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Le 29 avril 1986, 80 pilotes de combat survolent la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les techniciens à bord lancent dans le cratère formé par l’explosion du réacteur toujours en fusion, des sacs de 80kg de sable et des sacs d’acide carbonique. L’objectif : tenter d’étouffer le feu et absorber les particules radioactives. Tous ignorent les premiers symptômes d’une irradiation mortelle : nausées, maux de tête soudains, évanouissements… Quel discours médiatique est alors propagé par les gouvernements soviétiques et européens sur le drame de Tchernobyl et ses conséquences immédiates ? Dans ce troisième épisode de la mini-série Tchernobyl du podcast "Au cœur de l’Histoire", l’historienne Virginie Girod raconte les retombées de l’accident de Tchernobyl jusqu’en Europe.
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Transcription
00:00 Bienvenue au cœur de l'histoire, je suis Virginie Giraud.
00:05 Dans le deuxième épisode de cette série sur Tchernobyl,
00:08 Mikhaïl Gorbatchev commence à prendre la mesure du drame 48 heures
00:11 après l'explosion du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
00:15 C'est aussi le temps qu'il a fallu aux Européens pour se rendre compte
00:19 qu'un accident nucléaire avait eu lieu quelque part en Europe.
00:22 Cet accident donne à Gorbatchev l'occasion d'inaugurer sa politique de glasnost,
00:28 une transparence nouvelle sur les décisions politiques et la liberté de la presse,
00:32 même si le KGB garde la main sur la communication officielle.
00:36 À Tchernobyl, le physicien Valéry Légassov travaille aux méthodes d'extinction
00:40 de l'incendie du réacteur pour lequel l'eau ne sert à rien.
00:46 Épisode 3. La glasnost à l'épreuve de l'atome.
00:55 Nous sommes le mardi 29 avril 1986.
00:58 80 pilotes d'hélicoptères de combat survolent la centrale nucléaire de Tchernobyl.
01:03 La chaleur est insoutenable.
01:05 Il fait plus de 100 degrés à 200 mètres au-dessus du réacteur en fusion.
01:09 Les techniciens à bord lancent dans le cratère formé par l'explosion
01:13 des sacs de 80 kg de sable et des sacs d'acide borique.
01:17 Ces matériaux doivent à la fois étouffer le feu et absorber la radioactivité.
01:23 Au cœur du réacteur, toujours en fusion, la réaction en chaîne de l'uranium
01:27 se poursuit et délivre dans l'atmosphère des tonnes de particules radioactives.
01:33 Les hélicoptères forment un ballet dans le ciel de Prypiat,
01:36 la ville la plus proche de la centrale.
01:38 Les pilotes les plus chevronnés parviennent à survoler la centrale
01:41 jusqu'à 33 fois dans la journée.
01:44 À chaque ravitaillement au sol, ils vomissent tripes et boyaux,
01:48 mais il faut continuer.
01:52 Les techniciens suent à grosses gouttes.
01:55 Tout le monde ignore la fatigue et les premiers symptômes d'une irradiation mortelle.
02:01 Les nausées, les évanouissements, les maux de tête soudains.
02:06 Les victimes les plus irradiées, surtout parmi les pompiers appelés après l'explosion,
02:14 sont acheminées à l'hôpital numéro 6 de Moscou,
02:17 le seul capable de prendre en charge les personnes exposées à des hautes doses de radiation.
02:23 Les infirmières voient arriver dans leur service une trentaine d'hommes entre 20 et 30 ans.
02:28 Le pic des diarrhées et des vomissements est passé,
02:30 ils plaisantent entre eux, ils sont convaincus qu'ils vont mieux.
02:33 Les infirmières se taisent.
02:35 Elles savent qu'ils sont entrés dans la période de latence.
02:38 L'atome se terre au fond de leur chair et entreprend silencieusement son œuvre dévastatrice.
02:44 Bientôt, ces hommes commenceront à se décomposer vivants.
02:48 Leur chair se consumera jusqu'à l'os,
02:51 des os bientôt à l'air libre qui s'effriteront dès qu'on les touchera.
02:55 Leurs veines deviendront poreuses,
02:57 il ne sera même plus possible d'y injecter des antidouleurs.
03:01 Ils mourront après une longue et terrible agonie dans les jours, les semaines, les mois ou les années à venir.
