On en entend de plus en plus parler, le fameux Chat GPT, mais dont on a du mal à comprendre la réelle utilité dans la vie quotidienne. Il s’agit d’un logiciel d’intelligence artificielle créé par les américains qui permet des dialogues virtuels et, pourquoi pas, d’aider à faire ses devoirs.
Coup de gueule de l’invité éco : l’Europe vient encore de se faire marcher sur les pieds en matière d’innovation.
Coup de gueule de l’invité éco : l’Europe vient encore de se faire marcher sur les pieds en matière d’innovation.
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00:00 *Générique*
00:04 Bonsoir à tous, on en entend de plus en plus parler, je veux dire,
00:09 chat GPT, c'est un outil conversationnel comme l'on dit,
00:14 qui utilise évidemment l'intelligence artificielle capable de générer du texte, des poèmes, des articles,
00:21 et ça inquiète beaucoup.
00:22 Qui a-t-il donc derrière ce chat GPT ?
00:25 Bonsoir André Loscrug-Pietri.
00:27 Vous êtes président de l'initiative européenne d'innovation de rupture,
00:32 et vous fédérez donc l'essentiel des grands centres de recherche dans les nouvelles technologies en Europe.
00:37 Peut-être d'abord une définition, qu'est-ce que c'est ce chat GPT ?
00:41 En gros c'est votre assistant, c'est un assistant vocal qui permettra aujourd'hui de répondre à l'ensemble des questions,
00:46 ou à de plus en plus de questions,
00:48 et chat GPT s'appuie sur une bibliothèque de presque 200 milliards de données,
00:53 donc c'est la voix, c'est des films, c'est des textes, c'est de la littérature,
00:58 et vous lui posez une question,
01:00 et il répond de la manière la plus naturelle, comme si c'était quelqu'un qui vous parlait.
01:05 Et c'est en train de révolutionner notamment les moteurs de recherche qui étaient basés sur des mots-clés.
01:09 Est-ce que ça sert réellement à quelque chose ?
01:11 Parce qu'on voit notamment la communauté scientifique qui s'inquiète,
01:14 ce logiciel entre guillemets peut générer des articles très concrets,
01:19 sur des bases inexistantes finalement, c'est un peu inquiétant non ?
01:22 Alors c'est inquiétant, en tout cas c'est un bouleversement,
01:24 ça bouleverse déjà la manière de faire des devoirs.
01:26 Vos enfants aujourd'hui vont demander "fais-moi un exposé sur Les Etrusques ou sur Charles de Gaulle",
01:33 et ça vous sort 3, 4, 5 paragraphes...
01:36 Face à ces risques d'ailleurs, Sciences Po interdit à ses élèves,
01:39 il y a une circulaire officiellement qui interdit l'utilisation de chat GPT.
01:43 Il y a toutes les écoles de l'État de New York qui l'ont fait également il y a un mois,
01:46 sur la recherche également, puisque qu'est-ce que c'est aujourd'hui un chercheur ?
01:50 C'est quelqu'un qui va aujourd'hui aller chercher énormément de sources de données,
01:53 qui va essayer de les mettre en commun, et qui va essayer d'en sortir des nouveautés de la création.
01:59 Ça, chat GPT peut potentiellement le faire, ça peut créer des textes,
02:03 je crois que le métier du journalisme aussi va être massivement impacté.
02:08 Donc vraiment c'est sur tous les domaines,
02:10 et je pense qu'on a peine aujourd'hui à découvrir tout ce qui va être impacté.
02:13 - André Lascruc-Pietris, c'est là où vous poussez un coup de gueule,
02:15 vous dites "l'Europe a encore raté une occasion de s'imposer en nouvelles technologies",
02:20 puisque là, chat GPT, c'est clairement une invention américaine,
02:23 soutenue par Microsoft, entre autres.
02:26 - Oui, alors c'est parti d'une espèce de groupe qui était censé faire du logiciel libre,
02:32 ce qu'on appelle l'open source.
02:34 C'est devenu une société à but lucratif en 2019,
02:37 ça a toujours été soutenu par Microsoft.
02:39 Là où c'est quand même intéressant,
02:41 c'est que c'est une des plus grandes révolutions de l'intelligence artificielle
02:44 depuis au moins 50-60 ans.
02:46 - Et ce sont les Américains qui l'ont inventée, ce n'est pas les Européens.
02:48 - Et la deuxième chose qui est intéressante, c'est que quand même en Europe,
02:51 et notamment en France, il y a cette obsession depuis 10-15 ans
02:54 de faire la peau à Google.
02:56 C'est "comment est-ce qu'on peut menacer ce géant qui aujourd'hui fait 95% des recherches ?"
03:01 Et donc c'est l'Europe qui aurait dû inventer ça.
03:04 Et c'est quand même un énorme message d'espoir, ça c'est le côté positif,
03:08 c'est que ça montre que ces fameuses GAFAM,
03:10 ces fameuses grandes sociétés de la technologie,
03:11 - Google, Apple, Facebook, etc.
03:13 - ne sont pas du tout invincibles.
03:15 Mais à une seule condition, qu'on ne sait tellement pas faire en Europe,
03:18 c'est de penser le coup d'après.
03:20 Il ne faut pas faire un Googlebis, il ne faut pas faire un Starlinkbis,
03:23 le système de communication par satellite,
03:26 il ne faut pas faire un Amazon pour le Cloudbis,
03:28 il faut essayer d'identifier ce qui va être le coup d'après.
03:31 - À vous entendre, ce n'est pas qu'une question d'argent finalement,
03:34 parce qu'aux Etats-Unis, c'est quoi ?
03:35 C'est une dizaine de personnes qui a réfléchi à ChatGPT,
03:37 10 millions de dollars, c'est pas grand-chose.
