• il y a 9 ans
Le thème de la « société du savoir » n’est pas de pure incantation. Il est étayé, dans la pratique, par une active politique européenne d’incitation à la production en matière de recherche scientifique, et cela, sur un large éventail qui couvre aussi les sciences humaines. Dans ce domaine, cependant, la détermination de critères dits d’excellence se révèle particulièrement délicate, voire périlleuse, car porteuse de risques réels de stérilisation de la recherche. Pour situer le problème sur un plan formel, il procède de la propension des politiques de la recherche à s’assurer de la qualité des outputs par application de paramètres de type analytique à une matière qui, fondamentalement, relève d’évaluations de type herméneutique.
Un tel défaut d’ajustement a pu faire l’objet de critiques aussi bien logiques ou épistémologiques qu’idéologiques et psychologiques. Toutes méritent sans doute d’être prises en considération. Cependant, la tradition classique a toujours des choses à nous dire. Ainsi Giambattista Vico a-t-il su, dès 1708, offrir un modèle de réflexion utile, où les analyses épistémologiques (sur le type logique de connaissance en jeu) sont associées à des préoccupations pédagogiques qui, elles-mêmes, sont inséparables d’une mise en lumière des enjeux anthropologiques : quel « type d’homme » l’orientation des études et des recherches revient-elle à sélectionner, au profit et au détriment de quelles possibilités civilisationnelles ?
Face aux orientations dominantes du bureaucratisme, du quantitativisme, du positivisme et du scientisme, l’héritage humaniste, de Vico à Humboldt, recèle des intellections prometteuses qu’il nous revient d’activer et d’actualiser, mais en tenant compte — c’est une difficulté — des contraintes réalistes qui s’imposent aux ambitions constructivistes en vue d’une Europe de la connaissance.

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