Retraites : « Pour ce qui est des femmes, les efforts c’est non. On en fait déjà assez comme ça ! »

  • l’année dernière
La sénatrice PS Laurence Rossignol a interpellé le gouvernement ce 25 janvier 2023 au Sénat, à propose des conséquences de la réforme des retraites pour les femmes.

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Transcription
00:00 Lundi, le Haut Conseil à l'égalité a rendu son rapport.
00:03 Ce rapport confirme la persistance du sexisme à un haut niveau dans notre société,
00:08 ce qui explique d'ailleurs que la condition des femmes reste soumise aux inégalités et aux violences.
00:14 Cet écosystème sexiste impose aux femmes de toujours devoir s'adapter, esquiver, résister.
00:21 C'est un effort constant.
00:23 Et puisqu'on parle d'effort, le même jour, avec un sens du timing étonnant,
00:28 le ministre Riester, dans un moment de franchise merveilleux, a dit
00:33 « En effet, cette réforme va demander aux femmes un effort supplémentaire. »
00:40 Alors je dis clairement, pour ce qui est des femmes, les efforts, c'est non.
00:44 On en fait déjà assez comme ça tout le temps.
00:52 Vous répétez en boucle que la pension minimum va passer maintenant à 1 200 euros.
00:58 Mais les conditions d'accès à cette pension, celles d'une carrière complète,
01:02 sont tellement drastiques que justement, elles vont éviter les femmes.
01:08 Les femmes justement ont des carrières hachées.
01:10 Elles ne pourront pas profiter de cette pension à 1 200 euros dont vous nous parlez.
01:16 Par ailleurs, il y a une chose qui est sûre, c'est qu'elles vont devoir travailler plus longtemps.
01:20 Et non seulement plus longtemps, mais plus longtemps que les hommes qui vont devoir travailler plus longtemps.
01:24 Puisque selon les études des experts, ce sera le double d'un allongement de la durée du travail pour les femmes nées à partir de 1972.
01:34 C'est un peu compliqué, mais ça prouve quand même que votre réforme accroît les inégalités entre les femmes et les hommes,
01:41 comme toutes les réformes qui sont supposées être neutres, et qui en réalité accroissent toujours les inégalités.
01:47 Puisqu'on parle d'efforts, les femmes en font beaucoup. Je l'ai déjà dit, madame la Première Ministre, vous, vous pouvez en faire un.
01:52 Vous êtes la femme qui peut faire un bel effort en renonçant à cette retraite injuste pour les femmes.
01:58 Pour vous répondre, la parole est au ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Assertion.
02:05 Merci, monsieur le Président, madame la Présidente Rossignol.
02:07 Je ne reviens pas sur les éléments que j'ai donnés en réponse à madame la sénatrice du groupe communiste précédemment.
02:12 Je vais simplement vous dire un certain nombre de choses.
02:15 La réforme que nous menons est une réforme qui porte des protections pour les femmes.
02:19 Vous avez du mal à l'entendre, je crois, ou à le concevoir, mais au-delà des dispositions que nous prenons,
02:24 il y en a une que je n'ai pas rappelée, qui est que nous avons veillé à ce que l'âge de suppression de la décote soit maintenu à 67 ans,
02:31 l'âge de suppression de décote d'aujourd'hui, parce que 20% des femmes ont une carrière incomplète,
02:37 et que ce sont l'essentiel de celles et ceux qui vont jusqu'à 67 ans qui, justement, sont des femmes.
02:43 Et qu'allions-nous avec la retraite minimum à ce que, justement, les femmes qui ont les carrières les plus fragiles,
02:48 les carrières hachées que vous avez décrites, les carrières avec les revenus les plus bas, soient bénéficiaires ?
02:53 La retraite minimum que nous mettons en place va permettre à 200 000 nouveaux retraités par an,
02:57 c'est-à-dire un départ à la retraite sur quatre, de bénéficier d'une pension meilleure avec la réforme que sans la réforme.
03:03 Et les deux tiers de ces bénéficiaires sont des femmes, parce que, justement, et là je vous rejoins,
03:07 les femmes sont les plus exposées à la précarité et aux carrières hachées.
03:11 Il nous manque, pour décrire les mécanismes, mais le fait que nous ayons fait le choix de revaloriser le minimum contributif majoré
03:17 qui est accessible dès 120 trimestres cotisés, le fait que nous ayons fait le choix de revaloriser le minimum contributif de base
03:24 accessible à toutes celles et ceux qui ont travaillé, permet justement de protéger les plus fragiles.
03:29 Nous n'avons pas les mêmes priorités, Madame la Sénatrice. Vous parlez de carrières complètes, nous nous adressons justement
03:36 à celles qui n'ont pas des carrières complètes et qui bénéficieront des revalorisations et des systèmes de protection que nous mettons en place.
03:42 C'est ça notre priorité, protéger les plus fragiles, protéger celles et ceux qui sont exposés à la précarité et aux difficultés de carrière.
03:49 C'est avec cette loi que nous allons le faire et c'est avec cette disposition que nous allons y arriver.
03:53 Je termine par un point pour souligner un point d'accord avec votre question.
03:57 Vous avez cité le rapport du Haut Conseil et l'égalité.
04:00 Et ce Haut Conseil montre aussi que notre système de retraite, qu'on accuse parfois de tous les mots, est aussi le réceptacle d'une vie d'inégalité.
04:07 Travaillons sur ces inégalités, faisons en sorte de les résorber et les retraites seront beaucoup plus justes, tout le monde en sera satisfait.
04:13 Merci.
04:15 [Musique]

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