03:07 Ce n'est que le début de l'hécatombe, mais il n'est déjà plus question de tenir les comptes.
03:12 Quelque part dans un bureau de Moscou,
03:14 on est déjà en train de changer les seuils annuels d'irradiation autorisés sur les humains
03:18 pour minorer le nombre de morts à venir.
03:21 En France, suite aux annonces de Moscou,
03:33 les journaux évoquent enfin l'accident nucléaire de Tchernobyl.
03:37 Ces journaux sont sommaires parce qu'on ne sait rien.
03:39 Les journalistes sont sur les dents et colportent tout au plus des rumeurs infondées.
03:44 La classe politique se tait.
03:46 Ce sont donc des experts qui obtiennent leur ronde serviette sur les plateaux.
03:50 Ils ont tous en commun d'être rassurants.
03:53 En France, nous n'avons absolument rien à redouter de ces nuages,
03:58 de ces aérosols radioactifs qui tournent dans l'hémisphère nord
04:01 et qui se dispersent et se diluent progressivement.
04:03 De semaine en semaine, la radioactivité est divisée par deux.
04:06 On voit en Allemagne ou en Pologne des services sanitaires
04:10 qui distribuent des pastilles diodes aux enfants ou aux femmes enceintes.
04:13 Est-ce que ce sont des mesures qui doivent être prises ?
04:15 Ces mesures sont absolument injustifiées à l'heure actuelle.
04:20 Elles ne seraient envisageables qu'au voisinage très proche
04:25 de la source d'émission de la centrale accidentée par exemple.
04:28 Donc il n'y a aucun souci à se faire ?
04:30 Il n'y a aucun souci à se faire et il faut au contraire
04:33 vraiment lutter contre cette panique injustifiée.
04:36 En France, tous les ingénieurs qui travaillent dans des institutions
04:39 dans le domaine du nucléaire sont tenus aux secrets professionnels.
04:43 Il n'y a que les chefs de ces institutions qui peuvent prendre publiquement la parole
04:47 à l'instar du professeur Pellerin.
04:49 Ce médecin de formation est le seul à pouvoir faire des prélèvements
04:53 à grande échelle dans le pays et à pouvoir tirer la sonnette d'alarme
04:56 en cas de contamination excessive.
04:58 Mais pour lui, il n'y a rien d'alarmant.
05:01 L'anticyclone des Açores repousse toujours les vents potentiellement contaminés
05:06 par le nuage radioactif.
05:08 Dans le Grand Hôtel de Prépiat, les groupes de travail
05:16 de la Commission gouvernementale mettent en place le plan d'évacuation
05:20 de tous les habitants de ce qu'on appelle désormais la zone.
05:24 Toute la population dans un rayon de 30 km autour de la centrale est déplacée.
05:30 Cela concerne 130 000 personnes en Ukraine et en Biélorussie.
05:35 Le physicien Valéry Légassov constate que les efforts pour étouffer le feu du réacteur
05:40 ne sont pas suffisants.
05:42 La radioactivité continue à contaminer l'air.
05:46 Avec son groupe de travail, il a l'idée de jeter du plomb dans le brasier
05:50 pour étouffer le feu et bloquer les rayonnements.
05:52 L'idée n'est pas anodine parce que si la température du réacteur est trop haute,
05:57 elle va vaporiser une partie du plomb et créer une nouvelle pollution.
06:01 Or, il est très difficile de mesurer la température exacte du magma atomique
06:07 qui se consume dans les entrailles du bloc 4.
06:10 Les journalistes sur place se sont pris de passion pour l'aiguille,
06:18 un dispositif technique qui doit être jeté par hélicoptère dans le brasier
06:22 pour mesurer sa chaleur.
06:24 Ils essaient de question tous les hommes politiques présents sur place
06:28 et se délectent des informations partielles et partiales qu'ils recueillent.
06:32 Légassov se dit que si les journalistes venaient interroger les scientifiques comme lui,
06:37 ils connaîtraient la vérité.
06:39 Les systèmes de communication de l'aiguille ne fonctionnent pas bien,
06:43 ils sont brouillés par les radiations
06:45 et on ne connaît toujours pas la température exacte au cœur du réacteur.
