• l’année dernière
Dans ce nouvel épisode nous parlons de Facettes Festival, le premier festival dédié à la santé mentale des jeunes !

Pour ce faire nous avons le plaisir de recevoir :
- Clémence Monvoisin : créatrice de Facettes Festival
- Thomas Cantaloup : médecin psychiatre créateur de PsychoPharma.fr membre de l’association et du comité scientifique de Facettes 
- Arnaud Dulong de Rosnay alias YungFever : musicien et artiste, également membre de l’association Facettes. 

On a parlé de ce qui les avait motivé à créer et embarquer dans ce projet. Quel est leur rapport à la santé mentale ? Comment le projet a été mis en place ? Pourquoi faire un festival ? Quels sont l’association et le comité scientifique ? Qu'est-ce que le no-low ? Que nous réserve ces 2 jours de fête ? Et bien plus encore. 

À propos de cette 1ère édition : 
* Date : 15 et 16 octobres 2022 de 11h à 00h30
* Lieu : Les Amarres, un ties-lieu solidaire et festif, 24 quai d’Austerlitz, 75013 Paris.
* Plus d’informations, dont la programmation et les inscriptions aux ateliers sur www.facettesfestival.com 

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Podcast produit par Studio Module
Direction Artistique par Siobhan Keane
Transcription
00:00 Salut, c'est Christelle, la fondatrice de Musae. Bienvenue sur Musae Stories, le podcast qui
00:10 dédramatise et démocratise la santé mentale. Ce que je veux faire ici, c'est partager un point
00:15 de vue holistique, décomplexé, accessible à toutes et tous sur la santé mentale. Grâce aux
00:21 regards croisés de psychologues, d'universitaires, de sportives, de sportifs, d'artistes, d'associations.
00:26 Musae Stories est un porte-voix pour les personnes engagées et touchées par la santé mentale,
00:31 car prendre soin de notre santé mentale est un engagement durable et citoyen.
00:36 Bonjour à toutes, bonjour à tous, je suis super contente aujourd'hui parce que je reçois la
00:50 Dream Team de l'équipe Facette. Je souhaite la bienvenue à Clémence, à Thomas et à Arnaud. C'est
00:58 aussi la reprise des podcasts pour Musae, donc c'est super chouette de commencer avec un festival
01:03 hyper novateur sur la santé mentale pour les jeunes. Je vais vous laisser vous présenter
01:08 rapidement et puis on va rentrer un peu dans le détail de vos parcours et du festival.
01:13 Donc du coup Clémence, à toi l'honneur, est-ce que tu peux te présenter, nous dire qui tu es,
01:19 aussi quelle a été ton envie derrière par rapport à Facette ?
01:23 Bonjour, donc je suis Clémence, j'ai 34 ans, j'habite à Paris et je suis la présidente de
01:31 l'association qui organise le festival Facette les 15 et 16 octobre prochains. Et l'envie que
01:37 j'ai eue avec l'organisation du festival, c'était d'ouvrir l'horizon pour les jeunes qui
01:48 connaissent des moments, que ce soit ponctuel ou chronique, où ça va pas, globalement.
01:54 Ok, donc pour effectivement lever les tabous, donner un espace de parole,
01:59 j'imagine, à ces jeunes à travers un événement festif.
02:03 Oui, c'est ça.
02:05 Ok, et toi du coup Thomas ?
02:08 Salut Christelle, merci pour l'invitation.
02:10 Avec plaisir.
02:11 Je m'appelle Thomas Cantaloup, je suis médecin psychiatre et j'accompagne Clémence sur le
02:16 festival, sur toutes les questions un peu scientifiques, autour de la question de santé
02:20 mentale.
02:20 Ok, parce que du coup il y a aussi un comité scientifique qui supervise un petit peu les
02:25 différents contenus que propose l'événement, c'est ça ?
02:29 Tout à fait.
02:29 Ok. Salut Arnaud.
02:31 Salut, merci de me recevoir ici. Donc je suis Arnaud, comme tu l'as dit, mais je suis aussi
02:36 Young Fever dans la musique, donc je fais de la pop rock. Et si je suis là, c'est aussi parce que
02:42 j'ai personnellement pas mal de troubles psychiatriques et c'est aussi la raison de tout mon parcours
02:49 dans la musique, parce que j'utilise cet art comme une médication, littéralement.
02:53 Donc voilà, c'est un plaisir de pouvoir être ici avec vous pour parler de tout ça.
02:58 Ok, super.
02:59 Rebienvenue à toutes et tous.
03:02 Donc si on commence par parler de Facette, qui a lieu maintenant dans un peu plus d'un mois.
03:07 Oula, je vois Clémence effectivement qui me fait des yeux. Oui, on sait que la dernière ligne droite sinueuse,
03:13 et pas droite, est un grand parcours.
03:16 Alors, qu'est-ce qui va se passer pendant ce festival ? C'est quoi l'objectif ?
03:21 Quels sont les différents contenus, thèmes qu'on pourra aborder ?
03:26 Alors, ce qui va se passer, c'est sans doute plein de choses qu'on n'aura pas prévues, mais globalement,
03:30 ce qu'on a construit avec les jeunes de la communauté, c'est donc deux jours de fêtes
03:36 dans un tiers lieu solidaire à Paris qui s'appelle les Amars, et où on est très contents par ailleurs d'être accueillis.
03:42 Deux jours pendant lesquels il va y avoir une offre hyper variée, hyper riche, très dense,
03:48 d'ateliers sur des thématiques assez précises, sur lesquels je reviendrai,
03:53 de concerts toute la journée, le samedi et le dimanche, des animations et des happenings,
03:58 pas mal de formes de production artistique aussi, puisqu'on aura une sculptrice,
04:02 une peintre qui vont produire leur art sur le festival.
04:05 Il va y avoir une salle qui va être dédiée à des projections de films, de courts-métrages, de documentaires.
04:10 Le samedi soir, on va jusqu'à minuit et demi avec un plateau techno,
04:14 qui a été monté par une jeune association qui organise des soirées techno sur une péniche à Paris.
04:20 Et le dimanche, le temps fort, si je peux dire, c'est un plateau de stand-up avec quelques noms assez excitants.
04:28 - Ok, génial. Et on a un petit peu parlé en intro, mais toi, pourquoi tu as eu envie,
04:35 personnellement, par rapport à ton parcours, de créer cet espace de rencontres et de fêtes autour de la santé mentale ?
04:43 - Alors, Arnaud a commencé à évoquer sa propre situation.
04:50 Moi aussi, je suis concernée par des troubles psychiques, divers et variés.
04:57 Et on va dire que l'idée d'organiser le festival, elle est arrivée à un moment où, dans mon parcours,
05:04 globalement, ça allait mieux parce que je ne vivais plus de situation de crise.
05:10 J'étais relativement stabilisée sur les différentes difficultés que j'ai pu rencontrer.
