir, grandir.
08:10Comment vous êtes à l'écoute des agriculteurs sur ce sujet-là ?
08:13Non mais c'est d'abord une préoccupation sociétale qu'on comprend.
08:16Même s'il y a beaucoup de paradoxes.
08:19Parfois parce que les gens disent par exemple on ne veut plus de poules élevées en cage.
08:23Mais tout le monde veut des œufs pas chers.
08:25C'est contradictoire.
08:27Évidemment c'est contradictoire.
08:29Donc il faut expliquer notre principal problème.
08:32Ou en tous les cas peut-être demain solution.
08:34C'est qu'on doit mieux communiquer sur ce qui se passe dans nos fermes.
08:36Et moi je remercie tous les agriculteurs qui ouvrent leurs fermes.
08:39En disant mais venez voir on n'a rien à cacher.
08:41Mais on ne peut pas demander des œufs qui sur le plan sanitaire sont évidemment irréprochables.
08:46Pas chers.
08:48Et de l'autre côté dire non mais nous on veut des œufs plein air ou des œufs bio.
08:52Il faut à un moment accepter de payer le juste prix de l'alimentation qu'on fait.
08:55Et notre plus grande fierté c'est peut-être le moment le plus difficile dans lequel on est en ce moment.
08:59C'est d'expliquer qu'on a les méthodes de production parmi les plus durables de la planète.
09:04Ce n'est pas Arnaud Rousseau agriculteur qui le dit.
09:06C'est les gens qui observent ce qui se produit dans le monde.
09:09Nous on a un modèle de durabilité de l'agriculture française qui est parmi les plus vertueux.
09:12Je ne dis pas qu'on ne peut pas continuer à progresser.
09:14Je dis qu'on est déjà...
09:16A chaque fois qu'on produit un peu moins en France ou qu'on nous met des boulets au pied.
09:21C'est un peu plus d'alimentation qui est importée.
09:23Et on importe énormément d'alimentation aujourd'hui.
09:25Contrairement à ce qu'il y a...
09:26Un poulet sur deux on en parlera après pour la souveraineté alimentaire.
09:28Et du coup nous on est fiers de ce qu'on produit pour les français.
09:31Vous me dites que vous n'êtes pas venu avec vos produits.
09:33Si je vous avais mis un peu de blé ou un peu de colza dans l'assiette en direct...
09:36J'étais taquin.
09:37Ça aurait été un peu plus difficile.
09:38Mais il y a du blé dans les pâtes.
09:40Alors c'est du blé dur.
09:41Oui ce n'est pas pareil.
09:42Alors on vient de voir que vous veillez à la transparence de ce que vous mangez.
09:46Vous voulez un petit morceau de pain ?
09:47Je veux bien s'il vous plaît.
09:48Je viens d'une famille qui ne sait pas manger sans pain.
09:51Merci beaucoup.
09:52Et la baguette.
09:53Je voulais connaître votre rapport avec la cuisine.
09:57Est-ce qu'Arnaud Rousseau décrypte, qui scanne son assiette ?
10:01Vous cuisinez ?
10:02C'est une passion ou pas du tout ?
10:04Je vous dirais bien oui.
10:05Mais je crois que ma femme m'égorgerait en rentrant.
10:07Je suis assez mauvais en cuisine.
10:10Mais j'ai d'abord la chance d'avoir une famille qui cuisine bien.
10:15C'est chouette.
10:16Voilà.
10:17Je n'ai pas beaucoup de temps pour le faire.
10:19En revanche, j'aime la table.
10:22J'aime la convivialité qu'il y a avec la table.
10:24J'aime passer du moment à table.
10:29Mais en cuisine, je suis obligé de confesser que je ne suis pas très bon.
10:32Sandrine, votre homonyme dirait qu'il y a encore du boulot pour vous déconstruire.
10:36C'est la place de l'homme aujourd'hui.
10:37Surtout quand on aime ça, quand on partage les pieds dans le blé.
10:41Je crois que c'est essentiellement le temps qui me manque.
10:44Peut-être aussi un peu la patience.
10:47Mais je reconnais avec humilité qu'aujourd'hui, ce n'est pas l'activité que je déploie dans la cuisine qui est le marqueur principal.
10:56En revanche, j'aime ça et c'est important d'être à table, en famille, avec des amis, de passer trois repas par jour.
11:03Justement, vous parlez de votre famille.
11:05Est-ce que l'idée, c'est de transmettre votre exploitation à vos enfants ?
11:09Oui.
11:10Vous savez, je crois que pour tous les agriculteurs, il y a toujours cette idée qu'on travaille pour les générations futures.
11:15C'est donc de moins en moins le cas.
11:17Vous savez, j'ai trois enfants, dont un, mon aîné Grégoire, qui a fait des études agricoles et se pose la question éventuellement de reprendre ça.
11:28Il est jeune, il a le temps.
11:29Et puis moi, j'ai encore quelques années à faire.
11:31Mais j'en serais, si c'était son choix, évidemment ravi.
11:34Maintenant, je crois que ce qui est important, c'est de choisir son métier et de faire quelque chose qu'on aime.
11:39Il ne faut pas non plus mettre de poids ou de pression psychologique sur la transmission.
11:44Elle se fait naturellement et il faut aimer le métier qu'on fait.
11:46Moi, j'ai choisi ce métier après avoir fait autre chose, vous l'avez dit.
11:49Je suis revenu sur la ferme de mes parents, de mes grands-parents.
11:52J'en suis extrêmement heureux.
11:54Et puis l'agriculture évolue, donc il faut rester ouvert sur le monde, ce qui se passe autour de soi.
11:58Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles je me suis engagé.
12:01Mais effectivement, si je peux transmettre mon exploitation.
12:03Et puis j'ai deux filles qui, peut-être, seront aussi intéressées.
12:07L'une fait des études de dentaire.
12:11Mais vous savez, il y a plein de schémas.
12:15Et puis, ce qui se passera dans la vie, parfois réserve des surprises.
12:17En parlant d'Irudevo, tout à l'heure, vous parliez des traditions, culture bourgeoise, culture du terroir.
12:21Quand vous vous projetez dans l'avenir, parce que quand on est agriculteur, on se projette aussi dans l'avenir.
12:26Avec les nouvelles technologies, le progrès.
12:28Comment vous imaginez l'assiette et la nourriture de demain ?
12:32Vous êtes inquiet ? Vous avez des angoisses ?
12:36Ou au contraire, vous pensez qu'il y aura un continuum avec ce qui se fait aujourd'hui ?
12:39D'abord, il y a une première bataille, c'est qu'est-ce qu'on va mettre dans l'assiette ?
12:43Parce que l'idée que la culture française du repas demeure, je suis assez confiant.
12:50Tous les Français aiment passer du temps, déguster, boire des bons vins.
12:56Et puis, il y a tout ce qui va avec, les souvenirs de famille, les rires entre copains.
13:00Moi, je suis assez serein sur l'idée que ça continuera à exister.
13:04La question, c'est avec quoi dans l'assiette ?
13:07Et là, c'est tout le combat qui est le nôtre.
13:09Celui de promouvoir la production et le savoir-faire français.
13:13Et on est aidé en cela par des grands chefs, hommes et femmes, qui mettent en valeur nos produits.
13:19On est, je crois, avec une tradition qui, à mon avis, perdura.
13:23Mais la question, c'est est-ce qu'on est capable de fournir ?
13:25Prenons l'exemple de l'agneau.
13:27Déguster un morceau d'agneau à Pâques, c'est une tradition qui se fait encore dans de nombreuses familles.
13:32Aujourd'hui, on importe 60% de notre viande d'agneau.
13:36Ça, c'est une préoccupation.
13:38Et nous, on est fiers des agneaux qui sont produits dans notre pays.
13:42Alors, même s'il y a plein de sujets autour de la production, parce que ce n'est pas facile,
13:45parce qu'il y a des problématiques sanitaires, parce qu'il y a de la prédation du loup,
13:48parce qu'il y a tout un tas de sujets qui, aujourd'hui, pourrissent la vie des éleveurs rovins.
13:52Donc, moi, je suis assez confiant.
13:54Mais mon combat, c'est de faire en sorte qu'il reste le meilleur du savoir-faire français.
13:58Parce que, ce que peut-être oublient un peu les Français, c'est que derrière ce qu'il y a dans l'assiette,
14:03il y a quand même un producteur, une productrice qui a donné un peu de sa soeur, un peu de son énergie,
14:08parfois avec l'anxiété, le climat, les problématiques.
14:11Et que, boire un verre de vin ou déguster des riz de veau,
14:16dans ma tête, c'est toujours se dire, là, il y a quelqu'un qui a donné le meilleur de lui-même.
14:20Et ça, je trouve que ça donne du sens.
