La chanteuse et comédienne Izïa était l'invitée de Rebecca Manzoni dans Totémic pour la sortie de son nouvel album "La vitesse". Elle est nommée aux prochaines Victoires de la Musique.
Totémic du 20/01/2023
Totémic du 20/01/2023
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MusiqueTranscription
00:00 * Extrait de « La Frête sur Seine » de La Frête *
00:03 - Et bonjour Isia ! - Bonjour !
00:05 - On va rentrer dans le studio, mais décrivez-moi celui où vous avez enregistré votre dernier album,
00:10 comme s'il fallait décrire une carte postale.
00:12 - Ah, oh alors c'est une grande maison style victorienne,
00:16 dans un bled qui s'appelle La Frête sur Seine.
00:19 Et ce studio s'appelle La Frête, et c'est un endroit magique,
00:23 au milieu d'un grand jardin,
00:26 avec un grand studio, une énorme console, un grand salon accueillant, une cuisine comme un ventre,
00:31 avec des femmes et des hommes merveilleux qui s'occupent de cet endroit,
00:34 et qui t'accueillent comme si c'était leur propre maison.
00:37 Et c'est un endroit magique, où on a eu la chance de passer plus d'un mois pour faire ce disque.
00:42 Voilà.
00:43 - Alors, pas de cuisine, pas de jardin, mais dans le studio il y a le public, et deux fauteuils rouges.
00:48 On y va !
00:50 * Extrait de « La Frête sur Seine » de La Frête sur Seine *
00:52 - Merci.
00:54 * Applaudissements *
00:56 - Bonjour.
00:58 * Applaudissements *
01:00 * Extrait de « La Frête sur Seine » de La Frête sur Seine *
01:02 * Applaudissements *
01:04 - Vous assumez, peut-être que c'est ça ce disque,
01:08 assumez vos forces et vos faiblesses à ton 3 ans.
01:11 - 32 !
01:12 - 32 !
01:13 - Attendez, quand même !
01:14 - En tout cas, vous avez commencé à 15 ans et demi.
01:17 Et l'une de vos premières scènes, c'était la première partie diggy-pop,
01:20 ce qui fixe quand même un cap.
01:22 Et un parcours s'est construit, comme une énergie qui se sculpte petit à petit.
01:27 Votre dernier album s'intitule « La vitesse », le disque comme la tournée.
01:31 Vous valez une nomination aux prochaines victoires de la musique,
01:35 dans la catégorie « Meilleure artiste féminine de l'année ».
01:38 Ces chansons nouvelles, c'est la colère, la joie, la tristesse qui arrive en flot et on ne fait pas le tri.
01:44 C'est revendiquer de ne jamais être la même, c'est le temps qui passe comme un remède.
01:50 « La vitesse » pour prendre son envol, parce que, comme vous le dites,
01:54 j'ai le futur dans le viseur et j'accélère.
01:56 Bonjour, bienvenue, c'est Totemic en public.
01:59 - Totemic.
02:00 - Alors la voix que vous avez choisie de nous faire écouter ce matin, Isia,
02:08 c'est celle d'une Américaine, c'est Patti Smith.
02:12 On a donc choisi un classique, notamment pour la beauté de son premier vers,
02:17 « Jésus est mort à cause des péchés de quelqu'un, mais pas les miens ».
02:21 Jésus est mort à cause des péchés de quelqu'un, mais pas les miens.
02:27 Le miltaine de folles, le corps de l'animal de mon colère.
02:41 Les péchés de mon corps, les péchés de mon corps,
02:47 sont pour moi, pour moi.
02:53 Les péchés de mon corps, les péchés de mon corps,
02:57 sont pour moi, pour moi.
03:03 Les péchés de mon corps, les péchés de mon corps,
03:07 sont pour moi, pour moi.
03:13 - C'est une voix tellement reconnaissable.
03:17 - Vous l'avez vue en concert ?
03:21 - Oui, plein de fois.
03:27 Elle me fait un drôle d'effet à chaque fois.
03:33 Elle me fait pleurer comme une enfant, mais vraiment à chaud de larmes.
03:41 Des pleurs comme un enfant qui pleure.
03:47 C'est très drôle. Je la vois chanter,
03:51 et il y a un canal chez elle qui se dirige vers moi,
03:55 qui me fait éclater en sanglots.
03:57 Je passe une heure et demie, deux heures à pleurer,
03:59 sans pouvoir m'arrêter en sanglotant comme ça, comme un enfant.
04:03 Elle a un canal qui me va droit au cœur.
04:09 - Vous l'avez rencontrée ?
04:11 - Oui, je l'ai rencontrée, et c'était débile,
04:15 parce que je chialais comme une naze.
04:19 J'étais à l'Olympia, et j'arrive dans la loge,
04:21 et je pleure, et elle me fait un...
04:23 Et j'avais le maquillage, je ne te raconte pas,
04:25 vu que j'avais pleuré pendant deux heures auparavant.
04:27 Elle me prend la tête dans les mains,
04:29 elle me fait un bisou sur le front, un baiser,
04:31 même pas un bisou, un baiser.
04:33 Et elle me dit "Don't cry, it's ok".
04:35 Je savais que ça allait aller comme ça.
04:37 Et du coup, elle a signé son livre,
04:41 et c'est la seule fois où j'ai rencontré,
04:43 je me suis ridiculisée. C'était super.
04:45 - Vous avez chanté Gloria sur scène,
04:49 où vous faisiez les choeurs,
04:51 c'était avec Jeanne Haddad.
04:53 On a écouté le début de la chanson,
04:55 mais il y a ce refrain qui fait du bien quand même,
04:59 j'aimerais qu'on l'écoute.
05:01 (Musique)
05:03 (Musique)
05:31 - Cette chanson, en départ, c'est une reprise pour Patti Smith.
05:35 Vos textes, c'est vous qui les écrivez.
05:37 Est-ce que vous les adressez à quelqu'un en particulier ?
05:41 - Ça dépend de mes textes, mais principalement,
05:45 c'est comme si je m'adressais à moi-même.
05:49 Et puis même quand je m'adresse à quelqu'un,
05:51 par exemple dans le texte de La vitesse,
05:55 je dis "Je vais pas rester là assise à crever à tes côtés,
05:59 et en fait, faut pas avoir fait ma tsub, ma tsp,
06:03 pour comprendre que c'est à moi que je parle, globalement.
06:07 Il y a un peu quelque chose comme ça,
06:09 où je m'adresse à quelqu'un en disant
06:11 "Tu vas pas rester là à te morfondre,
06:13 à prendre la vitesse."