05:15 Néanmoins, j'étais fatiguée parce que je faisais beaucoup, beaucoup d'efforts.
05:21 Je travaillais beaucoup pour pouvoir avoir une vie professionnelle satisfaisante, une vie affective, une vie sociale.
05:29 Et j'avais l'impression de faire énormément d'efforts et de voir que la route, elle est encore très longue.
05:34 Et il y avait cette question qui tournait en boucle depuis toujours, du sens par ailleurs que toute cette souffrance pouvait avoir chez moi.
05:41 Ça a toujours été une grosse épine dans mon pied, si je peux dire ça aussi simplement.
05:48 Ça a toujours été une grosse épine dans mon pied parce qu'il ne m'est rien arrivé dans la vie.
05:55 Et pourtant, j'ai ces troubles. J'ai cette souffrance qui n'a pas de sens.
06:00 Et donc, pour revenir à ta question, l'année dernière, l'été dernier.
06:08 J'ai essayé de me poser la question différemment et je me suis demandé est-ce que finalement,
06:14 tout ce parcours et toute cette souffrance, il ne faut pas que je travaille moi à lui donner un sens plutôt qu'essayer de mettre sous pouvert des symptômes ?
06:22 Et bien essayer vraiment d'aller donner un sens à ce parcours.
06:26 Et là, pour le coup, ça a été presque une révélation. En tout cas, ça a été assez évident.
06:30 Je me suis dit, moi, pour que ça ait du sens, il faut que je parle à Clémence quand tout ça a commencé, donc à mes 15-16 ans.
06:36 Donc, en fait, c'est avec les jeunes que j'ai besoin d'agir. C'est auprès des jeunes que j'ai besoin d'agir.
06:41 Et il se trouve que j'ai beaucoup fait la fête dans ma vie et que même quand ça n'allait pas bien,
06:46 les festivals et les concerts, ça a été des moments pendant lesquels je ressentais de la vie.
06:52 J'arrivais à percevoir ce que ça pouvait être la joie, le plaisir, l'amour.
06:56 Et je me suis dit ce qu'il faut faire, c'est un grand festival qui nous fédère, qui nous rassemble,
07:03 qui nous propose aussi de voir les choses peut-être d'une autre manière et qui nous permet de nous rencontrer
07:08 entre personnes qui, a priori, ne se seraient jamais rencontrées.
07:11 Et je crois que c'est un peu le cas pour nous quatre autour de cette table, a priori.
07:15 - C'est chouette. Et aussi d'avoir ce regard positif sur la santé mentale, j'ai l'impression.
07:21 En tout cas, moi, c'est ce qui m'a motivée, je ne l'ai pas dit en intro, mais vous avez une partenaire de Facette.
07:25 Et moi, c'est ce qui m'a motivée aussi par rapport à la façon dont vous portez ce festival.
07:31 C'est que, déjà, c'est hyper pluridisciplinaire.
07:33 Et aussi, il y a un aspect très culturel et très positif et très dédramatisant autour de la santé mentale
07:41 qui fait que, finalement, tu as envie d'y aller et tu sens que, OK, on va parler santé mentale,
07:46 mais ça va être à la cool, en fait, ça va bien se passer.
07:49 Et on va pouvoir aussi se retrouver, aussi, casser un espèce d'isolement qu'on peut ressentir
07:54 quand on a atteint le trouble de la santé mentale,
07:57 ce qui peut arriver très fréquemment à beaucoup de gens au cours de leur vie.
08:02 Ça permet aussi de créer une espèce de solidarité, aussi, j'ai l'impression.
08:05 Et vous, du coup, quelles ont été vos motivations, messieurs, pour rejoindre l'organisation et le quotidien, finalement, de Facette ?
08:15 Est-ce que c'était cet aspect, peut-être, toi, par rapport à l'aspect musique ?
08:18 Oui, tout à fait. C'est déjà l'aspect musique parce que je suis musicien,
08:23 mais c'est évidemment l'aspect santé mentale, c'est quelque chose qui me touche personnellement depuis pratiquement toujours.
08:29 Depuis que je suis tout petit, j'avais déjà des grosses prédispositions à toutes sortes de troubles.
08:34 Et du coup, je rebondis sur ce qu'on venait de dire juste avant.
08:38 Je trouve que, justement, on a besoin de beaucoup de bienveillance, maintenant, aujourd'hui,
08:44 parce qu'on vit dans un monde où il y a énormément de jugements,
08:48 il y a des regards qui sont posés sur certaines choses sans vraiment comprendre.
08:52 Et je pense qu'en fait, la beauté du festival, c'est qu'on vient tous avec un regard bienveillant.
08:58 Peu importe qui on voit, peu importe qui on croise, peu importe les discussions, les artistes,
09:01 on vient tous en se disant qu'on va découvrir et on va essayer de se comprendre ensemble.
09:07 Et moi, c'est ça qui m'attire dans l'idée du festival parce qu'on appelle ça un festival,
09:11 mais en fait, je le vois encore plus loin comme la manière de fédérer une communauté.
09:16 Et cette communauté, elle n'est pas cloisonnée uniquement à ceux qui ont des troubles psychiques, psychiatriques,
09:22 ou à ceux qui les étudient et qui s'y intéressent. Elle est ouverte à tout le monde.
09:27 Du moment qu'on se sent bien et qu'on s'apprécie, on s'accepte avec les autres,
09:34 je pense qu'on a tous notre place ici et au festival Facette que Clémence est en train d'organiser.
09:40 Un festival hyper inclusif en fait.
09:42 Hyper inclusif, oui.
09:44 Et toi, Thomas, c'était quoi ta motivation par rapport au festival ?
09:49 Je plussois ce que dit Arnaud déjà.
09:52 C'est le pitch de Clémence qui m'a motivé à rejoindre le festival.
09:57 Je suis d'accord.
09:59 Parce que j'avais vu passer l'initiative il y a un moment déjà.
10:02 Je me suis dit, bon, ça fait partie d'une des nombreuses initiatives qui peut y avoir en santé mentale,
10:07 mais sans trop y prêter attention.
10:10 Et puis, finalement, j'ai vu que ça prenait de la force,
10:14 qu'il y avait une réelle question de santé publique et de santé mentale qui était creusée à travers ce festival.
10:21 Il y avait une programmation qui était, qu'on ne va pas dévoiler aujourd'hui,
10:25 qui était soignée et du coup, ça m'intéressait.
10:29 Voilà pourquoi j'ai rejoint le festival.
10:31 Et toi, du coup, par rapport à l'organisation du festival, est-ce que de par ta formation et de par aussi des activités par ailleurs,
10:37 si tu peux en dire quelques mots, est-ce que tu as aussi un regard très spécifique, très scientifique ?
10:42 Alors dans mes activités, alors moi, je suis médecin psychiatre,
10:44 mais j'accompagne depuis plusieurs années des entrepreneurs et notamment des entrepreneurs à impact.