06:48 Légassov et les autres scientifiques prennent donc la décision,
06:53 comme dans une partie de poker, de faire jeter du plomb dans le réacteur.
06:57 Mais une partie de ce plomb est en effet vaporisée par l'intense chaleur
07:01 et aggrave la pollution autour de la centrale.
07:04 Quoi qu'il arrive, il faut poursuivre les efforts car la température du réacteur ne baisse pas.
07:12 C'est une catastrophe, la dalle sous le réacteur en fusion pourrait s'effondrer.
07:17 Le risque de nouvelles explosions cataclysmiques si la matière en fusion
07:21 entre en contact avec la nappe d'eau sous le réacteur est estimée entre 5 et 10%.
07:27 Elle serait si puissante qu'elle pourrait raser la ville de Minsk située à 320 km de là.
07:33 D'ailleurs, un groupe de la commission moscovite
07:36 travaille à un plan d'évacuation de la capitale de la Biélorussie, au Kazou.
07:41 Pour l'éviter, il faut drainer l'eau qui se trouve sous la dalle du réacteur.
07:48 Il n'y a qu'un seul homme qui connaisse l'endroit précis
07:50 où se trouvent les vannes d'évacuation de l'eau dans les entrailles de la centrale.
07:54 Il s'agit de l'ingénieur Alexei Ananenko.
07:58 Il connaît les risques qu'il court en se déplaçant dans les sous-sols irradiés du réacteur
08:02 mais sa conscience professionnelle le pousse à mettre sa vie en danger.
08:06 Il sait que si une seconde explosion a lieu, l'Europe serait inhabitable.
08:10 Accompagné de deux autres ingénieurs volontaires,
08:14 Ananenko descend dans les sous-sols du réacteur numéro 4, sous le magma atomique.
08:19 Les trois hommes sont équipés de combinaisons de plongée avec des respirateurs.
08:24 La lumière de leurs lampes vacille à cause des radiations
08:28 qui perturbent leur circuit rudimentaire.
08:31 Les trois hommes avancent dans la piscine d'eau contaminée, dans l'obscurité presque totale.
08:37 Le bruit de leur propre respiration dans leurs combinaisons leur paraît assourdissant.
08:43 Après plusieurs minutes de marche angoissante,
08:46 les trois hommes parviennent à ouvrir les vannes d'évacuation.
08:49 Pendant les jours à venir, 19 000 tonnes d'eau vont s'évacuer sous la centrale.
08:55 Ce drainage est salutaire mais il risque de contaminer les cours d'eau autour de Tchernobyl.
09:05 Les gasophres réalisent plusieurs prélèvements dans les rivières aux alentours.
09:09 Il est soulagé de constater que la pollution des cours d'eau demeure étonnamment faible.
09:14 En revanche, le limon est très contaminé.
09:17 A ses yeux, c'est un moindre mal.
09:20 Pendant que les scientifiques cherchent toujours des solutions pour maîtriser l'incendie,
09:33 Mikhaïl Gorbatchev va plus loin dans sa politique de glasnost.
09:37 Il invite à Tchernobyl le Suédois Hans Blix.
09:40 Ce diplomate est le directeur général de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique.
09:47 Il est le premier Occidental à se rendre sur les lieux du drame.
09:51 Il est indispensable d'entretenir des bons rapports avec lui
09:54 parce que l'AIEA participera à l'analyse de la tragédie pour en tirer des recommandations
09:59 à destination des autres centrales et mieux utiliser l'énergie nucléaire.
10:04 C'est la première coopération officielle avec l'Ouest depuis plusieurs décennies
10:09 et ce rapprochement entre les deux blocs est vivement souhaité par Gorbatchev.
10:14 Selon Hans Blix, les Soviétiques maîtrisent la situation.
10:18 C'est ce que tout le monde se dit désormais.
10:21 Les informations données à la population ukrainienne sont aussi maigres que rassurantes.
10:28 La Pravda, le journal officiel du parti, ne fait qu'un petit encadré sur l'accident de la centrale.
10:33 Personne ne s'inquiète.
10:35 Le 30 avril 1986, les journalistes d'Europa interviewent des expatriés français à Kiev.
10:42 Aucune panique, personne ne sait rien.
10:44 On en parle, si, on fait quelques supputations dans les taxis, mais comme ça, ça ne sert à rien du tout d'alarmant.
