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00:00 -C'est quand la dernière fois que vous êtes allé acheter une baguette de pain tout seul à pied ?
00:02 -Je sais même plus.
00:07 -Gillian ?
00:11 -Ah !
00:12 -Bonjour !
00:13 Quel plaisir de vous rencontrer et de vous voir en train !
00:16 -Merci, le plaisir est pour moi aussi.
00:17 -Ça fait 4 ans qu'on vous court après en voyage spécial.
00:19 4 ans !
00:20 -J'y suis là, je suis là !
00:21 -Ouais, mais on est super content que vous ayez accepté de vous poser
00:24 pour répondre à une interview, une longue interview, d'ailleurs.
00:29 Est-ce que ça veut dire que c'est plus compliqué pour vous
00:31 de répondre à une interview que de disputer une Coupe du Monde, franchement ?
00:35 -Non, on va dire que la Coupe du Monde, c'est un peu plus agréable !
00:37 -Vous savez pas encore ? Qui sait ?
00:40 -Ah non, on sait pas, on sait pas !
00:41 Mais bon, c'est difficile à battre, une Coupe du Monde.
00:43 -C'est vrai.
00:44 C'est quoi ? C'est la pudeur qui fait que vous parlez pas beaucoup de vous ?
00:47 -Non, c'est plus cette recherche perpétuelle de tranquillité.
00:52 -On se demande parfois à quoi ressemble votre vie quotidienne.
00:55 Notre équipe, elle vous a suivi un petit peu.
00:57 Et alors, c'est complètement dingue,
00:58 parce que vous êtes entouré de gens qui vous demandent des selfies.
01:01 Il y a un bruit autour de vous, de gens qui crient "Kylian !"
01:04 -Kylian !
01:06 Kylian !
01:07 -Kylian !
01:08 -Kylian !
01:10 -Kylian, mon pote !
01:11 -Comment vous vivez tout ça ?
01:14 -Je le vis bien mieux que je le vivais avant.
01:16 -C'est-à-dire ?
01:17 -Parce que quand vous êtes...
01:20 Vous devenez une star aussi jeune,
01:22 vous pouvez être en avance dans votre sport, dans votre profession,
01:26 mais vous n'êtes pas en avance dans la vie.
01:27 -Vous avez eu cette impression ?
01:28 -J'ai été ultra connu à 18-19 ans.
01:31 Et au départ, j'avais un rapport au fan,
01:35 j'avais un rapport aux gens qui étaient différents du rapport que j'ai maintenant.
01:38 J'étais un peu plus fermé,
01:41 parce que je comprenais pas pourquoi on me laissait pas tranquille.
01:44 Parce que moi, je voulais faire des choses
01:47 qu'un gamin de 18-19 ans voulait faire normalement.
01:49 -Vous avez eu l'impression qu'on vous avait volé votre jeunesse ?
01:52 -Non, on me l'a pas volé, parce que cette vie, je l'ai choisie.
01:56 J'ai zappé ma jeunesse.
01:58 Et donc...
02:01 -Et alors ? -Par passion, j'ai zappé ma jeunesse.
02:03 -Il y a des regrets ?
02:04 -Il y a le revers de la médaille !
02:07 On peut pas tout gagner, surtout.
02:09 Donc c'est sûr qu'il y a des choses dans la vie que je peux plus faire
02:12 qui m'ont manqué,
02:13 mais que j'ai appris avec la maturité, avec le temps, avec l'âge,
02:16 que c'est ma vie et je m'y fais,
02:18 et donc je suis beaucoup plus accessible maintenant envers les gens qu'avant.
02:22 Par exemple, que ce soit pour les selfies,
02:24 ou même pour une discussion.
02:25 Avant, parler avec les gens, ça m'irritait un peu.
02:28 "Je te connais pas, je te parle pas."
02:29 -Et maintenant, c'est changé, ça.
02:31 -Non, parce que maintenant, je sais ce que je représente,
02:33 je sais quelle est ma vie,
02:34 et je sais que ça part pas d'une mauvaise intention, les gens.
02:37 Les gens m'aiment bien.
02:39 Oui, mais quand tu es jeune, tu comprends pas.
02:41 Tu te dis "Putain, il comprend pas, lui, il me laisse jamais tranquille."
02:43 Mais en fait, non, pas du tout.
02:45 -C'est la seule fois il va vous voir de sa vie, en fait.
02:46 -Oui, et il faut prendre du recul,
02:48 du recul sur ce qu'on est, sur ce qu'on représente,
02:51 sur les émotions qu'on peut procurer aux gens.
02:53 Et je pense que c'est la chose qui m'a pris le plus de temps.
02:56 -Je vous pose une question extrêmement simple.
02:58 Les autres seront plus difficiles, après.
03:00 -OK.
03:01 -Il y a énormément de Français qui vous appellent "Killian Mbappé".
03:04 Est-ce que c'est comme ça qu'il vous prononcez ?
03:05 -Non. -Ah !
03:06 -Non, mais bon, j'aurais beaucoup de travail si je devais corriger tout le monde.
03:09 C'est "Killian Mbappé".
03:10 -Killian Mbappé. -Il n'y a pas d'apostrophes.
03:11 -C'est ça, Killian Mbappé. -Oui, oui.
03:13 -On les voit, ces enfants-là, dans le reportage,
03:16 évoluer comme ça au fur et à mesure des années. Ils vous scotchent ?
03:20 -Je suis à la fois scotché, ému et fier.
03:23 Scotché parce que j'ai pu voir la manière dont ils parlaient,
03:28 dont ils se comportaient.
03:29 Et je suis scotché parce qu'à leur âge, j'étais pas comme ça.
03:32 -Oui, c'est vrai. -J'étais pas comme ça.
03:33 Ils sont vraiment bluffants.
03:35 Je suis fier parce que ces enfants sont la preuve que ce qu'on a fait
03:40 commence à marcher et ça marche bien.
03:42 Et ça donne vraiment beaucoup d'énergie, beaucoup d'envie
03:46 de continuer et de faire plus, toujours plus,
03:48 ce qui est l'objectif.