10:50 Donc l'Aimance fait partie et c'était clairement dans le scope de ce que j'aime faire.
10:58 Il y a une réelle dimension de santé publique, comme je te disais, de prévention.
11:01 C'est une manière hyper originale de faire de la prévention, de la promotion de la santé,
11:05 que ce soit de la prévention primaire ou secondaire.
11:08 Juste planter des graines, peut-être dans la tête des participants,
11:11 de faire mûrir certaines choses autour de la santé mentale.
11:16 Ce n'est pas un congrès de médecine, ce n'est pas un salon sur non plus les médecines parallèles
11:22 ou ce genre de choses qu'on retrouve souvent en santé mentale.
11:25 Là, c'était vraiment quelque chose fait pour s'amuser de base.
11:29 Et puis après, si on peut faire un peu de santé mentale et de santé publique, tant mieux.
11:32 Mais déjà, on va s'amuser et puis le reste, on verra après.
11:35 Oui, c'est vrai qu'effectivement, le point d'entrée est très cool.
11:39 En fait, c'est aussi pour ça qu'on a envie d'y participer.
11:41 Le message derrière, bien sûr, en santé publique, est hyper intéressant.
11:46 C'est quoi les marqueurs forts de ce festival ?
11:50 Il y a effectivement la programmation, mais il y a aussi la façon dont ça a été construit
11:53 avec quand même une grosse communauté.
11:54 Si tu veux en dire quelques mots, Clémence.
11:57 Oui, bien sûr. Et tu as raison, c'est un marqueur fort.
12:01 Le projet, c'est évidemment les deux jours de festival.
12:04 On concentre énormément d'énergie et d'efforts et d'implications pour ces deux jours.
12:10 Mais le projet, c'est aussi très, très largement tout ce qui se passe maintenant,
12:15 depuis un an, pour monter ce festival.
12:17 Et puis ce qui se passera à l'issue, puisqu'en effet, ce qui a été hyper important,
12:23 structurant et même le plus important en réalité, c'est que c'est un projet
12:27 qui a été conçu et porté par des jeunes de bout en bout.
12:31 Évidemment, on a eu à cœur qu'il y ait un regard et une caution et un cadre scientifique,
12:38 parce que comme le disait Thomas, en santé mentale, il y a quand même une explosion de propositions
12:43 qui sont très diversifiées.
12:47 Nous, on avait quand même une idée assez précise du cadre que l'on voulait adresser,
12:51 notamment parce que, bien sûr, il y aura des jeunes de tous horizons,
12:54 mais il y aura des jeunes qui vivent avec un trouble psychique.
12:57 Et donc, il faut qu'on adresse correctement ces enjeux.
13:00 Mais c'est vrai que ce dont on s'est rendu compte, en fait,
13:04 c'est que ces jeunes, ils se réunissaient autour de points communs
13:09 qui étaient l'envie d'être ensemble, l'envie de se découvrir, de rencontrer,
13:14 de parler avec des personnes qu'elles n'auraient pas forcément rencontrées
13:18 et de parler de santé mentale différemment, d'avoir aussi un espace d'expression.
13:22 Et ça, donc, ça a été un cap que l'on s'est fixé de vraiment respecter
13:28 le plus sérieusement possible le cahier des charges, en fait, que nous ont donné les jeunes,
13:34 puisque donc on les a réunis.
13:35 On leur a proposé de faire des ateliers de design thinking
13:38 pendant lesquels ils ont dit ce que c'était pour eux un festival sur la santé mentale,
13:42 qu'est-ce qu'ils voulaient y voir, avec qui ils voulaient en parler, de quoi on parlerait.
13:46 Et donc, ça nous a donné une matière un petit peu brute qu'en effet,
13:50 on a retravaillé avec les différents groupes thématiques de la programmation
13:53 et qui nous a donné ce produit.
13:55 Mais donc, au cœur de la démarche, et c'est pour ça que je dis que, oui,
13:59 le projet, c'est vraiment tout ce qui se passe autour et pour amener à ces deux jours,
14:04 parce que ça permet à des jeunes de venir parler de choses
14:08 dont ils n'arrivent pas forcément à parler dans leur environnement personnel,
14:12 parce que ça permet des rencontres, parce que ça permet aussi des prises de conscience.
14:16 Moi, ça a été mon cas quand j'ai discuté et rencontré avec les premiers jeunes de la communauté,
14:21 ça m'a moi-même fait avancer sur mon parcours.
14:23 Donc, ça, c'est vraiment très, très central dans l'ADN du festival.
14:28 Comment, justement, vous les avez impliqués à tous les moments, en fait, les jeunes ?
14:32 C'est-à-dire, dès le début, le nom, après la partie visuelle, la partie programmation ?
14:39 Comment ça s'est construit ?
14:40 Oui, alors le nom, ce n'était pas au début, c'était plutôt au bout d'un petit moment.
14:46 On a eu pas mal de noms de code qui ont circulé, qui ont changé.
14:50 Mais sinon, oui, en fait, dès le début,
14:53 ça a été hyper important de mettre au cœur du projet des jeunes.
14:56 Donc, très concrètement, au moment où moi, j'étais encore un petit peu toute seule sur le projet,
15:00 en fait, j'ai demandé autour de moi qui voulait bien me présenter des jeunes de leur entourage.
15:05 J'ai passé pas mal de temps dans des cafés à discuter de "qu'est-ce que ça veut dire quand ça va pas ?
15:11 Et qu'est-ce que tu fais quand ça va pas ?"
15:13 J'ai aussi, du coup, pas mal révélé des choses de mon parcours,
15:15 parce que je me suis rendu compte que ça permettait aussi de créer cette confiance.
15:22 Et puis, quand on a commencé à se structurer,
15:24 les jeunes ont fait partie de ce groupe de designers du festival.
15:29 Donc, on a eu tout un temps qui a été sanctuarisé pour des ateliers qui leur étaient réservés.
15:34 Ça a un tout petit peu grincé dans la communauté
15:36 quand j'ai dit que les plus de 30 ans donneraient leur avis un peu plus tard.
15:40 Mais ça a bien fonctionné.
15:41 On a quand même eu une vingtaine de jeunes qui sont connectés tous les samedis matins
15:44 en visio de 10h à midi pour jouer avec des post-its électroniques, etc.
15:50 Et puis ensuite, chacun a assez spontanément pris des actions ou des responsabilités
15:56 sur les aspects qu'il ou elle voulait.
15:58 Et donc, on a des jeunes qui sont très impliqués dans des aspects très opérationnels.
16:03 C'est le cas, par exemple, de Charleine,
16:05 qui a géré toute la campagne de crowdfunding et qui gère là le recrutement des bénévoles.
16:09 C'est le cas d'Anaïs et Elime qui gèrent nos réseaux sociaux.
16:12 Mais on a aussi des jeunes qui ont peut-être un tout petit peu moins de temps à donner
16:16 et qui font partie du bureau ou du conseil d'administration de l'association.