14:21Et n'oublions pas le restaurateur, qui a aussi transformé, sublimé ces produits.
14:24Évidemment, la chaîne de valeur.
14:25Et j'en profite, d'ailleurs, pour remercier le chef du Bourbon qui a fait cette assiette.
14:29Merci à lui.
14:30Alors, merci au chef du Bourbon.
14:32Mais peut-être qu'on peut aussi essayer de faire un riz de veau chez soi.
14:35Mais pour ça, il faut connaître trois choses, n'est-ce pas Jean-Pierre ?
14:37D'abord, on ne le dira jamais assez, parce que si vous invitez Valérie Brochard à table,
14:40attention aux âmes sensibles, les riz de veau sont des abats.
14:44Pour ceux que ça refroidit, déjà psychologiquement.
14:47En fait, il s'agit des glandes nichées dans l'arrière-gorge.
14:50Le thymus présente seulement chez les jeunes animaux le veau, voire le jeune bœuf,
14:56et aussi l'agneau, puisqu'il existe aussi des riz d'agneau.
14:59Pour les amateurs avertis, comme Arnaud Rousseau,
15:02rien ne vaut les riz de veau plus savoureux et plus nobles que les riz d'agneau,
15:06parfois plus goûteux et surtout plus abordables.
15:09Un conseil avant de les cuisiner, les riz sont fragiles,
15:13donc aussitôt achetés, aussitôt préparés.
15:16Ne les laissez pas traîner au frigo pendant dix jours.
15:18Commencez par les laisser tremper deux heures pour éliminer les petites impuretés,
15:21puisque c'est quand même des glandes,
15:23puis pochez-les dans l'eau bouillante, vinaigré, une dizaine de minutes,
15:25avant de les passer sous l'eau froide, histoire d'ôter la petite peau qui les recouvre,
15:29et les filaments, donc ça demande un peu de boulot avant vraiment de les cuisiner.
15:32Après quoi, vous les coupez en deux, les noix, ou même en trois,
15:36dans le sens de la longueur, puis vous les pochez, vous les poêlez,
15:40simplement dans du beurre ou de l'huile d'olive,
15:42avant de les déglacer au vin blanc.
15:44Vous pouvez aussi les préparer en cocotte.
15:46Ils adorent la compagnie de crème et de champignons,
15:48le chef du Bourbon l'a bien compris, Girold ou Morille,
15:51et compter 10 à 15 minutes de cuisson pour 500 grammes,
15:55pour une cuisson à peine rosée, ça c'est pour ceux qui sont vraiment amateurs,
15:59et puis 25 à 30 minutes de cuisson pour une cuisson à point,
16:01c'est le cas de notre assiette aujourd'hui.
16:03Et pour accompagner ce plat, vous avez choisi un vin,
16:06celui de Jérôme Despay, que vous connaissez bien, n'est-ce pas ?
16:10Oui, Jérôme Despay, c'est d'abord un ami,
16:13il se trouve qu'il est le premier vice-président de la FNSA,
16:16mais il est surtout viticulteur dans les rots,
16:18et donc je lui avais demandé, à l'occasion de ce déjeuner,
16:22de me donner une bouteille, ce qu'il a fait évidemment avec joie.
16:26Qu'est-ce que c'est exactement ce vin ?
16:29C'est un vin du Pays d'Oc, produit dans les rots,
16:32à Saint-Géniès-des-Mourgues.
16:34C'est un vin avec 70% de Merlot et 30% de Syrah,
16:38qui sont des cépages typiques de cette région.
16:41C'est un vin de caractère, il a vieilli 14 mois en demi-mui,
16:45c'est-à-dire dans des fûts de 500 litres,
16:48et je le trouve à la fois avec beaucoup de caractère
16:52et puis à l'image du producteur.
16:55Et puis quand on aime le vin, boire un vin,
16:58quand on connaît le vigneron, ça n'a rien à voir.
17:01Parce que là aussi, il y a une histoire.
17:03Alors on peut aimer déguster du vin, c'est mon cas,
17:06tout type de vin français, et puis aussi d'autres pays de la planète
17:10qui savent parfois faire des bons produits,
17:12mais je le lis parce que derrière ça, il y a un producteur,
17:15et si je veux parler aussi de la relation à l'homme ou à la vigneronne,
17:19c'est parce que la viticulture française traverse une crise difficile.
17:23Absolument.
17:24Et là aussi, il y avait une forme d'hommage pour ce travail qui est fait,
17:28parce qu'on consomme moins de vin rouge en France,
17:33alors qu'encore une fois, il y a du savoir-faire.
17:37Il y a l'impact climatique qui joue beaucoup,
17:39il y a le marché qui joue beaucoup.
17:41L'État a débloqué des aides, notamment pour la viticulture,
17:44c'est insuffisant pour vous ?
17:46Oui, bien sûr, vous savez, la crise est majeure.
17:50Vous avez même peur pour le vignoble français ?
17:52L'objectif, évidemment, c'est d'essayer de se redresser,
17:55mais on est inquiet, bien sûr qu'on est inquiet,
17:56parce que d'abord, il y a une perte de production importante,
17:59il y a même des vignes qui ne sont plus entretenues aujourd'hui.
18:01Vous allez dans le Bordelais,
18:03vous allez dans un certain nombre de territoires du sud de la France,
18:07et vous verrez des vignes abandonnées.
18:08On a même des vignes qui meurent sur pied,
18:10malgré la volonté du vigneron de les maintenir,
18:14parce que quand vous êtes dans les Pyrénées-Orientales
18:16et qu'il n'a pas plu pendant plusieurs mois,
18:19ça traverse une grave crise.
18:21Puis il y a des facteurs qui ne dépendent pas des vignerons
18:23quand vous avez des guerres commerciales
18:25entre les Etats-Unis et la France.
18:27On en parlera sur les taxes.
18:28Tout ça les impacte durement.
18:31C'est la santé aussi,
18:32parce qu'il faut quand même dire que les médecins se réjouissent
18:35que la consommation de vin baisse, contrairement à vous.
18:37Oui, mais évidemment, on est soucieux du fait
18:40qu'il y ait une consommation qui soit raisonnable.
18:43Mais vous savez, boire un verre de vin par jour,
18:45ce n'est pas une problématique.
18:48Ce qui est une problématique, c'est évidemment
18:50quand on bascule dans l'alcoolisme, mais voilà.
18:52Mais soyons fiers quand même de notre culture, de notre valeur.
18:54Moi, je suis assez agacé des aspects toujours comportementales
18:57où on devrait nous expliquer ce qu'il faut qu'on mange,
18:59comment on le mange, à quelle heure on le mange.
19:01Moi, je suis attaché à la liberté, vous voyez.
19:03Moi, je trouve que pouvoir déguster la typicité des vins français,
19:07parce que consommer, boire une bouteille de Bourgogne,
19:10une bouteille de Bordeaux, ce vin du Pays d'Oc,
19:14a fait d'énormes progrès avec cet IGP aujourd'hui
19:17qui est orné, parce que c'est un territoire
19:19qui était en difficulté il y a une vingtaine d'années.
19:21Ils ont fait de gros efforts.
19:22Dans n'importe quelle région où vous allez, il y a du vin.
19:24Vous savez maintenant qu'on plante même de la vigne
19:26au nord de Paris.
19:27Bon, on ne va pas déguster tout de suite,
19:29mais en tous les cas, voilà.
19:30Et ça, derrière, c'est de la culture, c'est de l'histoire,
19:33c'est nos racines.
19:34Et avec modération, pour justement...
19:36Voilà, donc avec modération.
19:38Et moi, j'invite les Français à soutenir
19:40les vignerons français qui sont dans des difficultés.
19:43Et c'est grâce à votre menu, Arnaud Rousseau,
19:45qu'on cultive notre palais.
19:47Alors, je vous propose maintenant de cultiver notre esprit
19:49avec le quiz.
19:54Alors, homonyme d'un philosophe, un certain Jean-Jacques Rousseau
19:57qui accordait au sens du goût d'être indispensable
19:59à la formation d'un homme.
20:01Retenez bien cette citation.
20:02Sauriez-vous nous dire, à Arnaud Rousseau,
20:04si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
20:06Pour lui faire plaisir,
20:08je parle de Jean-Jacques Rousseau,
20:10vous lui servez une truite au vin rouge.
20:12Vrai ou faux ?
20:14Écoutez, j'ai lu Jean-Jacques Rousseau pour mon bac.
20:17J'avoue qu'en plus, je ne suis pas complètement fan
20:19de ce qu'il écrit, mais je ne sais pas.
20:21Je vais dire vrai.
20:22Oui, vrai.
20:23Parce qu'il aimait les produits, comme vous,
20:26de la nature.
20:27Il aimait aussi le petit pâté de lapin
20:29ou un caneton au fil sauvage.
