• il y a 2 ans
“Si ces régions continuent à subir des augmentations de températures aussi fortes, c’est très clair: on va se le prendre en pleine figure.” Comme ses confrères, la glaciologue Heïdi Sevestre ne mâche pas ses mots face aux extrêmes climatiques en cours. La situation est grave: au pôle nord comme au pôle sud, des records de chaleur historiques ont été largement dépassés au mois de mars.

Dans le cercle arctique, où la saison chaude est encore loin, on devrait être encore largement en-dessous de zéro. Mais dans le nord de la Norvège, les fleurs ont déjà en train d’éclore dans une douceur typiquement estivale pour la région. La station météo de Svalbad, à la pointe nord du pays a enregistré une température de 3° celsius: tout simplement un record absolu depuis le début des mesures dans cette île, en 1944.

Côté Antarctique, la situation n’est pas meilleure, bien au contraire. Le continent le plus froid du monde, dont les températures moyennes tutoient les -55°, dépasse par endroit les 40° de différence avec la normale. La station franco-italienne de recherche Concordia, qui se trouve dans l’oeil du cyclone de la vague de chaleur, a atteint les -11,5°. C’est tout simplement un record absolu de chaleur depuis 25 ans. 

Changements irréversibles
Au pôle sud, on est encore en-dessous de zéro, mais dans l’Arctique, où des terres prises sous la glace depuis des milliers d’années ont commencé le dégel, on est tout près du point de bascule. “Lorsque le permafrost subit des conditions aussi extrêmes que ça pendant quelques heures, voire quelques jours, les conditions vont être changées et de façon irréversible”, s’alarme Heidi Sevestre. “C’est cela qui est assez fou: on n’a pas besoin que ces conditions s’éternisent dans le temps.”

On est bien ici sur un phénomène métérologique extrême, une anomalie au regard des prévisions, et c’est là tout le problème. Les climatologues estiment avec une grand précision le réchauffement “normal” de la planète, qui atteint aujourd’hui 1,2° par rapport à l’ère préindustrielle. Ils établissent également des prévisions d’écarts climatiques, anticipant d’éventuelles vagues de froid ou de chaleur. Ces derniers, avec le dérèglement climatique, se multiplient. Mais ces records aux deux pôles battent toutes les prévisions les plus pessimistes. 

 Il serait excessif d’attribuer en toute certitude le phénomène actuel au réchauffement. D’un pur point de vue météo, les deux vagues de chaleur sont dues au déplacement de masses d’air chaud, venues d’Australie et des États-Unis. Mais la répétition de ces températures extrêmes au fil des années (illustrée dans le tweet ci-dessus) ainsi que les alertes lancées de façon répétées par le Giec laissent peu de place au doute. 

Le banquise du Pôle nord, déjà en danger de mort imminente avec des prévisions estimant qu’elle aura totalement disparu en 2035, risque de voir s’accélérer son sort funeste. En antarctique, c’est avant t

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