16:21 Et en ce sens, c'est vraiment, vraiment important pour nous d'être sûrs que dans tous les organes de gouvernance,
16:27 et si on parle un peu corporate, ils soient présents.
16:30 Parce qu'encore une fois, ça n'aurait pas de sens que ce soit un énième projet
16:36 qui parle des jeunes ou aux jeunes, mais sans les jeunes.
16:39 - Ça arrive quand même très, très souvent.
16:42 Malheureusement. Et du coup, vous êtes combien maintenant ?
16:44 - Alors, dans l'association, on est 73 membres, tous bénévoles.
16:49 Et dans la communauté, on a un espace lac sur lequel on va bientôt avoisiner les 200 personnes.
16:57 Mais on a un Whatsapp, on est combien sur le Whatsapp ?
17:00 - Je dis 100 à chaque présentation.
17:03 - C'est assez difficile de savoir combien on est en réalité.
17:06 72 membres dans l'association, on est 200 sur Slack.
17:10 - 100 dans le Whatsapp.
17:12 - Il y aura à peu près 200 intervenants sur le festival, jeunes et non jeunes.
17:17 - Ouais. Un grand mouvement quand même.
17:21 En fait, ce que t'as lancé, c'est un grand mouvement autour de la santé mentale.
17:25 - Avec la pression. En toute détente.
17:28 - En tout cas, ce qui est intéressant d'observer, je trouve,
17:31 et en essayant aussi de le regarder un petit peu de l'extérieur,
17:34 même si clairement, je suis en plein dedans,
17:36 c'est de voir que ça a fédéré des profils très variés, très complémentaires,
17:42 mais qui peut-être peuvent avoir, et c'est la tendance qu'on a tous,
17:46 tendance à travailler en silo.
17:48 Et là, de se rendre compte qu'on a des jeunes qui sont concernés par un trouble de santé mentale,
17:53 des jeunes qui ne le sont pas dans le sens où ils ne sont pas malades,
17:56 mais qui s'y intéressent pour eux, pour autrui,
17:59 ou juste parce que c'est cool aussi d'avoir des outils pour savoir comment faire face à l'adversité de la vie,
18:04 des professionnels de santé, de santé mentale,
18:07 des associations, d'usagers, de professionnels, des entrepreneurs,
18:12 notamment de la Mental Tech, des hospitaliers, des institutionnels.
18:17 Et c'est ça, je trouve, qui est assez révélateur aussi,
18:22 de ce que tout cet écosystème, en fait, vrombit et frétille, finalement,
18:28 et il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'innovation.
18:31 Et tout en restant humble, on se dit aussi que le festival va être un lieu
18:36 où toutes ces parties prenantes vont aussi se retrouver
18:39 et vont pouvoir célébrer cet engagement qui est le leur,
18:42 parce qu'on n'est pas ailleurs sur des personnes qui sont,
18:44 et professionnellement et personnellement, souvent très engagées.
18:47 Oui, et ça se sent effectivement dans les échanges qu'on peut avoir au sein de la communauté.
18:53 Tout le monde est très porté dans sa vie pro ou perso, ou les deux, émotionnellement sur le sujet.
18:59 Du coup, je sais comment vous vous êtes rencontrés, Thomas et Clémence,
19:02 mais vous, comment vous vous êtes rencontrés ?
19:05 Alors moi, c'est intrinsèquement lié à mes troubles psychiques, en fait.
19:10 C'est tout simplement mon psychologue qui m'a parlé du festival Facette,
19:15 que j'ai trouvé instantanément intéressant.
19:18 Et du coup, j'ai pris contact avec Clémence directement,
19:23 on a échangé un peu et tout, et puis ça a roulé direct, quoi, en fait.
19:28 Il n'y a pas vraiment eu de doute sur le fait que moi, je trouvais leur festival tout simplement génial
19:33 et que je voulais vraiment y prendre part.
19:35 Vraiment, je voulais laisser ma petite empreinte sur tout ce beau projet.
19:40 Et puis Clémence m'a tout de suite accepté là-dedans.
19:43 Et je pense que ça symbolise très bien l'acceptation qui tourne autour de tout ça.
19:49 Donc voilà, moi, c'est grâce à mes troubles, si on peut trouver du positif là-dedans, voilà.
19:55 On rencontre plein de belles personnes, donc c'est vraiment super.
19:58 C'est chouette, ouais.
19:59 - Et justement, toi, par rapport à ton approche qui est très créative, comme tu l'as dit en intro, en le présentant,
20:07 est-ce que justement ton rapport à la santé mentale est aussi lié à ta créativité ?
20:12 Est-ce que l'un nourrisse l'autre ou est-ce que l'un est au bon état pour l'autre ?
20:15 - Alors en fait, ça n'a pas toujours été créatif.
20:18 Pendant longtemps, ça ne l'a même pas du tout été en réalité.
20:21 Moi, depuis que je suis tout petit, j'ai déjà vraiment, comme je disais tout à l'heure, une vraie disposition à ça.
20:27 Je me sentais déjà mal en moi, sans vraiment comprendre.
20:29 Là, on parle d'avoir 7, 8 ans même au primaire.
20:33 C'était super difficile pour aller parler avec les autres.
20:36 Je ne me sentais pas bien dans ma vie.
20:38 Je commençais déjà à avoir des questions sur des choses que mes camarades ne se posaient pas.
20:42 Et puis après, par-dessus déjà ces prémisses, j'ai envie de dire,
20:47 il y a une partie qui devient plus difficile dans la vie quand on arrive au collège.
20:53 Et là, on rentre dans tout le cercle de la sociabilisation.
20:55 Et vraiment, on arrive dans un système social qui devient super complexe avec tous ces rouages.
21:01 Et là, j'ai presque envie de dire qu'il y a vraiment une espèce de stratification.
21:05 Où on est en haut, on est en dessous.
21:07 C'est pratiquement, le collège, c'est un petit peu on se fait frapper ou on frappe.
21:11 Donc là, c'est devenu encore plus difficile.
21:13 Ça m'a vraiment mis un vrai coup au moral.
21:15 Et j'ai commencé à sentir vraiment les débuts de symptômes dépressifs, etc.
21:19 Donc là, c'était vraiment très très sombre.
21:21 Ce n'était pas du tout créatif.
21:23 C'était plutôt la grosse phobie scolaire où je n'avais pas du tout envie d'aller à l'école.
21:27 Et quand j'y allais, c'était vraiment entraînant des pieds.
21:31 Après, il y a l'arrivée au lycée.
21:33 Là, c'est encore pire parce que maintenant, il y a tous les problèmes qu'on avait avant.
21:36 Et en plus, l'innocence s'en va petit à petit.
21:38 Donc là, on prend un troisième coup de bâton.
21:41 Et là, on se dit qu'il n'y a rien qui va dans ce monde.
21:43 Donc là, c'est vraiment la perte de sens.