20:31Il ne parlait pas tant entre deux ouvrages,
20:33Jean-Jacques Rousseau.
20:34Il ne consommait que des légumes
20:36et des fruits cultivés sous serre.
20:42Je vais dire vrai, parce que ça a l'air assez précis.
20:44C'est précis, mais c'est faux.
20:46Parce qu'au contraire, il était déjà un peu
20:49anti...
20:51Serre ?
20:52Anti-serre.
20:53Il trouvait que c'était un caprice des riches
20:55et qu'il fallait plutôt se contenter
20:57des produits qui étaient cultivés avec le climat.
21:00Il est un pionnier de ce qu'on appelle aujourd'hui
21:04le locavore, qui est maintenant rentré dans les mœurs.
21:07Il est pionnier du locavore,
21:09Jean-Jacques Rousseau, le philosophe.
21:12Il a pas mal voyagé, mais je dirais plutôt oui.
21:14Oui, c'est vrai.
21:15Il vante les mairies du Locan,
21:17il adore les spécialités régionales
21:19et il respecte la saisonnalité.
21:21Donc, il était, de ce point de vue-là, très philosophe.
21:23Et enfin, il détestait le champagne.
21:29Je dirais plutôt faux.
21:31Et oui, faux.
21:32Il appréciait énormément ce vin à bulles.
21:34Oui, on comprend pourquoi.
21:36On continue dans les questions culinaires,
21:38mais puisque vous êtes né à Meaux,
21:40je vous propose de relever un peu les questions
21:42avec de la moutarde.
21:43Au-delà de la célèbre moutarde de Meaux,
21:45sauriez-vous nous dire si ces affirmations
21:47sur ce condiment sont vraies ou fausses ?
21:49Pour fabriquer de la moutarde,
21:50trois espèces de plantes moutardes sont utilisées,
21:52la jaune, la noire et la brune.
21:55Oui.
21:56Un mot ?
21:57Non.
21:58Non, c'est faux.
21:59Il y avait une piège.
22:00Il y avait un petit piège, j'étais un peu vite.
22:02La blanche, la blanche dit la jaune,
22:04c'était la blanche, la noire et la brune.
22:06Mais il y en a bien trois.
22:07Exactement.
22:08Mais ce n'est pas les bonnes couleurs.
22:09Non, à une près.
22:10Pour produire un kilo de pâtes de moutarde,
22:13il faut plus de 500 000 graines de moutarde.
22:17C'est possible ?
22:18Parce que la graine de moutarde,
22:19c'est une graine qui est toute petite,
22:20plus petite qu'une tête d'épingle.
22:21Eh bien, vous avez raison.
22:22C'est vrai.
22:23Absolument.
22:24En 1742, une innovation transforme le goût de la moutarde.
22:28Le vinaigre est remplacé par du verju.
22:32Je l'ignore.
22:33Mais je me prête au jeu, je vais dire vrai.
22:36Eh bien, vous avez raison.
22:37Le verju est le jus acide extrait de raisin
22:39ayant mûri imparfaitement ou n'ayant pas mûri du tout.
22:42Et c'est ce qui a apporté ce goût.
22:45Et enfin, la seule moutarde dotée d'une IGP
22:48est la moutarde de Dijon.
22:51Ah, sur l'IGP, ça doit être vrai.
22:56Non, c'est faux.
22:57Il y a aussi la moutarde de Bourgogne.
22:59Non, mais comme quoi ?
23:00Je l'ignore.
23:01Non, c'est la moutarde de Bourgogne
23:02qui englobe la moutarde de Dijon.
23:03Oui, enfin voilà.
23:04Ce n'est pas Dijon qui a son IGP, c'est la Bourgogne.
23:06Voilà, c'est ça.
23:07Allez, maintenant, on passe à la dégustation de vos souvenirs.
23:10Et c'est tout de suite dans La Brève de Comptoir.
23:16Alors, Arnaud Rousseau, pour préparer cette émission,
23:18vous a demandé de plonger dans votre mémoire
23:20et de retrouver un souvenir qui mêle agriculture et politique.
23:24Et vous nous emmenez évidemment au Salon de l'Agriculture, c'est ça ?
23:27Oui, vous savez, c'est le grand rendez-vous avec l'école annuelle
23:29dans lequel défilent tous les politiques.
23:31Et j'ai un souvenir assez précis de ce moment-là.
23:33Racontez-nous.
23:34Écoutez, jeune agriculteur, comme beaucoup de mes pères,
23:39je me rends au Salon de l'Agriculture.
23:41Je devais avoir autour de 25 ans, peut-être une trentaine d'années.
23:46Et on était au début des années 2000.
23:49Et le président de la République était Jacques Chirac.
23:51Et il avait pour habitude de venir au Salon de l'Agriculture.
23:55Et je connaissais celui qui présidait le Salon à l'époque,
23:58Christian Patria, pour qui j'ai une pensée.
24:00Et il se trouve qu'il accompagnait le président de la République
24:03comme le veut la tradition.
24:05Et j'ai des souvenirs de cette journée où j'étais là
24:07et Jacques Chirac était présent, de l'avoir un peu suivi,
24:10parce que c'était voir le président de la République.
24:13Et je garde un souvenir extrêmement précis
24:15de ces rencontres avec les agriculteurs
24:17où à chaque stand, il dégustait.
24:19Vous savez, je vais maintenant beaucoup au Salon de l'Agriculture.
24:22J'y reste évidemment tout le salon.
24:24Je vois beaucoup de politiques qui dégustent
24:26un petit morceau de tel ou tel produit,
24:28met à peine les caméras tournées, le reposent.
24:30Et moi, ce qui m'avait fasciné avec Jacques Chirac,
24:33c'est qu'à chaque stand, il goûtait à tout.
24:37Il en reprenait, il passait du salé au sucré.
24:41Quand son verre était fini,
24:43il le retendait pour qu'on le remplisse.
24:45C'est un début d'heure du matin.
24:47Ce n'est pas une légende, parce qu'on le raconte beaucoup.
24:49Vous l'avez vu de vos propres yeux.
24:51Ce jour-là, je l'ai vu.
24:53Et j'avoue en avoir été un peu impressionné.
24:55Et on voyait d'ailleurs ses collaborateurs
24:57un peu en peine derrière.
24:59Et je m'étais dit, impressionnant.
25:01Et puis, ça, c'est ce que je m'étais dit à l'époque.
25:03Et pour avoir maintenant le recul,
25:05je trouve que c'était encore plus impressionnant,
25:08parce que je ne lui connais pas d'alter ego
25:10dans la capacité à ingurgiter autant d'éléments.
25:13Et de manière non feinte,
25:15parce que ça se voyait qu'il aimait ça.
25:17C'était sincère. Allez, on quitte le salon de l'agriculture
25:19pour retrouver l'exploitation de Christophe.
25:21Dans les Landes, il cultive des asperges vertes,
25:24mais avec bien des difficultés.
25:26On en parle tout de suite dans le Dessous des plats.
25:34Sur les marchés et dans les rayons des supermarchés,
25:37vous trouverez beaucoup moins d'asperges vertes
25:39françaises que les années précédentes.
25:42Jusqu'en 2018, le cryocère,
25:44un petit insecte qui se régale d'asperges
25:47et détruit les récoltes,
25:49était anéanti par un pesticide
25:51aujourd'hui interdit en France.
25:53Alors, vous trouverez sûrement
25:55des asperges hollandaises
25:57qui, elles, n'ont pas la même obligation.
25:59Une concurrence déloyale,
26:01dénoncée dans ce reportage
26:03de Mathéo Stéphan et Juliette Prunier.
26:06C'est le cauchemar des producteurs d'asperges
26:08et le cryocère, c'est vraiment
26:10la grosse problématique.
26:12Les cryocères, ce sont ces insectes
26:14d'à peine 5 mm.
26:16Inoffensifs en apparence,
26:18ce sont les bêtes noires de Christophe.
26:20Pour grandir, ces nuisibles
26:22se nourrissent directement du légume.
26:24Cette petite larve, elle va migrer
26:26et en passant, elle va dévorer
26:28toute la partie verte de la plante
26:30de sorte qu'il ne restera que
26:32l'esquelette complètement sec.
26:34Elles vont manger, manger, manger
26:36jusqu'au pied, jusqu'en bas
26:38et la plante va complètement se dessécher.
26:40Sur ses 60 hectares,
26:42Christophe a perdu l'année dernière
26:44jusqu'à 20% de sa récolte.
26:46Pourtant, un traitement naturel
26:48est pulvérisé plusieurs fois par mois
26:50sur ses plantations, sans résultat.
