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Aujourd'hui, dans "Bienfait pour vous", Mélanie Gomez et Julia Vignali ouvrent le dossier santé du jour avec Aline Richard et Jérôme Mawet.
Retrouvez "La question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vite-fait-tres-bien-fait

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Transcription
00:00 Europain, bien fait pour vous.
00:04 Mélanie Gomez, Julia Vignali.
00:08 De retour dans votre émission, file goût de mieux vivre, on vous propose aujourd'hui d'en finir avec le mal de crâne et les migraines, les vraies, les lancinantes,
00:15 celles qui peuvent même vous empêcher de travailler ou d'aller en cours.
00:18 Alors sur Europain, on parle des solutions à ce mal grâce au docteur Jérôme Mahouet, neurologue à l'assistance publique Hôpitaux de Paris.
00:25 Et nous sommes également en présence d'Aline Richard, rédactrice en chef du Figaro Santé, notre partenaire aujourd'hui.
00:31 Alors Aline, un mal de tête, franchement on en a tous eu, un cachet, un bol d'air comme Mélanie et ça passe.
00:36 C'est moi le bol d'air ?
00:39 Non oui c'est vous, vous êtes aussi mon bol d'air.
00:41 Mais c'est vrai que quand on souffre de vraies migraines chroniques, là on parle de véritable handicap.
00:46 C'est quoi les répercussions ?
00:48 En fait ça répercute effectivement sur toute la vie, c'est-à-dire chez soi, au travail, à l'école.
00:58 On est obligé de restreindre ses activités de peur d'avoir une crise,
01:03 puisqu'il y a certains éléments qui la déclenchent, donc on vit moins intensément.
01:08 Et puis quand vient la crise, c'est obligatoirement du repos, d'obscurité, de l'isolement.
01:16 On peut vraiment parler de handicap.
01:18 Alors justement, on comprend bien quand on écoute aussi les gens qui sont concernés par ce problème.
01:22 Pour nous parler de migraines, nous sommes rejoints en ligne par Sandrine, une ancienne migraineuse.
01:26 Bonjour Sandrine !
01:27 Oui bonjour !
01:28 Alors vous, vous avez commencé à faire des migraines très très fortes à l'âge de 40 ans.
01:32 Expliquez-nous vraiment concrètement comment étaient les symptômes, comment ça se manifestait chez vous ?
01:37 Alors chez moi c'était plutôt des symptômes nocturnes, c'est-à-dire que j'avais des migraines la nuit.
01:43 Donc je devais prendre un médicament pour calmer la crise, ça durait à peu près 2-3 heures.
01:49 Et ça se produisait entre 10 et 14 jours, voire plus par mois.
01:56 Oula, c'est énorme ! Et qu'est-ce que vous preniez comme traitement à l'époque, et est-ce que ça fonctionnait surtout ?
02:01 Bah non, justement j'ai essayé à peu près une dizaine de traitements de fonds,
02:05 qui sont allés du nocertone, au laroxy, la glucardine, le neurontin, la thymbalta, l'isoptime, la migraine, tout ça.
02:13 Bon pour nos auditeurs ça ne veut pas dire grand-chose, mais on comprend que vous avez testé de nombreuses molécules.
02:16 Et ça ne marchait pas ?
02:18 Non, non, non, non, non, non, qui ne marchait pas.
02:20 Donc en fait j'ai été soulagée simplement par la prise de triple temps pour calmer la crise,
02:24 mais ça prenait entre 2 et 3 heures, la nuit principalement.
02:28 Et ça vous gâchait la vie non ? C'est horrible !
02:31 Bah complètement, beaucoup de fatigue, je m'économisais les week-ends tel que je pouvais,
02:36 c'est-à-dire plus de sorties, pas de sorties le soir, j'essayais de dormir aux bonnes horaires, je m'économisais en fait.
02:45 Et des conséquences professionnelles aussi.
02:47 Oui, comment vous faisiez avec votre travail Sandrine ?
02:50 Bah écoutez, j'ai tenu au mieux jusqu'au moment où j'ai dû arrêter, parce que ça devenait complètement incompatible.
02:58 Alors qu'est-ce qui vous a sauvé justement ? Vous avez eu des injections, on va détailler nous les choses après, mais ça a changé votre vie ?