06:15 C'est presque un message que je m'adresse souvent dans mes textes.
06:19 Étrangement, il y a beaucoup de deuxième lecture,
06:22 de troisième lecture,
06:24 c'est assez vaste en fait,
06:28 en termes d'explication.
06:30 Je pense que tout le monde peut s'identifier,
06:32 mais il y a toujours un moment qui est un peu sur le fil,
06:34 où on ne sait pas trop ce qui se dit.
06:36 - C'est souvent des textes qui sont très autobiographiques ?
06:39 - Oui, très autobiographiques.
06:40 - Alors si vous vous adressez à vous-même,
06:42 moi je pense à une chanson qui s'intitule "Folle",
06:44 où vous dites "Je ne suis pas folle",
06:46 mais c'est comme ça qu'on vous a déjà décrites ?
06:49 - Je pense que c'est un terme qui est un peu galvaudé en ce moment,
06:54 "elle est complètement folle".
06:57 C'est le seul texte de l'album où je l'ai pensé avant,
07:03 j'avais envie de dire ça,
07:05 j'avais envie d'exprimer ce sujet-là dans un texte.
07:08 Pas de dire "je ne suis pas folle",
07:10 mais c'est plutôt un texte qui parle du fait d'aller en profondeur chez les gens,
07:14 de ne pas forcément s'arrêter.
07:16 Parce que moi quand on me rend compte,
07:17 on pourrait dire que je suis comme ça,
07:18 une espèce de feufolet sur scène, pleine d'énergie,
07:20 tous ces mots que j'ai déjà entendus plein de fois à mon propos,
07:23 mais en fait il y a tellement de couches,
07:26 c'est tellement plus compliqué,
07:28 c'est tellement moins binaire que tout ça.
07:30 Et je pense que surtout dans cette période compliquée qu'on traverse tous,
07:34 et qu'on s'est un peu pris de plein fouet,
07:36 je pense qu'on a tous encore plus de fêlures,
07:38 et c'est presque un morceau pour dire
07:40 d'être peut-être plus indulgent envers les autres,
07:44 d'être moins dans le jugement.
07:46 - Qu'on ne s'arrête pas à la première image.
07:47 - Ouais, exactement.
07:48 C'est plus ça que dire simplement "je ne suis pas folle",
07:50 parce que ce serait trop simple.
07:54 Mais c'est juste pour essayer de dire aux gens
07:57 de comprendre un peu plus l'espèce humaine dans sa profondeur.
08:02 - Mais cet album qui s'intitule "La vitesse",
08:04 c'est comme si ça avait été un élastique très tendu
08:07 qu'on lâche d'un coup pour laisser exploser la colère aussi,
08:12 la tristesse, parce que vous lui faites une place à cette tristesse.
08:15 - Oui, justement, j'ai un morceau qui s'appelle "Tristesse"
08:18 où je parle de ma tristesse,
08:20 "folle" que je parle du fait d'être folle,
08:22 je ne me suis pas foulée pour les titres des chansons,
08:24 comme vous pouvez comprendre.
08:26 Et oui, parce que j'ai cette folie,
08:30 mais j'ai aussi cette tristesse profonde.
08:32 Je suis quelqu'un d'être très mélancolique parfois
08:34 avec cette tristesse dans laquelle je me plais,
08:38 je me complais parfois.
08:40 C'est comme quand tu écoutes une chanson triste
08:42 et tu te dis "ah putain, elle ne m'a pas rendu assez triste,
08:44 je vais la réécouter pour être vraiment plus triste",
08:46 avec la tête contre la fenêtre du train,
08:48 et dire "t'as un méchial, merde !"
08:50 Il y a un truc un peu comme ça que j'aime dans la tristesse,
08:52 que je trouve assez florissant.
08:56 Et voilà, elle fait partie de moi,
09:00 et je pense que c'est aussi toute la complexité
09:02 de cette vie que j'ai choisie,
09:04 qui est faite de haut et de bas.
09:06 Et voilà, mais oui, c'est un album
09:10 qui présente un peu tout ce que je suis.
09:14 - Un amour de la vie,
09:16 un amour de la vie,
09:18 et puis ce qu'on pourrait prendre aussi
09:20 comme une contradiction,
09:22 en tout cas ce qui n'est pas convenu,
09:24 c'est que cette idée
09:26 que le temps qui passe
09:28 fait du bien.
09:30 Pourquoi vous êtes convaincue de ça ?
09:32 - Parce que c'est la vérité,
09:34 dans le remède, je dis "le temps qui passe"
09:36 c'est le remède à la vie.
09:38 C'est hyper facile de dire ça,
09:40 mais c'est tellement con,
09:42 mais c'est vraiment le conseil que tu donnes
09:44 tout le temps à tes amis quand ils sont mal.
09:46 C'est que tout passe, en fait,
09:48 le temps guérit les choses,
09:50 la tristesse...
09:52 Moi j'ai pas été très très bien ces derniers temps,
09:55 et puis là je suis bien à nouveau,
09:57 et il faut juste rider la vie
09:59 et les choses qui t'arrivent,
10:01 parce que finalement, tout finit par passer.
10:03 Alors c'est très très difficile de l'entendre
10:05 quand t'es un peu dans l'œil du cyclone,
10:07 c'est même impossible,
10:09 mais pourtant c'est la vérité.
10:11 J'ai eu une vie assez rocambolesque,
10:13 j'aime mal penser,
10:15 et voilà, tout est passé.
10:17 Mais les joies aussi,
10:19 et la tristesse,
10:21 et tout passe,
10:23 et c'est qu'un cycle comme ça.
10:25 Les gens ont tendance à croire,
10:27 "Ah mais là je suis un peu dans une phase,
10:29 comme si ça va pas très bien",
10:31 mais en fait ce sera jamais comme ça.
10:33 On est tout le temps dans les montagnes russes,
10:35 en fait.
10:37 Ce serait tellement prétentieux
10:39 de pouvoir savoir ce qu'on est en train de vivre
10:41 pendant combien de temps, en fait.
10:43 - Et pas la peine de ralentir.
10:45 Et la colère qui infuse dans le disque,
10:47 je pense à des chansons
10:49 comme "Qui nous sommes",
10:51 je pense à des chansons comme "Dehors" aussi,
10:53 elle vient d'où cette colère-là ?
10:55 - Moi j'ai...
10:57 En plus d'être folle et triste,
10:59 j'ai toujours été aussi très en colère.
11:01 Une colère,
11:03 une rage,
11:05 une injustice
11:07 très violente,
11:09 c'est vraiment...