26:52Aujourd'hui, on a quelques solutions
26:54mais avec des produits qui ont très peu d'efficacité
26:56qu'il faut renouveler, il faut repasser
26:58tous les 8 à 10 jours, mais avec des soucis
27:00de résistance qui commencent à apparaître
27:02sur certaines parcelles
27:04et qui sont de plus en plus déminuées
27:06par rapport à ce problème qui est gravissime pour nous.
27:08Depuis 2018, la France interdit
27:10l'utilisation de l'acétamipride,
27:12un pesticide de la famille des néonicotinoïdes
27:14mais autorisé dans le reste
27:16de l'Europe, une aberration
27:18pour ce producteur.
27:20C'est pour tout le monde ou c'est pour personne.
27:22À mon avis, l'égalité, elle est là.
27:24Il y a des règles européennes.
27:26En France, malheureusement, on a pris
27:28des dispositions pour être plus contraints
27:30que ce qui est autorisé.
27:32Certains ont le droit, d'autres pas.
27:34On demande à ce que tout le monde soit logé
27:36de la même enseigne pour pouvoir nous battre
27:38avec les mêmes armes. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
27:40Christophe et toute la filière dénoncent
27:42une distorsion de concurrence.
27:44Un tiers des asperges consommées est aujourd'hui
27:46importée à des prix largement inférieurs.
27:48Economiquement, ça ne vaut plus le coup
27:50de faire de l'asperge.
27:52On n'a pas assez d'argent, ne serait-ce que pour
27:54rémunérer nos salariés.
27:56Et après, derrière, il faut pouvoir dégager
27:58une marge pour pouvoir vivre de notre travail.
28:00Pour survivre, Christophe et les producteurs
28:02d'asperges, mais aussi la filière
28:04de la noisette, réclament
28:06le retour de l'acétamifride
28:08sur leurs plantations.
28:10Arnaud Rousseau, est-ce qu'il faut arrêter
28:12de protéger la santé
28:14des producteurs, la biodiversité
28:16et, en bout de chaîne, des consommateurs
28:18ou est-ce qu'il faut plutôt contraindre les pays voisins
28:20à protéger notre santé à tous ?
28:22D'abord, je voudrais vous dire qu'on est
28:24évidemment extrêmement soucieux
28:26de la santé publique.
28:28D'abord parce que c'est nous les premiers à l'utiliser
28:30et que personne, comme agriculteur,
28:32n'a envie d'empoisonner
28:34ses compatriotes.
28:36On n'est pas prêts à faire n'importe quoi.
28:38Je voudrais simplement expliquer que sur
28:40ce produit, en fait,
28:42ce qui écoeure les agriculteurs français
28:44et ça a été très bien dit dans le reportage,
28:46c'est que, vous savez, un produit
28:48qu'on utilise,
28:50il a une homologation. C'est comme
28:52quand vous allez chez le pharmacien, vous achetez un produit
28:54qui est homologué. Et quand le pharmacien
28:56vous le vend, c'est parce que le produit, il a reçu
28:58tout un tas d'accréditations suite à des études.
29:00Nous, c'est la même chose.
29:02Il y a une singularité, c'est que la loi
29:04de 2016 a interdit
29:06un certain nombre de produits, dont celui-là, en France.
29:08Simplement en France. Alors que le produit
29:10reste homologué au niveau européen
29:12et qu'il est utilisé
29:14par un Allemand, par un Italien,
29:16par un Espagnol. Et donc, soit
29:18le produit, et il l'a très bien dit, soit le produit
29:20il est mauvais et il faut le retirer.
29:22Si c'est un problème pour la santé publique,
29:24il faut le retirer. Mais si...
29:26Mais si la France a pris cette décision, c'est peut-être parce qu'elle
29:28est précurseur aussi de quelque chose
29:30qui pourrait... C'est pour ça que je vous posais la question de
29:32ne doit-on pas plutôt obliger les voisins
29:34à faire la même chose ?
29:36Plutôt que de réintroduire ce produit.
29:38C'est intéressant sur le point intellectuel, mais ça ne fonctionne pas.
29:40Ça ne fonctionne pas, parce que vous n'allez pas dire
29:42à des gens, avec une homologation européenne,
29:44encore une fois, le produit a été homologué
29:46par l'autorité européenne
29:48dont vous l'utilisez, mais
29:50nous, on va vous expliquer qu'en fait, c'est pas bon du tout.
29:52C'est pas un caprice des Français, c'est qu'ils ont
29:54fait des études et ils ont déclaré que ce produit
29:56était dangereux pour la santé, avec des cancers, Valérie, on parlera.
29:58Non, non, absolument pas.
30:00Alors, sur quels critères ils ont décidé ?
30:02En fait, il y a eu un vote du Parlement,
30:04c'est la loi biodiversité de 2016,
30:06qui a conduit à une décision politique.
30:08D'ailleurs, tout le monde l'ignore, mais je veux le dire ici,
30:10l'acétamipride, elle n'est pas
30:12interdite en France. Elle est interdite en France
30:14pour l'agriculture. Mais j'invite
30:16tous les gens qui ont un colis ou un antipuce
30:18sur leur chat ou sur leur chien, à regarder
30:20ce qu'il y a marqué dessus. Et vous verrez que c'est marqué.
30:22C'est pas la même chose. Vous dispersez pas
30:24un pesticide comme vous le...
30:26Pardon, c'est en concentration
30:28bien supérieure à ce qu'on fait.
30:30Ce qu'on demande, nous,
30:32c'est pas, moi je suis pas là pour défendre
30:34telle ou telle firme ou telle ou telle
30:36matière active. Je dis simplement
30:38que pour les Français, voir la production
30:40d'asperges, mais je vous parlais de la noisette
30:42ou de la pomme, disparaître en France.
30:44Parce que c'est ça, ce qui nous inquiète, c'est que
30:46des filières entières, justement, j'allais y venir,
30:48sur la noisette, en l'occurrence, c'est un
30:50véritable problème, c'est même un fléau.
30:52Donc, vous, vous pensez à la
30:54disparition même de la filière noisette en France ?
30:56Nous, on dit deux choses de bon sens.
30:58La première, c'est que
31:00il faut pas nous mettre dans des impasses
31:02qui nous conduisent
31:04à ne plus avoir
31:06de solutions qui nous amènent à ne plus produire.
31:08Et à importer d'ailleurs.
31:10Parce qu'en fait, on a plus de production
31:12en France, et éventuellement l'écueil
31:14qui consisterait à dire ça peut être dangereux, de toute façon,
31:16on l'importe d'ailleurs avec des traitements identiques.
31:18Donc, on ne règle rien. Et la deuxième chose
31:20qu'on dit, c'est, si on considère
31:22qu'effectivement, ce produit,
31:24c'est quand même pas terrible, mettons
31:26en place la recherche
31:28et les solutions alternatives qui nous permettent à court
31:30terme de dire, maintenant, on a une autre
31:32solution et on utilise cette autre solution.
31:34Et ça, aujourd'hui, c'est pas le cas ? Pas suffisamment le cas.
31:36Qu'est-ce qui vous manque ?
31:38Qu'est-ce qui manque aux agriculteurs ? La recherche, l'innovation.
31:40Vous savez, les agriculteurs... Mais des moyens, c'est des moyens que l'État n'est pas...
31:42Mais bien sûr, des moyens de la recherche, et pas simplement
31:44de la recherche française, européenne. Parlons
31:46de la noisette. La noisette,
31:48la France est
31:50le quatrième pays à en consommer le plus
31:52dans le monde. Absolument. Quand
31:54on produit en France 12%
31:56de ce qu'on a besoin. Donc, ça veut dire que
31:5888% des noisettes
32:00qu'on consomme, notamment dans une pâte à tartiner,
32:02dont je ne citerai pas le nom, très consommée
32:04en France, sont importées,
32:06dont, dans ces 88%,
32:08un peu moins de 70% qui vient de Turquie.
32:10En Turquie, elles sont cultivées
32:12avec des matières actives nombreuses,
32:14dont un certain nombre sont interdites en Europe.
32:16Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que
32:18quand vous étalez votre pâte à tartiner sur votre tranche de pain,
32:20eh bien, vous n'avez pas de production française,
32:22vous avez le pesticide,
32:24et ça vient d'ailleurs. Est-ce que ça, ça fait avancer l'agriculture ?
32:26Non, mais est-ce que la réponse, c'est
32:28de réintroduire des pesticides chez nous,
32:30ou de ne plus, je ne sais pas,
32:32d'avoir une autre réponse à cela ?
32:34Je vous ai répondu, c'est les deux. Ok.
32:36À court terme, c'est ne pas nous mettre dans une impasse,
32:38parce que tant qu'on n'a pas de solution,
32:40c'est soit on abandonne,
32:42soit on abandonne, on baisse les bras,
32:44et on importe d'ailleurs. Et nous, on ne peut pas s'y résoudre,
32:46parce qu'on est fiers de ce qu'on produit.
