Après une première salve de taxes, le président américain impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle série de droits de douane, dont une surtaxe supplémentaire de 20% pour l'Union européenne. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-09-avril-2025-7392059
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député Picardie Debout qui se lance dans un tour de France avec en vue la présidentielle de 2027.
00:10Vos questions, vos réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:17François Ruffin, bonjour.
00:19Bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Et bienvenue sur Inter, vous vous dites légitime à représenter la gauche.
00:25Vous avez officialisé ces derniers jours vos ambitions pour 2027, on va en parler dans quelques instants.
00:33Mais d'abord, l'état du monde et cette guerre commerciale accélérée de manière spectaculaire par Donald Trump.
00:40En trois mois, il aura mis fin avec sa politique protectionniste et ses droits de douane à plus d'un demi-siècle de libre-échange.
00:50Voilà des années, François Ruffin, que vous appelez au protectionnisme ici, en Europe.
00:56Sur le fond, êtes-vous aussi éloigné que ça de ce que fait Trump depuis une semaine ?
01:04Écoutez, Donald Trump rompt de manière brutale, unilatérale, agressive, avec 30 ans d'ordre mondial commercial.
01:13Maintenant, je vais le dire plus tard, mais moi je ne l'aurais pas fait du tout de cette manière-là.
01:18Je pense qu'il le fait de manière stupide et stupide d'abord pour son pays lui-même.
01:21Mais on est en France et je considère qu'ici, à votre micro, je dois dire tant mieux.
01:27Je dois dire tant mieux parce que c'est une chance pour l'Europe et une chance pour la France.
01:31Vous savez, on ne peut pas, il y a 15 jours ou dans les mois qui précèdent, parler de souveraineté,
01:36de souveraineté sur l'industrie, de souveraineté sur l'industrie de défense
01:40et penser qu'il n'y a pas un enjeu à avoir des protections, à avoir des régulations
01:47et en avoir en partie une sortie de la mondialisation si on prend au sérieux la question de l'industrie.
01:52Donc il a raison.
01:53Sur le fond, on entend vos critiques sur la méthode, mais sur le fond, mettre des barrières douanières,
01:59taxer tout produit qui entre sur le sol américain à 20, 30 ou 40%,
02:03c'est ce qu'il faut faire ici chez nous ?
02:06C'est ce qu'il ne faut pas faire.
02:07C'est ce qu'il ne faut pas faire parce que pour moi, il n'a jamais été question.
02:10Vous savez, ça fait des décennies que j'ai réfléchi à ça parce que je considère qu'en Picardie,
02:14j'étais en première ligne pour voir des industries partir en série de mon coin.
02:18Mais jamais j'ai pensé qu'il fallait relever de 20, 30, 40% de manière unilatérale sur tous les produits.
02:24Il nous faut un plan.
02:25Il faut le plan des 100.
02:27Il faut le plan des 100 produits sur lesquels on veut retrouver notre autonomie.
02:31Et là-dessus, oui, on met en place des taxes aux frontières, des barrières douanières, des quotas d'importation.
02:37Qu'est-ce que c'est ces 100 produits, par exemple ?
02:39C'est les aliments, les médicaments évidemment.
02:44Ce sont les masques, les surblouses en cas de crise sanitaire, c'est la poudre, les obus en cas de guerre, c'est l'acier.
02:50Parce que je mets cette alerte-là.
02:52Si on ne veut pas de protection, aujourd'hui, c'est l'acier qui disparaît.
02:56Ma siège est faite d'acier.
02:58Si je n'ai pas d'acier, je tombe par terre.
03:00Si jamais on n'a pas d'acier, il n'y a pas d'industrie de défense.
03:04Si jamais l'Europe s'est fondée, la CK, sur l'acier.
03:09Or, aujourd'hui, si on laisse faire, c'est la fin de l'industrie de sidérurgie française, la fin de l'industrie de sidérurgie européenne.
03:16Mais vous mettez des droits de douane de combien sur ces 100 produits ?
03:19Il y a plusieurs instruments, vous savez, il y a les quotas d'importation, il y a les barrières douanières, il y a les instruments de défense technique.