03:49 Et bien sûr, cette fierté, cette joie de se dire
03:54 qu'on fait quelque chose de sa vie, autre chose que le football.
03:58 -Oui, parce que le foot, ça suffit pas.
04:00 -Non, parce que le foot, ça a une fin.
04:02 Le foot, ça a une fin.
04:03 Un jour, je jouerai plus et ça va s'arrêter.
04:06 -Vous y pensez aussi déjà, ça ? -Bien sûr.
04:08 C'est la vie qui est comme ça.
04:09 C'est pas quelque chose de mal, c'est la vie qui fonctionne comme ça.
04:12 Mais j'espère que cette association et cette fondation,
04:15 ça s'arrêtera pas.
04:16 Ça, ça peut perdurer bien après moi et c'est l'objectif.
04:19 C'est de la faire tourner de telle manière que même après moi,
04:22 même après ma mère, même après tous les gens qui travaillent ici,
04:25 elle tournera et elle va grandir d'année en année.
04:27 -Et la jeunesse, c'était important. Aider la jeunesse.
04:30 -Bien sûr, bien sûr, parce que de un, moi, j'adore les enfants.
04:33 J'ai toujours adoré les enfants.
04:34 Et de deux, parce que je pense que c'est l'avenir de l'économie.
04:36 -Pourquoi ? Parce qu'ils sont sincères ?
04:37 -Ils sont sincères, ils sont francs, sans filtre.
04:39 -Ils mentent pas.
04:41 -Ils ont pas les défauts que nous, les adultes, on a.
04:43 Donc c'est beaucoup plus facile de coopérer avec des enfants,
04:46 mais je pense aussi que c'est le futur de notre monde,
04:48 donc c'est un peu une manière de laisser un héritage derrière nous
04:52 et je pense que c'est important.
04:53 -Vous pensez déjà à ça, à laisser un héritage derrière vous ?
04:55 -Tout de suite. Il faut toujours penser à ce qu'on peut laisser derrière nous.
04:59 On n'a pas besoin d'attendre pour préparer le futur.
05:02 -Je vous pose la question, parce qu'on le dit à tout le monde,
05:05 on enregistre cette émission le 18 décembre,
05:07 vous avez 25 ans dans deux jours.
05:10 Et donc là, vous pensez déjà à laisser un héritage ?
05:11 -Toujours, depuis que j'ai commencé ma carrière.
05:14 Ça a toujours été mon objectif,
05:16 de laisser quelque chose derrière moi au-delà du football.
05:18 -Pas que sportivement.
05:19 -Non, parce que le football, c'est quelque chose qui m'appartient,
05:22 c'est ma carrière à moi,
05:23 mais l'homme, il essaye de transmettre quelque chose,
05:26 transmettre des émotions, transmettre son aide,
05:29 transmettre son expérience, des valeurs aussi.
05:32 -L'association ALL, 98 jeunes, parce que vous vous êtes nés en 1998,
05:38 évidemment, il y a des gens qui disent "pourquoi pas plus ?"
05:40 -Oui, il y aura toujours des questions comme ça,
05:43 mais je pense que je voulais...
05:44 À la base, je voulais faire quelque chose qui me correspond,
05:46 et voilà.
05:47 Quoi de mieux que mon année de naissance
05:50 pour partir sur une première base ?
05:53 Après, pour le futur, on n'est fermé à rien du tout.
05:56 On sait pas quel futur nous attend,
05:58 on savait pas qu'on allait devenir ça maintenant,
06:00 donc on se ferme aucune porte pour le futur,
06:03 mais c'était vraiment une entrée,
06:04 une entrée vers quelque chose de concret
06:07 et quelque chose de solide.
06:08 -Ça veut dire que vous avancez en marchant, en fait ?
06:10 Ou en courant, vous connaissant ?
06:12 -J'avance au jour le jour, on va dire.
06:14 C'est le plus important.
06:16 Mais après, il faut voir ce qui est possible de faire.
06:19 Je pense que c'est important de rester dans la mesure du possible.
06:23 Le but de cette fondation, ça a jamais été de vendre du rêve.
06:26 -C'est de vendre du concret, des choses réelles.
06:28 -Oui, bien sûr, quelque chose de concret,
06:30 quelque chose que les gamins ont besoin et veulent.
06:32 Le but, c'est pas d'en faire des footballeurs.
06:34 S'il y en a un qui aime le foot, bien sûr.
06:36 Libre à lui.
06:37 -Non, y en a pas. -Y en a pas un qui veut devenir footballeur.
06:39 Ils sont peut-être encore impressionnés.
06:41 -Mais le but, c'est vraiment de suivre cette évolution,
06:44 l'évolution des enfants, l'évolution de la vie qu'ils veulent mener,
06:47 parce que c'est eux qui vont être acteurs de leur vie.
06:49 Nous, on est là pour leur donner des bides,
06:51 pour les aider, pour les guider,
06:52 mais ils vont être acteurs de leur vie.
06:55 Quand on va les lâcher à la vie adulte,
06:58 ils seront acteurs de leur vie,
06:59 donc le but, c'est de leur donner un maximum de bagage
07:03 pour pouvoir entrer dans la vie active du mieux possible.
07:07 -Vous avez pris conscience
07:08 qu'au-delà d'être un très grand footballeur,
07:10 vous représentiez autre chose que ça ?
07:12 -Je pense qu'il y a eu un déclic après la Coupe du Monde en Russie,
07:17 parce que la Coupe du Monde, c'est une porte ouverte
07:19 à la connaissance du grand public.
07:21 Tout le monde regarde cet événement
07:23 et on a eu la chance d'avoir une fin victorieuse.
07:26 -De la gagner.
07:27 -Et de rentrer avec la Coupe à la maison.
07:28 -C'est écrit là, en plus. -Oui, c'est un souvenir gardé.
07:31 -Kylian Mbappé, FIFA World Cup 2018, champion du monde.