32:48Mais on comprend aussi qu'à un moment, il faut qu'on améliore nos pratiques,
32:50et qu'il y a des questions de santé publique
32:52qui peuvent se poser. Mais sur la santé publique,
32:54qui autorise les produits ?
32:56Ce n'est pas l'agriculteur. Non, non.
32:58C'est une autorité scientifique européenne
33:00qui a donné cette homologation.
33:02Et vous voyez bien que là, on est au cœur du sujet.
33:04Et c'est pour ça, merci d'avoir de me poser la question,
33:06parce qu'au-delà des postures
33:08politiciennes ou des tensions,
33:10vous ne pouvez pas dire à un agriculteur français
33:12écoute, mon vieux, on va éclairer
33:14de notre superbe l'ensemble de la planète
33:16parce que nous, on va montrer l'exemple,
33:18mais en fait, t'es mort parce que tu ne produis plus,
33:20mais en fait, toute la journée, on va importer.
33:22C'est aussi pour ça qu'on est contre le Mercosur,
33:24par exemple. Oui, on en parlera.
33:26Mais juste une petite question, pour rebondir sur la question de Valérie,
33:28il y a quand même des producteurs
33:30d'asperges bio, alors comment ils font, eux ?
33:32Bah écoutez,
33:34d'abord, ils essaient de trouver
33:36voies et moyens, enfin, ils ont aussi
33:38ces insectes, donc parfois...
33:40Ils n'ont pas le pesticide.
33:42Donc, ils ont trouvé des méthodes naturelles
33:44pour les éradiquer, peut-être que ça ne suffit pas
33:46en question de rendement, mais on y arrive.
33:48Non, mais on y arrive,
33:50et si on y arrivait, on le ferait. On n'y arrive pas
33:52dans les volumes qui sont achetés,
33:54ça a été très bien dit dans le reportage, on en importe
33:56des quantités astronomiques, y compris
33:58des Pays-Bas. Si tout pouvait être bio
34:00et si le consommateur acceptait de payer
34:02le juste prix du produit, on ne serait pas en train
34:04de parler de ce sujet. La réalité, c'est qu'on est toujours
34:06dans une équation entre
34:08ce que je souhaite et mon consentement
34:10à le payer. Et là, il y a une vraie
34:12schizophrénie du consommateur, parce que moi,
34:14quand je discute avec tout un tas de gens, ils me disent
34:16on veut de la naturalité, on veut
34:18de la proximité, on veut de la qualité,
34:20on veut du bio, ou on veut du local,
34:22parce qu'il peut y avoir les deux.
34:24C'est pas cher, absolument.
34:26Mais, par contre, l'acte d'achat
34:28ne traduit pas
34:30cette volonté affichée.
34:32Et là, on fait comment quand on est agriculteur
34:34et qu'on nous dit, moi je produis
34:36ce que le consommateur achète. Si demain,
34:38tout le monde est prêt à acheter,
34:40qu'est-ce qu'on observe sur la part des ménages
34:42consacrés à l'alimentation ? C'est qu'elle ne cesse
34:44de baisser.
34:46Mon commentaire n'est pas
34:48un jugement de valeur. Moi, j'observe que les gens
34:50peuvent avoir des problèmes de pouvoir d'achat,
34:52peuvent avoir des difficultés à se nourrir.
34:54D'ailleurs, il y a de plus en plus de familles françaises dans lesquelles
34:56c'est difficile. Mais, aujourd'hui,
34:58le premier poste de dépense, c'est
35:00le loyer ou l'immobilier.
35:02Ensuite, c'est les déplacements, c'est la voiture.
35:04Et depuis,
35:06le troisième poste qui était l'alimentation est passé quatrième
35:08parce que c'est ce qu'on appelle les dépenses brunes qui sont passées devant.
35:10L'ordinateur, l'abonnement,
35:12le téléphone portable.
35:14Donc, les Français disent, moi,
35:16je considère qu'aujourd'hui, me nourrir
35:18ne doit pas me coûter cher.
35:20Si c'est ça la réponse, ça veut dire qu'on est mis
35:22en concurrence avec tout un tas de pays du monde
35:24qui, d'ailleurs, ont des matières actives qui ne ressemblent
35:26absolument pas à ce qu'on est autorisé en Europe.
35:28Et c'est ça qui nous révolte. Parce que je crois
35:30que tout le monde est attaché à une alimentation de qualité.
35:32Tout le monde a envie de conserver des producteurs à côté de chez soi.
35:34Et d'ailleurs, on est assez majoritairement
35:36soutenu par l'opinion publique quand on dit
35:38ça ne va pas, on ne s'en sort pas.
35:40Mais la réalité, c'est qu'on nous explique
35:42qu'il faut toujours que nos produits soient moins chers.
35:44Mais ce n'est pas possible. Le salarié qu'on emploie...
35:46Alors, qu'est-ce que vous proposez ? Concrètement,
35:48qu'est-ce qu'on fait ? Parce que là, quand l'Assemblée,
35:50par exemple, réfléchit, vous le savez,
35:52à réintroduire, donc, l'acétamipride
35:54pour, voilà, une période dérogatoire.
35:56De manière encadrée, absolument.
35:58Est-ce que ça, ça va dans le bon sens ?
36:00Est-ce qu'il faut aller beaucoup plus loin ?
36:02Est-ce que, là, on le sait,
36:04vous mettez un peu la pression, notamment sur le gouvernement,
36:06avec un appel à manifestation,
36:08parce que vous savez, justement, que les Français soutiennent
36:10les agriculteurs le 26 mai.
36:12Qu'est-ce que vous attendez de tout ça ?
36:14C'est quoi le but
36:16de tout ce que vous êtes en train de mettre en place ?
36:18En fait, le but, c'est d'expliquer aux Français
36:20que de plus en plus de ce qu'ils ont dans leur assiette
36:22vient de l'importation.
36:24Et que, contrairement à une idée répandue
36:26qui consiste à dire que la France est un
36:28grand pays producteur agricole,
36:30nous sommes, depuis 20 ans, en train de reculer
36:32de manière extrêmement rapide et massive.
36:34Je vous donne quelques exemples.
36:36On importe aujourd'hui 25% de notre viande bovine.
36:38On importe 40%
36:40de nos légumes, 60% de nos fruits.
36:42Plus d'un poulet sur deux consommé par les Français
36:44est importé. 60% de la viande
36:46bovine. Et je pourrais continuer.
36:48Et donc, vous voyez bien qu'à un moment, on perd notre capacité
36:50de production. Parce que derrière la capacité
36:52de production, c'est une laiterie qui ferme,
36:54c'est une sucrerie qui ferme, c'est un abattoir qui ferme.
36:56Mais qu'est-ce que vous attendez de l'État ?
36:58Ce qu'on attend, c'est, un, qu'on puisse
37:00protéger
37:02la production européenne et singulièrement française
37:04en ne nous mettant pas en concurrence avec
37:06des produits du reste du monde qui ne
37:08respectent pas les standards qu'on exige de nous.
37:10C'est une forme de loyauté. C'est une forme
37:12de réciprocité. Appelons ça close miroir réciprocité.
37:14Peu importe. Mais c'est comme dans une famille.
37:16Vous ne pouvez pas, si vous avez des enfants, dire
37:18il y a une règle pour l'un et une règle qui ne vaut pas pour l'autre.
37:20Il y a une forme d'équité. Il y a quand même un moment où il faut qu'on dise
37:22si c'est ça qu'on exige de vous, alors
37:24on exige de tout ce qui rentre qu'elle ait le même traitement.
37:26Ce n'est pas ce qui se passe.
37:28Quand on importe aujourd'hui de la volaille
37:30d'autres pays. Prenons le Brésil par exemple.
37:32On sait qu'au Brésil, ils utilisent
37:34une hormone de croissance qui s'appelle la flavomycine.
37:36C'est interdit en Europe depuis 2006.
37:38Là, il y a un sujet d'équité.
37:40On vous répondra qu'il y aura des contrôles.
37:42Vous ne les croyez pas ?
37:44Non, mais c'est déjà le cas aujourd'hui.
37:46Il y a eu une enquête qui a montré qu'il y avait des contrôles.
37:48On fait déjà du commerce.
37:50Nous, aujourd'hui, on n'y croit pas.
37:52Quelle est la conséquence ?
37:54La conséquence, c'est que ça détruit des filières.
37:56Ça veut dire que ça paupérise le territoire.
37:58Ça veut dire qu'il y a des gens qui arrêtent de produire
38:00parce que de toute façon, il y a un moment, ils ne peuvent plus tenir.
38:02Ça veut dire que c'est la vie des territoires qui disparaissent
38:04et notre culture qui disparaissent
38:06et le tout avec un peu plus
38:08d'alimentation, d'importation.
