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Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, était lundi 30 janvier la Grande témoin de la matinale de franceinfo.

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00:00 - Bonjour Anne-Claire Legendre. - Bonjour Marc Fauvel.
00:02 - Porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
00:04 Depuis la semaine dernière, une dizaine de pays ont annoncé la livraison de chars de combat à l'Ukraine.
00:09 Ça va des États-Unis à l'Allemagne, en passant par le Royaume-Uni, la Pologne, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas.
00:15 Mais pas la France. Est-ce que c'est parce que l'armée française n'a pas assez de chars Leclerc pour en offrir ?
00:20 - Alors la France n'est pas en retrait sur cette question. Elle est au contraire en avance de phase.
00:23 Puisque vous savez que le président de la République, le 4 janvier, a annoncé la livraison par la France de chars léger AMX 10.
00:30 Nous étions, à cet égard, les premiers à le faire.
00:33 Et c'est ce qui a déclenché cette dynamique, qui est venue amplifier cette annonce.
00:37 Et c'est d'ailleurs l'objet de la concertation que nous avons pu avoir avec nos partenaires européens et américains très récemment.
00:44 - Y aura-t-il dans les mois qui viennent des chars Leclerc en Ukraine ?
00:46 - Le président de la République a dit que rien n'était exclu.
00:49 Et vous savez qu'il a confié cette discussion au ministre des armées, Sébastien Lecornu.
00:54 Il a aussi fixé un certain nombre de conditions à ce type de livraison, comme toutes les livraisons que nous faisons à l'Ukraine.
01:01 Trois conditions. La première étant que ce ne soit pas escalatoire. Et c'est notre appréciation que cela ne l'est pas.
01:07 La deuxième, c'est que ce soit utile sur le terrain aux forces armées ukrainiennes.
01:11 Et vous savez que cela pose toute une série de questions en matière de logistique, de maintenance, de formation des forces armées ukrainiennes à tous ces équipements différents.
01:20 Et enfin, que cela ne prive pas la nation française de ses capacités de défense.
01:24 - Sur ce terme utilisé par Emmanuel Macron, il ne faut pas que ce soit escalatoire.
01:27 A partir du moment où les autres le font, est-ce que cet argument tient toujours ?
01:32 - Alors cet argument, c'est celui que nous évaluons dans toutes les livraisons que nous faisons à l'Ukraine.
01:36 Mais je voudrais à cet égard rappeler quelque chose de très clair.
01:39 Pour nous, l'escalade aujourd'hui, elle est du côté de la Russie.
01:42 C'est la Russie qui agresse un pays qui est agressé en violation totale du droit international.
01:48 Et je rappellerai à nos auditeurs que nous ne sommes pas en guerre.
01:51 Nos partenaires ne sont pas en guerre.
01:53 Nous sommes juste en train d'aider l'Ukraine qui est en légitime défense conformément au droit international sur son propre territoire.
02:02 - Cette position finalement sur un fil de la France,
02:05 est-ce que c'est une façon aussi de ne pas trop fâcher Vladimir Poutine, de maintenir un lien avec lui ?
02:10 - Absolument pas. Aujourd'hui, nous répondons aux besoins exprimés par les Ukrainiens.
02:14 Et donc les besoins qui s'expriment aujourd'hui vis-à-vis de la France de façon prioritaire,
02:20 c'est un besoin en matière d'artillerie.
02:22 Vous savez que les canons César ont été livrés à l'Ukraine et répondent de façon très satisfaisante à leurs besoins.
02:28 Mais aussi en matière de défense antillienne.
02:31 Vous avez vu encore cette nuit des frappes contre des infrastructures civiles,
02:35 contre même des résidences d'Ukrainiens en violation du droit international humanitaire.
02:40 - Si je vous pose cette question, c'est que pendant des mois, l'Elysée a régulièrement communiqué sur des coups de fil entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.
02:47 Depuis plusieurs mois, on n'a plus d'informations là-dessus.
02:50 Est-ce à dire qu'il n'y a plus de coups de fil entre les deux hommes ?
02:53 - Alors, il n'y a pas eu d'appel depuis en effet quelques semaines.
02:57 - Quelques semaines. - Quelques mois. Je n'ai pas la date exacte en tête.
03:01 Mais la volonté qui est celle du président de la République, ça a été de ne jamais fermer ce canal de dialogue
03:06 dont nous estimons qu'il pourrait être utile à un moment où les Ukrainiens pourraient décider d'entrer en négociation.
03:13 Ce moment aujourd'hui, il n'est pas venu.
03:15 Nous avions aussi utilisé ce canal de discussion, et c'était la volonté du président de la République et de la ministre,
03:20 que d'utiliser ces canals de discussion pour pouvoir arriver à des choses utiles sur le terrain.
03:25 Notamment, vous vous souvenez, la centrale nucléaire de Zaporizhaz,
03:28 sur laquelle l'intervention de la France avait permis le déploiement de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
03:35 - Mais le dialogue direct entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine n'est pas rompu.
03:38 S'il le faut, Emmanuel Macron peut demain matin décrocher son téléphone ?
03:41 - Le président de la République ne l'a pas exclu.
03:43 - Vladimir Poutine estime que la livraison des chars, constitué des chars par d'autres pays,
03:48 constitue un engagement direct de l'OTAN en Russie.