03:26Ce que je veux vous dire, Madame Salamé, c'est que ce matin, ce n'est plus le François Ruffin qui a porté de manière un peu solitaire cette idée-là pendant des années.
03:35Aujourd'hui, c'est devenu une évidence, y compris chez les patrons.
03:39C'est le patron de Valeo qui dit ça.
03:41Ce sont les patrons de la sous-traitance automobile qui disent ça.
03:44C'est la fédération de la chimie qui dit ça.
03:47C'est le patron de Michelin qui dit ça, que si on ne met pas en place des défenses, on est cuivre.
03:51Vous savez, par exemple, on vient de promouvoir l'agri-voltamisme.
03:56C'est mettre des panneaux photovoltaïques dans les champs.
03:59Mais à un moment où la France vient de perdre sa dernière usine de fabrication de panneaux solaires,
04:05où ils partent en série en Allemagne, c'est fini pour toute l'Union européenne.
04:10Et on est dans une dépendance maintenant totale sur un produit stratégique, sur l'énergie de la Chine, désormais à 100%.
04:16Je comprends et on comprend, mais vous les mettez où les droits de douane ?
04:21Vous les mettez à quelles frontières ? Aux frontières françaises ou aux frontières européennes ?
04:24Aujourd'hui, c'est l'Europe qui doit penser différemment.
04:28Je constate que franchement, ils sont toujours aussi nuls.
04:31Mais il y a à changer et à faire changer tout ce qui se passe au niveau de l'Union européenne.
04:36Et on doit peser évidemment là-dessus. La France doit peser là-dessus.
04:39Sur ça, vous avez évolué.
04:41Parce qu'un temps, vous disiez, moi je veux mettre des droits de douane et de faire du protectionnisme au niveau français.
04:46Là, vous parlez d'Europe ?
04:47Je dis toujours, il y a des mesures qui peuvent être prises au niveau français.
04:51Par exemple, à un moment, Emmanuel Macron a voulu relancer l'industrie du masque, vous savez.
04:55Et il a donné des millions d'euros pour qu'il y ait des usines de masques.
04:58Elles ont fermé dans les six mois, dans l'année qui suivait.
05:01Pourquoi ? Parce que 99% de nos masques continuent à être importés de Chine.
05:05Mais parce que 97% de notre commande publique, des pompiers, des lycées, des hôpitaux, importaient de Chine aussi.
05:12Et là, en revanche, sur la commande publique, on peut faire de la commande publique qui va être « buy French back ».
05:16Des mesures protectionnistes aux frontières françaises, sur certaines, et aux frontières européennes sur d'autres.
05:22Je dis qu'il y a des outils.
05:24Par exemple, la commande publique est un outil qui peut être actionné au niveau français sans attendre l'Union européenne.
05:30Mais je dis qu'en revanche, il s'agit de faire bouger l'Union européenne.
05:32Parce qu'on ne peut pas faire des grands sommets sur la souveraineté en matière de défense et en matière militaire il y a 15 jours.
05:40Et 15 jours après, dire que sur notre industrie de défense, on n'aurait plus d'industrie de défense en France
05:45si jamais l'industrie de défense ne s'était pas exonérée de l'Organisation mondiale du commerce
05:51parce qu'il y a eu de la commande publique, parce qu'il y a eu de la planification en la matière.
05:55C'est ce qui a sauvé en partie notre industrie de défense.
05:57Je veux dire que sur ce sujet-là, je pense qu'il y a moyen qu'on rassemble le pays.
06:03Que si jamais on disait aux députés, bosser sur identifier les sans-produits, sur faire un plan là-dessus,
06:10je suis convaincu qu'on pourrait siéger pendant tout l'été.
06:12Et vous savez, à la place de diviser, d'enliser les syndicats et le patronat aujourd'hui dans un conclave,
06:19je suis convaincu que les syndicats de salariés seraient prêts à signer là-dessus et que le patronat aussi.
06:23Je pense qu'il y a moyen de rassembler le pays pour se demander sur les 100 produits sur lesquels on veut retrouver notre autonomie.
06:31François Ruffin, face à la hausse des droits de douane, la Commission européenne promet de réagir,
06:38tout en maintenant la voie de la négociation encore ouverte.