38:10Nous, on n'a pas de problème avec les échanges.
38:12Parce que consommer des fruits exotiques,
38:14parce que consommer, il y a d'autres gens
38:16qui font des choses bien. Mais la réalité,
38:18c'est qu'on ne peut pas nous mettre sous pression.
38:20En gros, ce qu'on dit au gouvernement, ce n'est pas d'importation
38:22qui ne correspond pas.
38:24Ne consommons pas ce qu'on ne veut pas...
38:26N'importons pas ce qu'on ne veut pas
38:28produire et consommer.
38:30Je crois que c'est assez cohérent.
38:32Et puis après, on a un sujet en ce moment
38:34qui expose aux yeux de tout le monde.
38:36C'est la question de la souveraineté.
38:38C'est la question qui naisse partout sur la planète,
38:40tous les jours, encore la semaine dernière, entre l'Inde et le Pakistan.
38:42Qui laisse à penser que quand même,
38:44les tensions sont de plus en plus fortes.
38:46Le Président de la République l'a rappelé lui-même.
38:48Je crois que tous les parlementaires le savent.
38:50Et donc, dans ces moments-là, il faut quand même qu'on pose la question
38:52de comment on se défend.
38:54C'est tout le sujet du réarmement.
38:56Comment on se nourrit. Pardon, mais pour tout le monde,
38:58depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
39:00c'est un sujet qui n'est plus d'actualité.
39:02Parce que comme il y a de l'alimentation partout,
39:04les gens ne se posent pas la question.
39:06Pourquoi on continuera à se nourrir sans aucun problème ?
39:08Moi, je ne suis pas un marchand de peur.
39:10Je suis fier de ce qu'on produit et je me bats pour qu'on continue à produire.
39:12Enfin, faisons quand même le constat qu'il y a des dangers.
39:14Il y a le changement climatique aussi qui vient nous percuter.
39:16C'est plus difficile de produire.
39:18Les sujets de l'eau, on ne peut pas faire d'agriculture sans eau.
39:20On a besoin de stocker de l'eau,
39:22comme le faisaient les Grecs ou les Romains.
39:24Est-ce qu'on est capable d'aborder ce débat ?
39:26Voilà ce qu'on attend de l'État.
39:28Et on n'est pas dans une posture où on veut,
39:30je ne sais pas quoi, détruire l'environnement,
39:32je l'entends, vous savez,
39:34vous l'avez dit, je vous remercie, je suis sur la ferme de mes parents,
39:36de mes grands-parents, mes arrière-grands-parents,
39:38j'ai une histoire.
39:40Vous avez dit, est-ce que je transmettrais ? Je ne sais pas,
39:42mais si ça pouvait être le cas, j'en serais très fier.
39:44Est-ce que, décemment, on peut me regarder et dire,
39:46oui, mais toi, tu passes ta journée à détruire le sol
39:48et à polluer l'environnement ?
39:50J'ai des racines, je fais attention,
39:52je suis un professionnel responsable.
39:54Mais il y a un moment, on tombe dans des clichés,
39:56on tombe dans ce qu'on voulait.
39:58Donc, ce que nous rappelons dans le moment dans lequel on est,
40:00qu'on veut continuer à produire parce qu'on est fier
40:02de ce qu'on met dans l'assiette des Français,
40:04et que, je le redis, on a un modem de production agricole
40:06qui est parmi les plus durables de la planète,
40:08ça ne veut pas dire qu'encore une fois, on ne peut pas progresser.
40:10Mais enfin, on est quand même déjà fier de ce qu'on fait,
40:12que de, on perd, on perd du terrain,
40:14qu'il va falloir qu'on renouvelle des générations
40:16et que, évidemment, pour ça,
40:18il faut que les gens gagnent leur vie, et ce n'est pas le cas partout.
40:20Et donc, à la fin,
40:22celui qui choisit,
40:24c'est le consommateur, ce sont les Français.
40:26Qu'est-ce que vous voulez mettre dans votre assiette ?
40:28On vous entend dans cette émission.
40:30Je vous propose maintenant de partir dans le Gers,
40:32plus précisément à l'Anpax,
40:34dans la distillerie de l'or,
40:36où les bouteilles d'Armagnac attendent
40:38fébrilement de savoir si elles vont pouvoir
40:40rejoindre les États-Unis
40:42et à quel prix. C'est tout de suite
40:44dans les Pieds dans le plat.
40:50Valérie, imaginez un peu le stress
40:52des producteurs d'Armagnac et de cognac.
40:54J'allais dire que c'est un peu comme à la Foire du Trône,
40:56les fameuses montagnes russes qui montent
40:58puis redescendent à toute vitesse. Quel sera
41:00le montant des taxes promises par Donald Trump
41:02sur les spiritueux Français ?
41:0425 ? 200% ? Ou alors
41:0610% comme aujourd'hui ? C'est la grande
41:08incertitude en attendant le verdict début juillet
41:10après une mise sur pause
41:12de 90 jours. C'est un reportage
41:14de Clément Perrault dans le Gers, dans la distillerie de l'or,
41:16l'un des plus importants
41:18producteurs d'Armagnac en France.
41:26Sur les vignes du Gers,
41:28ce département du sud-ouest est celui
41:30de l'Armagnac, une eau de vie
41:32à base de raisins blancs.
41:34A la distillerie de l'or, 90%
41:36de la production part à l'export
41:38et les Etats-Unis sont l'un des
41:40plus gros marchés. Les menaces
41:42du président américain sur les droits de douane
41:44ont déjà des conséquences directes
41:46pour l'entreprise. Le climat d'incertitude
41:48est tel que les exportations
41:50outre-Atlantique sont pratiquement
41:52à l'arrêt.
41:54Là, il n'y a plus de commandes.
41:56On attend. Donc le dernier
41:58conteneur est parti. On peut perdre
42:00presque un million d'euros de chiffre d'affaires.
42:02Si jamais il n'y a plus
42:04d'expédition, il y a d'autres spiritueux
42:06qui vont prendre la place dans les linéaires
42:08et pour se remettre sur un chiffre
42:10d'affaires comme on faisait les années précédentes,
42:12ça va nous prendre deux ou trois ans.
42:14La distillerie de l'or exporte au total
42:16dans 38 pays.
42:18Là, ça va partir à Taïwan.
42:20Ici, on expédie
42:22sur la Suisse.
42:24Là, on expédie sur
42:26l'Ukraine.
42:28L'entreprise est révélatrice
42:30d'une filière qui a fait de longue date
42:32le choix stratégique de l'export
42:34et pour qui les Etats-Unis
42:36représentent un marché historique.
42:38Donc ça, c'est une publicité.
42:40Ça date de 1947.
42:42Affiche publiée dans la presse
42:44américaine de l'époque, témoin
42:46d'un long travail pour faire rentrer
42:48le cognac et l'armagnac dans les bars américains.
42:50Au début, à Boston, New York,
42:52et maintenant, on est sur 20 ou 25 Etats.
42:54Et du jour au lendemain,
42:56déjà, ça se freine
42:58et ça peut s'arrêter.
43:00La filière de l'armagnac
43:02se sait dans le collimateur
43:04de Donald Trump qui a menacé
43:06au mois de mars de taxer
43:08à 200% les vins espiritueux
43:10européens. Réunis en Assemblée
43:12Générale, les producteurs réfléchissent
43:14à la meilleure stratégie à adopter.
43:16Un peu comme dans une partie de poker,
43:18quelle est la part de bluff
43:20chez le président américain ?
43:22La prudence, commente-t-elle déjà de se tourner
43:24vers d'autres marchés ?
43:26L'heure est au choix stratégique.
43:28Les opérateurs, en fait, ils ne savent pas
43:30vers quel marché ils doivent aller.
43:32Est-ce qu'ils se disent définitivement
43:34j'oublie le marché américain et j'y vais travailler
43:36sur un autre type de marché ?
43:38Le marché de proximité, le marché français,
43:40le marché espagnol, le marché italien,
43:42parce que ce sont des marchés de substitution.
43:44Mais remplacer un marché
43:46avec un million d'habitants ne se fait pas
43:48du jour au lendemain. Les producteurs d'Armaniac
43:50ne se font pas d'illusions.
43:52Tant que Donald Trump sera président,
43:54ils resteront dans l'incertitude.
43:56J'imagine que vous aussi vous êtes
43:58dans l'incertitude. Si vous glissez dans la tête
44:00de Donald Trump, qu'est-ce qu'il va faire
44:02Donald Trump avec les taxes douanières ?
44:04Comment vous le voyez ? Paix avec les Chinois,
44:06mise sur pause, accélération. Comment vous voyez
44:08le résultat des courses ?
