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Transcription
00:00 La question de la mort c'est une question qui est fondamentale et que tous les êtres humains
00:03 commencent à se poser à partir de 4 ans.
00:05 Mais comment parler de la mort aux enfants ?
00:07 Pourquoi l'oiseau ne bouge plus ?
00:10 Il est où papy ?
00:11 C'est quoi la mort ?
00:13 Si vous avez un enfant dans votre entourage,
00:15 vous serez probablement confronté un jour à ce genre de question.
00:18 Les enfants se posent des questions à partir du moment où ils sont dans l'étonnement devant le monde.
00:22 L'étonnement devant le monde c'est une expérience dont parle déjà Aristote.
00:25 Il disait que c'est une expérience qui distingue les hommes des autres animaux.
00:29 Ce qui nous distingue fondamentalement, c'est notre capacité à s'étonner.
00:32 C'est l'âge des pourquoi, c'est l'âge des comment.
00:34 On voit bien aujourd'hui, on vit dans un monde où il y a eu la pandémie, il y a la guerre.
00:38 Les enfants ne sont pas abrités de ces questions-là.
00:41 Et qu'à partir du moment où ils sont confrontés, il faut les écouter, il faut les accompagner.
00:45 Est-ce qu'ici il y a des vrais morts ?
00:47 Des vrais morts ou c'est juste pour montrer comment c'est un cimetière ?
00:52 Oui, il y a des vrais morts.
00:54 Il y a des vrais morts.
00:55 Non seulement elles sont inévitables, mais faire de ces questions,
00:58 parfois gênantes, un tabou, est contre-productif.
01:01 Ce qui est important avec les enfants, c'est de reconnaître l'angoisse de dire aux enfants
01:06 "Bien sûr, tu es un être humain, donc tu as conscience de la mort,
01:10 et donc cette question t'angoisse."
01:11 Et c'est juste normal, ça angoisse tout le monde.
01:13 De toute façon, quand on est mort, on est mort, il n'y a plus rien à faire.
01:18 C'est aussi leur faire accepter cette vulnérabilité.
01:22 Mais on va les accompagner, on va lire des histoires, on va discuter ensemble.
01:26 C'est une des clés indispensables pour parler philosophie avec des enfants.
01:30 Utiliser un support pour mettre de la distance.
01:33 Je pense qu'il faut toujours, en philosophie, avoir une médiation culturelle.
01:37 La question philosophique qu'on va se poser,
01:40 "Qu'est-ce qu'une vie juste ? Est-ce qu'il faut toujours obéir à la loi ?"
01:43 Ce sont des questions qui peuvent résonner trop fortement avec notre intimité.
01:47 Quand ça résonne trop avec notre intimité, on ne raisonne pas de façon sereine et rationnelle.
01:52 Il faut une bonne distance affective.
01:54 Il ne faut pas non plus que la question philosophique soit trop loin,
01:57 soit trop abstraite, qu'elle ne me concerne pas.
01:59 Il faut trouver une juste mesure entre une question qui serait trop intime
02:03 et une question qui serait trop abstraite.
02:05 Et ça, pour moi, il n'y a rien de mieux que la littérature.
02:07 On retrouve des questions autour de la mort dans la littérature contemporaine,
02:11 comme dans ce livre où un groupe d'amis trouve un oiseau mort.
02:14 Mais aussi dans de nombreuses légendes et contes pour enfants,
02:17 telles "La petite fille aux allumettes".
02:19 Se questionner sur la mort à travers un livre,
02:21 prendre la distance nécessaire pour se poser des questions plus larges.
02:24 Est-ce que la mort peut être quelque chose de positif ?
02:27 Elle est par exemple un soulagement dans ce livre
02:30 où le personnage de la mort vient chercher une personne heureuse de mourir.
02:34 Notre condition d'être mortelle, c'est plutôt une chance pour l'être humain.
02:38 Parce que quand on a conscience de la mort,
02:40 on est obligé de se poser la question de ce qu'il y a avant de mourir.
02:44 Et ce qu'il y a avant de mourir, il y a la vie.
02:46 Et donc la question de la mort, elle nous oblige aussi à nous poser la question
02:49 de qu'est-ce que c'est une vie bonne, qu'est-ce que c'est que le bonheur.
02:52 Et de m'obliger finalement à devoir faire des choix dans mon existence
02:56 pour pouvoir être en résonance et en correspondance
03:00 avec ce que je vais entendre par une vie bonne ou une vie heureuse.
03:04 C'est pour ça que l'enseignement de la philosophie est si important
03:07 dans l'apprentissage des enfants.
03:09 C'est même depuis 2016, une nouvelle chaire de l'UNESCO,
03:12 dont Edwige Chiroutère fait partie,
03:14 avec pour objectif de promouvoir cet enseignement.
03:17 Dans notre système éducatif français, on a quand même une représentation
03:20 de la philosophie qui est à la fois tardive, c'est la dernière année du lycée,
03:23 et très élitiste, parce que ce sont les lycées généraux et technologiques,
03:27 mais pas professionnels, ce qui est un vrai scandale,
03:29 parce que c'est une forme aussi d'indignité, voire d'insulte institutionnelle,
03:32 qui est faite aux enfants des classes populaires
03:34 qui n'auraient pas droit à cet exercice de la pensée.
03:37 Donc l'idée, c'est vraiment de commencer beaucoup plus tôt,
03:39 dès la grande section de maternelle,
03:41 pour permettre à tous et à toutes d'apprendre.
03:44 La philosophie, c'est difficile, c'est pas parce que c'est facile
03:47 qu'on pourrait en faire avec les enfants,
03:48 c'est parce que c'est très difficile qu'il faut commencer tôt,
03:50 et il y a un vrai enjeu de démocratisation de l'accès à la philosophie,
03:54 c'est-à-dire à l'esprit critique, à la pensée complexe, à la vulnérabilité.
03:57 Et lutter contre deux écueils, aujourd'hui, de notre démocratie,
04:00 c'est l'écueil du relativisme, où on pourrait dire tout et n'importe quoi,
04:03 et l'écueil du dogmatisme, où au contraire, il n'y aurait qu'une seule réponse possible.
04:07 D'où l'importance, pour éviter ces écueils,
04:10 de la mise en place d'ateliers collectifs,
04:12 et faits par un autre adulte que le parent,
04:14 pour s'éveiller à d'autres pensées.
04:16 Alors, à quand les ateliers de philosophie en grande section de maternelle ?
04:20 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
04:24 Pourquoi à chaque fois, on sent beaucoup de noir ?
04:28 Pourquoi à chaque fois, on sent beaucoup de noir ?
04:32 [Générique de fin]

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