11:11 C'est très premier degré de dire "j'aime pas l'injustice",
11:13 mais c'est quelque chose qui me fait profondément du mal.
11:15 Et je pense que "Dehors",
11:17 j'ai commencé à l'écrire
11:19 en m'inspirant évidemment du
11:21 deuxième confinement, qui était le plus injuste des deux
11:23 finalement, parce que tout le monde n'était pas forcément
11:25 logé à la même enseigne.
11:27 Ce souvenir terrible des rayons
11:29 culture bâchés avec des sacs plastiques,
11:31 avec "écriture interdite", des trucs complètement
11:33 aberrants, qui rappelaient les heures sombres
11:35 de certaines époques.
11:37 Et...
11:39 L'agression de Michel Zecler,
11:41 tous ces trucs-là, c'était très très difficile.
11:43 Et puis aussi,
11:45 de nous dire tout à coup
11:47 qu'on nous a enfermés pendant hyper longtemps,
11:49 et puis tout à coup de nous dire "Alors sortez maintenant,
11:51 sortez dehors, il faut aller consommer,
11:53 que tout le monde retourne chez Sephora, c'est très très important".
11:55 Tu vois, il y avait un truc comme ça.
11:57 Et en fait, quand je crie "Dehors, c'est la vie", "Sors dehors,
11:59 c'est la vie", c'est pas forcément
12:01 une injonction que je donne aux gens que j'écoute,
12:03 c'est plutôt, je mime en fait
12:05 le gouvernement ou les gens
12:07 qui nous gouvernent et qui nous ont
12:09 dit tout à coup qu'il fallait
12:11 maintenant sortir. Et ben moi j'étais pas prête à sortir,
12:13 c'était difficile pour moi tout à coup de ressortir.
12:15 Et d'ailleurs je me suis reconfinée
12:17 dans un studio pour faire mon disque.
12:19 Donc...
12:21 Voilà, de la colère
12:23 qui nous sommes aussi, je m'adresse un peu
12:25 à ces gens-là, enfin bon...
12:27 - C'est important de s'isoler
12:29 pour écrire un disque, parce que la frette,
12:31 c'est, comme vous l'avez décrit au début de l'émission,
12:33 c'est un jardin, c'est une maison,
12:35 c'est une bulle en fait.
12:37 - Ouais, ouais, c'est... Je l'avais jamais fait
12:39 comme ça. Et...
12:41 Et j'avais pas du tout envie
12:43 de le faire autrement.
12:45 Cet album-là, c'est un album
12:47 qui s'est fait en un mois et demi
12:49 et quelques, dans cet endroit.
12:51 Et ce studio fait partie aussi
12:53 de la création de cet album.
12:55 Pour moi c'est le troisième membre du groupe avec Bastien Burget
12:57 avec qui j'ai...
12:59 fait cet album.
13:01 Et...
13:03 J'avais vraiment besoin de ça, j'avais besoin de me concentrer,
13:05 j'avais besoin d'avoir un temps donné,
13:07 de me dire "c'est au sein de ce temps-là
13:09 que tu vas faire un disque en fait".
13:11 J'avais pas du tout envie d'avoir un an et demi
13:13 devant moi, aller en studio un peu à Paris,
13:15 puis aller boire des coups, puis machin,
13:17 et puis pas vraiment te concentrer.
13:19 Et j'ai beaucoup aimé ça.
13:21 C'est comme quand je passerai mon permis, je le ferai en accéléré
13:23 à la campagne pendant deux semaines, tu vois, hyper
13:25 intensif, parce que je sais jamais, enfin je sais que
13:27 jamais je bosserai chez moi, ça c'est impossible.
13:29 - Passer le permis en accéléré,
13:31 c'est une idée. - Oui, non mais bien sûr,
13:33 j'ai passé mon album en accéléré
13:35 dans un studio.
13:37 C'est un peu comme ça que je le vois.
13:39 Mais en même temps c'est génial parce que ça
13:41 concentre
13:43 toute ta création en fait.
13:45 Et on était dans un flux de travail
13:47 permanent. Et on s'était jamais
13:49 brisé. Parfois on sortait pas pendant
13:51 cinq jours d'affilée de la maison quoi, ça a été...
13:53 - Votre première chanson, vous l'avez
13:55 écrite quand vous aviez 13 ans.
13:57 Aujourd'hui vous en avez 32.
13:59 - Oui.
14:01 - Comment a évolué votre écriture ?
14:03 - Bah...
14:05 De mille façons. Au début,
14:07 j'ai toujours eu un
14:09 beaucoup, beaucoup
14:11 d'amour pour les mélodies très
14:13 dramatiques, que ce soit dans les
14:15 comédies musicales.
14:17 Tout ce qui est très, comment dire,
14:19 chevaleresque et avec
14:21 beaucoup de
14:23 sentiments. Par exemple
14:25 du Queen ou du Muse
14:27 ou même
14:29 dans les Strokes.
14:31 Toutes ces mélodies un peu...
14:33 - Lyriques. - Lyriques, merci.
14:35 C'est le mot que je cherche depuis tout à l'heure. Toutes ces mélodies lyriques.
14:37 J'ai toujours eu beaucoup, beaucoup d'amour
14:39 pour ça. Et
14:41 je pense qu'au début j'étais très axée sur la mélodie,
14:43 sur les mélodies, sur ma voix,
14:45 sur découvrir un peu sa puissance,
14:47 la dompté,
14:49 la rencontrée.
14:51 J'ai commencé tellement jeune
14:53 et dans un cadre
14:55 que c'était quand même il y a 20 ans
14:57 maintenant, enfin quasiment,
14:59 presque.
15:01 Et c'était quand même, il y avait vachement plus
15:03 de liberté dans la musique. C'était pas comme aujourd'hui
15:05 avec le contrôle de l'image et tout ça.
15:07 Moi j'ai commencé
15:09 à 15-16 ans à être sur la route.
15:11 Mais c'est pas comme Billy Eilish qui commence à 15-16 ans
15:13 sur la route et qui est hyper fliqué
15:15 sur l'image et tout ça. Moi j'ai commencé
15:17 dans un bordel. Vraiment c'était
15:19 on part en tournée, on fait du rock,
15:21 et puis on verra bien ce qui va arriver.
15:23 C'était vraiment une autre période.
15:25 Donc j'ai commencé,
15:27 je pense que je me suis entraînée
15:29 aux yeux de tous,
15:31 sur un premier album, un deuxième,
15:33 et finalement hop, changer
15:35 pour le français,
15:37 apprendre à chanter en français sur un album,
15:39 puis un deuxième, puis ce disque.