06:42Est-ce que c'est la bonne solution ou il faut la méthode chinoise œil pour œil, dent pour dent ?
06:49Écoutez, j'ai lu les pages que Ursula von der Leyen consacre à la riposte.
06:56C'est ridicule.
06:58Dedans, vous savez qu'il y a les bidets, il y a les chewing-gums, il y a les combinaisons de ski, il y a la viande de reine.
07:07Est-ce qu'on a pour ambition, en France, en Europe, d'avoir une renaissance de l'industrie du bidet ? Non.
07:13Non mais vous avez bien compris, le bidet on en est loin maintenant, c'est plus ça la question,
07:18vous avez bien compris qu'ils ont deux choix au niveau de la Commission européenne.
07:22Soit ils font à la chinoise, c'est-à-dire on augmente immédiatement nos droits de douane,
07:27au risque de l'escalade et au risque de faire perdre des profits à nos entreprises françaises et européennes.
07:34C'est ça le risque, c'est ça qu'il faut peser, parce que tout le monde aurait envie de dire
07:37« Ah oui, d'accord, tu nous augmentes de 30% ! »
07:39Tout le monde n'est pas moi.
07:40« Oeil pour oeil, dans pour dents, donc qu'est-ce qu'il faut faire ? »
07:42Non, on ne dit pas tout le monde, tout le monde n'est pas moi.
07:43Alors, que préconise François Ruffin au niveau de la Commission européenne ?
07:48On veut une riposte symbolique.
07:50Bon, quel est le symbole de l'Amérique de Trump et de Musk ?
07:53C'est la Tesla.
07:54Plus une voiture Tesla vendue sur le continent européen.
07:58Donc vous interdisez Tesla ?
08:00On interdit.
08:00Si on veut prendre une mesure symbolique, on frappe là-dessus.
08:03Deuxième point, évidemment, les GAFA,
08:05sur lesquels il s'agit de retrouver une souveraineté numérique,
08:08dans un premier temps, on les taxe,
08:10dans un deuxième temps, on les remplace.
08:12Mais surtout, il faut bien comprendre que ce n'est pas par le travail,
08:16ce n'est pas par, finalement, les biens
08:19qu'on est concurrencés aujourd'hui par les Américains.
08:21Le problème, c'est qu'on l'a vu avec Alstom Energy,
08:24on l'a vu avec Technip, on l'a vu avec Latéco Air,
08:27c'est que ces dix dernières années,
08:28ce sont 1500 entreprises françaises, souvent des fleurons,
08:31qui ont été rachetées par des fonds anglo-saxons, américains.
08:34C'est là-dessus qu'on doit empêcher ça.
08:36Plutôt que de faire la danse du ventre
08:38pour attirer les capitaux américains dans notre pays,
08:41on doit se demander sur quoi on maintient notre souveraineté
08:43et on refuse...
08:44Et donc on fait quoi avec les entreprises qui...
08:46Expliquez nous...
08:47Celles qui les sont déjà, on va avoir bien du mal à exproprier.
08:52Je ne propose pas ça.
08:53Mais par contre, je dis, pour la suite,
08:55plutôt que d'aller faire la danse du ventre dans des tchous-frances
08:57pour attirer les capitaux américains,
08:59on devrait plutôt s'en protéger.
09:00Ils viennent, François Ruffin, ils viennent.
09:01Et depuis l'élection de Trump, ils viennent beaucoup.
09:03Et je dis qu'il n'en faut pas.
09:04Les capitaux américains.
09:04Vous ne voulez pas les capitaux américains ?
09:06Je dis qu'il n'en faut pas.
09:07Je dis qu'on a un capital national en matière d'assurance-vie et ainsi de suite,
09:10qu'on doit d'abord mobiliser le capital national
09:12et qu'on ne doit pas laisser partir, par exemple,
09:14le Doliprane aux Etats-Unis.
09:16Donc ça veut dire maintenir une souveraineté.
09:18Aujourd'hui, vis-à-vis des Américains,
09:20ça se joue plus sur le capital que sur les droits de douane.