03:05 Ah bah complètement, j'ai récupéré ma vie, j'ai récupéré une vie normale de travail, de sorties, de tout.
03:14 Une vie normale, grâce aux injections mensuelles.
03:17 Tout à fait. Et ça a été une révolution. À la première prise, les effets sont arrivés très très vite, très rapidement.
03:25 Quelle bonne nouvelle, merci.
03:28 Les injections dont elle parle, on va peut-être détailler les choses après, mais elle parle des traitements assez novateurs qui sont disponibles en hospitalier pour le coup, c'est ça ?
03:35 Non, non, c'est des traitements de fonds qui existent pour but d'espacer les crises, de faire qu'elles viennent moins souvent,
03:40 mais ils sont disponibles non, en officine, mais malheureusement pas remboursés, on y reviendra.
03:44 J'avais juste un message aussi à passer à nos auditeurs ou auditrices qui sont concernés par les migraines,
03:49 je crois que vous vous insistez sur le fait qu'il n'est pas inintéressant d'adhérer à une association.
03:54 Oui, c'est vrai qu'il y a l'association La Voix des Migraineux qui permet de partager un petit peu la souffrance, le vécu de la migraine,
04:02 même s'il faut se souvenir qu'il y a des formes extrêmement variables et que parfois sur ces sites,
04:06 on a tendance à voir des gens qui ont des formes extrêmement invalidantes et que heureusement, ce n'est pas le cas pour tout le monde,
04:10 et surtout ce n'est pas le cas au fil du temps, ça peut s'améliorer.
04:13 D'ailleurs docteur, vous le dites, on devrait parler des maux de tête, il y en a de différents, avec des symptômes variés,
04:19 mais je crois quand même qu'il y a des maux de crâne qu'il faut distinguer qui sont de véritables drapeaux rouges.
04:24 Oui, c'est vrai que parmi les 200 types de maux de tête, il y en a qui peuvent être annonciateurs d'autres symptômes plus graves,
04:30 et donc quand c'est une douleur qui est inhabituelle, surtout si elle est extrêmement intense brutalement,
04:36 il faut en parler avec son médecin traitant, on imagine bien qu'une douleur qui dure depuis 10 ans,
04:40 ce n'est pas du tout la même chose que quelque chose qui vient d'apparaître.
04:43 Et si je prends un exemple, vous avez mal à la tête, perte de goût et d'odorat, c'est peut-être le Covid, ce n'est pas la migraine bien sûr.
04:48 Mais la VCV, la méningite, c'est à ça que vous pensez quand on vous dit drapeau rouge ?
04:51 Voilà, donc par exemple, une douleur tout à fait inhabituelle, très intense, avec de la fièvre et pas d'autres symptômes,
04:57 ça peut en effet parfois être une grippe, mais ça peut aussi être une méningite, consultez votre médecin pour ça.
05:02 Je reviens sur la migraine, à partir de combien de migraines, je ne sais pas, par semaine, par mois, depuis combien de temps on a ça,
05:09 on considère vraiment qu'on est un migraineux et qu'il faut consulter ?
05:12 Alors qu'on est un migraineux, c'est quand c'est répété, qu'il y a au moins 5 crises,
05:15 donc ça on peut l'être assez vite avec tous les critères bien prédéfinis.
05:19 5 crises par mois ?
05:20 Donc 5 crises dans la vie, vous avez eu 5 crises où vous êtes bloqué au lit avec des nausées, des vomissements, la lumière qui gêne, le bruit qui gêne.
05:26 Mais c'est tout le monde ça, non ?
05:27 Ah bah si vous êtes bloqué pendant 2 jours ou 3 jours au lit avec ces symptômes-là, sans que ce ne soit une grippe, sans que ce ne soit autre chose, ça c'est pas tout le monde.
05:33 Mais après, ça devient handicapant et il faut consulter si jamais ça a un retentissement sur votre vie de tous les jours,
05:39 si ça vous empêche d'aller voir des amis, si ça vous empêche d'aller travailler.