07:35 -Ca a été un événement planétaire
07:37 et ça a été une grande réussite,
07:39 à la fois collectivement, mais même individuellement.
07:41 -Kylian Mbappé !
07:42 Kylian Mbappé !
07:43 Kylian Mbappé !
07:44 Kylian Mbappé !
07:46 Kylian Mbappé !
07:47 Kylian Mbappé !
07:48 -Je suis ressorti de cette Coupe du Monde, grandi,
07:50 et j'ai vu ma vie et mon rôle qui a complètement changé,
07:53 donc je pense que ça a été un déclic dans ma vie.
07:56 -Est-ce que vous pouvez essayer de nous transmettre
07:58 le moment où vous savez que vous avez gagné la Coupe du Monde ?
08:01 Qu'est-ce qui vous traverse, à ce moment-là ?
08:02 -C'est très compliqué,
08:03 et c'est peut-être incompréhensible,
08:05 mais ça m'a pas fait grand-chose.
08:07 J'étais trop jeune,
08:09 j'étais tellement inconscient, ça m'a pas fait grand-chose.
08:12 C'est quelque chose...
08:14 C'était gagner.
08:15 Gagner m'a fait plaisir, mais je réalisais pas ce que je gagnais.
08:18 Je suis rentré vite le soir, j'ai pas fêté comme un fou...
08:21 -C'est vrai ? -Non.
08:22 J'étais beaucoup plus conscient, à la Coupe du Monde 2022,
08:25 de ce que représentait la Coupe du Monde qu'en 2018.
08:28 C'était ma première,
08:29 c'était une Coupe du Monde de découverte et on l'a tout de suite gagnée,
08:32 donc on a pas, je sais pas, créé une émotion particulière.
08:35 En 2022, il y avait beaucoup plus d'émotions.
08:38 -L'échec de 2022, c'est quoi, aujourd'hui ?
08:40 C'est une cicatrice, encore ?
08:42 Pour vous, c'est quoi ?
08:43 -Non, c'est pas une cicatrice, c'est...
08:46 une étape de plus vers le...
08:49 le chemin de la gloire, c'est comme ça.
08:51 -Parce que là, vraiment, franchement,
08:53 vous avez l'impression d'effleurer la Coupe du Monde,
08:56 et puis en plus, vous marquez un triplé.
08:57 Enfin, ils vous l'ont bien dit, les enfants, dans le reportage.
08:59 -Oui, mais...
09:01 Les enfants, ils savent pas ce que représente
09:04 faire partie d'une équipe, représenter son pays.
09:07 Marquer un triplé, c'est pas important,
09:10 quand tu représentes ton pays.
09:12 J'aurais été beaucoup plus heureux de marquer zéro but
09:14 et qu'on reparte avec la Coupe, par exemple,
09:17 mais c'est comme ça, c'est comme ça, il faut vivre avec ça
09:20 et surtout pas l'oublier, parce que voilà...
09:23 On va rejouer une Coupe du Monde
09:25 et il faudra y penser pour essayer d'aller finalement gagner cette deuxième Coupe du Monde.
09:29 -Et que ça se repasse pas.
09:31 -Bien sûr, c'est l'objectif.
09:32 -Est-ce que le rêve de Kilian Mbappé,
09:35 je vais y arriver, à bien le prononcer enfin,
09:37 c'est les JO ?
09:38 Parce qu'à priori, vous avez très, très, très envie d'y participer.
09:43 -Bien sûr, bien sûr, j'ai toujours eu la flamme olympique.
09:46 -Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
09:48 -Parce que les JO, c'est un événement sportif,
09:50 par tout ce que ça représente.
09:52 C'est, avec la Coupe du Monde, je pense, le plus grand événement sportif.
09:56 Faire partie des JO à Paris, c'est les 100 ans à Paris,
10:00 ça représente tellement pour moi
10:02 que de me dire que je vais participer aux Jeux olympiques avec la France,
10:07 ce serait une opportunité extraordinaire,
10:10 et même un rêve, parce que parler d'opportunité,
10:12 il y a ce côté un peu terre-à-terre,
10:14 mais je pense que les JO, ça fait rêver, ça fait planer,
10:16 donc c'est vraiment le côté rêve.
10:17 -Et être porte-drapeau ?
10:19 -Oh, ça, c'est autre chose, on est encore dans autre chose.
10:22 Déjà, j'essaie d'arriver aux Jeux olympiques porte-drapeau,
10:25 ce serait vraiment extraordinaire.
10:26 -C'est jouable ?
10:27 -Ah, ça dépend pas de moi, ça, par contre.
10:29 -Vous êtes un peu le joueur de club ? -Ah oui, bien sûr, ça, après, j'ai déjà dit,
10:33 ça dépendait pas de moi, et je pense que je suis arrivé à un âge
10:36 où je veux plus forcer les choses.
10:38 Bien sûr que tout le monde sait que je veux jouer les JO,
10:41 mais si mon club veut pas, je comprendrais, parce que voilà,
10:46 je suis arrivé à un stade où j'ai la maturité de comprendre les deux parties,
10:49 donc c'est pas de souci, mais si je vais aux JO, je serais très très content.
10:53 -C'est quand pour vous le moment de bascule, c'est-à-dire le moment où
10:58 le petit Kylian de "Bandit" est devenu Mbappé star mondial ?
11:01 -Dès que je suis parti de chez moi.
11:03 -À 12 ans ? -Ouais.
11:05 -Pour aller à Clairefontaine ? -Parce que je suis parti pour être
11:07 une star mondiale, pour être un joueur important qui va marquer l'histoire.
11:09 Dès que je suis parti de chez moi, je me suis dit, moi, je vais jamais revenir.
11:12 Quand j'ai quitté "Bandit", dans ma tête, je me dis, je vais jamais revenir.
11:15 C'est pour ça que moi, j'ai toujours affirmé mes ambitions haut et fort,
11:20 parce que j'ai toujours été persuadé que j'allais le faire,
11:23 pas que je pouvais, que j'allais le faire.