15:41 J'ai vraiment l'impression
15:43 d'être en perpétuel apprentissage.
15:45 - Ça s'apprend de chanter en français ?
15:47 - Ouais.
15:49 Et d'écrire en français.
15:51 Et comment les mots résonnent.
15:53 Moi je sais que sur La Vague,
15:55 mon premier album en français, plus pop,
15:57 j'étais extrêmement pudique.
15:59 Je me jugeais en temps réel
16:01 sur absolument tout ce que j'écrivais.
16:03 Je trouvais que c'était nul, je me trouvais nulle.
16:05 J'essayais de me rapprocher d'une écriture
16:07 peut-être un peu plus poétique,
16:09 en m'inspirant de Dominika,
16:11 de ce genre d'artiste que j'aime énormément.
16:13 Et je n'osais pas
16:15 faire des chansons à la première personne,
16:17 de parler en jeu,
16:19 avec des phrases très simples.
16:21 Tout était un peu en imagé.
16:23 Alors que là, sur La Vitesse,
16:25 j'ai mis trois albums,
16:27 enfin deux albums,
16:29 à finalement écrire
16:31 "1, 2, 3, je te crois quand tu portes
16:33 ta boue de bras". Donc clairement ça,
16:35 j'aurais pu l'assumer pleinement.
16:37 Et surtout que j'y crois
16:39 à mort quand je le chante.
16:41 En 2015, sur La Vague, c'est sûr.
16:43 - Et là on écoute La Vitesse.
16:45 - Hum hum.
16:47 ...
16:54 *Musique*
17:11 *Musique*
17:29 *Musique*
17:45 *Musique*
18:05 *Musique*
18:33 *Musique*
18:57 *Musique*
19:17 *Musique*
19:37 *Musique*
20:05 *Musique*
20:25 *Musique*
20:43 - La Vitesse, c'est le titre du morceau
20:45 et de son album.
20:47 Isia est dans Totemic en public ce matin.
20:49 *Musique*
20:54 - Tout à l'heure, vous évoquiez vos débuts,
20:56 Isia, donc c'était...
20:58 Vous aviez 15 ans et demi, vous parliez de l'image
21:00 qui était pas aussi importante
21:02 qu'aujourd'hui. Est-ce que ça peut vous peser aujourd'hui, justement ?
21:04 - Oui, énormément.
21:06 C'est vraiment quelque chose qui est extrêmement pénible, en fait,
21:08 pour les artistes.
21:10 Enfin, en tout cas,
21:12 quand t'as connu avant,
21:14 quand t'as vu comment c'était avant trop cool,
21:16 franchement, maintenant, c'est vraiment trop pénible, quoi.
21:18 C'était fou,
21:20 on était dans le van, on partait en tournée,
21:22 tu pensais pas à faire une story,
21:24 tu pensais pas à faire un truc, tu pensais pas à machin,
21:26 t'étais juste dans le moment présent avec ton groupe.
21:28 Ça fait un peu vieille conne de dire ça,
21:30 mais vraiment, c'est vrai, quoi.
21:32 C'était autre chose, c'était une autre époque,
21:34 tu pouvais faire des concerts qui restaient juste dans la tête.
21:36 Alors, aujourd'hui, moi,
21:38 je me sers de cet outil parce que j'ai pas vraiment le choix,
21:40 mais ça a quand même fucked up
21:44 tout le rapport
21:46 à l'instant présent
21:48 qui est essentiel dans les concerts, en fait,
21:50 qui est vraiment le concept même d'un live, en fait.
21:52 - Ces débuts,
21:54 ils sont archivés d'une certaine façon
21:56 parce que Internet existait déjà, justement.
21:58 Vous avez dit un truc.
22:00 - Non, non, oui, j'ai fait des très belles émissions,
22:02 je peux me revoir,
22:04 vous allez dire quoi, pardon ?
22:06 - Justement, est-ce que vous avez,
22:08 est-ce qu'il vous est arrivé de retomber
22:10 sur ces débuts, là ? - Oui, oui, oui,
22:12 c'est un enfer. Je déteste me regarder
22:14 quand j'ai 16 balais, là, à one shot,
22:16 la dernière fois, je suis tombée dessus.
22:18 L'émission de Manu Caché est géniale
22:20 qui existait sur Arte,
22:22 et putain,
22:24 c'était fou !
22:26 J'en fais des caisses, je suis à moitié
22:28 à WALP, je suis là, mais putain, mais waouh,
22:30 la meuf, quoi, j'en avais rien
22:32 à foutre de rien, quoi.
22:34 C'est incroyable, même quand
22:36 j'ai chanté avec Iggy Pop et tout,
22:38 ça s'était un peu plus cadré quand même,
22:40 mais même je revois des trucs de live et tout,
22:42 mais je faisais n'importe quoi, c'était vraiment...
22:44 - Mais c'est quoi, faire n'importe quoi ?
22:46 - Je sais pas, je faisais des solos
22:48 de batterie en soutif aux vieilles charrues
22:50 dans 50 000 personnes,
22:52 des trucs qu'aujourd'hui, je pense que...
22:54 Enfin, je sais pas,
22:56 mais j'adorerais retrouver
22:58 aussi cette légèreté-là
23:00 que je suis en train un peu de retrouver,
23:02 mais cette année, elle a été un peu compliquée vis-à-vis de ça,
23:04 justement à cause de l'image
23:06 et de tous ces trucs-là. Et à l'époque,
23:08 t'en avais un peu plus rien à foutre, je pense,
23:10 et là, j'ai envie de retrouver un peu
23:12 cet état d'esprit de genre "non, mais en fait,
23:14 on n'est pas du tout en train
23:16 de sauver des vies, on s'en fout complètement,
23:18 c'est vraiment pas grave, tout le monde s'en remettra,
23:20 et puis en plus, tout le monde s'en fout."
23:22 Je pense qu'il faut retrouver
23:24 cette espèce de légèreté.
23:26 - Et cette innocence, peut-être. - Et cette innocence-là,
23:28 je suis complètement d'accord avec ça.
23:30 Là, je me suis dit "non mais Izzy,
23:32 arrête, ça suffit, c'est vraiment pas intéressant,
23:34 c'est pas grave."
23:36 Donc voilà, mais c'est
23:38 difficile de trouver de la légèreté
23:40 dans tout ça, quand tout le monde te fait croire un peu
23:42 autour de toi, ou même quand tu te
23:44 compares aux autres en permanence, "ah mais lui, il a fait
23:46 un super machin, il est malin..."