03:50 C'est aussi ce qu'a dit la ministre allemande des Affaires étrangères,
03:53 qui affirme que l'Allemagne est en guerre aujourd'hui contre la Russie.
03:57 Vous ne dites pas la même chose, vous ?
03:59 - Nous disons ce que disent tous nos partenaires.
04:01 Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie.
04:04 - C'est exactement l'inverse de ce qu'a dit la ministre allemande.
04:06 - C'est une position de la totalité de nos partenaires.
04:08 Là-dessus, il y a une pleine convergence.
04:10 Je vous rappelle que le chancelier Scholz était encore à Paris pour les 60 ans du traité de l'Elysée,
04:16 il y a une semaine, et là-dessus, il y a une parfaite convergence avec nos partenaires.
04:21 Il y a eu aussi un quint au niveau des chefs d'Etat.
04:24 - Un quoi, pardon ?
04:25 - Un quint, c'est un appel entre le président de la République et ses homologues d'Italie,
04:33 de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et d'Allemagne,
04:36 qui a marqué notre parfaite convergence sur ce point avec tous nos partenaires.
04:39 - La France pourrait-elle livrer des avions de chasse, comme le demande désormais Volodymyr Zelensky ?
04:44 - Toutes ces questions sont étudiées.
04:46 Vous avez entendu les demandes qui sont faites par les autorités ukrainiennes,
04:50 mais comme je l'indiquais, les besoins qui nous sont aujourd'hui prioritairement exprimés par les autorités ukrainiennes,
04:56 c'est de l'artillerie, des systèmes antiaériens, et c'est aussi des munitions et des véhicules de lave-l'amblant blindés.
05:04 - C'est le président Zelensky qui a réclamé les avions de chasse à ses partenaires ?
05:07 - Il l'a exprimé, mais nous agissons en complémentarité avec tous les partenaires,
05:11 et la ministre des Affaires étrangères, Mme Kolona, comme vous le savez,
05:14 était sur le terrain il y a tout juste quelques jours, elle était à Odessa,
05:17 elle a été à Dosa qui était le jour même frappée par des frappes russes.
05:23 Pour s'entretenir avec Dmitrii Kouleba, son homologue,
05:26 elle a pu discuter de la totalité des aspects de l'aide française à l'Ukraine.
05:29 - Les avions de chasse, ce serait escalatoire ?
05:31 - Je n'ai pas d'appréciation à porter ce matin en la matière,
05:34 je dis juste que ce n'est pas la demande qui est portée aux autorités françaises aujourd'hui.
05:37 - Anne-Claire Legendre, Burkina, l'agente militaire qui est au pouvoir,
05:40 a donné un mois à la France pour qu'elle rapatrie les 400 militaires présents sur son sol.
05:44 La France va-t-elle s'exécuter ?
05:46 - Alors, comme nous l'avons déclaré, il y a une semaine nous avons reçu,
05:50 en effet, une dénonciation de l'accord de 2018
05:53 qui prévoyait la présence sur le territoire burkina d'un détachement français
05:59 de lutte contre le terrorisme.
06:02 Et nous avons donc évidemment accusé réception de cette décision.
06:06 Nous agissons toujours dans le respect des souverainetés des états.
06:10 - Donc les militaires français vont faire leur valise ?
06:12 - Et donc cette décision, elle sera évidemment suiviste au président de la République,
06:16 comme l'a indiqué le ministre des Armées de décider du calendrier,
06:19 mais en tout état de cause, cette décision sera mise en ose en bon ordre,
06:24 en transparence et en coordination avec les autorités burkinovées,
06:27 comme nous l'avons fait partout au Sahel.
06:29 - Pas forcément dans le délai fixé par le Burkina Faso ?
06:32 - Je n'ai pas de détails sur la partie opérationnelle,
06:35 ça, ça se relève vraiment du ministère des Armées,
06:38 mais nous avons évidemment pour intention de respecter nos accords
06:42 et de nous en tenir au respect de la souveraineté des états.
06:45 - Ce scénario s'est déjà produit dans d'autres pays d'Afrique,
06:48 Centrafrique et Mali notamment, avec à chaque fois que la France s'en va,
06:52 une montée en puissance du rôle de la Russie
06:55 et des mercenaires de la milice Wagner.
06:57 A votre connaissance, ces mercenaires russes sont-ils déjà présents aujourd'hui au Burkina ?
07:02 - Je n'ai pas d'informations à cet égard.
07:04 - Aucune information ?
07:05 - Aucune information, vous communiquez à cet égard.
07:08 - Ça changerait quelque chose à la situation ou pas ?
07:10 - Ce que nous voyons aujourd'hui du déploiement de cette milice en Afrique,
07:14 c'est une politique systématique de spoliation,
07:18 d'exaction vis-à-vis des populations locales
07:21 et surtout de perte de souveraineté des états.
07:23 Donc cet état de cause, nous le voyons au Mali
07:27 où la situation sécuritaire s'est très gravement dégradée
07:31 depuis l'arrivée de Wagner sur le territoire.
07:33 Nous avons pu voir la même chose en République centrafricaine
07:36 et au Mozambique où cette milice s'est livrée à des exactions et des pillages des ressources.
07:41 Donc cette situation est bien connue de tous les dirigeants africains aujourd'hui.
07:44 - Merci à vous, Anne-Claire Legendre, porte-parole du Quai d'Orsay, Grand Témoin de France Info.
07:48 - Je vous remercie.

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