11:25 -Mais est-ce que c'est pour ça que vous avez réussi ?
11:27 Et que vous réussissez en ce moment, d'ailleurs.
11:28 -Non, pas que pour ça.
11:30 Parce qu'il faut reconnaître aussi qu'à un moment donné,
11:33 j'ai été aidé par les bonnes personnes au bon moment,
11:35 j'ai fait les bonnes rencontres,
11:36 et j'ai eu ce facteur chance aussi, à un moment donné, dans ma carrière.
11:39 -Sportivement parlant ? -Sportivement parlant, bien sûr.
11:42 Il faut ce facteur chance. -Les bons entraîneurs, les bons joueurs.
11:44 -Les bons entraîneurs, la bonne rencontre, le bon match,
11:46 le bon déclic, le bon...
11:48 C'est ça qui est important aussi.
11:49 Après, bien sûr, je le dois à mon talent aussi,
11:52 mais c'est un ensemble de choses qui fait que vous réussissez,
11:55 c'est pas une seule chose.
11:56 -Mais quand on lit votre BD,
11:57 parce que vous avez fait une BD sur votre histoire,
11:59 qui est assez chouette, d'ailleurs,
12:00 on est scotchés, parce qu'on a l'impression
12:02 que depuis que vous avez 3 ans,
12:04 vous dites à tout le monde que vous serez star mondiale du foot.
12:08 -Oui, mais à 3 ans, quand je le dis, c'est un enfant qui rêve.
12:10 Quand je pars de chez moi à 12 ans, c'est beaucoup plus réaliste.
12:13 Quand je suis à Clairefontaine, quand je suis à Monaco,
12:15 c'est du concret.
12:17 Quand je suis enfant, je suis un enfant ordinaire qui rêve.
12:19 Qui rêve de grandeur, qui rêve de jouer au foot les meilleurs matchs,
12:22 qui rêve de gagner les meilleurs titres,
12:24 qui rêve de suivre les pas de ses idoles.
12:26 Quand j'arrive à l'Institut national du foot
12:28 ou quand j'arrive à Monaco, c'est beaucoup plus concret.
12:30 Je me dis que je suis pas loin
12:31 et que je vais tout faire pour y arriver, et je vais y arriver.
12:33 -Vous y êtes arrivé.
12:35 -Ouais. Je pense que je peux arriver encore plus,
12:38 mais je suis déjà pas mal.
12:39 Rires
12:40 -Il y a plein de gens qui doivent se demander
12:42 "Qu'est-ce que vous pouvez plus faire ?"
12:45 C'est quand, la dernière fois,
12:46 que vous êtes allé acheter une baguette de pain tout seul à pied ?
12:48 -Ouh !
12:49 Rires
12:51 Je sais même plus !
12:53 Je sais même plus !
12:54 C'est des choses qui...
12:56 En fait, qui sont des choses tellement simples
12:59 et qui étaient des corvées quand j'étais petit,
13:00 quand mon père me disait "Va chercher ça !"
13:02 Et je paierais tellement cher maintenant
13:04 pour faire ce genre de choses qui ressemblent à rien
13:07 pour la plupart des gens !
13:08 -Il y a des regrets dans ce que vous dites ?
13:10 -Non, pas des regrets.
13:11 Il y a une fatalité, et c'est un constat.
13:14 C'est la vie qui est comme ça.
13:16 Comme je vous dis, j'ai appris beaucoup sur moi-même
13:19 et sur mon rapport aux autres avec les années,
13:21 et la notoriété m'a fait apprendre pas mal de choses.
13:24 -Très vite.
13:25 -Très vite...
13:26 Non, je pense que c'est la seule chose dans ma vie
13:28 qui a pris un peu de temps.
13:29 -Allez, un envoyé spécial.
13:30 On a une baguette magique, vous changez totalement d'apparence
13:32 pendant 48 heures.
13:34 Vous pouvez faire ce que vous voulez, personne va vous reconnaître.
13:36 Vous faites quoi ?
13:37 -Ouais...
13:39 En tout cas, je passe mes 48 heures dehors, ça, c'est sûr, déjà !
13:41 Rires
13:42 Ça, c'est sûr !
13:43 Mais après, ce que je fais, je fais tout !
13:45 Des choses sans réfléchir !
13:46 C'est ça, en fait.
13:47 J'ai perdu la spontanéité.
13:48 -Sans avoir de garde du corps ? -Non, j'ai perdu...
13:50 Je pense que dans ma vie, si je devais dire quelque chose,
13:53 j'ai perdu la spontanéité.
13:55 La spontanéité de l'être humain...
13:57 Moi, je veux sortir, aller faire ça, je le fais.
13:59 -Ouais. -Non.
14:00 Tout est question d'organisation.
14:01 Tout s'organise.
14:02 Un déplacement à moi, ça s'organise.
14:05 -C'est pesant ?
14:06 -Maintenant, non.
14:07 Ça, c'est le quotidien.
14:09 Mais ça l'était !
14:10 -Mais vous avez pas répondu à mes questions.
14:11 À part être dehors pendant 48 heures, qu'est-ce que vous faites ?
14:14 -Tout faire, tout faire !
14:15 Aller manger tranquille à une brasserie, aller sortir,
14:18 aller avec des amis...
14:20 Vraiment, faire la fête incognito, tranquille, personne vient vous voir...
14:24 Le lendemain matin, un bon brunch au soleil, sur une terrasse...
14:27 Voilà, admirer les choses...
14:29 C'est plein de choses, et choses simples de la vie, quoi !
14:31 C'est super. -Et c'est ce qui vous manque le plus ?
14:34 -Ouais.
14:36 Ouais.
14:37 -Ça viendra !
14:38 -Ah oui ! -Enfin, Kylian Mbappé pas connu, moyen, quand même.
14:41 Même plus tard, ça va...
14:42 -Je serai toujours connu, mais ça va retomber un peu.
14:45 Quand tu seras plus dans le feu de l'action, ça va retomber un peu.