21:45 Et puis le début de vraies troubles psychiatriques maintenant.
21:48 C'est-à-dire la dépersonnalisation.
21:50 Des dépressions très très profondes avec des débuts d'idées noires.
21:54 On commence vaguement à se dire "suicide, pas suicide".
21:57 J'en parle comme ça, comme si c'était de rien.
21:59 Mais ça fait vraiment partie des questions qui tournent dans la tête.
22:02 Après, c'est arrêt du lycée.
22:05 J'ai décidé de reprendre. J'ai décidé de réarrêter.
22:07 J'ai eu toutes mes périodes. Des périodes drogue.
22:10 Je suis passé un peu partout.
22:13 La dépression, les angoisses.
22:15 Et c'est vraiment à partir d'il y a deux ans et demi, trois ans.
22:19 Non, même beaucoup plus.
22:20 Ça fait déjà quatre ans, depuis que j'étais à Grenoble,
22:22 qu'avec un ami qui partageait les mêmes troubles que moi.
22:25 D'où l'importance.
22:26 J'en profite pour passer le message de ne pas être seul.
22:29 Parce que le problème, c'est que moi, je suis resté dans ma problématique
22:32 enfermée tant que j'étais seul.
22:34 Jusqu'au jour où j'ai rencontré la personne qui est devenue mon meilleur ami
22:37 et avec qui on partageait un peu les mêmes questions existentielles,
22:40 les mêmes sensations de mal-être.
22:42 Et du coup, là, on a commencé à faire de la musique,
22:44 à gratter la guitare, à chanter.
22:46 À la place d'aller au lycée quand même.
22:48 Donc, c'était quand même synonyme d'école buissonnière.
22:52 Mais mine de rien, le lycée ne nous sauvait pas du tout.
22:55 Les profs se rendaient compte de rien.
22:57 On était au fond de la classe, sur nos tablettes.
22:59 On était vraiment en train de jouer à des jeux et faire de la musique pour de vrai.
23:02 Et les profs, ils n'étaient pas en train de se demander
23:04 "Mais en fait, est-ce que ces jeunes vont bien dans leur tête et dans leur esprit ?"
23:08 Non, pas du tout.
23:09 On faisait que subir des réprimandes, donc on a encore arrêté.
23:12 Et là, j'ai commencé, j'ai continué dans la musique.
23:14 J'ai arrêté le lycée, j'ai continué dans la musique.
23:16 Et finalement, j'ai vraiment trouvé une passion là-dedans.
23:18 Alors au début, c'était un exutoire, je le faisais pour moi.
23:20 C'était vraiment ma manière de me sentir mieux.
23:23 Et c'était vraiment comme une lutte contre moi-même.
23:26 C'était vraiment une lutte.
23:27 C'est-à-dire qu'à chaque fois, je me sentais mal.
23:28 Je voulais écrire, mais je n'y arrivais pas.
23:30 Et au fur et à mesure, plus ça marchait, plus je sentais que ça me purgeait de quelque chose.
23:33 Et je me sentais mieux.
23:35 Jusqu'au jour où il y a deux ans, où je me suis rendu compte
23:37 qu'en fait, j'écrivais plus que pour moi.
23:39 Et que je commençais à écrire pour les autres.
23:41 Et petit à petit, quand je lisais mes textes, je me rendais compte que
23:43 je commençais à m'adresser aux gens, aux personnes qui pouvaient
23:47 partager les mêmes problèmes que moi, traverser les mêmes moments de vie.
23:51 Et je me rendais même compte que je glissais des petits SOS dans mes textes.
23:54 Et ça devenait vraiment un appel.
23:56 C'était vraiment maintenant une transmission.
23:57 Et donc là, je me suis dit, la musique pour la passion, c'est bien.
24:00 Mais j'ai eu envie de passer le cap et de me dire, je veux faire les choses plus sérieusement.
24:04 Je veux vraiment maintenant pouvoir utiliser ma musique comme un message.
24:08 Vraiment comme un haut-parleur qui puisse atteindre les oreilles de tout le monde.
24:11 Et de tous ceux qui en ont besoin, surtout.
24:13 - Et donc du coup, t'as décidé maintenant d'en faire un vecteur pour
24:17 tendre un peu la main aux gens qui sont solo et qui n'arrivent pas à mettre des mots sur leurs mots.
24:21 Et toi, t'arrives effectivement à le faire via tes compos.
24:23 - C'est vraiment un média, en fait.
24:24 C'est vraiment un média au travers duquel on peut transmettre tout ce qu'on a envie de transmettre.
24:28 Donc, je pense qu'on peut aider beaucoup de gens avec la musique.
24:32 Et aussi parce qu'on a une voix.
24:33 Quand on décide de se mettre en avant, on rentre dans un domaine public.
24:37 Donc, on a une voix et il faut faire attention à ce qu'on dit et à ce qu'on fait.
24:40 Donc, j'ai pas envie de chanter n'importe quoi.
24:42 J'ai pas envie de parler de choses qui n'ont pas de sens ou pas d'intérêt.
24:45 La seule chose qui m'intéresse, c'est d'aider des gens.
24:48 Et de m'aider moi-même aussi, toujours, encore aujourd'hui.
24:50 - Du coup, ça nourrit l'un l'autre.
24:52 - C'est ça, exactement.
24:53 - Et du coup, on peut te retrouver où ?
24:56 - Alors, vous pouvez me retrouver sur toutes les plateformes de streaming.
24:58 C'est Young Fever.
24:59 Y-U-N-G-F-E-V-E-R, comme la fièvre.
25:02 Et vous pouvez aussi me retrouver au Festival Facette, le 15 octobre, évidemment.
25:08 - Et toi, Thomas, ça a été quoi les moments un peu forts par rapport à ton parcours en santé mentale,
25:17 par rapport à ton métier, mais aussi par rapport à l'engagement vis-à-vis de Facette ?
25:22 Est-ce que tu as eu parfois des déclics où tu te dis "Ok, bien sûr, je connais clément ce que je l'accompagne en tant qu'entrepreneuse,
25:27 mais là, j'ai envie d'aller plus loin."
25:28 C'est quoi les éléments de Switch, finalement ?
25:31 - J'en vois deux.
25:34 Le premier, c'était la première visio avec Clémence, où je me suis tout de suite dit "Bon, je l'accompagne."
25:41 - C'était quand, ça ?
25:42 - C'était en octobre ou en janvier, je ne sais plus.
25:45 - Ouais, je ne sais plus.
25:47 - C'était il y a plus de six mois.
25:49 - Ok, ouais. Alors, octobre 2021 ou janvier 2022 ?
25:51 - Non, non, non.
25:52 - Octobre 2020.
25:53 - De quelle année, là ?
25:54 - Octobre 2021.
25:55 - Octobre 2021 ou janvier 2022.
25:56 - Ouais.
25:58 - Donc, ça, c'était le premier Switch, comme tu dis.
