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Lors de l’émission Face à Bock-Côté du 11/02/2023, Franz-Olivier Giesbert, journaliste et écrivain, était présent sur le plateau. Il est revenu sur la liberté d’expression : «C’est consternant, on est sorti de la démocratie normale, on est dans une sorte de république bananière».

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Transcription
00:00 Est-ce qu'il y a une perte de liberté qui s'est opérée dans l'esprit, dans le rapport à la culture,
00:04 ces quarante dernières années ou ces cinquante dernières années ?
00:06 Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui.
00:07 Oui, parce qu'il y avait un débat qui était violent, d'ailleurs, qui pouvait être très violent.
00:11 Les débats à l'Assemblée nationale étaient très violents,
00:14 mais avec des personnalités, d'ailleurs, souvent légoulistes,
00:17 parce qu'ils avaient eu des vies extraordinaires, je pense,
00:19 des personnages, notamment quelqu'un que j'adorais, qui était Robert-André Vivien
00:23 et qui était d'une violence, qui a été ministre, plus je crois de Pompidou,
00:27 et qui était député du Val-de-Marne.
00:29 Hyper copain du communiste avec lequel il s'engueulait, Robert Bélanger,
00:33 président du Conseil général du Val-de-Marne, communiste.
00:36 Et si vous voulez, vous aviez de l'engueulade, mais en même temps,
00:39 des valeurs communes, une espèce de patriotisme commun
00:42 qui faisait que ça pouvait s'arranger.
00:44 Vous avez un exemple, moi, vous parlez par exemple de CNews.
00:47 Moi, par exemple, je ne suis pas réputé pour avoir été jamais complaisant avec les communistes.
00:52 J'ai toujours été anticommuniste, même virulent, antisoviétique, virulent.
00:56 Pour moi, c'était l'abjection quand j'allais là-bas.
01:00 Je voyais tout ce que les autres ne voyaient pas.
01:03 Enfin, tout ce que les compagnons de route ne voyaient pas.
01:07 Je ne comprenais pas qui n'est pas vu, parce que ça se voyait.
01:08 On voyait la famine, la peur, l'ennui, la tristesse, le chagrin.
01:13 On sentait, on était triste pour ces Russes que j'adore.
01:17 J'adore la Russie.
01:18 Donc, si vous voulez, moi, j'ai participé avec toute une bande de copains.
01:23 Il y avait Edmond de Charleroi, il y avait Régis Debré.
01:26 Je me souviens, il y avait Jean-François Kahn, le journaliste.
01:29 Enfin, une espèce d'association pour soutenir l'humanité, le quotidien communiste,
01:33 quand il y avait des problèmes.
01:35 Et ça a duré assez longtemps.
01:36 Donc, soutenir un journal auquel vous n'adhériez pas.
01:38 Oui, parce que je voulais qu'il existe.
01:40 Alors, c'est vrai que quand j'entends une ministre, soi-disant de la culture,
01:44 la Reema Abdul-Malak, qui dit qu'il faut fermer ses chaînes,
01:49 je dis oui, c'est consternant.
01:51 C'est-à-dire, là, on est sorti de la démocratie normale.
01:55 On est sorti de République bananière, je ne sais pas trop,
01:58 parce que c'est quand même la ministre de la Culture.
02:00 Est-ce qu'elle a dit ça sans instruction ?
02:03 C'est possible, mais ce n'est pas sûr.
02:05 Et si vous voulez, les bras vous entombent.
02:09 Vous vous dites, dans quoi on est tombé ?
02:11 Je ne pense pas que des propos de ce type auraient été possibles,
02:14 si vous voulez, pour répondre à votre question, dans les années 70.
02:18 Mais c'est complètement dingue.
02:19 Et puis, si vous voulez, moi, ce qui m'effraie le plus,
02:22 le plus effrayant là-dedans, c'est l'indifférence.
02:25 C'est-à-dire, ces propos sont honteux.
02:28 Cette personne, elle devrait être virée du gouvernement.
02:31 Vous savez pourquoi ?
02:32 Parce que c'est vrai qu'il y avait l'Arkom,
02:33 qui s'est plaint de ses chaînes, que la ministre veut fermer.
02:40 Mais l'Arkom, c'est quoi ? C'est quoi ?
02:42 Je ne sais pas ce que c'est, cette association.
02:44 Cette espèce de truc autorité qui doit contrôler,
02:48 enfin, qui doit contrôler je ne sais quoi.
02:51 [Musique]

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