10:50 Qu'est-ce qu'on dit dans les taxis ?
10:52 On dit qu'il y a eu une tragédie à 150 km, mais ils ne se sentent même pas concernés de toute façon.
10:56 On parle quand même de tragédie.
10:58 On parle de tragédie, oui, mais ils ne se sentent pas du tout concernés.
11:01 Et on parle de combien de morts ?
11:04 Entre 150 et 1000.
11:06 Non, non, non, à Kiev, rien d'anormal.
11:08 Les gens préparaient le 1er mai comme vraiment tout à fait normalement.
11:12 Les gens parlaient de ça dans la rue, mais sans panique, sans tout à fait calme au moins.
11:16 Qu'est-ce qu'ils disaient dans la rue ?
11:18 Les gens se demandaient combien il y avait de morts exactement.
11:21 Qu'est-ce qui se passait exactement ?
11:23 Si c'était un réacteur en fusion, s'il était éteint, s'il était allumé, s'il était...
11:27 Dans la rue, on parlait de combien de morts ?
11:29 Ça varie de 2 à 2000. C'est très vague.
11:32 Comme le dit cette expatriée française, à Kiev, tout le monde prépare les festivités du 1er mai
11:37 qui sont très importantes dans la culture communiste,
11:40 parce que c'est la journée internationale des travailleurs.
11:43 Le photographe Igor Kostin de l'agence Novosti,
11:46 le premier à avoir photographié le réacteur éventré par l'explosion,
11:49 couvre les célébrations.
11:51 La population, habillée en costume traditionnel, avec des fleurs dans les cheveux,
11:56 est incitée à venir défiler.
11:58 Tout le monde respire l'air contaminé sans se douter de rien.
12:02 Le premier secrétaire du Parti communiste de l'Ukraine est présent avec sa famille.
12:06 Des sourires illuminent leur visage.
12:09 On ne sait pas si cette journée a eu un impact délétère sur la population de Kiev.
12:14 On sait seulement que les photos de l'événement ont en grande partie disparu des archives,
12:18 même si le photographe Igor Kostin possède toujours les siennes.
12:22 On sait aussi que le premier secrétaire du Parti s'est suicidé quelques années plus tard.
12:28 Le réacteur éventué
12:32 Pendant que Kiev fait la fête, l'anticyclone des Assors s'atténue.
12:37 Le nuage radioactif passe au-dessus de la France.
12:40 La pluie fait retomber des particules sur les sols corse.
12:44 Un pompier s'étonne de voir le dosimètre de sa caserne s'affoler.
12:47 Il fait un signalement à la police.
12:49 Le lendemain, le dosimètre a disparu de la caserne.
12:53 Que faut-il dire aux agriculteurs ? Doivent-ils faire contrôler la radioactivité de leurs légumes ?
12:58 Et dans ce cas, par qui ?
13:00 On ne doit pas apporter de restrictions aux produits qui sont cultivés en France.
13:04 Actuellement, ça serait absolument injustifié.
13:08 Les autorités françaises affirment toujours que tout va bien,
13:11 alors que nos voisins allemands et italiens envisagent des mesures
13:14 pour interdire aux consommateurs l'achat de produits frais contaminés.
13:18 Les Allemands ont fixé leur feuille de radioactivité à 500 becquerels par kilo de légumes.
13:22 La France s'inquiète à partir de 2000.
13:24 Alors, entre les deux, les asafiens frontaliers s'inquiètent et s'interrogent.
13:28 La radio allemande, très écoutée ici, annonçait il y a quelques jours
13:31 une augmentation très nette du nombre d'avortements pratiqués sur des femmes paniquées.
13:35 Ici, la psychose se porte en revanche sur la consommation des légumes.
13:39 Les ménagères sur les marchés boudent les épinards et les salades,
13:42 et les maraîchers s'arrachent les cheveux.
13:43 80% de la production d'épinards a été détruite.
13:46 Même les particuliers renoncent à manger les fruits et les légumes de leur jardin.
13:50 Et ce qui inquiète le plus les ménagères, c'est qu'elles ont continué de cuisiner normalement
13:54 à l'époque où le nuage est passé, et pendant les huit jours,
13:57 qui ont précédé les premières informations.