05:42 Alors je n'ai pas de chiffre idéal, parce que vous avez des patients qui ont 5 jours par mois, mais qui prennent un traitement et le problème est réglé en 1 heure,
05:48 et vous en avez qui ont 3 jours par mois mais où ils les passent les 3 jours au lit, c'est ces patients qui ont 3 jours au lit, qui doivent consulter.
05:54 Donc dès qu'on se sent invalidé, enfin qu'on n'arrive plus à aller au boulot ou à sortir, on vient le voir.
05:58 Quand ça a un retentissement sur votre vie de tous les jours, il faut voir votre médecin traitant avant tout.
06:01 D'abord. Aline, d'ailleurs dans le Figaro Santé, vous alertez sur les risques et les dangers de l'automédication chez ces patients concernés par les maux de crâne comme ça.
06:08 Oui, alors les gens qui souffrent de maux de tête, comme d'ailleurs les gens qui souffrent tout court, ont tendance, souvent, malheureusement, à prendre trop d'antidouleurs.
06:20 Oui, c'est normal, on a mal. Mais le problème, c'est que quand vous prenez trop d'antidouleurs, vous risquez un certain nombre de choses.
06:26 D'abord, que le produit ne fasse plus autant d'effets qu'il ne faisait, donc vous aurez d'ailleurs tendance à augmenter les doses, donc ce sera vraiment catastrophique.
06:35 D'autant plus qu'on sait très bien que les produits antidouleurs du simple Doliprane jusqu'aux Opiacés, ça provoque un certain nombre d'effets secondaires et ça abîme le foie, ça abîme le crâne.
06:47 Il faut faire attention, oui. Tant mieux que de prendre le bon traitement pour la bonne indication tout de suite.
06:51 Alors justement, avant de parler de médicaments, de traitements, docteur, est-ce que quand même, il n'y a pas déjà des règles d'hygiène de vie qu'il faudrait revoir chez certains patients migraineux qui peuvent déjà les aider à améliorer les choses ?
07:03 Oui, en fait la migraine, c'est la maladie de l'intolérance au changement avec un cerveau qui est moins tolérant au changement.
07:08 Donc on imagine bien, dormir un jour 8 heures et le lendemain 4 heures, ce n'est pas l'idéal.
07:11 Donc si on peut lisser un petit peu ces nuits, si jamais on peut avoir des horaires plus réguliers, c'est très bien.
07:17 Mais je dis parfois aux patients, on ne va pas non plus se renvoyer au monastère.
07:21 Mais l'alcool, par exemple, plus d'alcool ?
07:23 Alors l'alcool peut être un facteur déclenchant, mais c'est sûr que plus on en prend, plus il y a un risque que ce soit un facteur déclenchant.
07:28 Certains patients, c'est du vin blanc.
07:29 La cigarette ?
07:30 Alors la cigarette, ce n'est pas bon, je ne vous dirais pas que c'est bon, mais je ne peux pas vous dire que ce soit un facteur favorisant énorme de la migraine
07:36 et que si vous arrêtez le tabac, la migraine va s'arrêter malheureusement.
07:39 Aline, j'ai déjà entendu des copines migraineuses qui me disaient qu'en fonction de la météo, si le temps était orageux par exemple,
07:44 elles avaient plus ou moins de crise. Je crois que vous en dites quelque chose dans le Figaro Santé.
07:47 Oui, on a fait un petit écho, mais pas plus.
07:52 Parce qu'il y a effectivement des études scientifiques sorties dans des journaux à peu près convenables qui ont dit ça,
07:59 mais il y en a d'autres qui ont dit exactement le contraire.
08:01 Donc restons prudents et regardons le ciel.
08:05 D'ailleurs, dans le Figaro Santé, vous parlez de céphalée sexuelle.
08:09 Ça ne m'étonne pas que vous alliez sur ça.
08:11 Oui, c'est quoi ça ? C'est quand on se sert du mal de tête pour dire "je ne veux pas faire l'amour" ?
08:15 Non, pas du tout. C'est absolument pas ça.
08:17 Il y a, semble-t-il, dans la littérature scientifique, des cas, des descriptions de personnes qui font l'amour
08:25 et au moment de l'orgasme, qui ont un mal de tête absolument épouvantable.
08:30 Ce sont des hommes, je crois, en particulier.
08:32 Non, non, non.