23:48 C'est sans fin, quoi. Honnêtement, c'est sans
23:50 fin. Et même si tu te dis "non mais c'est pas grave",
23:52 tu peux
23:54 rien que d'avoir ce petit diable "ah mais
23:56 quand même, c'est peut-être un peu grave si le montage
23:58 de machin n'est pas aussi bien que celui de là
24:00 qui l'a fait, tu vois."
24:02 Donc même si tu
24:04 t'en fous, t'es quand même
24:06 rattrapée par des trucs.
24:08 Je vais essayer de démarrer l'année 2023 sur
24:10 cette résolution,
24:12 d'en avoir rien à foutre, comme je le dis
24:14 dans les textes, "accident de la route,
24:16 j'en ai rien à foutre". Non mais tu sais que c'est drôle parce
24:18 qu'en fait, plein de
24:20 choses que je dis dans "La Vitesse",
24:22 c'est marrant, mais c'est des
24:24 trucs que j'applique aujourd'hui, dans
24:26 ma vie. Et que peut-être qu'au moment où je les
24:28 ai écrites, donc c'est-à-dire c'était en...
24:30 il y a deux ans,
24:32 en juin 2021,
24:34 ouais,
24:36 été 2021,
24:38 à ce moment-là, vraiment,
24:40 je me donnais des conseils à moi-même.
24:42 Et vraiment, ce que je dis dans mes
24:44 textes, je ne l'appliquais pas forcément, et c'est
24:46 quelque chose qu'aujourd'hui, là, début
24:48 2023, je commence à
24:50 appliquer les conseils que je me donne à moi-même dans mon
24:52 disque, en fait.
24:54 Et c'est pour ça qu'il faut laisser le temps passer.
24:56 C'est parce que tu te rends compte
24:58 qu'en fait, même à toi-même,
25:00 tu te fais des tricks, tu te donnes des propres
25:02 conseils à toi-même et que t'appliques un an et demi après,
25:04 parce qu'il faut du temps pour appliquer les choses que tu comprends,
25:06 c'est pas instantané, la vie.
25:08 Donc je me rends compte de ça maintenant,
25:10 un an et demi plus tard, deux ans plus tard,
25:12 et c'est très jouissif.
25:14 - Vous dites "il faut du temps
25:16 pour comprendre". Quand vous écrivez
25:18 une chanson, est-ce que vous êtes arrivée
25:20 à en découvrir le sens
25:22 plus tard ? - Évidemment.
25:24 J'ai un exemple qui est
25:26 assez fou,
25:28 vraiment, c'est sur l'album
25:30 "Citadel", j'ai un morceau qui s'appelle "Sunset".
25:32 Et
25:34 en fait... - Ça parle d'un coucher de soleil !
25:36 - Ouais, non, mais attends, en fait,
25:38 je commence à...
25:40 Non mais c'est ça. Et moi, dans ma tête, je galérais
25:42 un peu sur le texte de ce morceau,
25:44 parce que justement, j'arrivais pas à m'identifier, moi, qui écris des textes
25:46 très personnels, et j'avais un peu du mal.
25:48 Et du coup, je me dis "bon, moi, je vais
25:50 parler d'une histoire d'amour qui se termine, un peu
25:52 comme ça, comme un coucher de soleil, et puis
25:54 voilà, rien ne sera jamais..."
25:56 Et puis, bon, voilà, c'est un des textes
25:58 peut-être que j'écris en plus co-écrit avec Les Scopes,
26:00 qui m'a aidée sur ce texte, parce que je galérais un petit peu.
26:02 Et en fait, l'album sort,
26:06 et là, j'ai un journaliste qui me fait "alors, donc, ce texte,
26:08 "Sunset", texte très puissant
26:10 sur le deuil... Je fais "quoi, non,
26:12 pardon", et tout.
26:14 Et là, je lis le texte, et
26:16 je relis le texte, et je me dis "mais putain,
26:18 c'est le morceau qui parle le plus
26:20 de la mort et du départ de mon père
26:22 et du deuil, de tout l'album de
26:24 Citadelle, c'est le truc le plus...
26:26 évident, et même moi,
26:28 dans le moment, je réalisais pas...
26:30 "Au loin se meurt le soleil, rien ne sera
26:32 jamais plus comme avant",
26:34 c'est troublant de
26:36 sens, et donc, c'est ça
26:38 qui est fou quand t'es artiste, c'est que même ton inconscient
26:40 te joue des tours, t'as l'impression de parler
26:42 de quelque chose, et tu te rends compte après
26:44 qu'en fait, tu parles de complètement d'autres trucs, mais même
26:46 six mois plus tard, je découvre encore des trucs
26:48 que j'ai écrits sur la vitesse, et
26:50 j'en découvre aujourd'hui le sens.
26:52 C'est passionnant, de se faire
26:54 des petites énigmes
26:56 à toi-même, comme ça. - Et que les chansons
26:58 permettent de se découvrir soi-même. - Mais exactement !
27:00 C'est une
27:02 vraie thérapie,
27:04 et puis...
27:06 Ouais, enfin...
27:08 Il y a un sens dans tout ça,
27:10 c'est...
27:12 C'est un vrai moyen d'évacuer,
27:14 ce serait trop simple que ce soit si premier degré.
27:16 - Et puis, il y a aussi
27:18 les chansons dont on comprend pas
27:20 du tout le texte, pour ma part,
27:22 ça concerne
27:24 le tube que vous avez choisi.
27:26 C'est Bohemian Rhapsody, vous l'avez déjà cité
27:28 dans cette émission, de Queen.
27:30 J'ai jamais compris le
27:32 sens du texte de Bohemian Rhapsody
27:34 dans
27:36 sa précision, je dirais, mais en revanche,
27:38 c'est sûr que ça fait de l'effet.
27:40 Comme le morceau dure plus de six minutes,
27:42 je crois, j'ai choisi un passage.
27:44 Alors, on écoute celui-ci.
27:46 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:48 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:50 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:52 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:54 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:56 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
27:58 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:00 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:02 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:04 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:06 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:08 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:10 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:12 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:14 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:16 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:18 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:20 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:22 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:24 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:26 * Extrait de Bohemian Rhapsody *
28:28 Alors, vous l'avez dit, ce qui vous plaît
28:30 dans Bohemian Rhapsody, c'est le côté
28:32 lyrique, le côté
28:34 drama queen, finalement.
28:36 Sans mauvais jeu de mots.
28:38 Il y a d'autres choses, c'est une performance vocale, là, en plus.
28:40 - C'est une performance vocale,
28:42 c'est une performance d'écriture.
28:44 Et je suis vachement là-dedans en ce moment.
28:46 J'ai un peu envie d'écrire un opéra rock.