14:48 Après, quoique, il y en a qui ont arrêté,
14:50 je pense que Zidane, il est toujours en haut,
14:52 et pourtant, il joue depuis très longtemps !
14:54 Je sais pas ce qui m'attend, mais je préfère pas penser !
14:58 -OK, step by step, on va dire.
15:00 Pour certains enfants, vous êtes un mentor.
15:04 Qui a été votre mentor, ou qui ont été vos mentors,
15:08 à vous, Kylian Mbappé ?
15:10 -C'est différent, parce que moi, j'ai eu des mentors sportifs,
15:13 mais dans la vie aussi.
15:15 Sportivement, bien sûr, c'est des joueurs qui m'ont inspiré.
15:18 Je pense notamment à Zizou...
15:20 -On y touche pas, à Zidane. -Non, non.
15:22 On y touche pas.
15:23 Mais je pense aussi à...
15:24 -Faut le redire ?
15:26 -Tout le monde sait qu'on y touche pas.
15:28 C'est la France, mais...
15:29 -Vous l'avez dit un peu fermement, à un moment.
15:31 Il fallait le dire.
15:33 -Je pense que c'était nécessaire, à ce moment-là.
15:36 Mais je pense aussi à Cristiano Ronaldo,
15:37 mais c'est plus d'un domaine sportif.
15:39 Après, dans la vie, c'est vraiment plus tous les gens qui m'ont entouré,
15:44 qui m'ont mis sur le bon chemin,
15:46 qui, à un moment donné, m'ont tendu la perche.
15:48 Et ça, c'est des personnes inspirantes,
15:50 parce qu'ils sont venus m'aider alors que je leur devais rien.
15:53 Et ils sont venus m'apporter leur connaissance, leur expérience,
15:57 et rien que pour ça, je suis reconnaissant.
15:59 Et c'est une marque de respect.
16:01 Voilà, c'est très important.
16:02 -C'est émouvant de voir vos grands-parents dans le reportage.
16:05 -Ouais, je suis très proche.
16:06 -C'est vrai ? -Je suis très proche de mes grands-parents.
16:08 -Quand on vous voit embrasser votre grand-mère, on se dit...
16:10 -Ma grand-mère, je la vois souvent, on parle tout le temps,
16:13 elle m'écrit beaucoup, beaucoup...
16:14 -C'est vrai ? Des textos ?
16:16 -Oui, beaucoup de textos.
16:17 Elle a toutes ses peurs, elle les met en textos.
16:18 Elle utilise pas bien le téléphone, mais on parle beaucoup.
16:21 Mais de la voir là-bas, c'était quelque chose de sensationnel,
16:23 parce que je sais ce que représente le Cameroun pour elle,
16:26 pour mon grand-père aussi.
16:28 Et qu'ils soient là quand je reviens à l'âge adulte,
16:31 c'était un moment important.
16:33 Et je savais pas qu'ils allaient être là,
16:34 parce que ma grand-mère avait des problèmes de santé,
16:37 je savais pas si elle allait pouvoir être là.
16:38 -Eh oui, elle était là. -Donc elle était là,
16:40 et ça, c'était magnifique.
16:42 On a fait des beaux repas,
16:43 et c'est des moments qui sont rares,
16:45 donc il faut savoir les apprécier à chaque fois.
16:46 -C'est très précieux. -Ouais, surtout dans une vie comme la mienne.
16:48 C'est très précieux.
16:50 -On a vu un rapport très, très fort,
16:52 mais on n'est pas les seuls à en envoyer spécial,
16:54 à en parler avec votre maman.
16:55 C'est incroyable, le duo que vous formez.
16:59 -Ouais, c'est fusionnel.
17:01 C'est fusionnel.
17:02 Mais j'ai une relation très spéciale avec ma mère.
17:04 Avec mes deux parents,
17:06 mais c'est une relation complètement différente.
17:09 Et pourtant, les deux relations sont très fortes,
17:12 mais c'est pas du tout la même chose.
17:13 Avec ma mère, c'est très fusionnel, on parle de tout.
17:16 On est...
17:17 On est comme chien et chat, on se parle de tout.
17:21 -Parce que vous vous chambrez aussi. -Ouais, beaucoup.
17:23 Mais ça, c'est toute ma famille.
17:24 -Ah, c'est vrai ? -Oui, ça, c'est toute ma famille.
17:26 -Tout le monde se chante ? -Avec mon père, c'est encore pire.
17:28 -C'est vrai ? -Oui, avec mon père, c'est encore pire.
17:30 Mais avec ma mère, on a vraiment cette relation
17:32 où on est vraiment sans filtre.
17:34 Je lui dis tout, elle sait tout.
17:36 On a cette relation qu'on a bâtie depuis toutes ces années.
17:40 Elle est venue avec moi quand j'étais à Monaco en professionnel,
17:44 on a vécu ensemble, et je pense que ça, ça a rajouté un lien supplémentaire,
17:47 parce qu'on a vécu ensemble tous les jours,
17:50 et ça, ça a fait quelque chose qui fait que cette relation, elle est spéciale.
17:54 Mais avec mon père aussi, j'ai une relation très spéciale,
17:56 mais complètement différente.
17:57 Avec mon père, on a partagé cette passion du foot depuis petit.
18:01 C'est lui qui m'a transmis cette passion du foot.
18:04 Si je gagne un trophée important, un trophée individuel ou collectif,
18:07 j'appellerais plus mon père en premier.
18:08 Parce que je sais l'impact que ça a sur mon père,
18:12 mais sur quelque chose dans ma vie, c'est plus ma mère que j'appellerais.
18:14 Donc c'est deux relations complètement différentes, mais qui se complètent.
18:17 -Très forte.
18:19 Votre maman, elle dit aussi très clairement
18:21 que la Fondation, elle vous aide à garder les pieds sur terre,
18:23 que c'est important aussi, justement,
18:25 de ne pas évoluer uniquement dans le monde du foot,
18:27 dans des avions, à l'autre bout du monde.
18:30 Petite question, votre stage de 3e, vous l'avez fait où ?