44:10D'abord, je ne suis pas sûr que ce soit facile
44:12d'être dans la tête de Donald Trump tant
44:14que ça change au gré des journées
44:16et des annonces ou des communications.
44:18Ce qui est sûr, c'est que
44:20moi j'ai d'abord une pensée pour ces producteurs.
44:22Vous parliez, votre reportage est sur l'Armaniac,
44:24mais le Cognac c'est terrible aussi.
44:26C'est terrible aussi, c'est-à-dire que c'est des producteurs
44:28qui du jour au lendemain se retrouvent
44:30avec des marchés importants qui sont
44:32fermés. Ils n'ont rien demandé.
44:34Et tout d'un coup, on leur dit,
44:36pour des considérations de géopolitique,
44:38M. Trump a choisi
44:40de fermer. Enfin, ils se sont
44:42fait fermer la Chine.
44:44Vous savez que c'est
44:46une représaille de ce qui avait été fait
44:48sur les batteries électriques au niveau
44:50bruxellois, donc rien à voir avec
44:52le Schmilbix, si je puis dire. Donc là,
44:54ils ont pris un premier coup sur la tête.
44:56Et puis tout d'un coup, M. Trump décide que
44:58quand vous êtes producteur d'Armaniac,
45:00que ce soit en Basse-Armagnac, en Haute-Armagnac
45:02ou dans la Ténérèse, c'est encore
45:04une fois, vous êtes victime de ce système
45:06dans lequel on n'a rien demandé. Et du jour au lendemain,
45:08vous vous retrouvez avec des marchés que vous ne savez plus alimenter,
45:10des stocks, des volumes.
45:12Et derrière, des factures et la vie de l'entreprise
45:14à faire tourner. Et là, s'il n'y a pas un peu de
45:16solidarité nationale, s'il n'y a pas un peu de solidarité
45:18européenne, si on n'aide pas ces gens à sortir,
45:20on va tuer.
45:21Il y a déjà du chômage, par exemple,
45:23dans le Gers ?
45:24Dans le Gers, je ne sais pas.
45:26Mais je sais qu'un certain nombre de grandes maisons
45:28ont annoncé des plans sociaux. Mais moi, je connais
45:30des producteurs qui sont déjà dans des situations catastrophiques
45:32depuis bien des semaines. Parce qu'eux, ils disent
45:34on ne vend plus rien,
45:36on ne sait pas comment on fait. Et moi, je le redis,
45:38on a besoin d'une solidarité.
45:40Il y a des gens qui n'ont rien demandé
45:42qui sont dans la panade. On ne peut pas
45:44les regarder comme ça, juste
45:46mourir. Ce n'est pas possible.
45:48Et en plus, ils n'ont rien fait. Je pourrais vous parler aussi du vin
45:50avec le conflit Boeing et Airbus.
45:52Donc, ce que va faire M. Trump,
45:54je l'ignore. Ce qui est sûr,
45:56c'est qu'à un moment, il faut qu'on défende nos marchés.
45:58Parce que si on ne le fait pas,
46:00je sais qu'il y a du travail pour aller chercher des nouveaux marchés,
46:02pour trouver des solutions de court terme.
46:04Est-ce que dans les nouveaux marchés,
46:06il n'y a pas le Mercosur par exemple ?
46:08Bien sûr, il faut le regarder.
46:10Parce que là, ce serait très intéressant pour le vin,
46:12pour l'Armaniac, pour le Cognac.
46:14Absolument, vous avez raison de dire qu'il peut y avoir des intérêts
46:16offensifs. Mais
46:18j'essaie d'être cohérent avec ce que je vous ai dit au début.
46:20Vous n'en voulez pas dans l'État.
46:22On ne sera jamais d'accord pour qu'on autorise
46:24à importer en France ou en Europe
46:26des produits qui sont produits avec des normes
46:28qui ne sont pas les nôtres et qui nous sont refusées.
46:30Quitte à, du coup, sacrifier
46:32certaines filières.
46:34Les vins, ils l'ont très bien compris. Parce qu'eux aussi,
46:36ils ont ces problèmes dans d'autres secteurs, avec des vins
46:38francisés, avec des choses qui arrivent
46:40hors du cadre de la norme.
46:42Ils ont d'ailleurs,
46:44à court terme, un intérêt offensif à le faire.
46:46Mais il y a quand même des principes
46:48sur lesquels on ne tergiverse pas. Parce que si on commence
46:50à dire que c'est vrai, quand on importe de la viande
46:52de bœuf ou de la viande de
46:54volaille, on ne tergiverse pas.
46:56Mais par contre... On peut exporter de l'Armaniac.
46:58Mais vous voyez bien que l'accord,
47:00vous ne prenez pas le bon côté
47:02de l'accord et le mauvais. Moi, j'entends
47:04qu'il puisse y avoir des intérêts offensifs, y compris
47:06pour l'industrie, pour les techs,
47:08mais pour l'agriculture,
47:10qui continue à avoir besoin d'échanger. D'ailleurs, je rappelle
47:12qu'on fait déjà du commerce avec l'Argentine,
47:14avec le Brésil, en dehors de l'accord commercial.
47:16On considère que cet accord, qui a plus
47:18de 25 ans, qui a
47:20toujours été porté au gré
47:22des intermoéments politiques, ne peut pas
47:24se traduire pour l'agriculture européenne
47:26par de l'importation de produits qui ne
47:28nous respectent pas. Y compris sur le plan de la
47:30responsabilité, du respect de l'accord de Paris, et j'en passe.
47:32Mais c'est une formidable opportunité, parce que Valéry a raison.
47:34Si jamais on a une guerre commerciale
47:36qui bloque tout, l'accord de libre-change
47:38peut être la solution. Enfin, il va bien falloir trouver
47:40une voie pour éviter les bouchées.
47:42Il faut peut-être mettre un pot d'eau dans son vin
47:44sans jeu de mots, avec le Mercosur.
47:46Je suis le président de la FNSA. Moi, je ne dis pas
47:48pour sauver les viticulteurs, je vais enterrer
47:50les producteurs de viande bovine. J'essaie d'avoir
47:52un raisonnement... Vous savez très bien que vous n'enterrez pas les
47:54éleveurs de producteurs de viande bovine en France,
47:56parce que c'est quand même 1%
47:58de la production européenne, le Mercosur.
48:00Non, parce que, en fait, j'entends
48:02l'argument sur que c'est un steak par an et pas roi au pire.
48:04Mais non, mais non.
48:06Si c'était que ça, ça serait trop simple.
48:08La réalité, c'est qu'en France, on avait 9 millions
48:10de vaches productrices, on n'en a plus que 8. On a perdu
48:121 million de vaches. Oui, mais ça, c'est forcément la faute du Mercosur.
48:14Non, mais ça veut dire qu'à un moment, on a un problème de compétitivité.
48:16Ça veut dire qu'aujourd'hui, on est capable d'amener
48:18des vaches du bout du monde, on ne parle même pas de bilan carbone,
48:20dans des conditions qui déstabilisent
48:22la production nationale. C'est ça, le sujet.
48:24Et moi, j'entends, encore une fois,
48:26les intérêts fossiles, et on est là pour essayer de les aider,
48:28les producteurs, et faire en sorte
48:30qu'on puisse, à court terme, essayer de leur trouver
48:32des aides, en attendant qu'on essaie de résoudre
48:34les problèmes, parce que, encore une fois,
48:36les problèmes résolus, on peut imaginer
48:38que les marchés reprendront. Là, M. Trump a dit
48:40pendant 90 jours, je ne mets que 10%.
48:42Oui, on se fait sur pause. Est-ce que 90 jours
48:44vont succéder à 90 jours ? Je ne sais pas.
48:46Surtout, il va faire la paix avec les Chinois.
48:48Oui, il va faire la paix.
48:50Vous voyez bien, c'est l'escalade,
48:52et puis après, on se met autour de la table.
48:54M. Trump fonctionne comme ça. Il veut faire des deals.
48:56Voilà. Mais très bien.
48:58Est-ce qu'il faudrait aussi réfléchir
49:00aux marchés européens ? Est-ce que
49:02ces producteurs-là, spécifiquement
49:04d'Armaniac, de Cognac, se sont privés,
49:06peut-être, d'un marché
49:08intérieur, j'allais dire ?
49:10Je pense que là, ils sont en train de se poser, évidemment,
49:12ce genre de questions. Vous savez, quand il vous arrive
49:14ce genre d'événement,
49:16et que vous prenez le ciel sur la tête,
49:18vous êtes en train de regarder.
49:20Pour en avoir rencontré un certain nombre,
49:22oui, ils sont en train de chercher comment on peut remettre...
49:24Parce que c'est vrai que dans les familles françaises,
49:26là où on pouvait boire régulièrement
49:28un Cognac après le repas,
49:30c'est une tradition qui s'est un peu perdue.