26:01 Et le deuxième, je pense que c'était quand on était aux Amars, qui va être le lieu où va se dérouler le festival,
26:07 où les gens ne savaient pas que j'étais psychiatre, du coup.
26:11 Et on a fait une réunion pour parler des ambassadeurs santé mentale, d'autres aux ateliers, visiter un peu les Amars.
26:18 Et puis, en fait, je me suis retrouvé au milieu de plein de discussions autour de la santé mentale,
26:23 mais sans avoir ma blouse de médecin, mon stéthoscope autour du cou.
26:29 - Comme aujourd'hui, d'ailleurs, je n'en ai pas.
26:31 - Et en fait, c'était hyper émouvant, même, j'ai envie de dire,
26:35 parce que tu as accès à des choses auxquelles tu n'auras jamais accès
26:40 quand tu es en haut de ton piédestal, derrière ton bureau en tant que médecin.
26:44 Donc, bon, je me suis pris un peu plein la gueule.
26:48 Mais c'était hyper intéressant et c'était une réelle prise de conscience autour de ce sujet.
26:55 Ça permet d'améliorer son empathie aussi, de comprendre encore plus le besoin, peut-être, de mes futurs patients.
27:03 Et ça remet bien les pieds sur terre de participer à ce genre d'événement autour de la santé mentale.
27:09 - Comment ça, tu en as pris plein la gueule ?
27:11 - Je ne sais plus...
27:13 - Pas toi, directement ?
27:14 - Non, non, le psychiatre.
27:15 - Ah oui, le monde de la piétine mentale.
27:18 - Le concept du psychiatre-prescripteur, parce qu'il y a eu, et il y aura encore, malheureusement, je pense, des abus autour de ça,
27:24 de cette position très verticale, dominante, du psychiatre qui sait, du patient qui ne sait rien,
27:31 qu'une nouvelle génération essaie quand même de renverser.
27:34 J'ai l'impression qu'on est quand même sur des relations qui sont...
27:37 ou on essaye en tout cas d'avoir des relations les plus horizontales possibles aujourd'hui.
27:42 Mais voilà, j'ai pris pour la profession.
27:45 Et ce n'est pas moi directement, non, non.
27:47 L'équipe du festival est très bienveillante, je rassure tout le monde.
27:51 - On rappelle que c'est un marqueur du festival.
27:53 - D'ailleurs, on a la chance que l'association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues,
27:58 l'association des internes en psychiatrie de France et l'association des internes en psychiatrie de Paris
28:04 soient aussi partie prenante du festival depuis quasiment le début.
28:08 Et le voient, c'est ce qu'ils nous ont partagé, donc je me permets de le dire,
28:13 mais ils voient aussi un intérêt parce que ça déstigmatise aussi leur profession
28:18 et ça participe à changer le regard qu'on porte sur ce professionnel de santé
28:26 qui a quand même encore pas mal de clichés accrochés à la blouse.
28:31 - Oui, mais effectivement, on avait une discussion à ce micro avec Michael Desmobleux
28:36 par rapport à cette notion, comme tu disais Thomas, de relation très verticale
28:40 avec les médecins de manière générale.
28:45 Mais on sent quand même qu'il y a une nouvelle génération qui est en train de changer un peu les codes
28:50 et aussi des structures qui veulent, comme tu dis Clémence, déconstruire ces clichés
28:55 pour reconstruire peut-être aussi une nouvelle relation un peu plus dans la co-création,
29:01 on va dire, en tout cas plus horizontale entre le soignant et le ou la patiente.
29:07 - Sachant que génération n'est pas forcément liée à une question d'âge
29:11 parce qu'au sein de notre communauté de professionnels de santé et dans notre comité scientifique,
29:16 il y a des professionnels de tous âges et ils partagent tous la même vision de l'innovation en santé mentale,
29:22 des parcours que doivent être ceux des patients et ça c'est hyper important de le souligner.
29:27 Nous on a fait le choix de créer un festival qui s'adresse aux jeunes,
29:32 c'était un parti pris et c'est à cette cible qu'on a envie de faire des propositions,
29:37 mais le festival il est accessible et il est ouvert et tout le monde est bienvenu
29:42 et on ne veut pas créer de séparation ou de ligne de démarcation entre les jeunes et les non jeunes,
29:49 qu'il s'agisse des patients ou des personnes qui souffrent ou des professionnels de santé.
29:54 Ça n'aurait pas de sens pour nous de vouloir essayer de faire quelque chose de fédérateur
29:59 tout en excluant d'autres populations parce qu'il y aurait vaguement une question d'âge.
30:08 Ça je le dis parce qu'on a eu des remarques forcément, moi j'ai 31 ans, je peux venir au festival ?
30:16 31, 14, 14 avec tes parents s'il te plaît, 62, tout le monde peut venir et est bienvenu.
30:25 Le festival ayant été conçu par des jeunes qui ont entre 15 et 30 ans,
30:28 on s'attend a priori à ce que ça parle à leur père, mais c'est vraiment accessible à tous et tout le monde est bienvenu.
30:35 Enfin leur père, comment l'écrivrons-nous ?
30:39 D'ailleurs le festival est gratuit, est-ce qu'il sera éventuellement accessible à distance ?
30:49 C'est quoi un petit peu les modalités ?
30:52 Alors il est complètement gratuit et en accès libre, ceci dit on s'attend à avoir une forte fréquentation,
30:58 c'est pour ça qu'on incite quand même aux préinscriptions,
31:01 donc il sera possible de prendre son billet et réserver sa place aux ateliers de son choix via la plateforme Even Bright.
31:09 Néanmoins, modulo le respect des jauges et des conditions de sécurité et de confort,
31:15 tout le monde pourra venir qu'il ait un billet ou non, donc complètement gratuit.
31:20 Il sera partiellement accessible aux personnes sourdes et malentendantes,
31:24 puisque dans notre communauté on a une membre qui est elle-même sourde et qui a porté ce chantier d'accessibilité,
31:31 et donc il y aura 8 ateliers, ce n'est pas beaucoup, mais c'est un début, qui seront interprétés en langue des signes française.
31:38 Il y aura une chansigneuse qui s'appelle Aurélie Nahon, dix doigts en cavale si vous voulez regarder,
31:43 qui va chansigner 4 morceaux, pareil ce n'est pas beaucoup face au beau plateau qu'on a, mais c'est un début.
31:49 Et il y aura tout un tas de projections qui seront sous-titrées.
31:53 C'est un festival sur lequel on a aussi travaillé sur la question de la consommation d'alcool,
31:59 outre que la consommation d'alcool, la question de l'alcool est intimement liée aux enjeux de santé mentale,
32:09 et en particulier quand on a un trouble psychique, ça a été aussi quelque chose qui est remonté dans notre communauté,
32:14 d'aller casser les codes même du festival, quitte à faire un festival sur la santé mentale,
32:20 autant y aller à fond, et casser les codes de la santé mentale et du festival.