09:23Les industriels français étaient réunis hier à Bercy autour du ministre Marc Ferracci
09:28pour tenter d'élaborer une position commune face à la guerre commerciale.
09:33La semaine dernière, Emmanuel Macron a appelé les industriels à suspendre leurs investissements aux Etats-Unis.
09:41Quel message enverrions-nous si de grands acteurs européens investissaient des milliards dans l'économie américaine
09:48au moment où les Etats-Unis s'en prennent à nous, disait Emmanuel Macron ?
09:52Il a eu raison de le faire.
09:54Je vous dis, ce n'est pas la réponse que je propose.
09:56Là, ils se reposent sur les patrons en leur disant
09:58« n'allez pas investir aux Etats-Unis ».
10:00Bon, c'est leur faire confiance pour ça.
10:03Vraisemblablement, ils iront là où il y a du profit, mais comptons sur leur patriotisme.
10:07Je dis en revanche, il y a quelque chose où M. Macron a la main,
10:10c'est les investissements américains sur le sol français, voire européens.
10:14Et là, s'il veut, c'est lui qui peut dire « non, c'est fini ».
10:17Mais l'appel au patriotisme, qu'est-ce que vous en pensez ?
10:19Parce qu'à la fin, qu'est-ce que vous feriez à sa place face à ces grandes entreprises ?
10:24Et on l'a vu au début de l'arrivée de Donald Trump.
10:26C'est-à-dire que quand Donald Trump promet une baisse de l'impôt sur les sociétés à 15%,
10:30alors que chez nous, elle est à 25%,
10:32les grands patrons, effectivement, et on les a vus,
10:34que ce soit Stellantis, LVMH, CMA, CGM,
10:38ils sont partis aux Etats-Unis, ils ont commencé à investir là-bas,
10:41à ouvrir des usines là-bas.
10:42Vous leur diriez quoi ?
10:44Écoutez, d'abord, la question c'est, est-ce qu'ils vont produire aux Etats-Unis pour le monde,
10:48pour l'Europe, ou est-ce qu'ils vont produire aux Etats-Unis pour les Etats-Unis ?
10:51Si c'est ça, je l'entends.
10:53Si c'est en revanche pour faire de l'importation ici en Europe, je ne l'entends pas.
10:56Mais je vous redis, sur la question industrielle,
10:59on est bénéficiaire dans nos exportations avec les Etats-Unis.
11:02Donc le souci n'est pas là.
11:03Il ne faut pas prendre la proie pour l'ombre.
11:05Aujourd'hui, on a un souci sur ça, qui est vis-à-vis de l'Est, vis-à-vis de la Chine, notamment.
11:11Et ce souci va être redoublé, parce que comme les exportations chinoises ne parviendront pas aux Etats-Unis,
11:16ça va d'autant plus débouler sur le marché européen.
11:19Donc je dis l'urgence de se protéger, et je ne suis pas le seul à tirer la sonnette d'alarme.
11:23Vous savez, quand je vais sur le site d'Arcelor à Dunkerque, sur l'acier,
11:28ce sont les ouvriers qui m'alertent dans l'endroit où se trouve le plus grand haut fourneau d'Europe.
11:32Parce qu'il est en fin de vie et ça sera bientôt fini.
11:35Mais c'est aussi le patron d'Arcelor qui vient en commission des affaires économiques
11:39et qui nous prévient qu'il va aller produire en Brésil ou en Inde,
11:43parce que c'est moins cher là-bas, et qu'il importera si jamais on ne met pas de protection.
11:47Donc il y a la nécessité aujourd'hui.
11:48Il vous dit aussi, n'augmentez pas trop nos impôts sur les sociétés, François-Réphane Cessac.
11:52Non, ce n'est pas ce qu'il vient dire.
11:55Ce n'est pas ce qu'il vient dire.
11:56Il faut les augmenter à nouveau.
11:58Emmanuel Macron les a baissés de manière drastique.
12:00On est passé de 33% à 25%.
12:02Vous, si vous revenez au pouvoir, il faut revenir à 33% d'imposition sur les sociétés.
12:06Écoutez, Madame Salamé, moi je regarde ça.
12:08Je regarde les échos de mon ami Bernard Arnault.