49:32La tradition du digestif, moi, mes parents,
49:34c'était le dimanche, après le déjeuner,
49:36on buvait un digestif.
49:38Plutôt mes grands-parents.
49:40Donc, remettre cette tradition
49:42de comment on fait... On sait très bien que,
49:44par exemple, le Cognac, aux Etats-Unis, se boit avec de la limonade,
49:46avec des sodas, avec autre chose.
49:48Ça peut heurter parfois les plus puristes
49:50du goût
49:52de ce produit.
49:54Je crois qu'ils cherchent à regarder
49:56les produits sur le vin, la désalcoolisation,
49:58les nouveaux marchés, comment on regarde
50:00le marché des jeunes. Tout ça, phosphore.
50:02Mais là, on est dans un temps
50:04tellement violent et tellement court que la capacité
50:06de réaction est extrêmement faible. D'où la nécessité
50:08d'apporter du concourant.
50:10Alors, comme on ne finit jamais un repas avant le digestif
50:12sans une note sucrée, c'est maintenant
50:14l'heure du péché mignon.
50:20Alors, comme Jean-Jacques, Arnaud Rousseau aime la saisonnalité,
50:22donc c'est un dessert de saison
50:24avec le fraisier.
50:26Et l'histoire de ce gâteau fait beaucoup
50:28parler parce que c'est un mystère.
50:30Qui a inventé ce dessert devenu culte ?
50:32C'est pas vous ? C'est pas moi.
50:34Certains disent que c'est le grand chef Auguste Escoffier
50:36qui aurait d'ailleurs tout inventé, parce que c'est facile.
50:38Dans son guide culinaire, il propose en effet des desserts
50:40aux fraises qui évoquent ce fraisier.
50:42Étrange. Mais dans les années 60,
50:44le célèbre pâtissier, le nôtre,
50:46créa un gâteau baptisé la Bagatelle
50:48qui a des similitudes avec ce fraisier.
50:50J'imagine que ces querelles vous dépassent,
50:52mais vous avez une petite
50:54histoire personnelle, vous, avec le fraisier, pour
50:56nous le demander aujourd'hui ?
50:58Non, mais d'abord,
51:00je voulais des fruits de saison.
51:02Parce que je pense que
51:04il y a beaucoup de Français qui ignorent beaucoup de choses
51:06de la saisonnalité, donc je leur dis, c'est la saison
51:08des fraises, même si on en trouve maintenant
51:10toute l'année, les fraises françaises,
51:12la gariguette, c'est maintenant,
51:14voilà, donc consommer des fraises,
51:16et puis je trouve que c'est assez agréable,
51:18parce que ça met en émail le fruit.
51:20Peut-être, juste un petit détail, si vous me permettez,
51:22moi j'aime bien le fromage aussi.
51:24Il n'y a pas de fromage, c'est pas très grave,
51:26mais ça aussi, c'est une fierté française, et moi dans ma famille,
51:28le fromage occupe une place importante.
51:30Vous êtes fromage et dessert, vous ?
51:32Oui, mais bien sûr ! J'allais vous le dire.
51:34C'est pas versal, monsieur.
51:36C'est pas très grave.
51:38La gariguette, elle est menacée, comment vous l'expliquez ?
51:40Là aussi,
51:42parce qu'elle est concurrencée par des productions
51:44d'autres endroits de la planète, y compris de manière
51:46intra-européenne, dans des conditions
51:48parfois déloyales.
51:50On peut parler de l'Espagne, mais on peut parler
51:52d'autres endroits, parce que vous savez, il y a une partie de la fraise
51:54qui se produit hors-sol de manière importante.
51:56D'ailleurs, le sujet n'est pas tant
51:58le hors-sol ou la production de plein champ.
52:00Le sujet, c'est encore une fois l'origine des produits,
52:02ce que ça coûte à produire, parce que c'est souvent
52:04des endroits où il y a besoin de main-d'oeuvre de manière importante,
52:06c'est difficile d'en trouver.
52:08On sait qu'on a un modèle social sur lequel
52:10le coût de la main-d'oeuvre est régulièrement
52:12plus cher que dans d'autres pays.
52:14Mais tant mieux !
52:16Nous, on est ravis de continuer à payer des salariés.
52:18C'est important de le dire aussi.
52:20D'abord, on n'en trouve pas.
52:22Il manque 70 000 emplois dans nos fermes.
52:24Mais si on veut attirer des gens, il faut les payer
52:26au juste prix de leur travail.
52:28Parce que nous, on est attachés aussi à la valeur du travail
52:30et au respect des gens.
52:32D'abord, notre travail et de ceux qui travaillent avec nous.
52:34Mais je fais le constat que
52:36quand on se compare avec d'autres pays européens
52:38ou du bassin méditerranéen,
52:40on a des coûts qui sont bien supérieurs.
52:42Et donc, là encore,
52:44pourtant, je peux vous dire qu'une gariguette,
52:46en termes de goût, ça n'a rien à voir.
52:48Moi, je préfère qu'il faut peut-être
52:50manger un peu moins,
52:52accepter de manger un peu moins de bonne qualité
52:54ou en tous les cas avec du goût.
52:56Plutôt que d'aller chercher la fraise espagnole.
52:58J'ai pas encore goûté.
53:00Valérie a raison, mais si elle est en danger,
53:02c'est pour une autre question. Et là, vous êtes l'expert
53:04et vous allez nous expliquer. J'ai entendu dire qu'il y avait un problème
53:06de souche avec la fraise gariguette.
53:08C'est ce qui faisait sa vulnérabilité.
53:10Qu'est-ce que ça veut dire ? On n'entretient pas, paraît-il,
53:12assez bien la souche et du coup, les voisins
53:14pourraient nous la piquer. Ça veut dire quoi ?
53:16Je ne suis pas spécialiste,
53:18mais comme toutes les productions agricoles,
53:20on a besoin de travailler sur la génétique,
53:22sur les semences, sur le produit de base
53:24pour faire en sorte que
53:26l'impact du climat,
53:28l'impact des insectes, l'impact des champignons
53:30continue à préserver une souche
53:32qui nous permet de continuer à avoir
53:34des produits de qualité. Et ça, ça nécessite
53:36de continuer à faire de la recherche, de l'innovation.
53:38On peut en parler de la méthode,
53:40de comment, mais c'est extrêmement
53:42important, y compris comment on conserve
53:44de vieilles souches.
53:46C'est tout le patrimoine génétique
53:48de l'agriculture qui est évidemment
53:50concerné. On peut parler sur la fraise,
53:52mais on pourrait parler des pépiniéristes, on pourrait parler
53:54des arboriculteurs, on pourrait parler de tout un tas de gens.
53:56Justement, on vous laisse goûter ce
53:58fraisier et on termine ce repas en musique
54:00avec la symphonie n°6,
54:02la pastorale de Beethoven
54:04qu'on écoute tout de suite.
54:06Musique
54:08Musique
54:10Musique
54:12Musique
54:14Musique
54:16Musique
54:18Musique
54:20Pourquoi ce choix ?
54:22Pourquoi la musique classique ?
54:24D'abord parce que je suis assez amateur
54:26de musique classique.
54:28Ça m'apaise dans une vie qui est souvent
54:30un peu vive.
54:32Voilà.
54:34Vous faites écouter de la musique à vos plantes ?
54:36Non, je ne fais pas ça.
54:38Parait-il que ça fait pousser mieux ?
54:40Écoutez,
54:42je ne suis pas compétent.
54:44Mais voilà, j'aime bien.
54:46D'abord parce que là aussi, il y a une histoire, il y a des racines.
54:48Et puis vous avez compris que ce n'est pas
54:50n'importe quelle symphonie.
54:52Elle dit aussi ce qu'est
54:54la vie des agriculteurs,
54:56cette capacité à enchaîner
54:58les saisons, à se remettre en question
55:00de manière permanente, à ne jamais pouvoir
55:02se reposer sur ses lauriers parce que
55:04les saisons avancent toujours, parce que le troupeau,
55:06parce que la culture,
55:08parce que la production
55:10continue à avancer.
55:12Et je trouve que
55:14nous qui avons des métiers
55:16où on est très souvent dans l'instant,
55:18ce genre de musique, ça permet aussi de prendre un peu de recul,
55:20de veiller à la tête et de
55:22donner un peu de sérénité.
55:24Et je crois que notre monde en a un peu besoin en ce moment.
55:26Merci beaucoup. On vous a entendu.
55:28Merci beaucoup Arnaud Rousseau d'avoir partagé ce repas.
55:30Merci Jean-Pierre.
55:32Et puis on remercie évidemment le restaurant Le Bourbon
55:34qui nous a concocté ce merveilleux repas.
55:36On se retrouve très vite
55:38pour un nouveau numéro de Politique à table.