lundi 11 septembre 2006, 21h13
Saddam Hussein accuse le tribunal de vouloir diviser les Irakiens
Par Jay DESHMUKH
BAGDAD (AFP) - Le président déchu Saddam Hussein a accusé lundi le tribunal qui le juge pour génocide de chercher à semer la division entre Irakiens, après des témoignages à la reprise de son procès sur l'horreur des campagnes anti-kurdes à la fin des années 1980.
Saddam Hussein et six de ses lieutenants sont jugés depuis le 21 août pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes de répression Anfal (butin de guerre, selon le titre de la huitième sourate du Coran), qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts au Kurdistan en 1987 et 1988.
"Le début (des auditions des témoins) a pour objet de créer des divisions en Irak, entre Kurdes et Arabes. Y compris l'affaire du drapeau", a-t-il affirmé à la quatrième audience, après une suspension de trois semaines. Le procès devant le Haut tribunal pénal irakien reprendra mardi.
Les autorités régionales kurdes ont annoncé leur refus de hisser le drapeau irakien, hérité de l'ancien régime de Saddam Hussein, sur les bâtiments publics au Kurdistan (nord).
L'ex-dictateur, en costume sombre, a estimé que les propos des témoins contre son régime alimentaient le sentiment que les Arabes sont "racistes". "Je voudrais adresser un message au peuple irakien: il ne doit pas porter la responsabilité de l'oppression des Kurdes. Je le dis pour l'histoire".
Il a ensuite cité des actions en faveur des Kurdes prises par son régime, citant la création de deux bataillons kurdes au moment de la guerre du Golfe en 1991, pour protéger la Garde républicaine, ce qui selon lui, reflète la confiance dans les Kurdes. Il a aussi dit qu'après la fin de la guerre Iran-Irak, en 1988, il avait donné des ordres pour qu'aucun Kurde ne soit arrêté.
Dans des accès de colère, l'ancien homme fort de Bagdad a expliqué comment il avait promu l'autonomie des régions kurdes du nord le 11 mars 1970.
Trois témoins ont défilé à la barre pour raconter les atrocités des campagnes d'Al-Anfal.
Une ex-peshmerga, Katherine Elias Mikhail, témoignant à visage découvert, a décrit les souffrances vécues après un bombardement chimique du Kurdistan. Elle a raconté que le 5 juin 1987, alors que son unité était déployée dans une vallée du Kurdistan, des avions de type Soukhoï avaient bombardé le secteur à l'arme chimique. Elle a affirmé avoir vu des dizaines, voire des centaines de personnes gazées.
"Elles vomissaient du liquide, étaient pliées en deux de douleur et commençaient à perdre la vue. Certaines ont récupéré par la suite la vue, d'autres sont restées aveugles", a dit cette chrétienne qui avait rejoint les rangs des combattants kurdes.
Les six co-accusés étaient présents, dont Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones kurdes.
Des incidents ont émaillé la séance: un avocat de Saddam Hussein, un Tunisien, s'est retiré de l'équipe de défense après le refus du juge de lui donner la parole. L'avocat d'un co-accusé a protesté contre l'attitude du procureur, l'accusant de guider les témoins à travers des hochements de tête.
L'audience s'est déroulée en l'absence de Me Khalil al-Doulaïmi, avocat attitré de Saddam Hussein, qui attend le verdict, prévu le 16 octobre, dans un premier procès sur le massacre de 148 villageois chiites dans les années 1980.
La reprise du second procès coïncide avec le 5e anniversaire des attentats du 11-Septembre contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Aux Etats-Unis, les liens supposés de Saddam Hussein avec le réseau terroriste Al-Qaïda, avancés par le gouvernement américain comme justification de l'invasion de l'Irak en 2003, ont été réfutés par le Sénat américain.
Saddam Hussein accuse le tribunal de vouloir diviser les Irakiens
Par Jay DESHMUKH
BAGDAD (AFP) - Le président déchu Saddam Hussein a accusé lundi le tribunal qui le juge pour génocide de chercher à semer la division entre Irakiens, après des témoignages à la reprise de son procès sur l'horreur des campagnes anti-kurdes à la fin des années 1980.
Saddam Hussein et six de ses lieutenants sont jugés depuis le 21 août pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes de répression Anfal (butin de guerre, selon le titre de la huitième sourate du Coran), qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts au Kurdistan en 1987 et 1988.
"Le début (des auditions des témoins) a pour objet de créer des divisions en Irak, entre Kurdes et Arabes. Y compris l'affaire du drapeau", a-t-il affirmé à la quatrième audience, après une suspension de trois semaines. Le procès devant le Haut tribunal pénal irakien reprendra mardi.
Les autorités régionales kurdes ont annoncé leur refus de hisser le drapeau irakien, hérité de l'ancien régime de Saddam Hussein, sur les bâtiments publics au Kurdistan (nord).
L'ex-dictateur, en costume sombre, a estimé que les propos des témoins contre son régime alimentaient le sentiment que les Arabes sont "racistes". "Je voudrais adresser un message au peuple irakien: il ne doit pas porter la responsabilité de l'oppression des Kurdes. Je le dis pour l'histoire".
Il a ensuite cité des actions en faveur des Kurdes prises par son régime, citant la création de deux bataillons kurdes au moment de la guerre du Golfe en 1991, pour protéger la Garde républicaine, ce qui selon lui, reflète la confiance dans les Kurdes. Il a aussi dit qu'après la fin de la guerre Iran-Irak, en 1988, il avait donné des ordres pour qu'aucun Kurde ne soit arrêté.
Dans des accès de colère, l'ancien homme fort de Bagdad a expliqué comment il avait promu l'autonomie des régions kurdes du nord le 11 mars 1970.
Trois témoins ont défilé à la barre pour raconter les atrocités des campagnes d'Al-Anfal.
Une ex-peshmerga, Katherine Elias Mikhail, témoignant à visage découvert, a décrit les souffrances vécues après un bombardement chimique du Kurdistan. Elle a raconté que le 5 juin 1987, alors que son unité était déployée dans une vallée du Kurdistan, des avions de type Soukhoï avaient bombardé le secteur à l'arme chimique. Elle a affirmé avoir vu des dizaines, voire des centaines de personnes gazées.
"Elles vomissaient du liquide, étaient pliées en deux de douleur et commençaient à perdre la vue. Certaines ont récupéré par la suite la vue, d'autres sont restées aveugles", a dit cette chrétienne qui avait rejoint les rangs des combattants kurdes.
Les six co-accusés étaient présents, dont Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones kurdes.
Des incidents ont émaillé la séance: un avocat de Saddam Hussein, un Tunisien, s'est retiré de l'équipe de défense après le refus du juge de lui donner la parole. L'avocat d'un co-accusé a protesté contre l'attitude du procureur, l'accusant de guider les témoins à travers des hochements de tête.
L'audience s'est déroulée en l'absence de Me Khalil al-Doulaïmi, avocat attitré de Saddam Hussein, qui attend le verdict, prévu le 16 octobre, dans un premier procès sur le massacre de 148 villageois chiites dans les années 1980.
La reprise du second procès coïncide avec le 5e anniversaire des attentats du 11-Septembre contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Aux Etats-Unis, les liens supposés de Saddam Hussein avec le réseau terroriste Al-Qaïda, avancés par le gouvernement américain comme justification de l'invasion de l'Irak en 2003, ont été réfutés par le Sénat américain.
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