12:11Je vois quoi dans les échos ?
12:12Un nouveau record de dividendes.
12:14Les entreprises tricolores ont une nouvelle fois été les premières contributrices à l'échelle européenne.
12:19Une hausse moyenne de 8,2%.
12:20Donc il faut les taxer davantage.
12:21Vous savez, il y a 80-90% des Français qui trouveraient juste que dans notre pays,
12:25les petits payent petit et que les gros payent gros.
12:27Et que, oui, là où il y a des hyper-dividendes, là où il y a des méga-froses-filles,
12:31la justice fiscale, si on veut faire du commun, c'est qu'en effet, elle paye davantage.
12:36François Ruffin, il y a l'économie selon Trump, mais il y a aussi la guerre idéologique menée contre les chercheurs, contre les sciences,
12:45les listes entières de mots désormais interdits.
12:49Cette dimension du trumpisme, elle vous glace ?
12:54Alors vous allez dire que ce matin, j'ai choisi décidément l'optimisme de la volonté plutôt que le pessimisme de la lucidité.
13:00Parce que je veux en faire à nouveau une chance.
13:02Vous avez décidé de défendre Donald Trump.
13:03Non, non, pas du tout.
13:05Entendez bien que sur les droits de douane, je ne dépends pas du tout la méthode de Donald Trump.
13:09Et là, au contraire, mais je veux dire, faisons-en une chance.
13:14Je veux dire, on nous a dit que pendant des années, les cerveaux partaient aux Etats-Unis.
13:18Faisons-les revenir.
13:19Ayons un grand plan d'accueil, je dis de réfugiés scientifiques.
13:23Parce qu'aujourd'hui, c'est la science.
13:25Il faut les payer.
13:26Pardon ?
13:26Il faut les payer mieux.
13:27Eh bien oui, je suis favorable à ce qu'il y ait un grand plan.
13:30Plutôt qu'on entraîne nos universités dans la misère, parce qu'en vérité, on a diminué très nettement le budget par étudiant,
13:36et très nettement diminué le budget de nos facultés,
13:38il s'agirait aujourd'hui de le revaloriser pour deux raisons.
13:42D'abord, pour attirer ses cerveaux, qui en effet, il y a une chasse à la science,
13:46il y a une guerre au savoir qui est menée aux Etats-Unis,
13:48et il y a un certain nombre de personnes qui pourraient avoir une aspiration pour un lieu de refuge et un lieu d'accueil,
13:55mais aussi parce que comment on pense qu'on va gagner la bataille économique demain et qu'on va redevenir une puissance ?
14:01Je vous ai dit la nécessité de protection.
14:04Est-ce que je prétends que ça suffit ?
14:05Non.
14:06Il est évident qu'il y a besoin d'innovation.
14:07L'innovation, on ne l'aura que parce qu'on aura une ébullition.
14:11Je dis aussi, vous voyez ma surprise, dans ce temps où le monde bascule.
14:15Un jour, enfin, il y a deux semaines, le monde bascule sur la sécurité mondiale et en particulier européenne.
14:19Oui, on va y venir justement.
14:20Aujourd'hui, le monde bascule sur la guerre commerciale.
14:23La guerre commerciale.
14:24Et je ne sens pas un pays en ébullition où on aurait des chercheurs, des scientifiques, des intellectuels qui se réuniraient à l'Elysée, dans les ministères, à l'Assemblée et qui viendraient imaginer.
14:34Parce que là, on change d'époque.
14:36Le temps où c'était concurrence, croissance, mondialisation, qui fonctionnait à tir larigot et que ça formait le cadre duquel on ne pouvait pas sortir.
14:45C'est fini.
14:46Donald Trump le fait exploser.
14:48Donc soit on fait du bouche à bouche à ça, soit on fait du massage cardiaque au libre-échange, soit on se dit que c'est le temps de l'imagination au pouvoir.
14:55Il faut imaginer autre chose.
14:56Et ça, ça doit se faire avec des intellectuels.
14:57Sur la défense, l'autre versant de l'arrivée de Trump, c'est la politique européenne de réarmement partout.
15:02Les 27 augmentent leur budget de défense.
