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Pr. Brigitte Autran, immunologiste, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), qui a succédé depuis la rentrée 2022 au Conseil Scientifique, était mercredi 1er février la Grande témoin de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions de Marc Fauvelle.

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Transcription
00:00 un genre d'indicateur qui aurait sans doute fait la une de tous les médias il y a un an ou deux.
00:04 Le nombre de contaminations quotidiennes au Covid est passé sous les 5000 en France.
00:09 Alors ce virus qui nous a gâché la vie depuis trois ans est-il en voie de disparition ?
00:13 Bonjour Brigitte Autran.
00:14 Bonjour, et bien non, le virus n'est pas en voie de disparition, il est installé dans nos pays.
00:19 Bon, et bien je n'ai pas eu le temps de vous présenter.
00:21 Président du Covars, le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires
00:24 qui a donc succédé au Conseil scientifique, vous nous dites qu'il est encore là, il va revenir ?
00:29 Il est encore là, il est installé, il est installé comme tous les autres virus avec lesquels nous vivons depuis très longtemps,
00:35 avec le virus de la bronchiolite, de la grippe, la différence c'est qu'on ne sait pas encore s'il sera saisonnier
00:41 comme l'est le virus de la grippe ou le virus de la bronchiolite.
00:44 Mais il est là et il va continuer à évoluer par vagues.
00:48 La bonne nouvelle, c'est qu'effectivement nous sommes sur une phase décroissante,
00:52 une phase décroissante mondiale, en tout cas européenne de façon certaine et occidentale.
00:58 Ça veut dire que les prochaines vagues, si vagues il y a, seront moins hautes forcément ?
01:02 Ce que nous espérons tous, c'est que les prochaines vagues seront probablement moins hautes,
01:07 mais surtout moins sévères du fait de la vaccination croissante de la population.
01:13 Et donc s'il y a un message à retenir ce matin, c'est qu'effectivement le virus est en train de décroître,
01:19 par contre il n'est pas parti et la vaccination reste absolument nécessaire.
01:25 Plus personne aujourd'hui quasiment ne se fait vacciner en France, je crois qu'on est à 1000 vaccinations par jour.
01:30 Qui doit le faire ?
01:32 Les mêmes personnes qu'au début, c'est-à-dire les personnes fragiles, les personnes de plus de 60-65 ans,
01:37 les personnes qui ont des facteurs de risque, quel que soit leur âge.
01:40 Et toute la population est invitée à se faire vacciner.
01:44 Il y a environ 6 millions de personnes qui se sont fait vacciner depuis le mois d'octobre.
01:48 Donc le message c'est vraiment que oui, nous sommes dans une période favorable
01:52 parce que le virus décroît, il y a moins de malades dans les hôpitaux,
01:56 heureusement moins de décès, mais il y en a toujours.
01:59 Et ce virus s'est installé, il reviendra certainement, on ne sait pas sous quelle forme.
02:03 Et donc pour l'instant, la seule vraie mesure de protection, c'est la vaccination.
02:08 Les États-Unis vont cesser d'acheter des millions et des millions de doses à partir du mois de mai,
02:13 plus de stocks stratégiques de vaccins.
02:15 Est-ce que la France va continuer à en acheter et en mettre de côté ?
02:19 La France a des stocks importants et ces stocks, on voit, sont capables de durer un certain temps.
02:26 Donc il est raisonnable de ne pas accumuler des stocks.
02:30 Ce à quoi l'on réfléchit également, c'est la périodicité de ces vaccinations.
02:36 On s'achemine, il y a des réflexions importantes en ce moment,
02:39 pour ne faire peut-être qu'une vaccination par an.
02:42 C'est-à-dire que ça pourrait être par exemple à l'entrée de l'hiver régulièrement,
02:45 au moment de la campagne contre la grippe ?
02:47 Il est trop tôt pour le dire, puisqu'on ne sait pas encore si les prochaines vagues de Covid,
02:51 s'il y en a, surviendront en même temps que celle de la grippe.
02:55 Mais ça pourrait être le même vaccin pour les deux ?
02:57 Ça pourrait être le même vaccin, absolument.
02:59 À partir d'aujourd'hui, Brigitte Autran, il n'est plus obligatoire de s'isoler lorsqu'on est positif ?
03:03 Honnêtement, il n'y a plus grand monde qui le faisait ?
03:05 Voilà, il n'y a plus grand monde qui le faisait.
03:07 Ces mesures qui ont été définies hier, étaient prévues depuis le mois de juillet.
03:13 Et le message, c'est qu'il y avait une mesure d'exception pour les mesures anti-Covid,
03:19 qui était la transmission des données personnelles.
03:21 Donc ce qui s'arrête, c'est la transmission des données personnelles à la Sécurité sociale.
03:25 Ce qui veut dire que la Sécurité sociale ne renvoie pas un message d'isolement systématique.
03:30 Donc on ne reçoit plus le petit texto de la Sécu, nous disant de tester positif ou négatif ?
03:34 Tout à fait. Et du coup, les contacts ne reçoivent plus non plus le petit texto,
03:38 puisqu'il n'y a pas ce circuit d'information des données personnelles.
03:41 Mais par contre, la surveillance reste.
