Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la venue du président ukrainien en France à Paris.
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00:00 La dernière question que je voudrais qu'on aborde, c'est la visite du président Zelensky ce soir à Paris.
00:03 Le chancelier allemand Scholl sera là aussi, aux côtés d'Emmanuel Macron.
00:07 On va rejoindre Johann Usai et Olivier Gangloff, vous êtes à l'Élysée.
00:10 De quoi va-t-il s'agir ce soir, Johann ?
00:13 Que va demander le président Zelensky à la France ?
00:15 Et à l'Allemagne ?
00:17 Il y a beaucoup de dossiers évidemment sur la table de ce dîner ici à l'Élysée, Laurence, vous l'imaginez bien.
00:24 Inévitablement, il va demander une nouvelle aide, une nouvelle aide militaire, plus d'armes pour se défendre.
00:29 Vous savez que le président Zelensky aimerait recevoir de la part de ses alliés notamment des avions.
00:33 Il sera question de cela bien sûr, même si les alliés européens sont pour l'instant très réticents.
00:38 Il va parler des chars Léopard qui lui ont été promis beaucoup d'aide militaire,
00:42 a d'ores et déjà été promis au président Zelensky.
00:44 Et bien maintenant pour lui, il s'agit que cette aide soit effective sur le terrain,
00:48 qu'elle arrive le plus rapidement possible, alors que la Russie très vraisemblablement
00:52 se prépare à une contre-offensive d'ampleur dans les prochaines semaines.
00:55 Et puis il sera aussi question, on peut l'imaginer, de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
00:59 Vous savez que le chancelier Olaf Scholz qui sera présent au dîner ce soir a dit il y a quelques heures encore
01:04 que l'Ukraine devait appartenir à l'Union européenne.
01:07 Donc de tout cela, il sera question avant le Conseil européen qui se tient à Bruxelles demain
01:13 et où le président ukrainien sera également présent.
01:16 On ignore d'ailleurs où le président Zelensky passera la nuit.
01:19 Est-ce qu'il va rester dormir à Paris ou est-ce qu'il se rendra directement à Bruxelles dès ce soir ?
01:24 Je peux vous dire que pour des questions de sécurité, les informations sont données à la presse
01:28 au compte de Goutissier à l'Elysée.
01:30 Merci beaucoup Yann Uzzay et Olivier Gangloff.
01:32 La question extrêmement importante, monsieur le député, faut-il livrer plus d'armements
01:37 que nous nous le faisons à l'Ukraine et notamment des avions de chasse
01:39 puisque c'est la nouvelle demande du président Zelensky ?
01:41 Plus d'armements, oui, probablement, parce qu'on ne peut pas négocier tant qu'il y a des soldats russes
01:46 sur le territoire ukrainien, des avions de chasse, non.
01:48 Pour une raison qui est très simple, c'est que des avions de chasse, il faut savoir qui les pilote.
01:52 Et que pouvoir piloter un char, soit un char lourd, quand on a eu des chars soviétiques ou russes
01:57 dans l'armée ukrainienne auparavant ou des léopards allemands, c'est quelque chose qu'on peut apprendre.
02:01 Piloter un Mirage 2000, c'est quelque chose qui est beaucoup plus compliqué,
02:05 ce sont des Mirages 2000 qu'ils demandent à la France.
02:07 Et probablement que, soit ça prendra du temps de former les pilotes ukrainiens,
02:12 plusieurs mois, 6 mois, 9 mois, soit ça veut dire que nos propres pilotes seront engagés
02:16 pour l'utilisation de ces Mirages.
02:17 Et là, c'est évidemment hors de question, puisqu'on rentre dans quelque chose de totalement différent.
02:21 Livrer plus d'armes, c'est des armes défensives qui permettent d'avoir une vraie plus-value sur le terrain,
02:26 pouvoir faire face à l'offensive russe et reprendre contact et reprendre l'avantage du terrain.
02:31 Oui, des avions de chasse, absolument pas.
02:33 Et je dis juste une chose, plus on livre d'armes, plus la question de l'absence de débat au Parlement
02:38 sur cette question de livraison des armes se fait criante.
02:41 Et il faut absolument, c'est la demande du groupe Les Républicains,
02:44 avoir ce débat aujourd'hui au Parlement, à l'Assemblée et au Sénat sur les livraisons d'armes.
02:48 Et j'ajoute que la Grande-Bretagne dit que rien n'est exclu concernant l'envoi d'avions de chasse à l'Ukraine
02:54 et qu'immédiatement, l'ambassade de Russie dit
02:58 "Si vous envoyez des avions à l'Ukraine, il y aura une réponse".
03:02 Donc là, on est tout près de l'engrenage, on est tout près de l'escalade.
03:05 Vraiment, on est sur une ligne de crête qui va être très difficile à tenir.
03:10 La Grande-Bretagne est dans le profil de ce que Boris Johnson avait noué comme relation avec Zelensky.
03:14 C'était quand même le premier chef d'État à s'être rendu en Ukraine.
03:18 Là, aujourd'hui, la Grande-Bretagne joue un peu cavalier seul, en se détachant de l'Europe.