28:48 Non mais genre...
28:50 J'ai un peu... En fait, je suis vraiment
28:52 une dingue de comédie musicale, comme je disais tout à l'heure.
28:54 Et j'ai
28:56 vraiment envie de faire ça. Vraiment,
28:58 ça me passionne. Et en fait, j'en parle beaucoup avec des amis
29:00 en ce moment, c'est pour ça que j'ai choisi ce morceau.
29:02 Parce que...
29:04 C'est une performance.
29:06 Mais c'est monstrueux.
29:08 Et ça me parle tellement.
29:10 Et en plus, c'est tellement fédérateur.
29:12 Comme nous,
29:14 dans le milieu de l'azique, du rock, machin,
29:16 tout le monde le connaît par cœur.
29:18 Tous les solos, toutes les parties, tous les trucs.
29:20 Et c'est un moment, quand tu le mets en soirée,
29:22 que t'as 30 personnes qui chantent en même temps
29:24 Bohemian Rhapsody, en faisant les chorés,
29:26 les trucs et les machins.
29:28 C'est génial, tu vois. Ou dans un tourbus.
29:30 C'est hyper fédérateur comme morceau.
29:32 - C'est hyper fédérateur
29:34 et en même temps, c'est un morceau où il n'y a que des ruptures.
29:36 C'est-à-dire que c'est...
29:38 Je ne sais plus combien de jours,
29:40 de semaines, peut-être même de mois de studio
29:42 ça a pris à 150 voix superposées.
29:44 Mais surtout, on passe de l'opéra
29:46 à du rock.
29:48 On ne sait jamais où on va
29:50 avec cette chanson.
29:52 - Mais c'est ça qui est merveilleux et brillant
29:54 chez Freddie Mercury et chez Queen.
29:56 C'est justement, en fait,
29:58 ce truc d'avoir vraiment rien à faire
30:00 des cloisons de style,
30:02 de pouvoir passer d'une chose
30:04 à une autre, même au sein des albums
30:06 de Queen, il y a tellement de morceaux différents.
30:08 Tu as l'impression que parfois,
30:10 ce n'est même pas le même artiste
30:12 qui fait ces morceaux-là.
30:14 Mais je ne me compare absolument pas à Queen.
30:16 J'aimerais que les choses soient bien claires
30:18 avant que je commence cette prochaine phrase.
30:20 Mais c'est vrai que moi, parfois,
30:22 dans mes disques, il y a aussi cette rupture-là.
30:24 Dans mes premiers albums, dans la suite,
30:26 au sein même d'un disque.
30:28 Par exemple, "Le remède" ou "Mon cœur"
30:30 ou "La vitesse" ou machin...
30:32 - Ou pour "Avida".
30:34 - Ou pour "Avida", c'est des morceaux qui sont complètement différents les uns des autres.
30:36 Pour moi, c'est quelque chose qui me plaît énormément.
30:38 Énormément.
30:40 De voyager, parce que je me sens
30:42 complètement multiple comme artiste.
30:44 Et c'est pour ça que ça me fait rêver des morceaux
30:46 comme "Bohemian Rhapsody" ou comme toute la discographie
30:48 de Queen, parce que ça me parle
30:50 complètement dans sa diversité.
30:52 - Vous parliez de comédie musicale.
30:54 Ça va faire dix ans pile que vous avez
30:56 reçu le César du meilleur espoir
30:58 féminin pour un film
31:00 qui s'intitule "Mauvaise fille".
31:02 Qui a été réalisé
31:04 par Patrick Mill.
31:06 Vous n'aviez encore jamais fait de cinéma à ce moment-là.
31:08 Comment Patrick Mill vous a repéré ?
31:10 Qu'est-ce qu'il a fait ?
31:12 Alors que vous n'aviez jamais fait de cinéma,
31:14 il s'est dit "c'est elle, c'est Ilia".
31:16 - Eh bien,
31:18 Patrick était chez lui
31:20 avec sa femme, donc Justine Lévy,
31:22 et regardait les Victoires de la musique.
31:24 Et je gagne la victoire
31:26 du meilleur album rock.
31:28 Et je ne m'y attendais vraiment pas du tout, parce que j'avais un
31:30 Dauchine, Chaka Pong en face. Pour moi, ça a été
31:32 une surprise. Et donc je monte
31:34 sur scène, toute frêle avec mon truc
31:36 et là, je balance
31:38 une multitude de putains
31:40 à ne plus pouvoir m'arrêter de dire putain.
31:42 Mais genre pendant 5 minutes.
31:44 5 minutes, c'est extrêmement long.
31:46 Et j'étais là comme ça. Putain, non mais putain,
31:48 putain, non mais attends, pardon, putain, pardon,
31:50 excusez-moi, c'était
31:52 les pieds dans le tapis. Genre vraiment,
31:54 ça ne s'arrêtait plus. Et Patrick me
31:56 raconte cette histoire. C'est lui qui me l'a dit,
31:58 j'invente rien, et qui me dit qu'il a vu ça
32:00 et qu'il a fait "c'est elle".
32:02 Et du coup, dans la foulée,
32:04 il m'a contactée quelques jours
32:06 à semaines après,
32:08 et j'ai passé les essais, j'ai été prise et puis...
32:10 - De l'avantage de se prendre les pieds dans le tapis.
32:12 - Voilà, exactement. De l'avantage
32:14 de se prendre les pieds dans le tapis.
32:16 - Vous mettez moins d'enjeux dans votre parcours
32:18 de comédienne que dans votre parcours de musicienne ?
32:20 - C'est pas vraiment ça,
32:22 c'est juste que c'est...
32:24 C'est pas du tout le même...
32:26 Quand t'es comédienne, tu vis
32:28 dans le désir de l'autre, en fait.
32:30 T'existes seulement si quelqu'un a envie de te faire travailler,
32:32 si quelqu'un a envie de travailler avec toi.
32:34 Alors que quand tu fais un album, c'est toi
32:36 qui es maître à bord
32:38 de ce que tu fais.
32:40 Et disons que je me laisse plutôt
32:44 guidée par les gens qui ont envie de travailler avec moi
32:46 et qui m'appellent, même s'il y a un rôle que je désire,
32:48 évidemment, passer des essais, tout ça,
32:50 mais ça me prend déjà tellement
32:52 de temps de faire de la musique.
32:54 Donc je fais peut-être un petit peu moins de films,
32:56 mais c'est pas du tout
32:58 par...
33:00 par lassitude du cinéma, au contraire.
33:02 J'adore tourner.