08:34 Donc ça arrive, les personnes peuvent se retrouver aux urgences et c'est la panique,
08:39 parce que ça peut être aussi un AVC ou je ne sais pas trop quoi.
08:43 Et on ne sait pas trop, mais ça arrive, il y a des cas.
08:47 Et ça peut disparaître aussi très simplement du jour au lendemain.
08:51 C'est fréquent ça, docteur ?
08:52 Nous, on est centre de référence pour ça, on connaît ça très bien.
08:55 En effet, dans certains cas, ça peut être des spasmes au niveau des artères.
08:58 Et donc, ça justifie de consulter en urgence si on a ces céphalées sexuelles récentes.
09:03 Et alors, est-ce qu'il paraît que quand on fait l'amour, ça peut faire passer les maux de crâne ?
09:07 Alors, pas n'importe lesquels, mais en l'occurrence, si jamais on a une grosse crise de migraine
09:12 avec des nausées, des vomissements, une gêne au bruit à la lumière, on n'a pas envie et ça ne marchera pas.
09:17 Il y a un autre truc du quotidien qu'on entend parfois, c'est que le café ferait du bien aux maux de tête.
09:21 Est-ce que c'est vrai ou pas ?
09:22 Alors, oui, c'est vrai et c'est faux.
09:24 En fait, le café, parfois, quand on a une crise de migraine, un café serré peut aider,
09:28 parce que la caféine aide.
09:29 Mais par contre, beaucoup de café et trop de café, ça déstabilise la migraine et ça peut encore l'aggraver.
09:34 Docteur, est-ce que la migraine, ce ne serait pas tout de même, attention, je mets des pincettes,
09:37 une maladie psychologique ?
09:39 J'ai l'impression que certains deviennent carrément paranos, font des fixettes.
09:42 Un peu agressifs maintenant.
09:43 Non, la cause n'est pas psychologique et je peux vous dire, si vous avez mal à la tête 10-15 jours sur le mois,
09:49 par contre, ça peut retentir sur votre morale.
09:51 Mais quand on avait des souris, quand j'étais à Boston, avec des souris,
09:54 il y avait des souris qu'on stressait et d'autres qu'on ne stressait pas.
09:56 Et on voyait que c'était beaucoup plus facile de déclencher une crise de migraine
09:59 chez une souris migraineuse stressée que chez une souris non migraineuse non stressée.
10:04 Donc, travailler sur le stress des migraineux, ça peut jouer et les améliorer ?
10:08 Ça peut jouer, mais ce n'étant pas la cause, ça ne va pas régler le problème.
10:11 Qu'est-ce qu'on leur propose par exemple à l'inomigraineux ?
10:13 Je crois que vous avez fait un papier là-dessus, par le SIGARO Santé.
10:15 Oui, on propose des thérapies qui sont non médicamenteuses
10:20 et qui tournent autour de la relaxation.
10:24 Alors, ça peut être de la méditation, de la sophrologie, voire de l'hypnose.
10:28 Toutes ces thérapies qui peuvent permettre de mettre un peu à distance son angoisse et son stress
10:33 et qui, comme vient de le dire le docteur, effectivement, ne vont pas soigner la cause,
10:37 mais ça va permettre de mieux vivre sa pathologie.
10:42 Puisque sur une pathologie comme la migraine ou comme d'autres céphalées,
10:47 c'est quand même du long terme.
10:49 Donc, il s'agit aussi, sans aller dans un monastère, mais de gérer sa maladie.
10:55 D'améliorer la qualité des vies.
10:56 Exactement, de savoir ce qui la déclenche et donc d'éviter ce qui la déclenche.
11:00 Quelqu'un tout à l'heure me disait "ah bah moi c'est le chocolat".
11:03 Voilà, c'est des choses assez simples, mais ça doit se gérer.
11:08 Eh bien, merci à vous deux. Vous ne bougez pas, on va continuer cet entretien sur les solutions
11:12 pour soulager les migraines et autres céphalées.
11:15 Et justement, on va passer aux médicaments, d'autant qu'il y en a apparemment de nouveaux
11:19 qui suscitent pas mal d'espoir pour les malades.
11:21 On y revient dans quelques minutes sur Europe.
11:23 [Musique]