Jean-Luc Roméro, adjoint à la maire de Paris et militant contre le Sida, était l'invité de BFMTV ce dimanche soir pour parler de l'accident de la route de Pierre Palmade, et plus particulièrement la pratique du "chemsex" à laquelle s'est adonnée le comédien avant le drame.
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00:00 Je voudrais revenir, Jean-Luc Romero, avec vous sur ce qu'est cette pratique et sur ses implications potentielles.
00:06 Évidemment, je ne vous demande pas de vous prononcer sur ce cas-là, je ne vous demande pas de vous prononcer sur Pierre Palman.
00:11 Ce qu'on voudrait comprendre, c'est ce que ça signifie, parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens qui nous regardent, qui découvrent cette pratique.
00:16 Cécile Olivier, avec les informations qu'elle nous donne ce soir, le précise.
00:20 En gros, il y a au moins 24 heures de fête avec cette pratique. Ça veut dire quoi ?
00:24 D'abord, évidemment, on pense d'abord tous aux victimes, parce que quoi qu'il arrive, et je pense qu'il faut faire attention de ne pas tout mélanger,
00:32 il est inadmissible de conduire sous l'effet de l'alcool, sous l'effet de produits psychoactifs, de médicaments, etc.
00:41 Je pense que ça, c'est quand même le minimum. Et c'est ça qui est grave en soi, c'est qu'on prenne sa voiture après avoir pris des produits.
00:50 Pour l'instant, on ne parle que de cocaïne. On verra après. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est un phénomène qui a beaucoup monté,
00:57 notamment depuis une dizaine d'années en France. Et évidemment, le confinement n'a pas arrangé les choses.
01:02 C'est-à-dire qu'il y a un certain nombre d'homosexuels. On parlait avant le confinement d'à peu près 13 à 14 % des homosexuels qui avaient pratiqué le chemsex,
01:11 c'est-à-dire avoir des relations sexuelles avec des drogues, et notamment des nouvelles drogues de synthèse.
01:17 Et depuis le confinement, c'est beaucoup plus, parce qu'il y a eu ce moment où les gens se sont retrouvés seuls.
01:24 Et puis peut-être, une étude en tout cas le montre, aujourd'hui, chez une partie aussi des hétérosexuels, ça se diffuserait.
01:31 C'est l'expression d'un mal-être d'un certain nombre de personnes. C'est prendre ces produits qui sont très faciles à avoir,
01:37 parce que c'est là où il y a le vrai problème aujourd'hui. Et on n'en parle pas, parce qu'on ne sait pas vraiment quoi faire.
01:43 Enfin si, il y a des choses à faire, mais les pouvoirs publics ne veulent pas les faire. Parce que la plupart de ces produits, en général,
01:48 ils prennent ce qu'on appelle du GBL ou du GHB, ce que parfois on appelait la drogue du violeur. Ces produits-là, notamment le GBL, il est légal.
01:55 Vous le commandez, vous l'avez chez vous. La dose, ça coûte moins d'un euro, la dose. Et puis les catinones, ces produits qu'ils prennent avec,
02:02 notamment en France, c'est particulièrement la 3-MMC, elle n'est pas légale, certes, mais vous pouvez la recevoir dans votre boite aux lettres le jour même.
02:09 Et on est aujourd'hui dans un phénomène qui est très différent, c'est-à-dire que vous le commandez avec votre téléphone portable,
02:13 et vous l'avez quasiment immédiatement, donc il n'y a pas de trafic derrière. C'est des officines en Chine, en Inde, aux Pays-Bas, un peu en Pologne aussi,
02:24 qui vendent ces produits, et donc on n'a pas de contrôle dessus. Et donc on voit bien qu'aujourd'hui, la politique de répression des drogues,
02:32 elle ne peut pas fonctionner avec ça. Et c'est ça qui est aussi un vrai problème, et qui fait qu'il y a aussi aujourd'hui des morts.
02:36 Et mon mari est mort parce que la personne avec qui il était n'a pas osé appeler la police, les secours, parce qu'elle a eu peur d'avoir la police.
02:44 Donc on voit qu'on est dans un problème. – Cette personne a été condamnée, d'ailleurs, je le précise.
02:47 – Oui, oui, elle a été condamnée. C'est pour ça qu'il faut faire attention aujourd'hui entre ce fait divers, sur lequel on n'a pas d'information,
02:55 et sur lequel on a une tristesse dingue pour ces enfants, et redire aux gens, mais vous prenez un produit psychoactif, quel qu'il soit,
03:01 vous ne conduisez pas une voiture, c'est totalement irresponsable de faire ça. Et à côté, faire une différence quand même,
03:07 malgré ce qui se passe aujourd'hui, parce que sur le KMSEC, ce n'est pas de moralisation dont on a besoin, ce n'est pas de scandale dont on a besoin,
03:12 c'est aujourd'hui d'en parler sérieusement, c'est que le gouvernement joue son rôle.
03:16 Vous savez, nous à Paris, on est certainement la seule ville au monde à avoir lancé, moi je suis allé voir plein de villes dans le monde,
03:21 voir ce qui se passait, parce qu'on s'est rendu compte de ce phénomène grandissant, et les pouvoirs publics aujourd'hui n'ont même pas fait un état des lieux.
03:29 On ne sait pas combien il y a de morts depuis le KMSEC. – Est-ce que dans la pratique, Jean-Luc Romero, ça signifie consommer
03:35 le plus de drogue possible à ce moment-là ? Ça signifie forcément les mélanger ? Ça veut dire quoi en fait ?
03:41 – Oui, c'est des mélanges de ces drogues, je vous dis souvent le mélange c'est entre deux, enfin une catinone et ce fameux G comme ils disent.
03:48 – Pour démultiplier les effets de la… – C'est pour démultiplier, pour se désinhiber,
03:53 vous savez quand on regarde les études, c'est beaucoup de personnes qui sont séropositives, qui ont eu du mal,
03:58 enfin dans les dernières études qu'on a eues, qui ont du mal à revivre leur sexualité,
04:03 beaucoup de personnes qui ont subi dans leur jeunesse des agressions sexuelles,
04:07 et je pense que voilà, avec ces drogues, ils essayent peut-être d'oublier et c'est comme ça que ça se développe aujourd'hui,
04:14 et je vous dis, dans une espèce d'indifférence, et c'est ça qui est terrible, il ne s'agit pas d'ameuter la France avec ça,
04:20 il s'agit simplement que les pouvoirs publics aujourd'hui prennent en compte,
04:23 vous savez il y a une étude qui a été faite et donnée au gouvernement il y a un an et demi,
04:27 pas une des mesures n'a été mise en place, par exemple ne serait-ce que de savoir la situation,
04:32 combien il y a de morts et combien il y a de suicides, parce qu'on sait qu'il y a énormément de gens qui entrent dans cette pratique,
04:37 qui se suicident, et on n'a pas tous ces chiffres aujourd'hui,
04:39 il faut qu'on les ait pour lutter, pour donner l'information,
04:43 parce que vous savez la plupart des gens ils prennent des produits qu'ils ne savent même pas,
04:45 ils prennent par exemple du GBL, ce qui était le cas de mon mari, avec de l'alcool,
04:49 et ils ne savent pas que ça peut être mortel, donc si on n'informe pas, si on ne fait pas ce travail-là aujourd'hui,
04:53 on va avoir un phénomène grandissant avec de plus en plus de morts et de drames.