33:04 J'adore les ambiances de tournage,
33:06 j'adore faire des films,
33:08 parce que justement, je donne les clés
33:10 à quelqu'un d'autre. Il y a quelque chose où tout à coup,
33:12 je me mets à la disposition de quelqu'un
33:14 et je retrouve un peu une vie avec des horaires.
33:16 J'adore, je me lève à 8h, je finis ma fin de journée,
33:18 y a un truc un peu genre...
33:20 J'ai l'impression de vivre une vie alternative,
33:22 que je ne connais pas, avec des horaires...
33:24 Et je prends beaucoup de plaisir
33:26 à ça, vraiment, et jouer la comédie,
33:28 pour moi,
33:30 c'est un bonheur absolu. Je le fais déjà sur scène,
33:32 enfin, je veux dire, c'est...
33:34 Improviser, parler, tout ça, c'est quelque chose qui me plaît énormément,
33:36 mais j'ai un très très beau projet
33:38 qui arrive et tout ça, donc il se passe
33:40 plein de choses. Mais voilà,
33:42 je mène de front
33:44 un peu les deux, comme ça.
33:46 Mais vous disiez, voilà, de plus mettre de pression
33:48 ou de machin... En fait, là, je vais vraiment essayer,
33:50 je pense, de plus me mettre de pression, trop sur rien,
33:52 et juste vraiment de profiter des choses que la vie m'offre,
33:54 parce qu'il y en a tellement.
33:56 J'ai la chance de pouvoir faire le tour de la France
33:58 et de faire des concerts qui sont complets tous les soirs,
34:00 et là, d'être nommée aux Victoires,
34:02 et de faire des albums, de continuer à en faire
34:04 plus de 15 ans après moi.
34:06 C'est quand même formidable
34:08 de pouvoir avoir
34:10 cette espèce de
34:12 longue carrière
34:14 assez prospère, mine de rien, de pouvoir continuer
34:16 à faire de la musique comme ça, donc...
34:18 Voilà, je vais faire ça, là.
34:20 - Relencer !
34:22 Pour votre carte blanche,
34:24 vous avez choisi...
34:26 Pour votre carte blanche, vous avez choisi
34:28 une chanson de film.
34:30 C'est la chanson de "A Star is Born",
34:32 que Lady Gaga a écrite,
34:34 et qu'elle interprète avec Bradley Cooper.
34:36 Le titre, c'est "Shallow".
34:38 Pourquoi vous avez fait ce choix ?
34:40 - Parce que je la réécoute en ce moment,
34:42 aussi, un peu, ces derniers temps,
34:44 et que j'adore la chanter,
34:46 parce qu'elle est vraiment très très agréable,
34:48 et je trouve que déjà, c'est une chanson
34:50 complètement incroyable en termes de songwriting.
34:52 Je suis une énorme fan de Lady Gaga.
34:54 Et j'avais...
35:00 Quand je viens ici, je chante souvent a cappella,
35:02 je me suis dit "qu'est-ce que t'as envie de faire résonner a cappella ?"
35:04 "Shallow", c'est quand même...
35:06 C'est un vrai bijou de songwriting,
35:08 elle est vraiment trop forte.
35:10 J'aimerais un jour
35:14 arriver à écrire
35:16 une chanson aussi parfaite que "Shallow".
35:18 - Alors je vous laisse la chanter,
35:20 a cappella.
35:22 On va juste laisser...
35:24 (applaudissements)
35:26 (applaudissements)
35:28 (chante en anglais)
35:30 (chante en anglais)
35:32 (chante en anglais)
35:34 (chante en anglais)
35:36 (chante en anglais)
35:38 (chante en anglais)
35:40 (chante en anglais)
35:42 (chante en anglais)
35:44 (chante en anglais)
35:46 (chante en anglais)
35:48 (chante en anglais)
35:50 (chante en anglais)
35:52 (chante en anglais)
35:54 (chante en anglais)
35:56 (chante en anglais)
35:58 (chante en anglais)
36:00 (chante en anglais)
36:02 (chante en anglais)
36:04 (chante en anglais)
36:07 (chante en anglais)
36:10 (chante en anglais)
36:13 (chante en anglais)
36:16 (chante en anglais)
36:19 (chante en anglais)
36:22 (chante en anglais)
36:25 (chante en anglais)
36:28 (chante en anglais)
36:31 (chante en anglais)
36:34 (chante en anglais)
36:36 (chante en anglais)
36:43 (chante en anglais)
36:49 (chante en anglais)
36:56 (chante en anglais)
36:58 (chante en anglais)
37:06 (chante en anglais)
37:17 (chante en anglais)
37:19 (applaudissements)
37:41 (applaudissements)
37:43 - Merci beaucoup, Isia.
37:55 Et pour la suite de Totemic,
37:57 c'est le public qui est aussi au micro.
38:00 - C'est à vous.
38:02 Saisissez-vous du micro pour poser vos questions.
38:06 On vous écoute.
38:08 - Bonjour, je m'appelle Caroline.
38:11 J'ai une question à vous poser sur la sororité.
38:15 On en parle toujours beaucoup.
38:18 Là, vous êtes nommée aux Victoires de la musique
38:22 face à Pomme et Angèle.
38:24 J'aimerais savoir comment ça se gère.
38:27 Est-ce que vous vous connaissez?
38:30 Est-ce que vous vous êtes appelée?
38:33 Est-ce que vous allez vous soutenir?
38:36 Est-ce que vous allez chanter avec elle?
38:39 - Evidemment.
38:41 Après, ce n'est pas forcément mes copines.
38:44 Je n'ai rien contre elles.
38:46 Mais je ne les connais pas vraiment très bien.
38:49 Elles sont très amies, je crois, toutes les deux.
38:52 On a été amenées à se croiser.
38:54 Je crois beaucoup à la sororité.
38:56 Mais je crois surtout particulièrement à l'amitié.
38:59 J'ai des amis très proches que j'aime,
39:02 qui sont Jeanne Haddad, par exemple,
39:05 qui est aussi vraiment une de mes meilleures amies.
39:08 Une vraie amitié.
39:10 Donc, évidemment que je les soutiens
39:13 et que je les trouve formidables
39:16 dans leur art et dans tout ce qu'elles proposent.
39:19 Mais j'ai un petit gang un peu plus punk que j'aime bien.
39:25 Voilà.
39:27 Dans l'absolu, pardon.
39:30 - Qu'est-ce que tu montes?
39:33 - C'est vrai, tu vois.
39:35 Tu n'es pas obligée d'avoir non plus des accointances avec tout le monde.
39:38 C'est normal. C'est comme ça.