15:04On parle aujourd'hui d'une défense commune.
15:06Commune, vous êtes favorable à ça, François Ruffin.
15:08Vous êtes où sur la question de la défense commune et sur la question de l'augmentation des budgets militaires ?
15:13Emmanuel Macron, Edouard Philippe parlent d'arrivée à 3,5% du PIB.
15:17Vous, vous dites quoi ?
15:18Écoutez, il y a une course à l'échaloc.
15:19Un jour, c'est 3%.
15:20Le lendemain, c'est 5%.
15:22Vous, vous dites quoi ?
15:22On revient à 3,5%.
15:23Je dis d'abord, il faut identifier nos points de faiblesse.
15:27Et là, on a vu des points de faiblesse dans la guerre en Ukraine, alors que nous ne sommes pas directement engagés.
15:32On est à court des produits de base.
15:33Tout comme pendant la crise Covid, on avait été à court des produits de base.
15:36C'est-à-dire les masques et les surblouses.
15:38Là, on se retrouve à court des produits de base.
15:40Les obus, les munitions, la poudre.
15:43Les choses de base.
15:43Donc évidemment, là-dessus, il faut retrouver notre souveraineté et il faut investir sur ce terrain-là.
15:48Et ensuite, il faut voir comment on ne fait pas en Europe une série d'armées bonsaïes.
15:52Et vous savez qu'on dit que l'armée française utilise une armée bonsaïe, c'est-à-dire qu'elle a tout en petit.
15:56Il ne faudrait pas qu'on ait 27 fois tout en petit dans l'Union européenne.
15:59Et donc, vous êtes favorable à une défense commune ?
16:01Je suis favorable.
16:02Alors, non pas à une norme de la défense, mais à une défense de l'Europe.
16:05Et évidemment, ça demande des moyens.
16:07C'est pas la différence.
16:07C'est-à-dire que je ne crois pas qu'il y aura une grande armée européenne.
16:10Et je ne le souhaite pas.
16:11Mais là, il n'en est pas question, là, pour l'instant.
16:13C'est pour ça que je fais la nuance et que je dis que je suis favorable à une défense de l'Europe.
16:18C'est-à-dire à ce qu'il y ait des moyens mis en commun, que ça soit coordonné.
16:22Alors, est-ce que c'est l'OTAN ? Est-ce que c'est plus l'OTAN ?
16:24Est-ce que c'est l'OTAN sans les Américains ?
16:25Mais qu'il y ait une coordination de cette défense de l'Europe.
16:29Et qu'on ne fasse pas des séries d'armées côte à côte, mais qu'il y ait bien une coordination entre elles.
16:34Oui, deux questions sur l'application Radio France.
16:37Thomas, bonjour.
16:39Pour le travail, j'utilise beaucoup Google Docs.
16:42Pas parce que c'est américain, mais parce que c'est ergonomique.
16:46On peut notamment l'utiliser sur son portable.
16:48Avec l'application dédiée, vouloir remplacer les entreprises américaines est une idée à l'emporte-pièce.
16:55Hervé, bonjour.
16:57Les Tesla Model Y sont fabriqués en Allemagne.
17:00Réponse de M. Ruffin, s'il vous plaît.
17:02Alors, sur les Tesla, j'en ai bien conscience qu'elles sont fabriquées en Allemagne.
17:06Maintenant, je dis de la même manière qu'on a fait un Airbus européen par la coopération entre les pays.
17:12Je pense que se dire, voilà, on en finit avec Tesla et on fait une voiture électrique européenne par la coordination entre les pays où tout serait à 100% européen à l'intérieur de cette voiture-là.
17:23Oui, mais ça, c'est dans un moyen terme.
17:25Le moyen terme, vous savez, vous avez...
17:28Vous fermez l'usine Tesla en Allemagne ?
17:29Non, immédiatement, on continue de produire, mais on produit autre chose.
17:32On produit un autre type de voiture électrique.
17:34Bon, voilà.
17:35Et ensuite, j'ai bien conscience que le remplacement des logiciels, et pas seulement des logiciels, ne va pas se faire en un claquement de doigts.
