• il y a 7 ans
Un ouragan grand comme la France, d’une puissance inégalée… Irma restera longtemps dans la mémoire collective. Comment se produit un tel phénomène ? Nous avons posé la question à Jean Jouzel, un climatologue ayant participé au Giec. Il est chercheur émérite au CEA (laboratoire des sciences du climat et de l’environnement).

“Des températures plus élevées, généralement, entraînent plus de vapeur d’eau dans la masse d’air concernée, et quand cette masse d’air forme ces précipitations, elle libère l‘énergie, et donc plus il y a de vapeur d’eau, plus la température de l’océan est élevée, plus il y a d‘énergie dans les cyclones, explique-t-il. Et donc on voit bien que ces cyclones comme Irma, qui sont partis des côtes de l’Afrique, et qui ont déplacé leur trajectoire sur des zones très chaudes – on parle de zones océaniques supérieures à 30 degrés – c’est un des paramètres, effectivement, qui est à l’origine de la force 5 de ce cyclone Irma.”

Si le réchauffement des océans contribue à la formation des cyclones, le réchauffement climatique est-il en cause ? Pour Jean Jouzel, le lien ne peut pas encore être formellement établi de manière scientifique mais c’est un facteur aggravant.

“On n‘établit pas une relation de cause à effet, tout simplement parce qu’on a pas assez de recul, résume-t-il. On a des données depuis 50 ans et on ne sait pas dire si au 18ème sicèle il n’y avait pas des cyclones aussi importants. Mais se dégage l’idée aussi que dans un climat plus chaud, pour les raisons que je vous ai expliquées, les cyclones risquent de devenir plus intenses. On parle de 20% de précipitations en plus, des vents qui pourraient augmenter d’intensité de 10% dans un climat plus chaud. On voit bien qu’avec l‘élévation du niveau de la mer dans les régions côtières, ce sont des paramètres qui sont à l’origine du caractère destructeur des cyclones.”

Quant aux zones géographiques concernées par ce phénomène, elles pourraient être plus diverses à l’avenir.

“En règle générale, dans l’hémisphère nord, il y a vraiment cette caractéristique d’un déplacement vers le nord des trajectoires des cyclones, des futurs cyclones aussi, conclut Jean Jouzel. Ce n’est pas simplement l’intensité. Il peut y avoir des régions qui ne sont pas touchées actuellement qui pourraient être touchées par les cyclones dans l’avenir.”

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