39:41 - Question suivante. Allez-y, lancez-vous.
39:44 - Bonjour. Le dernier album, vous l'avez donc écrit
39:47 en vous enfermant dans un studio.
39:49 Et les précédents, vous aviez quelle façon de faire?
39:53 - Le premier, par exemple, je l'ai tourné en live pendant deux ans,
39:58 en le jouant.
40:00 Et puis, tout à l'heure, on a pris jusqu'à un jour de studio
40:03 et on a tout enregistré en live parce que ça faisait déjà deux ans de tournée
40:06 qu'on avait fait derrière.
40:08 Le deuxième, pareil, je suis allée dans un studio, dans le Perche.
40:11 J'ai quand même besoin de m'isoler, globalement.
40:14 C'est quand même un désir.
40:16 J'ai quand même du mal à être à Paris.
40:18 Ce n'est pas quelque chose qui me plaît.
40:21 J'ai besoin de rester dans ma concentration.
40:23 - Il faut sortir du quotidien.
40:25 - Oui, il faut sortir du quotidien, il faut t'inspirer d'autres choses.
40:29 En fait, je n'y arriverais pas.
40:31 Ce serait beaucoup trop difficile.
40:33 Et "Citadel", pour le coup, on n'a pas eu trop de bol.
40:36 - "Citadel" étant l'album précédent.
40:39 - Sur "Citadel", il y a eu le décès de mon père.
40:43 Et puis, moi, j'étais enceinte.
40:45 C'est un album qui a dû se faire, justement, comme ça,
40:48 par plusieurs petites parties sur un an et demi.
40:50 Et c'est vrai que ça a été assez douloureux de le faire comme ça.
40:52 Même si c'est un album dont je suis très, très fière.
40:54 Mais ça a été un peu laborieux et compliqué.
40:57 Je pense que j'ai vraiment besoin de m'isoler
41:00 et de fournir un travail conséquent dans un laps de temps très réduit.
41:05 Mais par contre, de me donner vraiment à fond quand je le fais.
41:10 - Une dernière question.
41:12 Bonjour.
41:14 Vous avez indiqué tout à l'heure que le fait de passer à la langue française
41:19 pour chanter était, on l'a compris, un pas particulier.
41:22 Mais pourquoi, du coup, avoir eu envie de faire cette démarche
41:25 si, en fait, c'était pas du tout si évident ?
41:28 Et pourquoi ne pas être restée sur l'anglais ?
41:31 Et est-ce qu'il y aurait eu une envie de partir sur une autre langue ensuite ?
41:35 - Malheureusement, j'en parle pas vraiment d'autre.
41:37 J'ai quelques notions d'espagnol.
41:39 On les a tous. LV2, quoi.
41:42 Parce qu'en fait, tout à coup, je crois que j'en avais vraiment marre, en fait,
41:51 de pas être vraiment investie dans ce que je disais.
41:55 Je crois que les deux premiers albums, c'est ce que je dis,
41:58 j'étais plus concentrée sur les mélodies, sur peut-être le mouvement de ma voix et tout ça.
42:02 Et après, je crois que j'ai quand même eu vachement envie de mettre du sens, en fait, dans tout ça.
42:06 Et puis juste de pouvoir interpréter mes textes
42:09 en faisant résonner les mots
42:14 et en les interprétant.
42:16 Encore ce truc de la comédie musicale, peut-être, mais tu vois,
42:20 avec une vraie intention de chant.
42:23 Et puis la vague, au début, il devait être moitié anglais, moitié français.
42:27 Et puis, au fur et à mesure, je me suis dit, on va le faire entièrement en français.
42:31 Et puis, de toute façon, quand je prends une décision,
42:34 à un moment, c'est assez radical, mine de rien.
42:36 Donc, je ne me voyais pas trop faire les choses à moitié.
42:39 Le prochain album, peut-être que ce sera un album basse-guitare-batterie
42:43 dans un sous-sol enregistré en trois semaines.
42:46 Ce sera certainement ça, d'ailleurs.
42:48 Mais j'aime bien avoir des visions un peu tranchées sur mes disques.
42:56 Un peu comme des nouvelles airs à chaque fois.
43:00 Un album, c'est un nouveau projet pour moi.
43:02 C'est toujours une nouvelle histoire que tu racontes.
43:05 C'est pour ça que j'ai beaucoup de mal avec les rééditions, par exemple, aussi.
43:07 Les rééditions d'albums, de rajouter des titres sur les disques,
43:10 tout le temps, tout le temps, tout le temps.
43:12 Parfois, tu rajoutes même des artistes,
43:14 tu rajoutes 10, 12 qui sont dans un album, finalement.
43:17 Pour moi, c'est assez bizarre.
43:20 Un album, pour moi, c'est vraiment une histoire.
43:22 Pour moi, la vitesse...
43:24 C'est une photo de la vie.
43:26 C'est une photo, voilà.
43:27 Et puis, il faut l'écouter.
43:28 Il raconte quelque chose.
43:29 C'est vrai que si tu écoutes mon cœur tout seul dans un coin,
43:32 tu peux être un peu perplexe, étant donné que tu me connais.
43:36 Mais en fait, si tu l'écoutes au sein de l'album,
43:38 il prend un sens totalement différent.
43:40 Il a une vraie profondeur qu'il a et que j'aime.
43:45 Donc, pour moi, un album, c'est un album.
43:48 C'est une histoire.
43:49 Ça raconte quelque chose.
43:50 C'est une marque.
43:53 - Et celui-ci s'intitule "La vitesse" avec une tournée qui continue
43:58 à Mérignac ce soir, Rennes demain, La Roche-sur-Yon le 25, etc.
44:02 jusqu'au 13 avril prochain au Zénith à Paris.
44:06 D'ici là, merde pour les Victoires.
44:09 Donc, Totemic en public, c'est fini.
44:12 Merci à toutes et tous.
44:13 Et merci, Izia.
44:14 - Merci beaucoup.
44:15 - D'avoir fait escale dans ce fauteuil rouge.
44:18 - Merci.
44:19 - Lola Costantini réalise Totemic et c'était avec Fabrice Desmas,
44:30 Maxime Goudard et Vincent Désir.
44:32 Ce matin, Périne Malinje programme l'émission.
44:34 Ilinkan et Gulesko trouvent les sons et la documentation avec Marius Series,
44:38 à qui on dit merde aussi, non pas pour les Victoires, mais pour ses partiels.
44:41 Et Jean-Baptiste Audibert choisit les morceaux de notre BO souriez.
44:46 C'est vendredi.
44:48 Sous-titrage Société Radio-Canada
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