Eric Naulleau - "Réforme des retraites : c'est de l'amateurisme"
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Transcript
00:00 (Générique)
00:03 - Vendredi, c'est Nolo. Bonjour Éric Nolo.
00:05 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:06 - Alors vous revenez ce matin sur le projet de réforme des retraites porté évidemment par Élisabeth Borne
00:11 et qui est actuellement en cours d'examen.
00:12 - Oui, Élisabeth Borne, notre première ministre, était hier soir l'invité de l'émission "L'événement" sur France 2
00:17 pour défendre son projet de réforme des retraites.
00:20 Car il y a le feu dans la maison, car rien ne se passe comme prévu dans ce dossier
00:24 dont le président de la République veut pourtant faire le marqueur de son second quinquennat
00:28 et même la trace qu'il laissera de son passage à l'Élysée.
00:32 Alors quand les Français s'opposent à une réforme,
00:34 le pouvoir en déduit que le problème tient à un déficit de pédagogie,
00:37 que la chose n'a pas été bien expliquée ou qu'elle a été mal entendue.
00:41 Mais si les Français s'opposaient à cette réforme,
00:44 non pas parce qu'ils l'ont mal comprise, mais parce qu'ils l'ont trop bien comprise.
00:47 Plutôt que l'interview d'Élisabeth Borne,
00:49 mieux valait écouter une récente intervention de Marisol Touraine,
00:52 maîtresse d'œuvre de la précédente réforme des retraites, c'était en 2014,
00:56 car celle-ci usa d'un mot totalement absent du vocabulaire de la première ministre,
01:01 le mot de "vision".
01:03 Au-delà d'une simple logique comptable,
01:05 quelle est la vision du projet porté par la première ministre ?
01:08 Inutile de chercher, elle est introuvable.
01:10 Tout part d'eux et tout retourne à la calculette.
01:14 Alors même que nous parlons d'un sujet crucial, d'un sujet aux dimensions philosophiques,
01:18 de la vie professionnelle qui occupe la moitié de nos existences,
01:21 et de la seconde vie qui commence après la vie dite "active" et qui devrait rester active.
01:26 Non seulement la loi en cours d'examen néglige tous ces aspects,
01:29 mais elle se caractérise par un incroyable degré d'impréparation.
01:33 On peut même à ce point parler d'amateurisme.
01:35 - Alors où est-ce que vous voyez de l'amateurisme, Éric Nolot,
01:38 dans ce projet de réforme des retraites ?
01:39 - Sous-estimation tout d'abord du rejet de l'opinion publique,
01:42 des manifestations ont eu lieu en des endroits peu familiers de la contestation,
01:46 dans des villes moyennes, ou encore à Nice,
01:48 bastion de la droite et résidence de nombreux retraités,
01:50 pourtant non concernés par les changements à venir.
01:53 Erreur de calendrier ensuite, de nouveaux efforts sont sollicités
01:56 au moment où l'inflation flambe,
01:58 où les tarifs de l'électricité et des péages viennent de connaître une forte hausse.
02:02 Dans les villes moyennes que j'évoquais,
02:04 les restaurants et d'autres commerces baissent leurs guideaux un par un,
02:07 hétèsent à ce paysage de crise,
02:10 qu'il fallait ajouter une touche de noir supplémentaire,
02:13 la perspective de travailler deux ans de plus.
02:15 Tout plaidait pour un report.
02:17 Et encore, comment peut-on bricoler si activement une réforme
02:21 qui pénalisera les femmes, de l'aveu même de Franck Riester, ministre en exercice,
02:25 mais laissera intact le régime spécial des sénateurs ?
02:28 Le gouvernement et le président de la République
02:30 semblent à présent placer tous leurs jetons sur la voie parlementaire,
02:33 sur la constitution d'une majorité de circonstances avec les Républicains,
02:37 mais soumis à la pression négative de leur électorat
02:39 à chaque fois qu'ils retournent dans leur circonscription,
02:41 le doute s'insinue non seulement dans les rangs de LR,
02:44 mais aussi dans ceux de Renaissance.
02:46 L'incendie couvre, l'ombre de la dissolution plainte sur l'Assemblée nationale,
02:50 et voilà en plus qu'il se dit que certaines dispositions du projet
02:54 pourraient se révéler anti-constitutionnelles.
02:56 Une odeur de roussie s'était mise à flotter dans l'air
02:59 dès l'annonce de cette réforme, ça sent désormais carrément le brûler.
03:02 - Merci Éric Nolot, vous restez avec nous tout à l'heure,
03:05 9h moins 20, avec Guillaume Bigot,
03:08 et puis vous aussi, au 0826 300 300,
03:10 vous pourrez dialoguer avec Éric Nolot, Guillaume Bigot,
03:14 que ce soit sur les retraites,
03:15 peut-être aussi sur le sujet qu'on va évoquer dans un instant,
03:18 sur l'Ukraine et la guerre.
03:20 Bien sûr, on en arrive quasiment au 1 an de guerre, dans quelques jours.
03:24 8h14 sur Sud Radio.