32:25 Et donc on organise le premier festival dit "No-Low", "No-alcool, Low-alcool",
32:29 c'est-à-dire avec des dispositifs mis en place pour permettre de passer un festival aussi kiffant que tout autre festival,
32:37 mais en consommant peu, voire pas d'alcool.
32:41 Donc concrètement il va y avoir une carte élaborée avec énormément de propositions très attrayantes.
32:46 Complètement gratuite, on l'a dit.
32:50 Et de quelle heure à quelle heure ?
32:52 Le samedi, ouverture des portes à 11h, fermeture à minuit et demi.
32:56 Le dimanche, ouverture des portes à 11h, fermeture à 18h.
33:00 Il y aura un espace de détente et de repos isolé du bruit pour les personnes qui sont particulièrement sensibles,
33:08 ou tout simplement qui veulent se reposer.
33:10 Il y aura également à disposition des bouchons d'oreilles, des lunettes de soleil,
33:14 pour que les personnes qui ont une sensibilité sensorielle puissent quand même participer dans de bonnes conditions.
33:20 Ça c'était aussi une clé de lecture et de construction très importante.
33:25 On a travaillé à la réduction des contenus qui peuvent générer des situations d'inconfort,
33:34 donc tout ce qui est content et trigger warning.
33:36 Néanmoins, il y en aura forcément compte tenu des thématiques qu'on propose.
33:40 Il y a aussi un travail dans la signalétique de clarification et de clarté,
33:44 et ça à nouveau c'est dans le cahier des charges de nos jeunes designers,
33:48 pour qu'on sache précisément à quoi s'attendre quand on va participer, à quel format.
33:53 Génial ! Comment vous catégorisez ces contenus qui peuvent avoir des triggers ?
34:02 Le festival, je ne l'ai pas mentionné, mais notre association emporte la conception et l'ingénierie.
34:12 Mais en réalité, et c'est pour ça que je soulignais ça, c'est tout l'écosystème qui est l'architecte de ce festival.
34:17 En fait, tous les ateliers vont être portés par toutes les associations, les professionnels, les entrepreneurs que je mentionnais,
34:24 pour certains qui sont déjà passés à ton micro.
34:27 Et donc en fait, nous on part du principe que chacun est spécialiste du domaine sur lequel il intervient.
34:33 Et donc c'est tout simplement chaque intervenant ou chaque équipe intervenante qui nous a indiqué
34:39 les sujets qui pouvaient générer des émotions un peu vives ou des situations d'inconfort potentiellement,
34:45 qui nous ont aidé à les identifier pour pouvoir les communiquer.
34:49 Et sachant que systématiquement, sur tous les ateliers, tous les formats d'activité qui vont être proposés sur le festival,
34:55 il y aura toujours la présence d'un professionnel de santé pour, alors évidemment, répondre aux éventuelles questions
35:01 qui doivent être répondues par un professionnel de santé, parce qu'on ne peut pas tous répondre à toutes les questions.
35:06 C'est important qu'on connaisse aussi chacun notre rôle et notre place, mais aussi pour pouvoir prendre en charge
35:11 si jamais il se passe quelque chose. Et il peut se passer quelque chose, c'est un festival qui va être très humain, très organique.
35:17 Il y a une membre de notre communauté qui dit que ça va être une expérience apprenante.
35:21 C'est vraiment ça, ça va être une expérience où il va se passer des choses.
35:24 Et donc, on a quand même essayé de créer les conditions pour qu'on se sente libre d'expérimenter en sécurité.
35:31 Génial ! Donc, on aura des conditions parfaites pour passer un festival cool, mais de manière safe à plusieurs niveaux.
35:40 Et Musae également animera avec d'autres partenaires un espace, mais on vous en dira plus quand la programmation sera sortie tout bientôt.
35:52 Et après le festival, parce que je sais qu'il y a ce festival, mais je sais qu'il y a une association derrière.
35:57 C'est quoi les prochaines étapes ? C'est quoi l'ambition sur le long terme autour d'innovation en santé mentale citoyenne ?
36:06 C'est ça ?
36:07 Innovation citoyenne en santé mentale.
36:10 Alors, quelles sont les ambitions ? Je ne sais pas y arriver.
36:14 Il faut qu'on la rename cette association.
36:19 Elle est un peu longue.
36:20 Innovation citoyenne en santé mentale.
36:22 C'est ça.
36:23 Parfait.
36:24 Quelles sont les ambitions à long terme de l'association Innovation citoyenne en santé mentale, qui est l'asso qui porte le festival ?
36:34 Oui, tout à fait.
36:35 Alors, j'espère que je ne vais pas te décevoir.
36:38 Néanmoins, c'est quand même la réponse que je fais.
36:40 Je ne veux pas m'avancer sur des ambitions à long terme pour une raison très simple, qui est que, et ça, c'était le propos dès le début,
36:50 je ne veux pas qu'on crée quelque chose qui existe déjà ou qui est déjà bien et à plus forte raison mieux fait par d'autres.
36:57 Ce que j'aime bien dire, c'est je ne veux pas créer une nouvelle feuille dans le millefeuille de ce qui existe.
37:01 En santé mentale, en France, il existe de très nombreux dispositifs et des choses formidables.
37:06 Et je suis vraiment contente qu'on puisse aussi contribuer à les mettre en lumière et peut être à clarifier la cartographie sur le festival Facette à notre humble mesure.
37:15 Donc, je ne peux pas te dire aujourd'hui, on va partir là dessus, on va partir là dessus parce que je veux vraiment qu'on ait une approche très rationnelle.
37:23 Et ça, c'est quelque chose que j'ai dit aussi à tous nos partenaires.
37:26 Il faut qu'on soit vraiment d'accord avec ce deal.
37:28 Par ailleurs, Facette, c'est quand même un laboratoire d'expérimentation, d'innovation, on va oser le dire.
37:36 Et je pense que sur le festival, il va se passer plein de choses auxquelles on ne s'attend pas.
37:40 Déjà, on va tester à peu près tout ce qu'on a conçu parce que même si on le fait avec beaucoup de cœur et d'envie et d'enthousiasme, on ne sait pas si ça va plaire.
37:48 On a quand même quelques indices, mais on va quand même vraiment l'éprouver.
37:53 Donc, très concrètement, ce qui va se passer après le festival, c'est d'abord un gros travail de valorisation de ce qui a été produit et de ce qui a été fait.
38:06 Ce n'est pas qu'un événement, il va y avoir beaucoup de choses qui vont être produites, qui vont être créées.
38:10 Et donc, il va falloir que collectivement, on se dise ce qu'on veut en faire, à qui on veut pouvoir adresser cette matière.
38:16 On a déjà quelques idées parce que notre méthodologie de construction, on l'a documenté pour qu'ensuite, quiconque, une asso, une institution puisse s'en saisir et créer son petit festival facette s'il a envie, ou d'ailleurs son grand festival facette.
