Thierry Marx, chef étoilé, président de l’Umih, était jeudi 2 février l’invité du 8h30 franceinfo.
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00:00 Thierry Marx, depuis plusieurs mois maintenant, tous les français font face à l'explosion des prix de l'énergie,
00:04 particulièrement dans l'hôtellerie et la restauration.
00:07 Est-ce que la situation s'améliore aujourd'hui ?
00:10 Elle ne s'améliore pas vraiment. Il faut encore une fois continuer à marteler que ça ne s'améliore pas,
00:15 parce que même quand on nous propose 280 euros, c'est quand même trois fois le prix de ce que nous payons.
00:23 280 euros par MW, c'est ce que le gouvernement a annoncé.
00:27 Nous, on demande toujours un tarif régulier et d'amener cette aide,
00:32 ces besoins qu'ont les entreprises, je veux d'avoir un tarif régulier.
00:35 Parce que là, les factures, elles représentent combien du chiffre d'affaires d'un restaurant, par exemple ?
00:39 Alors, ça dépend comment vous avez négocié votre contrat, mais ça peut être 3%, mais beaucoup plus.
00:45 Il y a des gens qui... Il y a des confrères qui ont x10,
00:48 c'est-à-dire qu'il y avait une facture d'électricité et de gaz à électricité,
00:51 parce que ce n'est pas dissocié au mois d'octobre de 700 euros et au mois de décembre de 11 000 euros.
00:57 C'est-à-dire que toute la marge de l'entreprise, voire au-delà, est mangée.
01:01 Donc, ce n'est même plus la peine d'ouvrir.
01:02 Donc, ça mettait tous ces secteurs en tension et en risque vraiment économique.
01:08 Vous êtes membre, Thierry Marx, du patronat.
01:11 Est-ce qu'on peut en même temps dire "il faut arrêter le quoi qu'il en coûte, ça suffit, les dépenses,
01:15 l'État ne peut plus supporter une dette aussi lourde" et réclamer des aides supplémentaires pour les entreprises ?
01:20 Non, mais on ne fait pas la manche, on demande des choses qui sont...
01:24 Vous savez, quand il y a eu cette crise sanitaire, on n'a pas demandé à être fermé,
01:29 on n'a pas demandé à être démonétisé, donc on n'est pas allé demander de l'argent.
01:32 On a emprunté de l'argent, donc on a...
01:35 - Des prix garantis par l'État. - On a fait des prix garantis par l'État.
01:37 Donc, on a des dettes.
01:38 Et quand vous arrivez et que vous repartez dans une activité qui a été bonne, 2022, c'était bien,
01:44 vous vous retrouvez avec une hausse énorme de l'énergie, une hausse très forte des coûts des matières premières,
01:52 et le remboursement de vos prix garantis par l'État, vous ne passez plus.
01:56 On a entendu ces dernières semaines des responsables locaux de l'UMI dire, si on ne fait rien,
02:01 30, 40, 50 % des restaurants pourraient fermer la porte.
02:06 C'est vraiment cette ordre de grandeur-là ?
02:07 Oui, bien sûr.
02:08 - 30, 40, 50 % ? - 30 %, oui. Bien sûr.
02:11 Bien sûr, non, non, c'est pas...
02:12 Vous savez, les professionnels n'ont pas vocation à se plaindre,
02:16 n'ont pas vocation à se dire, c'est ça où on ferme.
02:19 Pas du tout.
02:19 Ce sont des gens qui ont, par moment, et souvent, très souvent, mis le dernier euro dans leur entreprise.
02:26 Donc, si ça casse, eh bien, ils sont à la rue.
02:30 Qui sont ceux qui souffrent le plus aujourd'hui ?
02:32 Ce sont plutôt les PEs, les petites entreprises, les petites entreprises qui, bien souvent, ont très peu de salariés
02:40 et qui sont avec 2, 3 % de marge sur leur entreprise.
02:44 Ils sont en fragilité.
02:45 Bien sûr, il faut y faire attention.
02:46 Vous vous avez vu, Bruno Le Maire, il y a quelques jours ?
02:48 Oui, Bruno Le Maire, Olivia Grégoire.
02:51 Je pense qu'il y a eu une vraie écoute, vraiment.
02:53 On a été entendus, mais on leur a demandé de peser de tout leur poids dans la négociation face aux fournisseurs d'énergie,
03:01 parce que le poids de l'État doit nous aider, nous, citoyens, à peser face à ces fournisseurs d'énergie.
03:06 Sauf qu'ils vous disent, vous n'êtes pas comme les boulangers,
03:08 on ne va pas faire du cas par cas, négocier les contrats avec les énergéticiens.
03:13 Moi, je défends beaucoup les boulangers.
03:15 Je connais bien cette profession et je défends beaucoup les boulangers,
03:18 mais les boulangers n'ont pas été fermés.
03:21 Pendant la crise Covid ?
03:22 Pendant la crise Covid, nous, nous avons été fermés, nous avons accumulé des dettes.
03:25 Il a fallu repartir et on repart avec des dettes.
03:28 Donc, il faut aussi écouter ces gens.
03:30 Mais la part de l'énergie dans votre chiffre d'affaires n'est pas non plus comparable,
03:34 aujourd'hui, avec celle d'un boulanger.
03:36 Je ne suis pas d'accord.
03:37 C'est vrai que, d'abord, comparaison et boisons.
03:41 Non, mais très honnêtement, on ne peut pas comparer.
03:44 Quand vous ouvrez un hôtel, que vous avez le chauffage,
03:46 que vous avez la climatisation, les cuisines,
03:50 tout ça pèse lourdement dans le chiffre d'affaires, dans le résultat de l'entreprise.
03:54 Si votre énergie fait fois cinq, voire fois dix pour certains,
03:59 vous ne passez plus, ce n'est même pas la peine d'ouvrir l'établissement.