18:34 -Je l'avais fait... C'était une semaine.
18:38 Mais à cette époque-là,
18:39 j'avais été invité par le Real Madrid.
18:42 Et donc j'avais fait mon stage de 3e sur 3 jours.
18:45 Ma mère, elle m'avait emmené dans ses salles de classe
18:48 à faire le ménage.
18:49 -Ah ! -Oui.
18:51 Parce que j'avais passé 4 jours au Real de Madrid où...
18:53 -T'as tête brillée.
18:54 -Oui, j'avais vu toutes les stars, tous les équipements, tout ça.
18:57 -Et derrière les 3 jours de ménage...
18:58 -Et derrière les 3 jours de ménage, c'était passé de là à là !
19:02 -Mais c'est pas mal, non ?
19:03 -Maintenant, je vous dis que c'est pas mal,
19:05 mais à l'époque, je captais pas, moi.
19:06 Je me suis dit "Mais qu'est-ce qu'elle est partie me foutre ici ?"
19:09 J'étais tranquillement là-bas, elle m'a ramené ici.
19:11 Parce que quand tu es jeune, tu captes pas.
19:13 Mais maintenant, avec le recul...
19:15 Maintenant que je suis à cet âge-là, j'aurais fait la même chose.
19:19 -Elle avait raison. -Oui.
19:21 Parce que j'avais touché les étoiles, il fallait que je revienne bien sur Terre.
19:23 -Parfois, vous vous engagez loin des caméras,
19:25 ça a été le cas avec Pelé.
19:27 Racontez-nous un peu, parce que ça a été un moment assez fort, en fait.
19:31 -Oui, on s'est rencontrés, grâce à un sponsor de base,
19:36 et il avait des gros problèmes de santé.
19:39 Et je suis allé le voir à l'hôpital,
19:41 parce qu'il a été admis à l'hôpital en France.
19:42 -À Paris. -À Paris.
19:44 Et je voulais pas que ça se sache, parce que c'était du domaine privé,
19:47 c'était juste un enfant qui allait voir un mentor,
19:51 prendre soin d'un mentor, voir comment il allait.
19:54 J'avais pas l'intention de divulguer ce genre de choses.
19:57 Et aujourd'hui, paix à son âme, il nous manque beaucoup.
20:01 Mais l'héritage qu'il a laissé, il sera éternel.
20:03 Et je peux dire, et je pourrais dire à mes enfants, mes petits-enfants,
20:06 qu'une fois dans ma vie, j'ai eu la chance d'être à côté d'un monsieur comme lui.
20:11 Donc ça a été un moment très spécial
20:13 et un grand moment de ma vie à coup sûr.
20:16 -C'est la première fois que je vous entends dire "quand j'aurai des enfants",
20:18 "des petits-enfants".
20:19 -Parce que ça fait partie... -On est pas très franchos.
20:22 -Ca fait partie de l'objectif d'un homme.
20:23 -Ouais, mais bien sûr ! -C'est comme ça, mais...
20:25 -Mais ça m'aidera que vous y pensiez.
20:27 -C'est des moments comme ça, c'est pour vous montrer
20:28 à quel point ce moment, il était spécial pour moi, aussi.
20:31 C'était un moment spécial de pouvoir partager avec lui.
20:33 -Pardon, je vais vous mettre un peu vite.
20:34 -Non, mais bien sûr ! -Mais ça m'aidera que vous...
20:36 -Oui, oui, bien sûr, bien sûr !
20:37 J'ai toujours dit que j'aimais les enfants.
20:39 Mais...
20:40 Mais c'était un moment important.
20:42 C'était un moment important pour moi,
20:43 parce que c'était aussi un moment inespéré.
20:45 Jamais dans ma vie, j'aurais pensé que j'allais le rencontrer,
20:47 j'allais échanger avec lui et créer cette...
20:50 Cette relation spéciale avec lui, donc c'était...
20:52 -Vous vous êtes retrouvés... En fait, il y a eu un truc entre vous...
20:54 -Oui, on n'était que tous les deux !
20:57 On n'était que tous les deux.
20:58 On a vraiment pu discuter d'homme à homme, simplement.
21:02 -C'est des choses simples. -Il vous a dit quoi ?
21:03 -Bah non, ça se dit pas, ça.
21:05 -OK ! J'insiste pas.
21:07 Pele, tout le monde connaît.
21:08 Camille, vous, vous connaissez.
21:10 -Oui.
21:11 -Bonjour !
21:12 -Bonjour !
21:13 ...
21:16 -Comment ça va ?
21:18 -Bien, bien.
21:19 -Les gens la connaissent pas, forcément, la petite Camille,
21:21 mais l'histoire, c'est que c'est une petite fille
21:24 qui a des difficultés de santé
21:26 et qui vous adore.
21:28 Et du coup, racontez,
21:30 vous l'avez invitée plein de fois au parc...
21:32 -Oui, plein de fois, parce que son histoire, elle m'a touché.
21:34 Les gens de mon équipe sont venus m'en parler,
21:37 parce que je pense qu'ils se sont dit que c'était sûr que ça allait...
21:40 que ça allait me toucher...
21:42 ...
21:44 que j'allais faire quelque chose,
21:46 parce que son histoire, le courage et tout ce qu'elle traverse,
21:49 elle a toujours le sourire.
21:50 Je l'ai vue beaucoup de fois et je l'ai jamais vue sans sourire.
21:54 Et pourtant, elle a des problèmes qui sont bien plus graves que les miens.
21:57 Et c'était incroyable.
21:59 On a créé cette relation où maintenant, elle est sans filtre avec moi.
22:03 Je suis comme son amie et c'est sympa.
22:05 Je l'ai revue encore il y a quelques semaines
22:07 et c'est vraiment incroyable de partager ça avec elle.
22:10 -Alors justement, Camille, on lui a demandé de vous poser une question.
22:12 -Ah oui ? -Elle n'a pas la langue dans sa poche, on peut dire.
22:14 -Oui, non, maintenant, elle est à l'aise avec moi.