13:59 Alors que les relevés de radioactivité européen restent mystérieux,
14:03 le colonel Grébé Gnuc, présent à Prypiat dans les premières heures qui ont suivi l'accident,
14:08 envoie ses hommes faire des relevés dans la forêt autour de Prypiat.
14:11 Les pains semblent avoir brûlé sur pied.
14:14 Ils sont rouges.
14:16 C'est pour ça qu'ils prennent le nom de forêts rousses.
14:19 La radioactivité y est très forte.
14:21 Elle est retombée au sol en tâche de léopard, selon l'expression imagée des scientifiques.
14:26 Des soldats sillonnent la zone d'exclusion et la forêt pour tuer les animaux sauvages et domestiques.
14:32 Ceux-ci colportent des poussières radioactives dans leur pelage.
14:36 Il faut donc les abattre.
14:38 Les Gassoff et ses collègues décident après mûre réflexion de ne pas brûler la forêt rousse
14:43 pour ne pas relâcher des particules radioactives dans l'air.
14:46 Une partie des arbres morts près de la centrale sont abattus et enterrés.
14:51 Des boulots plus résistants aux radiations sont plantés.
14:54 Pour le reste de la forêt, la nature et le temps feront leur œuvre.
14:58 En attendant, il faut mettre les bouchées doubles du côté du réacteur
15:12 et éteindre le brasier qui continue de brûler et sécuriser la centrale.
15:16 Un groupe de techniciens s'est engagé dans les conduits de tuyauterie du réacteur n°4
15:21 pour s'approcher au plus près de la masse en fusion et évaluer les dégâts.
15:25 Après une progression pénible dans les conduits à moitié écroulés,
15:29 ils percent la cuve du réacteur au chalumeau.
15:32 La chaleur et le taux de radiation montent brutalement, mais les hommes serrent les dents.
15:37 Ils doivent achever leur expertise.
15:40 Le brasier couvre toujours sous les tomes de sable, d'acide borique, de plomb
15:44 et d'azote liquide déversé sur lui.
15:47 La réaction en chaîne pourrait reprendre à tout moment,
15:50 mais l'urgence, c'est la dalle de ciment sur laquelle repose le brasier.
15:54 Elle est en train de se fissurer.
15:57 L'eau sous la dalle a été drainée, mais la centrale est construite sur un sol sablonneux,
16:01 au-dessus d'une énorme nappe phréatique.
16:04 Si le magma en fusion entre dans la nappe phréatique,
16:07 les rivières et les fleuves de la région vont être polluées
16:10 et en bout de course, les fleuves et les océans.
16:13 Il faut à tout prix éviter ce drame.
16:16 Le 12 mai 1986, le vice-ministre de l'industrie minière se rend à Toulas,
16:24 une ville minière au sud de Moscou.
16:27 Il recrute 10 000 mineurs pour une mission en urgence et à très haut risque.
16:32 Ils vont devoir creuser un tunnel sous la centrale en un temps record
16:36 pour fabriquer une salle souterraine sous le réacteur numéro 4.
16:40 Dans cette salle, les ingénieurs installeront un système de refroidissement à l'azote.
16:47 Les mineurs ne comprennent pas parfaitement la situation, mais ils savent que c'est grave.
16:52 Ils se relaient 24 heures sur 24 pour creuser un tunnel de 150 mètres.
16:57 Dans le boyau, la température monte à 50 degrés.
17:01 Les mineurs travaillent torse nu.
17:04 Ils ont enlevé leur ridicule masque en tissu et boivent de l'eau en contact avec les poussières irradiées du tunnel.
17:10 Un quart d'entre eux mourra de leur héroïsme dans les années à venir, avant l'âge de 40 ans.
17:16 En un mois et quatre jours, ils ont accompli un travail qui devrait prendre trois mois en temps normal.
17:34 Sous le réacteur numéro 4, ils ont creusé une salle de 30 mètres de côté pour installer un système de refroidissement.
17:41 Mais l'équipe scientifique de Valéry Légassov change de stratégie.
17:45 Cette salle aura un autre usage.
17:48 Pour découvrir le dernier épisode de ce podcast sur le drame de Tchernobyl,
17:57 je vous donne rendez-vous sur votre plateforme d'écoute préférée.
18:00 A très vite !
18:02 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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