03:22 Zelensky a renvoyé l'ascenseur en allant voir le Premier ministre britannique
03:25 qui, de surcroît, a dit qu'il formait des pilotes ukrainiens.
03:29 Donc la Grande-Bretagne forme des pilotes ukrainiens.
03:32 Ça veut dire que, nonobstant la livraison d'avions de chasse ou pas,
03:36 une décision qui pourrait arriver, elle n'est pas encore en état de fait,
03:40 en revanche, il se prépare à cette éventualité puisqu'il forme des pilotes ukrainiens.
03:45 Moi, je vais vous dire, ce que je regrette profondément, c'est que la voix de la France dans le monde,
03:50 depuis le général De Gaulle, a toujours été une voix qui était un peu dissonante.
03:53 Là, aujourd'hui, moi, j'aurais aimé qu'Emmanuel Macron ait aussi une voix qui sans cesse appelle au dialogue.
03:59 Oui, mais ça fait un moment qu'on est des suiveurs de la politique américaine,
04:02 qu'on n'a plus de voix franco-française.
04:05 Au sein de l'Union européenne, on a du mal à se faire entendre.
04:08 J'aimerais que le président appelle toutes les parties prenantes à revenir au dialogue et à la table de négociation.
04:13 Eric Trevel.
04:14 Un petit volet intéressant, je trouve, alors qu'il n'est pas celui de l'armement,
04:16 qui est le volet diplomatique, c'est super intéressant,
04:18 parce qu'il y a ce rendez-vous à Bruxelles qui était prévu avec l'Union européenne.
04:21 Et en fait, Zelensky a pris tout le monde un peu de cours en allant d'abord à Londres,
04:26 voir le Premier ministre britannique.
04:28 Et ça, c'est important, parce que, évidemment, je ne sais pas,
04:32 le président de la République va sans doute lui demander pourquoi il a d'abord fait ce qu'à la Lombe,
04:35 peut-être plutôt que ce grand sommet européen avec Madame von der Leyen.
04:39 Oui, mais c'est intéressant qu'il était d'abord à l'épaulement de la Sion.
04:43 C'est pour mettre un prix sur l'Europe.
04:45 C'est pas du tout neutre.
04:47 Et puis, je vais mettre un peu les pieds dans le plat, alors c'est, voilà...
04:51 Bon, évidemment, la guerre est atroce, le peuple ukrainien souffre,
04:54 il a besoin de se défendre contre l'invasion russe.
04:55 Mais derrière, n'oubliez jamais une chose.
04:57 Parce que c'est le décisif, là, dans les semaines qui viennent.
04:58 N'oubliez jamais une chose non plus.
04:59 L'offensive est là.
05:01 Il va y avoir des morts, ça va être atroce.
05:03 Mais derrière aussi, puisque, je sais pas si vous avez vu,
05:05 en juin de cette année, il y a un sommet de la reconstruction qui est prévu à Londres.
05:09 Justement, en juin.
05:10 Et la reconstruction de l'Ukraine est évaluée à 350-400 milliards de dollars.
05:16 Un jeu économique.
05:17 Et les experts disent que ce sera le plus gros chantier de reconstruction
05:19 depuis la Seconde Guerre mondiale.
05:20 Alors, c'est affreux ce que je dis, et c'est un tantinet cynique,
05:22 mais toutes ces capitales et tous les gens qui reçoivent M. Zelensky
05:27 ont, à mon avis, cette idée cynique en tête.
05:29 Mais, Pierre-Henri Dumont, il y a une offensive russe qui se prépare.
05:32 Et qui sera massive.
05:34 Il faut évidemment continuer d'appuyer sur la livraison d'armes,
05:37 et en particulier les chars lourds.
05:39 Si la France ne livre pas de chars lourds, c'est pas parce qu'elle ne veut pas,
05:41 c'est parce qu'elle ne peut pas.
05:42 On a 225 Leclerc.
05:43 Le dernier Leclerc a été livré en 2008,
05:45 et la prochaine livraison de chars lourds, c'est en 2040.
05:48 Donc on comprend bien que dès qu'on livre un char,
05:50 et si on en livre même 40,
05:51 s'ils sont perdus au combat, on ne pourra pas les récupérer,
05:53 et on est déjà complètement nus en termes de capacité de chars lourds.
05:58 Donc, c'est la conséquence d'un sous-investissement massif dans la défense.
06:01 On le voit également avec la question du Charles de Gaulle,
06:03 où peut-être que si on ne prend pas la décision tout de suite,
06:05 c'est seulement sous peu,
06:06 il y aura un an, deux ans, trois ans sans porte-avions.
06:09 Et c'est absolument dramatique pour la France,
06:12 pour sa propre défense,
06:13 mais aussi pour la vente de ces armes.
06:15 Parce que quand on a des avions de chasse qui sont propulsés sur le Charles de Gaulle,
06:18 et qui sont comme ça déployés à travers le monde,
06:20 c'est aussi un moyen d'influence et d'export de nos capacités d'armement.
06:24 Et donc, là-dessus, pardon, mais oui, il faut aider au maximum l'Ukraine.
06:29 La question, c'est que si on commence à nous mettre des pilotes français
06:32 dans les mirages qui sont demandés par Zelensky,
06:35 on franchit un cas qu'il est absolument impossible de franchir.