03:44 C'est-à-dire qu'il faut quand même continuer à se faire dépister aujourd'hui, si on a un doute ?
03:47 Alors si on a des symptômes, et qu'on est fragile,
03:50 fragile ça veut dire qu'on est à risque de forme sévère,
03:54 qu'on n'a pas été malheureusement vacciné depuis 3 mois ou 6 mois.
03:58 Oui, il faut se faire tester. Pourquoi ? C'est parce qu'il y a des traitements.
04:02 Et ces traitements permettent d'éviter de basculer vers la forme grave.
04:06 Mais pour les autres, pas la peine d'aller en laboratoire ou à la pharmacie ?
04:09 Oui, ça vaut la peine de le faire, si vous êtes susceptible de rencontrer
04:13 quelqu'un de fragile dans les jours qui viennent,
04:16 de manière à savoir si vous êtes porteur du virus ou pas.
04:19 Est-ce que les tests vont rester gratuits ?
04:22 Les tests sont gratuits sous prescription.
04:27 C'est-à-dire ?
04:28 C'est-à-dire que c'est comme n'importe quel examen de laboratoire,
04:32 vous avez une prescription médicale, vous faites le test,
04:35 et vous êtes remboursé, ou vous ne le payez pas.
04:37 On peut aller directement à la pharmacie aujourd'hui si on est vacciné ?
04:39 On peut toujours faire son test à la pharmacie.
04:42 Gratuitement ?
04:43 Mais le remboursement systématique est sur prescription.
04:46 Ah bon ?
04:47 C'est-à-dire que si je suis vacciné, puisque c'est une des conditions
04:51 pour bénéficier de la gratuité de la vaccination,
04:53 ça ne marche plus à partir d'aujourd'hui ?
04:55 Ça ne marche plus à partir d'aujourd'hui.
04:59 Bon. Faut-il pour vous garder le masque dans les transports aujourd'hui,
05:02 sachant que là encore, quasiment plus personne ne le met ?
05:05 J'ai été une grande militante du masque.
05:08 Je venais à chaque émission de radio avec un masque.
05:11 Est-ce que vous êtes pour la première fois, vous allez nous dire l'inverse ?
05:14 Aujourd'hui, je n'ai pas de symptômes, je ne porte pas de masque.
05:17 Ce qui est raisonnable, c'est que dès qu'on a un symptôme d'infection des voies respiratoires,
05:22 porter un masque de manière à ne pas contaminer les autres.
05:25 Mais aujourd'hui, nous sommes effectivement dans une vague,
05:28 dans un creux de vague, qui fait qu'on ne peut pas porter le masque
05:33 en situation de promiscuité.
05:36 Brigitte Autron, la Chine, après avoir tenté la politique du zéro Covid pendant trois ans,
05:39 a subitement ouvert les vannes au mois de décembre.
05:42 Officiellement, le Covid y a fait 60 000 morts depuis la fin de la politique du zéro Covid.
05:47 Est-ce que vous avez des informations sur la réalité de ce qui se passe en Chine ?
05:51 Nous avons peu d'informations sur la réalité de ce qui se passe en Chine.
05:54 Ce que nous savons, c'est qu'il y a eu une vague massive d'infections,
05:58 que ce pays était insuffisamment vacciné,
06:01 et qu'il y a eu énormément de formes graves.
06:04 Et nous pensons que ce chiffre n'est pas tout à fait réaliste.
06:07 Oui, dit comme ça, effectivement. Est-ce que leur méthode a été meilleure ou moins bonne que la nôtre,
06:12 en termes de mortalité, au final ? Est-ce qu'on peut comparer ces deux méthodes ?
06:16 Étant donné qu'on n'a pas de chiffre très fiable sur la mortalité,
06:19 c'est difficile de répondre à votre question.
06:21 La Chine a fait un choix qui a été extrêmement douloureux pour les populations,
06:25 il y a eu un isolement pendant presque trois ans.
06:28 Je pense que les populations occidentales préfèrent notre manière de réagir.
06:35 Des dizaines de milliers, peut-être des centaines de milliers d'ailleurs, de Français
06:38 souffrent aujourd'hui de plusieurs formes de Covid long,
06:40 parfois des difficultés à respirer, parfois de très très grosses fatigues.
06:44 Il y a bien d'autres symptômes. Est-ce qu'on pourra un jour les guérir ?
06:48 Alors il faut d'abord comprendre.
06:50 On ne sait toujours pas aujourd'hui ce qui se passe.
06:52 On ne sait toujours pas ce qu'est le Covid long.
06:54 Donc effectivement le Covid long est une pathologie qui est très désagréable.
06:59 Heureusement, grâce à la vaccination et la réduction des infections,
07:04 pour les personnes qui sont vaccinées, il y a de moins en moins de Covid long.
07:08 Mais ces Covid longs persistent.
07:10 Donc il y a des recherches importantes.
07:12 Et au Covars, nous allons travailler avec les associations porteuses de Covid long.
07:17 Merci à vous Brigitte Autran, présidente du Covars,
07:19 qui a donc succédé au Conseil scientifique.
07:21 Merci et bonne journée à vous.
07:23 ♪ ♪ ♪

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