17:42C'est pour ça que j'ai bien dit, dans un premier temps, on taxe les GAFA, parce qu'aujourd'hui, les GAFA échappent à l'impôt.
17:48Bon, quasiment complètement.
17:50Et dans un deuxième temps, il faudra aller vers le remplacement et pas être dépendant.
17:54Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, le nouvel or de nos pays, ce sont les données.
17:59Et on a une aspiration des données qui se fait aujourd'hui par les Etats-Unis et par le biais des GAFA.
18:04Google Docs, vous l'utilisez, vous ?
18:05Mais j'utilise plein de choses.
18:07J'utilise des frigos.
18:08Vous êtes même sur X ?
18:09Mais je suis...
18:10Voilà, il est évident qu'on ne va pas se dire, ah ben tiens, je me coupe un bras.
18:13Est-ce que ma chaise, elle est bien française ?
18:15Je vais cesser de m'asseoir sur ma chaise quand je rentre dans le studio.
18:17Mais quand vous dites on taxe ou on interdit Tesla, c'est qu'on n'a pas d'alternet.
18:22Je le dis, mais sur la voiture, excusez-moi madame.
18:24Sur les réseaux sociaux, on en a.
18:26C'est pour ça que pour l'instant, c'est quand même un grand échec.
18:30C'est quand même un grand échec de la Macronie, qui nous a prétendu être la start-up nation depuis maintenant une dizaine d'années.
18:36Et finalement, on se retrouve dans une totale dépendance des réseaux sociaux américains ou chinois aujourd'hui.
18:42C'est un échec français, un échec européen.
18:45Il s'agit d'en sortir.
18:45Quelques questions politiques, il reste quelques minutes.
18:47D'un mot, la course à la présidentielle semble ou s'être ouverte la semaine dernière avec une sortie probable de sa favorite, Marine Le Pen,
18:54condamnée à 4 ans d'emprisonnement et à 5 ans d'inéligibilité avec application immédiate.
18:58Elle a fait appel de sa condamnation.
19:00Jean-Luc Mélenchon et votre ancien parti, La France Insoumise, estiment que la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple et pas à la justice.
19:06Donc vous avez compris cette réaction ?
19:08Non, c'est une réaction que je n'ai pas comprise.
19:10D'autant plus que je me souviens qu'il y a une dizaine d'années, on manifestait Place de la Bastille avec des balais pour une opération coup de balais au moment de l'affaire Cahuzac.
19:21Et c'était un temps où on avait comme souci la probité et l'exemplarité au cœur d'un programme de gauche.
19:29Donc je pense qu'il faut le maintenir.
19:30Je vois qu'il y a eu une séance de rattrapage qui s'est déroulée le week-end dernier.
19:34Donc j'espère qu'on va en revenir sur plus une ligne de défense de l'état de droit et des magistrats.
19:38Et puis il y a vous François Ruffin, vous avez lancé récemment un tour de France de meeting et de réunion publique.
19:45Une campagne que vous avez appelée Notre France ce week-end dans la tribune dimanche.
19:50Vous vous êtes déclaré déterminé à être candidat à la présidentielle et légitime à représenter la gauche.
19:59Ce qui veut dire que vous êtes officiellement candidat pour 2027 ?
20:04Vous savez, c'est une chose que je prends très au sérieux.
20:06Être candidat à présider la France, ça veut dire 500 maires, ça veut dire 5 millions d'euros
20:11et ça veut dire des soutiens, des militants qui se trouvent partout dans le pays.
20:15Ce n'est pas l'heure de ça.
20:16Aujourd'hui, ce que par contre j'ai vu, c'est une espèce d'apathie, je le disais, dans le pays mais à gauche aussi
20:23et qui fait que dans un temps où tout bascule, quand on demande aux gens comment ça va,
20:28ils font la liste de tout ce qui ne va pas.
20:30Et je me suis dit, comment on fait pour remettre de l'énergie ?
20:33Comment on fait, comme le chantait Johnny, pour redonner l'envie d'avoir envie ?
20:36Et donc, notre France, c'est notre France qui protège, qui protège l'industrie,
20:41qui protège les emplois, qui protège la santé, qui protège le vivant, qui protège les enfants.