03:40 - Alors au tout début, c'est peu d'argent.
03:42 Il y avait quand même autour du berceau de la Mariée,
03:45 plusieurs soutiens qui promettaient jusqu'à un milliard de dollars.
03:49 Mais ce ne sont pas des philanthropes, c'est à condition que ça apporte des résultats.
03:53 Aujourd'hui, ça en draine des milliards,
03:56 parce que ça va réellement bouleverser les choses.
03:58 Mais effectivement, c'est un message fort,
03:59 c'est se concentrer sur le coup d'après,
04:02 et c'est exactement là-dessus que la France et l'Europe doivent se concentrer.
04:04 - J'insiste quand même sur ce point, entrez le groupe Piétri,
04:07 l'Europe ne manque pas de moyens,
04:09 il y a le plan européen à 3 ans précisément,
04:13 qui est de 720 milliards d'euros,
04:17 le plan France 2030, avec là à la clé,
04:20 30 milliards d'euros sur 5 ans.
04:23 On a les moyens, mais on n'a pas les idées.
04:25 - On a les moyens, on a certainement les meilleurs chercheurs,
04:28 d'ailleurs on voit que dans ChatGPT,
04:30 chez Google ou chez Facebook,
04:31 le patron de l'IA chez Facebook, c'est un Français,
04:34 c'est assez connu, les chercheurs sont là.
04:36 Ce qui nous manque, c'est la vision claire.
04:38 C'est-à-dire qu'on passe notre temps... - La vision stratégique.
04:40 - On passe notre temps à dire combien de milliards on a investi,
04:43 et je voyais la réponse européenne aujourd'hui, au plan américain,
04:45 peut-être qu'on va en parler,
04:47 qui est uniquement "on va encore déverser des milliards",
04:49 mais finalement c'est pour faire quoi ?
04:51 C'est quel avenir ? C'est quelle vision on veut de l'avenir ?
04:55 C'est quoi l'objectif qu'on a ?
04:57 Est-ce qu'on veut faire de l'intelligence artificielle
05:00 qui va aider les hommes à régler les grands problèmes climatiques,
05:05 santé, environnementaux ?
05:08 Ça, c'est des vrais sujets.
05:09 C'est comme ça que s'oriente la recherche américaine.
05:11 Nous, aujourd'hui, on a énormément bureaucratisé
05:14 et on passe beaucoup plus de temps à se concentrer sur
05:16 à qui on donne l'argent que vraiment à ce qu'il en sort.
05:18 - Justement, on en vient à ce plan américain dont vous parlez,
05:21 c'est le fameux IRA, donc l'Inflation Reduction Act,
05:25 mis en place par l'administration de Joe Biden,
05:28 à la clé 430 milliards de dollars, un peu plus de 390 milliards d'euros,
05:32 pour faire en sorte que les entreprises viennent s'installer
05:35 sur le sol américain et puis booster l'innovation,
05:38 problème pour l'Europe, ça ?
05:40 - Déjà, il faut s'en féliciter.
05:42 Et ce n'est pas une opinion très, très répandue.
05:44 C'est que ce plan, il est très orienté sur accélérer la transition énergétique.
05:49 Donc, ça fait quand même 10 ans, 15 ans que l'Europe réclame à corps et à cri
05:52 que les États-Unis fassent leur part.
05:55 Ça y est, là, il y a un réclira.
05:57 Mais ils le font sans oublier leur intérêt.
06:01 Et en fait, aujourd'hui, la double frustration des Européens,
06:04 c'est que 1) soudain, les États-Unis font quelque chose de très simple.
06:07 Ce n'est pas une usine à gaz.
06:08 J'entendais la présidente de la Commission européenne,
06:10 qui, je pense, est de bonne volonté, mais qui nous a à nouveau décrit,
06:13 là, ce midi, un plan d'une complexité.
06:15 Je crois que les journalistes dans la salle et en tout cas,
06:17 tous ceux qui écoutaient n'ont pas compris grand chose.
06:20 L'IRA, c'est simple, c'est des subventions directes
06:24 sur tout ce qui permet la transition verte.
06:26 Et la deuxième chose, c'est que les États-Unis n'oublient pas leur intérêt.
06:29 C'est-à-dire tout ça, c'est à condition qu'on s'installe aux États-Unis.
06:31 - Comment on le répond, nous, Européens ?
06:34 - Il ne faut pas commencer à faire.
06:35 C'est comme avec la technologie, faire un Googlebis ou faire un Irabis.
06:38 Cette guerre aux subventions, un, on va la perdre
06:40 parce que les États-Unis ont quand même beaucoup de moyens.
06:43 Et deux, ils ont montré qu'ils savaient mettre en œuvre.
06:46 Je rappelle quand même que le fameux plan européen créé pendant la pandémie,
06:50 qui était un vraiment moment important où on a mis en commun nos dettes,
06:54 seul, moins de 20% a été investi.
06:57 Donc, on est très mauvais à mettre en œuvre.
06:59 On sait annoncer des milliards, mais on ne sait pas mettre en œuvre.
07:01 Nous, ce qu'il faut faire, c'est une grande offensive scientifique, technologique,
07:05 à nouveau pour imaginer le coup d'après.
07:07 - Et donc là, on peut vous rejoindre.
07:09 Alors, l'acronyme de votre structure, c'est Jedi.
07:12 Donc, on peut devenir des Jedi en vous rejoignant.
07:15 Je rappelle donc, traduction de l'Initiative européenne d'innovation de rupture,
07:19 dont vous êtes le président, André Loxcroog.
07:23 Pietri, invité de l'écho sur France Info ce soir.
07:25 !