22:16 -Voilà, je vous fais écouter.
22:17 -Coucou, Kylian. C'est Camille.
22:19 J'espère que tu vas bien.
22:21 Moi, ça va super.
22:23 Bon, j'ai une petite question pour toi.
22:25 Je sais que tu as déjà réalisé beaucoup de tes rêves.
22:29 Mais aujourd'hui, ton plus grand rêve, ce serait quoi ?
22:31 -Elle est pas mal, la question. -Elle est pas mal.
22:35 -Alors ? Est-ce que vous reste un rêve à réaliser ?
22:38 -Bien sûr, bien sûr.
22:39 Déjà, ne serait-ce que sportivement, en tant que joueur,
22:41 il me reste pas mal de rêves.
22:43 Vous savez, quand vous gagnez,
22:45 votre rêve, c'est de toujours continuer à gagner...
22:47 -Vous êtes un insasier, là.
22:48 -Non, parce que vous avez découvert cette sensation
22:50 et vous savez le bonheur que ça procure chez vous,
22:53 mais au-delà de chez vous,
22:55 parce que ça procure aussi chez tous les supporters,
22:57 chez tous les gens de votre équipe qui travaillent tous les jours pour vous,
23:01 c'est un peu aussi le fruit de leur réussite, ce genre de choses.
23:04 Même si les gens pensent que gagner une fois, ça suffit,
23:07 pour un joueur de haut niveau, ça suffit jamais.
23:10 Et en tant qu'homme,
23:11 il y a bien sûr des rêves de vie de famille,
23:14 des rêves de toujours aider, de voir grandir cette fondation,
23:17 parce que c'est quelque chose qui...
23:18 J'ai toujours dit que c'était la plus grande de mes fiertés,
23:21 cette fondation.
23:22 Et j'espère vraiment qu'on va y...
23:24 -C'est la plus grande de vos fiertés ?
23:25 -Oui, de loin.
23:27 -Il y a pas mal de gens qui disent
23:28 que le foot, c'est devenu le foot business.
23:31 Qu'est-ce que vous dites aux gens qui disent
23:33 qu'il y a trop d'argent dans le foot, maintenant, aujourd'hui ?
23:36 -Je les comprends.
23:37 Je suis jeune, donc j'ai l'avantage d'avoir été à cette place-là avant,
23:41 et je disais la même chose.
23:43 Quand on te donne une somme comme ça, à la télé,
23:46 on vous donne des sommes dithyrambiques,
23:48 vous vous dites "Waouh, qu'est-ce que c'est que ça ?"
23:50 -On dit 100 millions d'euros pour vous, par an.
23:52 -Oui, peu importe le chiffre.
23:54 -C'est ça ou c'est pas ça ?
23:55 -Pour les gens, honnêtement, je sais pas exactement quel est le chiffre.
23:58 Ça, c'est la vérité.
23:59 -Ah bon ? -Oui, parce que...
24:00 -En tout cas, il est pas tout à fait faux.
24:02 -Ouais, je pense qu'on en est pas loin,
24:04 mais c'est pas le plus important.
24:06 Le plus important, c'est vraiment de se dire que, en fait,
24:08 c'est un monde qui fonctionne différemment,
24:11 et c'est le monde qui marche comme ça.
24:13 Nous, on a fait que s'adapter à ce monde-là.
24:16 Voilà.
24:17 Les gens ne savent pas tout ce qu'il y a dans le foot,
24:19 tout l'argent qu'il y a dans le foot, comment ça marche,
24:21 comment on le génère...
24:22 Donc c'est sûr que quand on donne des sommes comme ça,
24:25 c'est comme ça, ça va faire parler les gens,
24:27 et les gens vont réagir de suite,
24:29 mais j'ai appris à vivre avec ça et j'ai aucun problème.
24:31 -D'accord.
24:32 Et c'est aussi pour ça, j'imagine, que la fondation existe.
24:34 Enfin, l'association. -Pas que pour ça !
24:36 -Non, mais parce que l'argent que vous avez, à un moment, vous...
24:39 Enfin, il y a des footballeurs, ou d'autres,
24:41 des gens qui disent "ouais, c'est bon, je mérite l'argent que je gagne,
24:45 merci, au revoir".
24:46 -Oui, je mérite l'argent que je gagne.
24:48 Je l'ai volé à personne.
24:49 -Non, non, non, mais c'est pas ça que je dis, mais...
24:51 -C'est plus que... Je pense que...
24:53 Et c'est là où l'éducation vient en compte,
24:55 c'est qu'on n'a pas attendu d'avoir tout ça pour faire.
24:59 J'ai pas fait une association parce que j'ai eu de l'argent.
25:02 -Vous avez fait une association parce que vous aviez envie de la faire ?
25:05 -Parce que je pensais que c'était le moment de transmettre
25:07 par rapport à ce que je représentais
25:08 et par rapport aux valeurs qui étaient les miennes.
25:10 Et bien sûr, avoir des moyens, ça aide à accomplir les choses plus rapidement.
25:15 -C'est ce que j'allais vous dire,
25:16 c'est quand même mieux quand on a de l'argent.
25:17 -Oh, bien sûr !
25:18 Pour faire une fondation sans argent, c'est difficile !
25:20 Mais l'idée n'est pas venue avec l'argent.
25:22 L'idée était déjà là.
25:24 La réalisation est venue avec l'argent.
25:25 -Vous vous êtes à plusieurs reprises exprimé sur les réseaux sociaux,
25:30 sur des sujets de société,
25:32 comme le racisme, les violences policières, par exemple.
25:34 Pourquoi est-ce que vous, vous prenez la parole sur ces sujets-là ?
25:38 -Parce que je suis un citoyen du monde
25:40 et que mon rôle de citoyen est le même que tout le monde.
25:43 C'est pas parce que dans mon métier, je suis dans une bulle
25:46 que l'homme est dans une bulle.
25:47 L'homme n'est pas dans une bulle, il est sur Terre,
25:49 il suit l'actualité, il suit ce qui se passe,
25:51 il s'informe, il s'inquiète, il est heureux.