38:31 On va quand même très vite se projeter vers la deuxième édition puisque l'objectif et la volonté, c'est quand même que ce soit un rendez-vous annuel.
38:40 Un rendez-vous annuel parce que ça va permettre à des personnes de prendre le pouls sur leur propre parcours ponctuellement, mais aussi permettre à des jeunes et à d'autres personnes d'embarquer sur le temps long.
38:53 Et ensuite, ce qui est aussi dans les tuyaux, c'est donc vraiment de conceptualiser cette manière de créer des dispositifs de prévention, de promotion en santé mentale, en l'occurrence, qui impliquent directement les bénéficiaires et les citoyens.
39:11 C'est pour ça que l'association a ce nom à rallonge d'innovation citoyenne en santé mentale.
39:17 Ok, d'accord. Et c'est vrai que c'est aussi dans cette dynamique un peu apprenante que tu évoquais, l'idée aussi, c'est d'avoir pas mal de retours ou de rencontres qui vont se faire aussi directement pendant le festival.
39:31 Et peut-être des idées qui vont germer pour faire d'autres projets ou pour aller venir nourrir la programmation dès ou de la prochaine édition.
39:41 Oui, parce que très cool, c'est qu'on a en effet déjà des tuyaux pour la programmation de 2023, puisqu'on a bien dû arrêter la programmation 2022 à un moment.
39:52 Et donc, les personnes qui continuent à nous proposer des choses, on leur a dit venez sur Facette 2022 et on enclenchera la réflexion pour 2023.
40:02 Ceci dit, il y a quand même une réflexion de fond aussi à avoir sur ce qui s'est passé, ce que l'on veut donner comme trajectoire.
40:09 Je veux pas être celle qui casse l'ambiance, mais c'est pas que de jours de fêtes.
40:13 Je pense qu'on l'aura bien compris, c'est vraiment tout un dispositif et il faut que ça serve les personnes que l'on vise.
40:19 Donc, on va travailler en tout cas là-dessus, même si on a quand même tous envie que ça s'inscrive dans la durée.
40:29 J'imagine et nous aussi. Trop cool.
40:32 On passe à la dernière partie du podcast. Question courte, réponse courte. Je vais commencer par toi, Thomas.
40:44 J'ai une question sur la santé mentale et l'innovation ou la tech.
40:51 Ok.
40:53 C'est quelque chose que tu abordes régulièrement dans ta newsletter.
40:56 Donc, je me dis, tu dois avoir un avis là-dessus.
40:59 La santé mentale et tech font-ils forcément bon ménage ?
41:03 Oui, je pense que ça peut faire bon ménage si tu prends le meilleur des deux mondes, tout simplement.
41:09 Peut-être deux petits points pour le public.
41:12 L'intelligence artificielle va pas venir remplacer les psychologues et les psychiatres dans un futur proche, rassurez-vous.
41:18 Et deuxième petit point, le futur de la santé mentale ne sera pas 100% tech, ni 100% physique non plus,
41:27 ce sera un mélange du meilleur des deux mondes.
41:30 Ok, merci.
41:32 Toi, Arnaud, les troubles de la santé mentale facilitent-ils la création ?
41:39 C'est dur pour moi de... C'est pas difficile de répondre, j'ai un avis, mais c'est dur pour moi de l'assumer et de le dire publiquement haute voix.
41:47 Mais je crois que oui.
41:49 Et je crois même que la grande majorité des gens comme moi qui se lancent et qui passent même le pas de la passion
41:54 à vouloir en plus aller plus loin dans la musique, en observant mes amis qui essayent de suivre aussi un parcours
42:03 et de monter une carrière, ou en voyant certains artistes, je me mets de plus en plus la tête dans la musique,
42:09 vraiment de manière éclectique.
42:11 Et je crois que c'est en grande majorité des gens qui vont pas bien en fait.
42:16 Je pense que c'est des gens qui vont pas bien, moi je vais pas bien, c'est peut-être la raison principale pour laquelle je fais de la musique.
42:22 Et je pense même qu'au fond de nous, faut pas aller très bien pour vraiment vouloir faire de la musique comme ça,
42:29 monter sur scène et chercher à se montrer devant un public et à chanter tout ce qu'on a dans notre vie.
42:35 C'est quand même super intime de chanter un texte et de vouloir l'amener encore plus loin, encore plus loin sous le feu des projecteurs.
42:41 Donc voilà, c'est une petite aparté un peu sur le petit côté un peu égocentrique des artistes,
42:46 mais je pense que c'est quand même symptomatique d'un mal-être profond de vouloir mener une carrière comme ça dans la musique.
42:53 Et si je reformule, la créativité aussi peut être un outil pour libérer, pour aider la santé mentale.
43:01 Oui, pour moi en fait c'est pas unilatéral, en fait je pense que ça vient dans un sens et ça part dans l'autre.
43:07 C'est-à-dire que je pense qu'au départ on se sent pas bien, on écrit, donc on se dit on fait de la musique, ça va mieux.
43:14 Et du coup en fait, moi personnellement, je peux répondre finalement que pour moi,
43:18 mais j'ai trouvé une source d'activité qui me passionnait du coup.
43:23 Et finalement je me suis rendu compte que je pouvais aussi en faire quelque chose, la structurer.
43:27 Et à partir du moment où je me suis rendu compte que je pouvais la structurer, je me suis dit je peux faire d'une pierre deux coups.
43:32 C'est-à-dire que un, ça peut être mon médicament et deux, en plus, je peux le pousser plus loin et aller chercher carrément peut-être une carrière et pourquoi pas en vivre un jour.
43:40 - Génial, merci. Et toi Clémence, festival santé mentale, antinomique ?
43:46 - Alors antinomique, non, puisqu'on l'a fait et ça va se passer les 15 et 16 octobre.
43:54 En revanche, contre-intuitif, ça très certainement.
43:57 Et on va juste dire que j'ai passé de longs mois à reformuler mes interlocuteurs pour leur dire que non, ça n'était pas un salon,
44:06 non, ça n'était pas un congrès et non, ça n'était pas un forum, ce serait un festival sur la santé mentale.
44:12 - Génial. Et je crois qu'on a un super mot de la fin.
44:14 - Trop cool. Merci à tous les trois. Merci d'être venus. Du coup, on se revoit très vite le 15, 16 octobre.
44:23 Juste pour retrouver toutes les infos, Clémence, sur la programmation, etc. Un numéro de réel, un compte Insta à suivre.
44:29 - Notre site web, facetfestival.com et notre Instagram, facetfestival.
44:35 - Parfait !
44:37 - Merci Christelle, merci les garçons.
44:41 - Merci à toi. - A très vite.
44:42 Retrouvez-nous sur Instagram @museetomorrow.
44:47 Si vous ressentez un mal-être psychologique, je vous recommande d'en parler avec un professionnel de la santé mentale.
44:53 A très vite.
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