Le bon sens populaire, ce n'est pas un vain mot. Les proverbes de ma mère, qu'elle a hérité de son père corse et de son enfance à Ville-di-Paraso, près de l'Ile-Rousse, en Balagne, comme un petit patrimoine, en sont pétris. Mais ces échelles sur lesquelles on monte et descend, ces pots de chambre délaissés sous le lit, ces enfants de curé et ces mois entiers de jours fériés sont plus que cela. Ils sont un bloc précieux de poésie, des formules dont le sens m'échappe parfois mais qui me permettent de partager avec ma mère, d'être sur une drôle de longueur d'ondes. Elle dit que ses proverbes sont justes. Moi j'aime l'écouter les dire en corse, les réinventer un peu et essayer de me persuader qu'ils détiennent la vérité. Ma mère qui mérite bien son prénom d'Angèle croit des choses définitives mais finalement peut-être justes comme le fait qu'il a "fallu cent ans pour faire les proverbes". Dans sa salle à manger de Villes-sur-Auzon, c'était un grand bonheur de l'écouter, de l'imaginer avec son père quand il lui transmettait cette mémoire, comme je m'en empare aujourd'hui. Les proverbes de ma mère, un jour de poésie ordinaire, un moment d'amour pour moi qui fait le fier, en version corse originale et précaire.
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