25:54 Le footballeur est dans sa bulle,
25:56 et il doit être dans sa bulle s'il veut performer et être ce qu'il est.
25:59 Mais l'homme n'a pas besoin d'être dans sa bulle.
26:01 Je pense que c'est important aussi de montrer aux gens
26:05 qu'on n'est pas sur notre planète, on est avec vous,
26:08 on voit ce qui se passe, on est d'accord, pas d'accord,
26:11 on se révolte, on se révolte pas, on commande, on commande pas,
26:14 mais on est actifs de notre vie, comme tout le monde.
26:17 -Mais ça veut dire que l'expression qui était en cours il y a 20 ans,
26:20 quand on disait à un footballeur "cours, tais-toi",
26:22 ça, c'est pas vous ?
26:23 -Ça a jamais été moi.
26:25 Ça a jamais été moi.
26:26 Ça a jamais été moi.
26:27 On me l'a même reproché certaines fois en disant que...
26:30 Peut-être que je parlais trop, mais...
26:32 -Et alors, vous en pensez quoi ?
26:33 -J'en pense que je suis libre de faire et de dire
26:37 ce qui me semble juste,
26:39 comme n'importe quel humain.
26:41 Pas parce que je représente quelque chose sur le terrain
26:43 qu'en dehors, je dois me taire parce que je suis jour de foot.
26:46 -Est-ce que ça veut dire que vous regrettez aucune de vos prises d'opposition ?
26:50 Ou vous regrettez ? On vous a critiqué, notamment...
26:52 -J'ai jamais rien regretté dans ma vie.
26:54 Que ce soit les réussites ou les échecs, j'ai jamais rien regretté.
26:58 Parce que je pense que tout est une question d'apprentissage.
27:00 J'ai appris de tout ce que j'ai fait dans ma vie, sur le terrain.
27:02 -Mais vous avez entendu les critiques sur Nahel, sur ce que vous avez écrit.
27:05 -Depuis hier, cette affaire suscite de très nombreuses réactions,
27:09 notamment dans le monde de la culture et du sport,
27:11 à l'image de Kylian Mbappé, qui déclare "J'ai mal à ma France".
27:15 -Toutes mes pensées vont pour la famille et les proches de Nahel,
27:19 ce petit ange parti beaucoup trop tôt.
27:21 -Il y a les émouristes d'Amien Rieu qui accusent à l'instant,
27:24 je cite son tweet, ces célébrités qui n'ont rien dit pour Lola ou Annecy,
27:28 mais qui se réveillent quand c'est un délinquant qui meurt.
27:31 -Je suis toujours critiqué.
27:33 Sur le terrain, je suis critiqué, en dehors, je serai critiqué,
27:36 et c'est ma vie qui est comme ça.
27:38 -Et c'est pas grave, d'ailleurs. -Non, c'est pas grave.
27:39 C'est pas une fin en soi, parce que mon rêve,
27:41 ça a jamais été d'aimer tout le monde.
27:43 Et je pense qu'en tant que joueur de foot,
27:46 j'ai toujours pris ça comme un moteur, d'avoir des critiques,
27:48 c'est la chose qui vous fait le plus progresser.
27:51 -Ah, c'est vrai ?
27:52 -Personnellement, moi, c'est ce qui m'a fait le plus progresser.
27:53 -C'est enrichissant, les critiques.
27:55 -Oui, en tant que joueur, ça m'a toujours repoussé dans mes retranchements.
27:57 -Et en tant qu'homme ?
27:58 -En tant qu'homme, ça me fait ni jaune ni froid.
28:01 -C'est vrai.
28:03 Vous avez dit, la prise de parole sur les réseaux sociaux ou ailleurs,
28:07 c'est un terrain glissant, mais pas grave, je suis cramponnée.
28:10 -Vous voyez, c'est mon rapport au foot.
28:13 Je dis souvent ça.
28:14 C'est comme ça, c'est comme ça.
28:15 Il faut être prêt.
28:17 Il faut être prêt pour toutes les choses qui s'offrent à vous.
28:20 Et ça, ça en fait partie.
28:22 Après, il y a des choses qui restent du domaine spontané,
28:26 des choses qui viennent du coeur, et ça, le coeur, il faut jamais...
28:29 Plein de choses, des cris du coeur.
28:32 Je pense à nombreuses choses qui se sont passées,
28:35 que j'ai commentées, par exemple sur les violences policières,
28:37 ou c'était des cris du coeur.
28:39 Bien sûr, aussi, le racisme, ça me touche aussi personnellement.
28:41 J'ai déjà subi ça.
28:43 C'est quelque chose qui vous touche personnellement.
28:44 -Vous l'avez subi personnellement ?
28:45 -Ah oui, bien sûr.
28:46 Donc c'est des choses qui...
28:47 -Même en étant un footballeur professionnel,
28:49 même en étant au niveau où vous êtes...
28:51 -Ah oui.
28:52 Sur ça, vous n'êtes pas épargné, malheureusement.
28:54 -Là, récemment, ça vous est arrivé ?
28:56 -Non, pas récemment, mais ça m'est déjà arrivé.
28:58 -Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
29:00 -Bien sûr, qu'on vous insulte de singe, qu'on vous foite des mimiques de singe,
29:03 des choses qui sont inacceptables et qu'on essaye de combattre, nous, les joueurs.
29:06 -Si je fais la même interview dans un an, je la fais où ?
29:09 -Ah bah ici !
29:11 -A Paris, à Madrid, à Manchester ?
29:13 -Ce bureau, on l'aura toujours, déjà.
29:15 Ca, c'est sûr.
29:16 -OK, merci, Kylian. Merci beaucoup. -Merci, merci, merci.
29:20 -Merci vraiment.
29:21 -Merci. C'est gentil.
29:22 -Merci.
29:23 -Merci beaucoup.
29:25 -Merci.
29:26 -Merci.
29:28 -Si tu veux voir notre reportage en intégralité, n'hésite pas à cliquer ici.
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