20:45C'est une déclinaison d'une France qui protège.
20:47Vous savez, je pense que la question de la protection est aujourd'hui centrale.
20:50Et si j'ai eu une grande colère populaire depuis des années et des années, qui ne naît pas aujourd'hui,
20:56c'est parce que les gens ont la certitude de ne plus être protégés.
21:00Olivier Faure souhaite une primaire de la gauche sans Jean-Luc Mélenchon.
21:05C'est ça ce qu'il faut faire ?
21:07En tout cas, il faut une candidature commune.
21:09Il va falloir avancer.
21:10On ne peut pas se permettre, dans le temps où il y a l'extrême droite et l'extrême argent qui prennent en tenaille,
21:17on ne peut pas se permettre, dans ce temps-là, d'avoir la division qui pèse sur notre camp.
21:24Mais une candidature commune, ça pourrait être celle de Jean-Luc Mélenchon.
21:26Je pense que ce n'est pas à moi de le décider, ce n'est pas à Olivier Faure de le décider,
21:33ce n'est pas à Jean-Luc Mélenchon de le décider tout seul,
21:35mais qu'il peut y avoir un mode de désignation.
21:38La primaire est en état, on verra bien quel mécano se met en place,
21:41mais pour arriver à une candidature commune qui puisse soulever l'espoir et amener à la victoire.
21:46À la dernière présidentielle, François Ruffin, vous avez soutenu Jean-Luc Mélenchon.
21:51Quand vous l'écoutez, vous qu'il connaissez bien,
21:54est-ce que vous avez un doute sur le fait qu'il soit un nouveau candidat ?
21:56Écoutez, Madame Salamé, je ne viens pas pour faire un entretien sur Jean-Luc Mélenchon.
22:01Ce n'est pas la question, je noterais qu'on vous a posé 250 questions qui n'ont rien à voir.
22:05Ça fait trois fois, il y a trois questions sur Jean-Luc Mélenchon,
22:07je le dis, mon objectif c'est faire mieux pour qu'on ne me pose plus la question.
22:13Voilà, donc faire mieux pour moi aujourd'hui, c'est notre France qui protège,
22:17c'est notre France qui partage, c'est parler au pays en entier, pas à moitié,
22:20c'est demander comment on fait pour rassembler la gauche et pour rassembler la France
22:24quand il y a tant de forces dans le pays qui cherchent à la fracturer, à la diviser, à la séparer.
22:28Vous disiez le 1er avril dernier en meeting, vous allez dire que ça en fait une quatrième de questions.
22:34En référence à Jean-Luc Mélenchon, faire mieux ce n'est pas faire vieux.
22:39Excusez-moi, mais non seulement vous citez Jean-Luc Mélenchon à nouveau,
22:43mais en plus ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est mon collègue Alexis Corbière.
22:46Donc si vous voulez l'inviter autour de cette table pour faire de la Mélenchonologie, je veux bien,
22:51mais moi je ne suis pas de Mélenchonologue.
22:52C'est une science dure ou c'est une science molle ?
22:55J'ai pour espoir d'être françologue et de me demander qu'est-ce que je dois dire au pays pour être compris.
23:02Corinne sur la Piedinter vous dit, bonjour François Ruffin,
23:05est-ce que vous ne devriez pas plutôt terminer vos meetings par Bella Ciao que par la Marseillaise ?
23:10Vous savez, ça fait des années que je regrette qu'on abandonne des thèmes à l'extrême droite.
23:15Je l'ai dit, le thème de la protection ne doit pas être abandonné à l'extrême droite,
23:19mais les symboles qui sont en plus issus de notre grande révolution,
23:24de la grande révolution française, qui sont la Marseillaise, qui sont le drapeau tricolore,
23:28qui sont liberté, égalité, fraternité, jamais je ne les cèderai.
23:31Ils sont à nous.
23:32Moi je me sens pleinement patriote et je me sens pleinement patriote
23:35et du coup blessé par ce que devient mon pays,
23:39où on a laissé partir l'industrie et où je vois dans chaque crise une perte de souveraineté.
23:45Merci François Ruffin d'avoir été au micro d'Inter ce matin.